" He Wasn't Soft and Pink
With a fat little tummy :
He was hard and hollow,
A little boy mummy. "

" Il n'était pas rose et doux
Avec un bon petit doudou,
Mais dur et creux avec une vraie anatomie d'enfant momie. "

Première strophe de Mummy Boy (L'Enfant Momie) extrait du recueil La Triste fin du petit Enfant Huître.

L'ENFANCE DE L'ART

Tim Burton, de son vrai nom Timothy William Burton, est né le 25 août 1958 à Burbank en Californie. Il est l'aîné d'une famille de deux enfants. Son père travaille pour Burbank Parks and Recreation Departement, sa mère tient une boutique de cadeaux-souvenirs.
Burbank c'est Hollywood-bis, la ville dans laquelle est implanté les studios de la Warner Bros, de Disney, de la Columbia et de NBC. Pourtant point de stars et de paillettes, mais une ville-dortoir pour les obscurs techniciens du septième art. Tim Burton est un enfant introverti, peu à l'aise en public, qui s'habille avec des tenues hippies et écoute de la musique punk. Il passe son temps libre à regarder la télévision et aller au cinéma. Ses programmes préférés : les films de genre, les long-métrages de SF fauchés mais poétiques, les films d'Harryhausen et de la Hammer, de Mario Bava et les programme-bis des cinémas. Ado, il remet en scène ses films-préférés avec une caméra super 8 et réalise également des petits films d'animation en image par image.
Tim Burton développe très jeune un don pour le dessin, une activité qui lui permet de se concentrer et de donner libre cours à sa créativité. A 18 ans, poussé par un professeur qui comprend enfin les tourments et le talent rare du garçon, il décroche une bourse d'études pour la California Institute Of The Arts, une école de préparation pour entrer dans les prestigieux studios Disney.
A chaque fin d'année, les élèves doivent réaliser un petit film pour démontrer leur capacité. Après trois ans d'études sous forte discipline, Tim Burton réussit l'examen de passage. Le voici donc engagé par les studios Disney, le rêve pour tout apprenti-dessinateur, le cauchemar pour Tim Burton.

LES ANNEES DISNEY

En effet, il n'entre pas dans le moule Disney. Ses travaux pour le film Rox et Rouky puis Taram et le Chaudron Magique sont repoussés par la direction du studio qui préfère les dessins traditionnels aux croquis originaux, les trouvailles d'Andreas Déja (qui a travaillé depuis sur Le Roi Lion et Kuzco, L'Empereur Mégalo notamment ) aux siennes alors qu'ils sont en concurrence en tant qu'artiste concepteur. Tim Burton tombe dans une semi-dépression mais il trouve le soutien de deux cadres importants du studio : Julie Hickson et Tom White. Ce dernier lui offre 60000 dollars pour produire un petit court métrage d'animation : Vincent.
Réalisé en 2 mois avec l'aide de 3 collaborateurs, Rick Heinrichs (l'ami fidèle, chef décorateur de la Planète des Singes), Steven Chiodo et Victor Abdalov , Vincent (1982) conte les fantasmes d'un petit garçon de 7 ans, Vincent Malloy qui se projette dans les films tirés de l'œuvre d'Edgar Poe.
Un petit bijou qui se termine par une citation du Corbeau d'Allan Edgar Poe, Vincent résume en 5 minutes l'univers de Tim Burton. Le jeune héros au cheveux hirsutes, les expérimentations canines, la difficulté de communiquer avec le monde extérieur, autant d'éléments qui reviendront sans cesse dans les longs métrages du réalisateur.
De plus, il accomplit l'un des rêves les plus fous, rencontrer et travailler avec l'idole de sa jeunesse, l'acteur Vincent Price, qui lit la voix-off du film.
Vincent, très sombre, plaît guère aux cadres de Disney et n'est projeté que deux semaines en première partie d'un insipide teenage-movie. Le film reçoit néanmoins des prix au festival de Chicago et à celui d'Annecy (Prix de La Critique) et apporte à Tim Burton un début de reconnaissance.
Tim Burton après ce premier et prometteur coup d'essai se voit confier une plus grosse somme d'argent -166000 dollars pour réaliser une version semi-réelle, semi-animée d'Hansel et Gretel (1982), un conte des frères Grimm pour l'émission Disney Channel. Il fournit une version inédite du conte sous influence asiatique et surtout japonaise. C'est son premier film avec des acteurs, même si ceux-ci sont amateurs pour la plupart. Hansel et Gretel passe le soir d'Halloween à une heure tardive et ne convainc qu'à moitié.
Tim Burton a alors deux projets en tête : un conte de noël avec des personnages d'Halloween, intitulé L'Etrange Noël de Monsieur Jack et une relecture du mythe de Frankenstein. C'est ce dernier projet qui est produit pour le budget conséquent d'un million de dollars. Inspiré des souvenirs de Tim Burton de Frankenstein et de La Fiancé de Frankenstein dirigé par James Whale, Frankenweenie (1983) raconte en 25 minutes l'étrange aventure de Victor dix ans, qui redonne vie à son chien Sparky. Pour la première fois, Tim Burton dirige des acteurs pros, met en scène un film cent pour cent en images réelles. Le résultat est un chef d'œuvre, baigné dans un noir et blanc somptueux, avec des scènes d'une poésie et d'une puissance d'évocation rare. Frankenweenie est hélas noté PG (interdit aux enfants de moins de 12 ans non accompagnés) par la censure et ne peut précéder un film tout public. Le film est donc mis au placard. Tim Burton, furieux, claque alors la porte des studios Disney qui ne font rien pour retenir ce jeune homme au talent indéniable mais à l'univers macabre et mélancolique éloigné des produits calibrés que finançait Disney dans les années 80.
Shelley Duvall, actrice dans Frankenweenie lui demande de réaliser un épisode pour son show télé , Faerie Tale Theatre, intitulé Aladdin and his Wonderful Lamp (1984). Rien de bien personnel dans cette commande très encadrée mais Tim Burton a la chance de diriger deux acteurs qu'il adore : James Earl Jones (Dark Vador) et Leonard Nimoy (Spok).

LES PREMIERS FILMS

Tim Burton n'a pas le temps de trop gamberger. La Warner Bros met en chantier un film avec Pee-Wee Herman alias Paul Reubens star des shows pour enfants outre-atlantique et le studio cherche un jeune réalisateur aux idées neuves. Frankenweenie plaît à Paul Reubens qui engage Tim Burton. L'enfant introverti de Burbank se lance donc une prolifique carrière de cinéaste. En trois films et autant de succès, Pee-wee's big Adventure (1985), Beetlejuice (1988) et Batman (1990), il se fait un nom et une réputation d'auteur exigeant qui transforme en dollars des scripts difficiles. Il fonde en 1989 sa propre société de production avec Denise Di Novi et se lance dans des projets éminemment personnels comme Edward aux Mains d'argent (1990), L'Etrange Noël de Monsieur Jack (1993) et Ed Wood (1995).
Au réveillon de l'an 1992, il rencontre Lisa Marie Smith. Coup de foudre : Tim Burton a trouvé sa muse et Lisa Marie son pygmalion. Depuis, la belle figure au casting de chaque film de son compagnon.

LES DOUTES PUIS LA RENAISSANCE

Avec Ed Wood, Tim Burton essuie son premier échec public même si ce film obtient les deux seuls Oscars de sa carrière. Mars Attacks (1997) confirme la disgrâce temporaire de l'auteur de Burbank qui décide alors de revenir à ses premiers amours esthétiques - le gothique avec Sleepy Hollow (2000). Après avoir envisagé la réalisation de nouvelles aventures de Superman, il accepte de mettre en scène un remake d'un classique qu'il adore : La Planète des Singes. Un film de commande réussi qui lui permet de retrouver les sommets du box-office et d'envisager la suite de sa carrière artistique avec sérénité. Après deux films très importants pour la suite éventuelle de sa carrière, il a de nouveau la possibilité de mettre en scène le projet qui lui tient à cœur.

Yannick 

 

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