(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Fin avril, Thierry Lhermitte nous a reçu dans son bureau, situé à Paris entre République et Gare de l'Est. Une rencontre autour d'un café pour parler de C'est pas ma faute, un magnifique film avec des enfants... |
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Ecran Noir : Bonjour Thierry. Est-ce que tu peux nous raconter en quelques mots l'histoire du film ?
Thierry Lhermitte : Absolument. C'est un enfant qui est invité par son copain pour aller en vacances avec les parents de son copain, et ils vont dans un hôtel au bord d'un lac. Il va faire tellement de conneries qu'il va se faire virer de l'hôtel du copain, et qu'on va l'envoyer au dernier endroit où il espérait aller, c'est-à-dire, à la colonie de vacances, qui est à côté qui était leur pire ennemie depuis le début des vacances.
EN : Tu as participé à l'adaptation et aux dialogues. Pourquoi avoir choisi un enfant dont on ne sait rien du père, dont la mère n'est pas en France ?
T.L : Parce que si ses parents étaient disponibles, on l'aurait renvoyer chez ses parents. Donc il fallait bien que les parents soient indisponibles pour qu'on le mette pour quelques jours à la colo d'à côté.
EN : Des thèmes ?
T.L.: Non, ça c’est au tout début les thèmes. Eric est quelqu’un avec qui je m’entends très bien, on a la même complicité - pardon pour un mot un peu galvaudé de complicité - mais c’est vrai quand vous connaissez quelqu’un depuis longtemps, c’est quelqu’un de très rapide, d’ intelligent, c’est quelqu’un avec qui j’ai beaucoup de plaisir à discuter les choses, par exemple : à le convaincre de quelque chose et je sais que si j’arrive à le convaincre de quelque chose, s’il est réticent c’est que c’est bien. C’est quelqu’un qu'il est agréable de convaincre, d’être convaincu par lui aussi. C’est quelqu’un avec qui la conversation autour d’un scénario, d’un thème m’est très utile.
EN : Comment s'est passée la rencontre avec Jacques Monnet pour ce film ?
T.L : Jacques Monnet, je le connais depuis très longtemps parce qu'on avait tourné Clara et les chics types, il y a 20 ans. Et il avait tourné Signe extérieurs de richesse avec Josiane Balasko. J'avais tourné des pubs avec lui. Donc on se connaît, c'est un vieux copain. Et quand on a cherché un metteur en scène pour réaliser C'est pas ma faute, on a pensé à lui parce qu'il avait déjà fait un film avec des enfants, parce qu'il a plein de petit-enfants... D'abord c'est un mec qui aime ça et qui a une autorité naturelle avec les gamins. Il en fallait parce qu'il y en avait 13 tout le temps.
EN : Ca s'est bien passé le tournage avec les enfants ?
T.L : Super bien! La difficulté, c'est quand on tourne avec des enfants, les règles de la législation du travail avec les enfants sont draconiennes en France. Donc, c'est très difficile, mais on est obligé de les respecter. On fait avec...
EN : C'est quoi le meilleur souvenir sur le tournage avec les enfants ?
T.L : C'est leur bonheur... C'est de les voir... Des enfants, faire des conneries qu'ils n'ont jamais le droit de faire dans la vie et que là ils s'en donnaient à coeur joie.
EN : Dans le supermarché ?...
T.L.: Dans le supermarché, ils se sont régalés. La flotte, ils se sont régalés. La peinture rouge, la peinture bleue... Et voilà, ils ont passé un été à faire des conneries, c'était extra !
EN : Et avec les adultes, tu participais un peu avec eux, tu t'impliquais avec eux ?
T.L.: Oui, j'étais le producteur du film avec Louis Becker, donc j'étais tous les jours sur le tournage, bien sûr.
EN : Ton personnage monsieur Michaux, comment tu pourrais le définir ?
T.L.: C'est un brave mec. Dans le couple, c'est pas tout à fait lui qui commande, comme souvent. Qu'est-ce que tu veux, il est sympa et un peu lâche comme tous les hommes. Et c'est un père sympa. Mais ce n'est pas un personnage fondamental dans l'histoire.
EN : Toujours sur Jacques Monnet, comment travaille-t-il avec les comédiens, avec les enfants ?
T.L : C'est un metteur en scène qui aime beaucoup la comédie, qui aime beaucoup les acteurs. On se sent aimé, épaulé, et c'est vraiment ça qui l'intéresse principalement. Il cherche la vérité dans le jeu, il n'aime pas qu'on en fasse trop. C'est pour ça que le film, je pense, a une grosse qualité de sincérité et de vérité. Les enfants, ils ne parlent pas comme dans les pubs, ils parlent vraiment comme dans la vie, comme dans la cour de récré. C'est vraiment une touche de vérité profonde et humaine.
EN : Les enfants avaient une part d'improvisation dans leur jeu ?
T.L.: Oui, un petit peu. Forcément, quand il y en a 13 qui sont supposés tous parler ensemble, forcément, il y a de l'impro.
EN : Sur ce film, tu es producteur, tu as participé aux dialogues, tu es acteur. Comment tu arrives à gérer tout ça ?
T.L : Acteur, c'est tellement anecdotique. J'avais 12 jours de tournage, ce n'est pas grand chose. C'est vraiment un rôle secondaire parce que Arielle Dombasle, Martin Lamotte et Jacques Perrin, eux, ils ont des rôles qui sont des piliers de l'histoire. Je suis un peu dans le décor quand même. Par contre, comme producteur, j'étais vraiment beaucoup impliqué, parce que j'y étais tous les jours. Puis, c'est une collaboration de tous les instants avec Jacques Monnet. Et puis, comme scénariste, ça c'était avant et quand c'est fini, c'est fini.
EN : Et le boulot de producteur, c'était compliqué sur ce film ?
T.L : C'était compliqué parce qu'il y avait à gérer plusieurs choses. Le principal souci, c'était les règles de la législation du travail sur les enfants; ça c'était vraiment très difficile. Cela nous a rendu le film affreusement dur. Parce que 6 heures par jour au lieu de 8 heures, 5 jours par semaine au lieu de 6 jours, pas de tournage après minuit alors qu'il y a beaucoup de scènes de nuit, et qu'en été la nuit commence à 22 h 30... Donc, ça veut dire qu'on a tourné en intérieur, en construisant un studio gigantesque autour de l'arbre qui était encore un autre souci. C'était assez compliqué en plus l'été dernier. Il a fait un temps pourri pendant tout l'été. Il faut donc jongler avec la pluie. Tout ça était compliqué, mais enfin tout ça était principalement dû à la présence de 13 enfants dans les rôles principaux.
EN : Pour recruter ces enfants, comment ça s'est passé ?
T.L : Il y a eu des castings. Il y a eu probablement plusieurs centaines d'enfants qui ont été vus pour l'ensemble des rôles.
EN : Le choix s'est passé facilement ?
T.L : Oui.
EN : Parce que le petit qui joue le rôle de Martin...
T.L : Gauthier avait fait des télés. Vincent qui s'appelle Jérôme dans la vie a fait plein de télés, plein de pubs, ils avaient tous tournés déjà un petit peu.
EN : C'était un critère ?
T.L : Non, ils ont tous fait des essais, et on a pris ceux qui étaient le mieux pour le rôle. On ne demandait pas d'expérience particulière. On ne peut pas demander ça à des enfants. Ils font des essais, et s'ils sont biens... Il se trouve que ceux qui sont vachement bien en général, ils ont déjà été pris, mais on ne s'occupe pas de ça.
EN : Il y a une anecdote avec le décorateur autour de la piscine, est-ce que tu peux nous raconter ça ?
T.L : C'est vrai (rires) Il était monté sur le plongeoir. C'était un faux plongeoir parce qu'il n'y en avait pas dans la vraie piscine. Le décorateur est monté sur le faux plongeoir et s'est cassé la gueule dans l'eau (rires)
EN : Comment ça s'est passé avec Arielle Dombasle, tu l'avais déjà vue ?...
T.L : Oui, dans Un indien dans la ville. Et puis un jour, je lui ai envoyé le scénario. Adorablement, elle m'a rappelé 3 heures après en me disant : "Oh, c'est extra! j'adorerais faire la méchante, ça serait formidable". C'est vraiment sympa de voir des gens aussi simples, aussi gentils et puis qui aiment faire plaisir aux enfants, à qui ça fait plaisir de jouer les méchants. Enfin, Arielle et Martin, ils étaient ravis de faire les méchants, c'était extra.
EN : Sur le film, tu t'es retrouvé toi, dans cette histoire, par rapport à ton enfance ?
T.L : Oui, parce que, quand on a réécrit avec Jacques, il y a plein de trucs qui se sont inspirés de souvenirs à moi. Quand j'étais petit, il y avait une cabane dans un arbre à côté d'une maison en ruine qui s'appelait "la maison du pendu". Elle n'était pas du tout aussi effrayante que ça. La cabane et l'arbre n'étaient pas aussi impressionnants que ceux qu'on a dans le film, mais ça nous foutait vachement les jetons "la maison du pendu". Je pense qu'il n'y a jamais personne qui s'est pendu dans cette maison. Mais, c'était la légende quand on était gosse.
EN : Pour le décor, c'était un gros travail de recherche ?
T.L : C'était vachement dur parce qu'il fallait un gros arbre avec une cabane, mais pas à 50 mètres, puisque c'est trop dangereux pour les enfants, à côté d'une maison en ruine et avec pas trop d'arbres autour, parce qu'un arbre au milieu d'autres arbres on ne voit plus rien. Donc il fallait pouvoir le filmer. En fait, c'est un faux arbre qui a été installé avec un socle en béton de 20 tonnes. Enfin bon, c'est très compliqué, avec des paratonnerres gigantesques, parce que c'est en métal. A côté d'une maison en ruine. Et on voulait que ce soit à côté du lac. Et le lac, il n'est pas du tout là, c'est un effet numérique qui fait le lac à côté, c'était super compliqué.
EN : Tout était en décor naturel, il n'y a pas eu de studio ?
T.L : Non, si ce n'est que justement pour tourner les scènes de nuit pendant la journée. Quand on a eu la maison, qui était vraie, le faux arbre sur lequel on tournait de jour, on a entouré tout ça d'une espèce de... On a fait un studio autour de ça, de 900 m2, enfin c'était gigantesque. C'était compliqué. En plus, les plantes qu'il y avait dedans, il fallait les changer tous les jours parce que dans le noir, ça meurt les plantes.
EN : Vous aviez eu une grosse équipe ?
T.L : Oui, une grosse équipe de cinéma.
EN : Un gros budget pour faire tout ça ?
T.L : Oui, hélas, ce n'est pas un petit budget.
EN : Merci Thierry.
T.L : Merci.
Christophe Train / Bertrand Amice / Ecran Noir / 29.04.1999
Chris, Bertrand
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