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Indiana Jones and the temple of the doom 1984 - 5 683 000 entrées France (3ème au Box office)
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| 1935. Indiana Jones se fait piéger dans un cabaret de Shanghai lors d'un échange. Il échappe de près à la mort et s'évade en belle compagnie avec la chanteuse. Mais leur avion se crashe sur l'Himalaya. Ils s'en sortent et déboulent dans un village indien, dont tous les enfants ont disparu. Une mystérieuse sombre et satanique quête commence… |
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Scénario : Willard Huyck, Gloria Katz (d'après un sujet de George Lucas)
Musique : John Williams
Image : Douglas Slocombe
Montage : Michael Kahn
Durée : 118 mn
casting:
Harrison Ford (Indiana Jones)
Kate Capshaw (Wilhelmina Scott)
Ke Huy Quan (Short Round, Demi Lune)
Amish Puri (Mola Ram)
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C'est une suite, sans en être une. Pour la première fois, Spielberg réalise une suite, disons un nouveau chapitre puisqu'il se déroule avant l'Arche perdue. Il prend sa revanche sur James Bond et ouvre la voie à d'autres " sequels " basées sur un héros. Peut-être parce qu'il y a quand même de lui dans cette épopée. Après tout, la noirceur du deuxième épisode coïncide avec ce qu'il produit à l'époque. Il explore sa face cachée. Son rapport aux femmes est très proche de ce qu'Indiana Jones ressent. Dans le troisième épisode, il se vengera même de son ex-femme à travers le personnage féminin. L'ironie est qu'il engage Kate Capshaw, sa future épouse, pour être la " blonde " hurlante au service d'Indy.
Toujours est-il que ce second opus sera regretté par son créateur. Il n'a ni l'énergie du premier, ni l'humour du dernier. Pourtant, cet exercice vaudou, destructeur et cruel, alterne des scènes d'actions souvent impressionnantes et des séquences cocasses. Le problème réside plus dans le sujet (l'exploitation des enfants, les sectes) et son traitement (l'arrachage du cœur, des plats répugnants). On contemple un spectacle horrifiant, qui se veut divertissant, et même dérisoire, mais il ne reste plus que la sensation d'un cauchemar après un voyage en train fantôme. Le plaisir semble amer, et le côté maudit ne porte pas assez la marque de la conscience. Indiana Jones 2 parle de choses sérieuses, mais il ne transmet aucun message.
Généralement, on en retient les scènes dans la mine, cette claustrophobie liée au temple. Il faut reconnaître que le réalisateur les orchestre très bien. On se croirait dans une attraction maléfique dans un ante-Disneyland. Il y a donc une certaine jouissance, 8 ans après " Jaws " à constater cet aspect de la personnalité du cinéaste. Là encore il manipule les sentiments des spectateurs avec des images révulsives, des frayeurs primaires.
Pas étonnant, donc, qu'il fut moins apprécié que les deux autres. Mais l'aventure mérite pourtant le détour. Le film est excessif en tout : nombre de rebondissements, mutilations, terreur, … il manque un peu de profondeur et la fin est trop naïve, trop gentille pour nous ravir.
Le film est aussi bâtard que le statut schizophrène du réalisateur. Depuis " 1941 ", Spielberg refuse les dépassements de budgets, les risques financiers, préfère un compromis à une audace artistique, s'impose un régime drastique sur les tournages. Dès " E.T. ", il crée sa propre maison de production et divise sa filmographie en deux groupes : les commandes et produits de divertissement et les films plus graves, ou liés à un hommage. Cela se résume à deux objets cultes situés dans le bureau du réalisateur : la luge de " Citizen Kane " et le crochet de " Massacre à la Tronçonneuse ". Le 7ème Art et la culture underground.
Après plusieurs années à jouer les " gentils ", à se frustrer de cadres trop rigides sur les tournages, il décide de plonger Indiana Jones dans les ténèbres, comme on essaie de voir si une poupée fond au contact du feu. Sa personnalité sera bien plus présente dans l'épisode qu'il réalise pour " Poltergeist " que dans ce second épisode de l'archéologue. L'exercice sera brouillon, facile, coupablement jubilatoire. Il transforme Indiana Jones en James Bond en smocking, il fait " pomme c pomme v " des comédies musicales des années 50 de Minelli pour la scène d'intro. Il prolonge la surenchère du premier épisode dans le sadisme, la violence extrême, la souffrance complaisante. Avec un paroxysme atteint à chaque séquence d'action (une menace est toujours multipliée par trois). On passe d'un exotisme ultra-coloré et opulent aux corps affamés et maigres du tiers-monde. Beau raccourci d'une fracture Nord/Sud. Tout y est pierre et feu, sang et mort. Demi-Lune n'existe que pour racheter les horreurs du maharadjah et les douleurs des enfants enlevés. La femme est un vague objet stupide et encombrant, ignoré par les mâles. Elle fait référence à la nympho de " 1941 ". Mais n'arrive pas au talon aiguille de Kathleen Turner dans " Romancing the stone ", sorti la même année. Ici l'action prime. Et surtout le danger. La prise de risque du héros est à la hauteur des idées démentes de Spielberg. Il y a une sorte de reflet d'un Moi enfoui, de ses fascinations macabres. Trop content d'avoir joué un sale tour, il est libre, définitivement, et devient, avec Kubrick, le seul homme à Hollywood pouvant réaliser ce qu'il veut. Même ce qu'Hollywood refuse généralement de produire.
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