Production : Tim Burton, Denise Di Novi
Scénario : Rudolph Grey, Scott Alexander, Larry Karaszewski
Photo : Stefan Czapsky
Son : Ernie Fosselius, Samuel H. Hinckley, Edward Tise, Jennifer L. Ware
Musique : Howard Shore
Montage : Chris Lebenzon
Durée : 127 minutes
Johnny Depp (Edward D. Wood)
Martin Landau (Bela Lugosi)
Sarah Jessica Parker (Dolores Fuller)
Patricia Arquette (Kathy O'Hara)
Jeffrey Jones (Criswell)
G.D. Spradlin (Révérend Lemon)
Bill Murray (Bunny Breckenridge)
- Site sur Ed Wood (1)
- Site sur Ed Wood (2)
 
Synopsis :

La vie et l'œuvre d'Edward D. Wood Jr, connu pour être le pire réalisateur de tout les temps.

LE FILM

Tim Burton, après la production de l'Etrange Noël de Monsieur Jack, cherche un nouveau projet. Avec son associé Denise Di Novi, il produit Cabin Boy un film kitsch en hommage à Sinbad de Harryhausen qui ne rencontre pas le succès public escompté. Il commence à travailler sur Mary Reilly avec Winona Ryder mais le studio - la Columbia -tergiverse et Tim Burton se retire du projet. Il s'intéresse alors à la biographie du plus mauvais réalisateur de tout les temps : Ed Wood Jr. Il devait seulement le produire mais décide finalement de le mettre en scène.
Pour ce film, il travaille de nouveau avec Johnny Depp devenu depuis Edward Aux Mains D'Argent, une valeur sûre du box-office. Disney apporte une partie du financement même si la perspective d'un film en noir et blanc effraie les cadres du studio.

Ed Wood est le plus bel hommage au cinéma de genre, aux réalisateurs fauchés mais enthousiastes, peu talentueux mais passionnés. Qu'est-ce qui différencie Plan 9 from other space, d'Independance Day, mis à part le budget ? Rien et surtout pas l'imagination et la passion.

Tim Burton aime ses personnages décalés et passionnés. Il met sur un piédestal Ed Wood le " pire réalisateur " et Bela Lugosi, la star déchue héroïnomane incarnée par un Martin Landau méconnaissable qui gagnera pour ce rôle l'Oscar du Meilleur second rôle, lui le réalisateur génial, le cinéaste reconnu. Il ne se moque pas des navets de l'auteur de Glenn Or Glenda. Au contraire, il met en exergue l'instinct de débrouille, la vision d'un cinéaste handicapée par le manque de moyens. Ed Wood est un auteur différent, unique. Il se travestit pour se rapprocher de ses femmes, tourne ses films en pull angora mais il réussit à faire produire ses films grâce à son enthousiaste communicatif, son sens de la débrouille, une conversion religieuse. Il entraîne dans son sillage un noyau de fidèles amis, tous plus barges les uns que les autres, du prédicateur illuminé à la star déchue d'émission horrifique en passant, bien sûr, par un ancien champion de catch et un….chiropracteur qui reprendra au pied levé le rôle tenu par Bela Lugosi, le visage en permanence caché derrière une cape.
Tim Burton retourne des scènes des films d'Ed Wood à l'identique mais y apporte de la poésie et de l'humanité. Pour lui, Ed Wood est un artiste et un créateur au même titre qu'Orson Welles. Ils ont les mêmes problèmes avec les studios qui ne pensent que business et parlent d'égal à égal lors d'une rencontre magique et sans doute imaginaire.
Mais Ed Wood c'est aussi et surtout le récit d'une amitié entre un jeune réalisateur et une vieille star droguée. Le parallèle avec la relation entre Tim Burton et Vincent Price l'idole de sa jeunesse, est évident. L'acteur de la Chute de la Maison Usher était décédé peu de temps auparavant, avant que Tim Burton puisse mettre en scène un documentaire sur les souvenirs de l'acteur. Ed Wood est donc aussi un hommage pudique et émouvant à celui qui l'a peut-être poussé à faire du cinéma par sa présence dans les films de la Hammer qui l'ont tant marqué enfant.
Enfin, impossible d'évoquer Ed Wood sans parler de la forme, de l'univers visuel. Le noir et blanc de Stefan Czapsky, déjà directeur de la photographie sur Edward aux Mains d'Argent est splendide et enveloppe les acteurs dans une atmosphère onirique unique. Tim Burton ne raconte pas tant la vie réelle d'Ed Wood que celle d'une passion dévorante. Son film prend des allures de conte fantastique. Comme Jack Skellington qui ne peut devenir le Père Noël, Ed Wood ne sera jamais le réalisateur reconnu par ses pairs. Il lui reste néanmoins l'étincelle dans ses yeux d'enfant, l'amour de raconter des histoires.

Malgré les critiques élogieuses, le film ne trouve pas son public. Tim Burton rencontre pour la première fois l'échec au box-office.

Yannick- 

 

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