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THE MATRIX
USA / Sortie USA / 2 avril 1999 / Sortie France / 23 juin 1999
Synopsis
Thomas Anderson est un jeune homme à la vie banale, citoyen anonyme d'une grande cité moderne de la fin du millénaire. En tout cas le jour. Car la nuit, Thomas devient Neo, un hacker renommé. Il découvre qu'Internet cache un autre réseau, bien plus complexe. Intrigué. Il est bien plus perplexe face à ces étranges rêves, où il se voit prisonnier, cloîtré avec des électrodes enfoncés dans le crâne...
Survient alors une jeune femme mystérieuse, Trinity, qui semble défier les lois de l'apesanteur et qui conduit Neo jusquà un certain Morpheus.
Celui-ci explique à Neo quil pourrait bien être l"Elu", celui qui libèrera le monde de la "Matrice"...
Critique
Néo aux pays des Merveilles
"- Réveilles-toi Néo, tu es dans la Matrice. Suis le lapin blanc."
The Matrix marquera certainement son époque. Rarement le cinéma aura associé avec tant d'intelligence la forme et le fond, les effets spéciaux et leur sens, la mythologie et les fantasmes contemporains. Il y avait évidemment une dimension mystique comem dans toute saga anglo-saxonne récente. Mais ce qui nous interpelle davantage c'est la mise en abîme de notre propre réalité. Les fères Warshowski parviennent en effet à nous faire douter de notre propre existence, et, surtout, à nous questionner sur notre attirance (vertige?) pour la virtualité, ces miroirs dans lesquels nous nous perdons, où rêves et jeux se confondent, jusqu'à oublier le réel. C'est une satire dramatique de notre monde matérialiste qui nous est balancée froidement, comme un cauchemar trop lucide, avec ses éléments séducteurs et une forme d'opression suffoquante. D'ailleurs pour vaincre cette matière, il n'y a que deux options : l'âme (la foi en soi) et la transcendance (se dépasser, voire muer).
Les Men In Black ne sont pas sympathiques, les hackers (pirates) se révèlent être des résistants certes hors-la-loi mais oeuvrant pour le Bien, et au milieu de ce écor à la Blade Runner, de ces couleurs glacées et obscures, il y a bien sûr une dose de mythologie, de Bible, et de références aux grandes références de science fiction ou de "fantasy" (de Lewis Carroll à Akira). Le mélange est détonnant car il est profondément pessimiste et porte un regard fataliste sur notre société désespérée où les sauts dans le vide constituent l'unique sensation possible de s'en sortir. Le vide, voilà le mot qui définit le mieux ce monde matriciel.
Les réalisateurs n'ont pas simplement crée un univers métaphorique. Le scénario est dense, et sa pseudo-complexité permet d'ouvrir les pistes sur une suite éventuelle. Nous vivons les révélations au même moment que Néo les reçoit. En cela, le principe d'identification - et le choix d'un acteur aussi transparent mais néanmoins très beau comme Keanu Reeves n'est pas innocent - fonctionne dès le départ. Il est à la fois quelconque (comme nous) et icône (comme ce que nous voudrions être). Il est l'Elu, possède un Savoir (ailleurs appelé La Force), se fera guider par une certaine Trinity (pas forcément sainte), et ira jusqu'à renaître (ce premier Matrix pourrait s'appeler Resurrection). Le but poursuivi est l'Amour, seule arme salvatrice dans un monde techno-matérialiste.
Le film pourrait être vu de deux manières : ce que l'on ressent en tant que joueur en réseau (une analyse de notre mental au moment où l'on se projette de manière schizophrénique dans la peau d'un personnage fictif) ou ce que l'on ressent en tant que citoyen (pas aussi libre qu'il ne le croit). The Matrix est un film dual où s'opposent (se juxtapose même) la réalité que l'on perçoit et celle qui nous échappe.
Ici, nosu retrouvons la paranoïa anti-institution qui dicte l'évolution de la cyberculture. Mais cette anarchie a un objectif louable puisqu'il s'agit de nous libérer d'une tyrannie aliénante. La séquence des foetus est à ce titre saisissante. Car la force de The Matrix est d'avoir trouver LA bonne réponse visuelle à chacune des étapes traversées. La force des effets spéciaux n'est pas tant leur prouesse (qui sera vite plagiée, démodée, dépassée par le progrès technique) mais plutôt leur adéquation avec leur signification. Nous sommes dans un jeu vidéo ultra-violent ou dans un cauchemar atroce. Même les corps à corps sont spectaculaires. La puissance des images provient de cette fusion entre l'humain et le numérique. La distorsion du temps (ralentis), la maîtrise de l'espace (plongées) sont autant d'ingrédients qui permettent aux cinéastes de revisiter le genre. Star wars a pris un sérieux coup de vieux. Et The Matrix a ouvert une nouvelle ère...
- Vincy
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