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Hook 1991 - 3 401 000 entrées France (5ème du Box Office)
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| Peter Banning est avocat. Il en oublie sa famille. Il a même oublié qu'il fut Peter Pan. Mais lorsque le Capitaine Crochet enlève ses enfants, par vengeance, tout lui revient. Même la fée Clochette qui l'envoie au Pays de Nille Part, là où réside la bande des Enfants perdus.
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Scénario : Jim Hart, Nick Castle, Malia Marmo (d'après le livre de J.M.Barrie)
Musique : John Williams
Image : Dean Cundey
Montage : Michael Kahn
Durée : 140 mn
casting:
Robin Williams (Peter Banning)
Dustin Hoffman (Capitaine Crochet)
Julia Roberts (Tinkerbell / Fée Clochette)
Bob Hoskins (Mouche)
Maggie Smith (Wendy)
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Trop vieux. Trop long. Trop psychologique. Cela fait des années que Steven Spielberg cherche à réaliser sa version de " Peter Pan ". Le mythe, avec celui de " Pinocchio " est omniprésent dans sa filmographie. A 11 ans, il met en scène Peter Pan, une pièce de théâtre, au lycée. En 85, il acquiert les droits du livre. Il fallait rester avec l'idée de faire un film pour les enfants. Mais Spielberg a vieillit, il est devenu papa et son envie s'est émoussée. Il réalise une production sans saveur, presque kitch, avec le gratin d'Hollywood, et surtout des effets spéciaux dépassés.
Spielberg est en symbiose avec le système hollywoodien, les deux traversent une crise artistique. Hollywood voit même un petit studio, Orion, raflé les Oscars. Le numérique commence à s'intégrer dans quelques films. Cameron travaille sur " Terminator 2 ", David Fincher prépare " Alien 3 ", et même Coppola réussira mieux son coup avec " Dracula ". de nouveaux cinéastes arrivent de la pub et du vidéo-clip, insufflant une énergie nouvelle dans les productions hollywoodiennes. Les sujets sont souvent graves. De son côté, ILM pousse ses machines et prépare des dinosaures plus vrais que nature. " Jurassic Park " assassinera d'entrée " Hook ", comme " Roger Rabbit " a tué " Oliver et cie ".
En fait, avec " Hook " (Crochet), Spielberg se rend compte qu'il a grandit, comme Peter Pan, et qu'il va lui falloir changer de registre. Cette production ne fut pas un échec commercial en soi - le film a eu de bons résultats au BO - mais il s'agit certainement de son plus mauvais film, artistiquement parlant. Sa réalisation est incohérente et chaotique (ce qui fait de " 1941 " une comédie plus maîtrisé que jamais) et la direction artistique est d'une laideur criante (les Enfants perdus sont punks et jurent un peu à côté d'un Robin des bois en collants et de pirates).
Sa direction d'acteur est simplement inexistante. Robin Williams semble sous lexomyl au lieu de virevolter dans tous les sens. Dustin Hoffman est un parfait méchant avec de mauvais dialogues et des monologues ennuyeux. Julia Roberts est utilisée comme une star invitée. Les trois sortent de gros succès personnels. Le casting est opportuniste. On ne peut pas dire qu'il soit mal approprié, mais il est certainement gâché.
Sans parler d'un budget trop pharaonique pour celui qui s'était habitué durant 10 ans à travailler avec des finances très cadrées.
Bref " Hook " vire au mauvais choix, à la fausse bonne idée, à la crise d'angoisse de la page blanche. En pleine crise mondiale, le film sonne le glas des illusions et des rêveries de toute une génération, qui aurait sans doute espéré un peu plus de précaution avec la nostalgie.
On comprend bien ce qui pouvait intéresser Spielberg dans le sujet : le monde du merveilleux, faire revenir les adultes dans leurs rêves d'enfants… Mais ici il n'y a pas assez de réalité, aucun personnage auquel s'identifier réellement, à moins d'être un adulte. " Hook " se veut une production familiale, c'est en fait une analyse psychologique introspective des baby boomers.
La magie s'est envolée. Le film nous laisse sur notre soif, le comble pour un film censé se passer dans une île, qu'on devine plus qu'on ne voit. La phobie de l'eau est telle pour Spielberg depuis " Jaws " qu'il en oublie cet aspect vital pour " Hook ". De même le crocodile de " Hook " paraît factice et gentillet comparé aux requins de " Jaws ". Encore une fois, Spielberg réussira mieux son coup avec " Jurassic Park ", qui va vite apparaître comme le film de sa renaissance.
Anachronique, hypocritement cynique, trop réaliste et déprimant, " Hook " aurait pu croiser le destin magique du " Magicien d'Oz " ou de " Mary Poppins ". Il deviendra le film de trop.
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