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Néo vous lit
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THE
MATRIX REVOLUTIONS
USA
Sortie monde / 5 novembre 2003
Synopsis
Néo n'est plus l'élu, mais bien une invention de l'architecte. Toujours dans le coma, dans un No Man's land entre le réel et virtuel, il est veillé par Trinity. Pendant que Zion s'attèle à défendre ses positions contre l'invasion des machines, le vaisseau cherche désespérement l'équipage disparu de Niobe. Morpheus doute et voit sa foi ébranlée.
À Zion, il y a ceux qui se préparent à la Guerre, et ceux qui croient aux Miracles.
Mais le danger n'est pas seulement l'anéantissement du Monde des Hommes, c'est aussi celui du Monde des Machines. Car l'ennemi c'est bien l'Agent Smith, incontrôlable et sorte d'Antechrist à Néo.
Critique
THE GHOSTS AND THE SHELLS
"- Es-tu perdu, Néo?"
Mission : Inévitable. Pour conclure une trilogie, il faut un troisième épisode. Et déjà insurgeons-nous! Revolutions n'est que la seconde partie de Reloaded. Et autant vous le dire, le film porte mal son titre. Point de soulèvement populaire. Et même peu de changements : "Certaines choses ne changent jamais" confirme Niobe. Il aurait mieux fallu appeler cet épisode Resistance. Cela aurait été plus juste.
Passé ce malentendu sémantique (et avant tout marketing), le troisième opus remplit sa mission (divertir) et échoue dans le message (rien de transcendantal au bout du compte).
Si l'on met en perspective l'ensemble de la trilogie réunie, The Matrix s'avère une bonne science-fiction, dont la première partie restera une référence dans le genre. Maintenant que nous avons toutes les réponses, reconnaissons que Revolutions est le moins intéressant et le plus affaiblit de tous. Cet ultime épisode révèle même une limite certaine à l'imaginaire des frères Wachowski. Pire, leur talent d'auteur n'est vraiment pas prouvé avec un scénario trop binaire et même manicchéen pour nous emporter. À force de se perdre dans leur propre labyrinthe, la simplification (et la résolution de l'équation) n'a plus beaucoup de sens, et se vide de sa substance. Revolutions fera taire tous les intellectuels et extrapolateurs du phénomène Matrix. L'interprétation des rêves tient ici, assez bêtement, dans une philosophie trop synthétique pour être complètement convaincante. Pire, ce final chrétien, entre croix de feu et langue de bois, ce Néo-messianisme mué en Jésus Christ Superman laisse perplexe. Quitte à poser les bonnes questions, il est étonnant que les Wachowski se freinent autant et ne parviennent pas à rêver d'un autre monde. Revolutions ne mène à aucune utopie; juste à ce message d'amour véhiculé par la Bible depuis 2000 ans. On tourne en rond.
Le plus surprenant reste l'absence de surenchère et le décalage permanent. Ce troisième opus apparait comme un fourre-tout : de la très bonne action classique (l'attaque de Zion), de l'auto-dérision permanente (au point de trouver drôle des répliques qui ne le sont pas), des clins d'oeil au premier Matrix (comme pour donner une preuve au "génie" des auteurs). S'il n'y avait pas ces quelques moments dramatiques et même ce rituel du sacrifice continuel (qui verse alors dans le tragique), le spectateur pourrait se croire dans une comédie à certains moments. Voire une parodie. Comment ne pas rire lorsque Trinity (Moss plus que parfaite) clame "il m'a fallu 10 minutes pour enfiler une botte" pour justifier son trouble existentiel... Les dialogues sont à la hauteur de ce "It's crazy, Zee." À ce second degré omniprésent, nous voici confrontés à des séquences maintes fois vus dans les quatre premières heures de The Matrix. Et ici, point de scènes choc, d'effets innovants ou de bluff visuel. Même le look "bondage" de la boîte est convenu, un comble. Seul un coup de poing retentissant nous rappellera l'effet bullet-time. Revolutions ne révolutionne rien. Les frères Wachowski se sont concentrés sur leur scénario et sur cette attaque de Zion, qui fait écho aux Deux Tours.
Avec cette narration schizophrénique (d'un côté Néo et Trinity, de l'autre Zion et les autres), les Wachowski ne se compliquent pas la vie, avec des "tunnels" de 30 bonnes minutes sans les uns ou les autres. C'est la faiblesse de cette trilogie : l'échec à imposer une histoire complexe dans un processus "industriel" hollywoodien dédié au divertissement. Revolutions n'échappe pas au problème de Reloaded : de longs dialogues explicatifs tuant la fluidité de l'histoire. Pire, à l'époque où un 24 heures chrono impose avec intelligence le récit simultané, Matrix reste figé dans un vieux système de récit en parrallèle.
Heureusement pour nous, les réalisateurs, à défaut d'être de bons auteurs, maîtrisent la technique. Et plus que bien. Weaving et Wilson se régalent avec leur personnage de bad guy. Bellucci, en revanche, comme Fishburne, se contentent de figuration. Comment l'autorité de Morpheus peut se soumettre à un simple rôle de co-pilote? Et quand le film s'embourbe dans ses explications, l'action le sauve de l'ennui. Hollywood sait encore faire vibrer l'adrénalyne à défaut de stimuler nos neurones. Paradoxalement, on croit bien plus à ces histoires d'amour étreignantes qu'à ce combat final entre les deux Superhéros. Warner, à défaut d'avoir pu relancer son Superman et dans l'attente du retour de Batman, a métamorphosé Néo, dans l'espoir de le revoir un de ces jours (dixit l'Oracle). Matrix Resurrection? On en rêverait presque tellement la déception est grande d'avoir gacher nos rêves avec un final si prêt-à-penser.
- Vincy
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