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Always 1990 - 687 000 entrées France
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| Pete et Al aiment narguer les enfers avec leurs zincs. Pompiers du ciel, ils flirtent avec les flammes, les montagnes et les arbres. Ce qui angoisse Dorinda, le grand amour de Pete, incapable de choisir entre ses deux passions. Il prend un risque de trop et se retrouve au ciel.
En fantôme, Il va devoir aider Dorinda à refaire sa vie.
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Scénario : Jerry Belson (adaptation du film " A Guy namef Joe ")
Musique : John Williams
Image : Mikael Salomon
Montage : Michael Kahn
Durée : 106 mn
casting:
Richard Dreyfuss (Pete Sandich)
Holly Hunter (Dorinda Durston)
Brad Johnson (Ted Baker)
John Goodman (Al Yackey)
Audrey Hepburn (Hap)
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" Always " a ceci d'attachant, qu'il a été fait avec le cœur. Il appartient aux " petits " films de Spielberg, et, hélas, à la catégorie des échecs commerciaux. Pour ce rôle, le réalisateur voyait Newman ou Redford. Devant leur refus, il choisira son double, Dreyfuss. Ce dernier n'a jamais incarné avec autant de justesse et de précision l'image du héros " spielbergien ". Un costume similaire à ceux des aviateurs de " 1941 " et de " Empire of the Sun ", des traits de caractère qu'on retrouve dans d'autres films, de " Duel " à " Jaws ".
Ce film hantait littéralement le cinéaste depuis plus de dix ans. On voyait même une scène de la version originale " A guy named Joe " (de Victor Fleming, avec Spencer Tracy et Irene Dunne) dans " Poltergeist ". Car c'est le premier remake de Spielberg, celui d'un film qu'il vénère. Et le film coïncide avec sa vie privée : il tombe amoureux de Kate Capshaw. En cela, on peut dire que c'est son seul film romantique, malgré les allures de grand spectacle (les classiques avions, les grands paysages). C'est aussi la première fois qu'on sent son opinion environnementaliste. Il s'agit bien d'un film d'auteur, très personnel. Et, à l'époque, il fut mal vendu, comme s'il s'agissait d'un produit classique.
La version de Spielberg fut difficile à écrire. Les appréhensions ne s'estompèrent pas lors du tournage dans le Nord Ouest des Etats Unis, qui subit quelques complications. Là encore Spielberg, montre son savoir faire dans des scènes impressionnantes (l'avion " ramassant " l'eau et renversant une barque de pêcheurs) et intimistes (admirablement jouées par Dreyfuss et Hunter). La sensibilité du film est exacerbée par la présence surréaliste d'une légende hollywoodienne, Audrey Hepburn (en archange), dans sa dernière apparition à l'écran. On peut y voir un véritable hommage à l'âge d'or du cinéma. A l'origine, Spielberg avait songé à enrôler Connery. Hepburn versa son cachet d'un million de dollars à l'UNICEF.
Malgré tout cela, beaucoup considèrent " Always " comme une œuvre mineure. Certes, l'œuvre a ses défauts et Spielberg semble moins inspiré, trop coincé dans ses propres standards. Le script fait apparaître quelques faiblesses ; le nouvel amour de Dorinda est de loin le rôle et le personnage le plus fade, l'acteur n'aidant pas ; enfin, le charme n'opère pas comme avec " E.T. " et les sentiments n'envahissent pas l'écran, contrairement à " Rencontres du Troisième type ". " Always " souffre des comparaisons.
Pourtant son personnage quasiment divin, cette allure d'œuvre mystique et spirituelle, en font un drame pas comme les autres. Si l'on met de côté les dialogues un peu naïfs et une romance trop clichée, l'histoire qui nous est racontée est celle d'une foi en l'amour, une foi absolue, un amour idéal. " Always ", malgré ses grands espaces, ses gros zincs, et ses ballets flamboyants des flammes dans les forêts, est un film confidentiel, intime, intérieur. Séduisant.
Le simplisme du film n'a rien de négatif. Il y a quelque chose de nippophile, qu'on retrouve dans certains mangas, dans de nombreux films de Kurosawa (Pete est profondément kamikaze). L'auto-destruction et l'optimisme humaniste se mixent dans un même film, ce qui le déséquilibre réellement. Même le fantastique s'introduit avec difficulté dans la réalité. Le rire est immédiatement balayé par les larmes. L'exercice est périlleux.
Reste un message facile et sans appel : Spielberg promeut l'altruisme, la transmission de savoir et d'expérience, et signe là son film le moins matérialiste. Et le plus incompris.
A ce moment là de la carrière, on peut savoir que " The Color Purple " est bien plus brillant qu'on ne l'a cru, que le cinéaste est dans une phase de transition, où son âme d'enfance a du mal à se débarrasser de ses utopies et de ses sentiments naïfs. Il est un peu comme Pete : il doit cesser de se faire plaisir, en risquant de crasher ses beaux jouets, et penser un peu plus aux autres.
" Hook " sera le bon déclic pour le désintoxiquer.
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