Cyberworld
La Bible, le cyberpunk et les maths de haut niveau. Time a consacré tout un article sur les ingrédients qui ont fabriqué le carton de The Matrix (120 millions de $ de recettes à date). Un astucieux mélange des curiosités de cette fin de siècle.
Pi, The Ninth Gate, New Rose Hotel ou eXistenZ, parmi ceux qui sortent depuis un an, exploitent une de ces particules élémentaires d'un script tendance millénariste. Pi jouait avec les mathématiques. Le prochain Polanski se base sur le mysticisme de la Cabale. NRH, de Ferrara, est une oeuvre visuelle scénarisée sur une nouvelle de William Gibson, pape du cyberpunk. eXistenZ joue plus la carte de la réalité virtuelle.
Avec des effets spéciaux dignes de Star Wars, une star style Keanu Reeves (déjà expert en la matière avec Johnny Mnemonic), The Matrix n'avait plus qu'à fouiller dans l'Histoire et les Histoires de l'Homme pour ressortir une sorte de synthèse macro-filmique, où le new age croise le jeu vidéo, tout en se faisant comprendre d'ados incultes. Un jeu vidéo sophistiqué, où chaque mitraillade est chorégraphiée, où la mort est sublimée.
The Matrix a choisi un messie (archange violent vêtu de noir) dans La Bible, l'Odyssée, Orphée et Morphée de la mythologie grecque. Le LSD version Lewis Carroll avec une dose de surréalisme. Une forte dose de mangas japonais (Akira, Ghost in the Shell) et un peu de kung fu de Hong Kong (sans Jackie Chan). Le tout dans une atmoshère empruntée à Tron, 2001, Alien, Terminator...
Outre la forme, il y a le fond, directement inspiré de la littérature cyberpunk (Neuromancer, de William Gibson), des mathématiques théoriques (avec de la physique et de la métaphysique, soit les langages universels), et enfin un peu de psycho, respectant le passé tout en regardant vers l'avenir. Bref une BD où la physique cantique "meets" le zen.
Bref de la mythologie et de la théologie pour refléter nos différentes cultures, qu'elles soient occidentales ou orientales (désormais Bouddha cotoie Jésus). Un côté "United World" avec ce qu'il faut d'oppression Big Brotherienne et le héros nécessaire pour sauver les peuples. Rien de nouveau. Juste un cocktail un peu plus noir d'une vision du monde pas très optimiste, et très abstraite, c'est à dire la façon dont l'humanité voit le monde. Ce qui explique ce besoin de foi, de spirituel, et de fantastique.
La crainte de la technologie est au coeur de nombreux films, à commencer par Titanic. Il est étonnant de voir à quel point la science envahit le cinéma, dans un vulgarisateur Contact ou un très alétoire Pi.
On connaît un autre film qui utilisait toutes ces références, le cyberpunk peut être en moins.
Star Wars s'inspire fortement des mythologies occidentales et des arts antiques, renaissance, ou asiatiques. Une seule nuance: La Guerre des Etoiles a la force avec elle. Depuis, Blade Runner a conquis le monde.
The Matrix continue sur cette lancée des films techno-mystico-héroïque. Des films d'époque, un peu futuriste (anticipatoires?) d'un monde sans futur - selon eux.
Ou comment explorer notre passé pour essayer de deviner (croire) notre avenir?
Un peu de sciences mathématiques, un peu de communisme, un peu de foi. Et au final des dollars pour le producteur.
- Vincy (1999)