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 Néo vous lit

 
    THE MATRIX REVOLUTIONS
    USA
    Sortie monde / 5 novembre 2003

    Matrix laurence fisburne keanu reeves carrie anne moss  

    Y-t-il un phénomène Matrix?
    La trilogie étant achevée, la question peut enfin se poser lucidement. En juin dernier, le plus grand newsmagazine français, Le Nouvel Obs titrait raccoleusement "Génération Matrix". Rien que ça. On ne parle pas de Première, Studio, Ciné Live qui auront tous fait au moins deux fois leur couverture mensuelle sur les suites des frères Wachowskis. sans avoir vu le film auparavant, puisque parano, piratage et rentabilité oblige les projections n'ont commencé que quelques jours avant la sortie du troisième opus.
    Le film fascinerait donc les 15-35 ans. Disons que cette génération-là voit en Matrix le film culte, l'icône mâle et femelle, reflétant ses goûts et ses aspirations. Contrairement à Star Wars, Matrix est ancré dans la culture du jeu vidéo, dans la quête d'une spiritualité plus individuelle, et bien entendu dans un langage purement informatique. Finie les planètes lointaines, l'enfer est sur la nôtre. Nous sommes aliénés. Finit les fils complexé bons pour la psychanalyse parce que leur papa est un grand méchant. Place au héros tourmenté et androgyne, épaulé lui-même par une femme indépendante et se battant comme un homme.
    De livres en dessins animés, de films en analyses intellectuelles, tout le monde tente sa chance et cherche des réponses (ses réponses?) à travers cette synthèse de nos croyances passées (de la mythologie au zen). Le film s'invite dans les conversations mondaines. Mais aussi dans la mode, avec ses fameux ensembles noirs, ses lunettes de soleil, et ce look presque minimaliste. Maintenant tout le monde n'est pas vêtu ainsi. En cela on ne peut pas parler de phénomène, mais plutôt de succès prodigieux. En fait la "matrixmania" a éexisté, de manière confidentielle et culte, dès la sortie de The Matrix en 99. Elle s'est auto-alimentée jusqu'à l'attente impatiente et nerveuse de ses suites. La sauce est un peu retombée avec la frustration de la coupure de Reloaded en deux segments égaux. Outre le fait d'avoir fait aimer un polar cyberpunk et d'avoir transformé Reeves en superhéros, Matrix a permis de se poser des questions existentielles sur notre rapport à la machine, sur nos liens avec le réseau, à l'époque de l'explosion du Net au niveau mondial. La coïncidence a joué, c'est évident.
    En inventant un glossaire, composé de codes et de symboles, The Matrix a permis de créer une communauté qui s'échange en permanence des interprétations et des nouvelles sur le sujet. Comme un film à tiroirs, les auteurs ont manipulé leur public pour les faire entrer dans une forme de jeu de société. Leur matrice à eux. Notons pour cela le rôle du site web, une référence encore aujourd'hui, qui a facilité la fidélisation des fans tout au long de ces années.
    Alors simple habileté marketing? Disons que Matrix ets un film qui a les bonnes références culturelles pour s'adresser aux moins de 35 ans. Ceux nourris à la série télé, un peu fainéants côté bouquins, fans de SF et accors à la Nintendo. Cela a créé un clivage entre un certain public, élitiste, et ceux qui adhèrent, en masse à ce concept de spiritualité un pau galvaudée et remixée. Matrix repose sur plusieurs fascinations : l'action (du pur divertissement), la réflexion sur le rapport entre l'homme et la machine (que ces jeunes subissent), la revendication de valeurs solidaires (dans un monde égoïste et cruel). Ici, l'idée est de survivre, comme cette génération qui n'aura connu que la crise et la dureté du monde économique. Théologie, mytholgie, philosophie, toutes les grandes figures sont là pour servir de repères. De Platon à Descartes, de Bouddha au Christ, tout le monde est convié à laissé un bout de citation pour rendre le propos universel et surtout pas dogmatique (quoique). Facile de s'y retrouver, à ce compte-là. Qui serait en désaccord avec de tels penseurs? De tels messages (l'amour, la foi) n'ont rien de négatifs.
    Mais au delà de cette Bible nouvelle version, c'est avant tout une belle opération marketing plutôt cynique. Si l'esthétisme Matrix a fait des petits, doutons de sa réelle portée sociologique et de ce qui restera du film dans notre esprit plus tard. Tout le monde ne s'est pas mis à douter de la réalité ou encore à refuser de porter le costume de l'Agent Smith. Pourtant, il faudrait peut-être rejeter l'uniformisation qu'on nous impose. Car finalement, il nous sera permis d'apprécier cette série pour ce qu'elle : une fascination à l'égard des technologies qu'elle dénonce. Paradoxe suprême. Là se reflète son public : prompt à critiquer sa société, mais jamais prêt à la changer. Matrix est bien le (beau) reflet de ses féodés.

    - Vincy

     


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