Production : Warner Bros
Scénario : Daniel Waters, Sam Hamm
Photo : Stefan Czapsky
Son : Michael J. Benavente, John Dunn, Julia Evershade, Warren Hamilton Jr
Musique : Danny Elfman
Montage : Bob Badami, Chris Lebenzon
Durée : 126 minutes
Michael Keaton (Batman/Bruce Wayne)
Danny DeVito (Le Pingouin/Oswald Chesterfield Cobblepot)
Michelle Pfeiffer (Catwoman/Selina Kyle)
Christopher Walken (Maximillian 'Max' Shreck)
Michael Gough (Alfred Pennyworth)
Michael Murphy (Le Maire)
- Site sur Catwoman
 
SYNOPSIS :

Batman doit reprendre du service à Gotham City. Le Pingouin être rejeté par ses parents projette de se venger avec l'aide de l'homme d'affaire Max Shreck.

LE FILM :

Tim Burton n'avait aucune envie de réaliser un deuxième épisode des aventures de l'homme chauve-souris. Malgré l'énorme succès du premier opus, l'expérience d'une grosse machine et la pression des producteurs l'avaient vidé. Pourtant Tim Burton accepta contre une solide contrepartie financière de reprendre du service, mais il se démarqua violemment de l'original aussi bien thématiquement que visuellement.
Le personnage de Batman et son ambiguïté schizophrénique étant déjà le sujet du premier Batman, il se concentra sur les " méchants " du film, délaissant même l'homme chauve-souris qui ne fait sa première apparition qu'après seulement une demi-heure pour ensuite ne faire que de la figuration lors des scènes d'action. Bruce Wayne est quasiment absent et Batman n'est plus aussi sensible que dans le premier épisode. Il est violent, frappe les femmes, arbore des nouveaux gadgets plus évolués mais semble presque lassé d'aider une ville et des habitants qui ne l'aiment guère.
Non, le véritable héros du film, c'est le Pingouin, l'être difforme repoussé par ses parents, avide de vengeance et de reconnaissance. Batman le Défi commence et finit sur lui, sur ce personnage grotesque mais sensible qui n'est pas s'en rappeler Edward aux Mains d'argent sauf que le cœur pur de celui-ci est remplacé par la violence et la misanthropie. Le Pingouin n'aspire en effet qu'à devenir un être humain à part entière avec un nom et des parents. Il veut même devenir maire, Le citoyen aimé et reconnu de tous. Danny De Vito méconnaissable sous un maquillage saisissant signé Stan Winston, livre une incroyable interprétation avec une intensité dans le regard, une haine à faire fondre la banquise.
Deuxième atout de Batman le Défi : Catwoman. Un atout de charme, l'un des personnages féminins les plus travaillés des films de Tim Burton. Tour à tour violente, câline, féline, agressive, Michelle Pfeiffer incroyablement sexy dans sa combinaison de latex qui ressemble à celle de Musidora dans les Vampires de Feuillade, enflamme le spectateur. Elle dépasse le rôle de potiche tenu par Kim Basinger dans le premier opus pour être l'égal de Batman dans des corps à corps violent et jubilatoire pendant lesquels les coups de langue et de fouet se confondent. Le troisième méchant, Max Shreck - appelé ainsi en hommage à l'acteur de Nosferatu de Murnau est plus en retrait malgré la performance de Christopher Walken parfait en milliardaire arriviste et corrompu.

Batman le Défi, avant d'être un film de super-héros, est surtout une merveille visuelle. Après avoir créé une atmosphère bd pour le premier Batman, Tim Burton s'attaque à l'expressionnisme allemand et au style gothique. Et c'est une réussite. La neige, les éclairages bleutés, la musique très symphonique de Danny Elfman, les teins blafards du Pingouin et de Max Schreck : tout cela crée un monde cohérent, sombre. Gotham City semble sorti d'un film de Fritz Lang ou de Murnau. Magnifique. Tim Burton est beaucoup plus intéressé par ce décor et les êtres déchirés que sont Catwoman et le Pingouin que par Batman devenu très lisse et monolithique sans son " frère " le Joker. Le film souffre donc de la désaffection relative de l'auteur pour le héros masqué mais gagne en puissance d'évocation et en richesse visuelle.

Batman 2 est bien évidemment un nouveau succès au box-office dans des proportions moindres cependant que le premier épisode. Tim Burton décide de passer le flambeau de la réalisation des aventures de Batman à Joël Schumacher tout en restant producteur exécutif. Hélas pour le pire…

Yannick- 

 

  © Ecran Noir 1996-2005 - Textes: Yannick + PETSSSsss - Design: PETSSSsss