L'UNIVERS THEMATIQUE

Le héros Burtonien

Pâle, maigre, les cheveux noirs le plus souvent en bataille, introverti mais passionné, le héros de ses films ressemble à Tim Burton adolescent. Il a le cœur pur mais ne peut lutter contre son destin de vengeur masqué (Batman), de réalisateur de série z (Ed Wood) ou de maître d'Halloween (L'Etrange Noël de Monsieur Jack). Ce héros malgré lui peut presque paraître effacé par rapport à l'exubérance du méchant. Beetlejuice vole la vedette au couple Maitland, Batman est dans l'ombre médiatique du Joker, le Capitaine Leo Davidson est peu développé par rapport à Thade dans La Planète des Singes. Cela correspond tout simplement aux influences de maître Tim. Dans les films de genre, le héros est lisse et peu intéressant et on lui préfèrera toujours le méchant machiavélique et tourmenté. Tim Burton aime les personnages complexes, une complexité psychologique qui sied plus aux méchants qu'aux héros surtout à Hollywood.

Le méchant Burtonien

Le méchant est toujours l'opposé du héros, son côté obscur. Ce qui le rend dangereux, c'est sa faculté au " délire " mortel. Beetlejuice, Oogie Boogie (L'Etrange Noël de Monsieur Jack), Le Joker, Les Martiens sont avant tout de grands enfants qui ne pensent qu'à " jouer ". D'ailleurs dans les films de Tim Burton les héros qui parviennent à prendre le pas " médiatique " sur les méchants, sont ceux qui ont gardé une âme d'enfant : Pee-wee, Edward et Ed Wood.
Autre type de méchant développé par Tim Burton : le méchant contraint et forcé qui ne peut lutter contre son destin. Le Cavalier sans Tête est sous l'emprise d'un sort maléfique, Le Pingouin et Le Joker sont marqués par le sceau du destin et refusent leur sort, Thade dans La Planète des Singes doit sauver sa dynastie. Comme le héros, le méchant dans les films de Tim Burton l'est toujours un peu malgré lui.

L'humour

Les films de Tim Burton seraient seulement tristes et dépressifs, si le cinéaste n'avait pas un sens de l'humour aussi développé. Humour visuel avec des trouvailles absolument géniales (Beetlejuice, Etrange Noël de Monsieur Jack), sens du gag et du rythme (remarquables effets de montage notamment dasn Sleepy Hollow), touches de non-sense (une colombe atomisée, Tom Jones dans Mars Attacks, le combat avec la pieuvre dans Ed Wood). Tim Burton a vraiment un don pour faire rire même dans les passages les plus dramatiques. Cela rend ses films jubilatoires et jouissifs et chaque nouvelle vision apporte la découverte de nouveaux gags. Il maîtrise à merveille l'humour noir et macabre et réussit à faire rire avec une décapitation (Sleepy Hollow), la mort pour avoir oublié d'éteindre sa cigarette (Beetlejuice) ou la perte d'1/3 du pouvoir américain (Mars Attacks)…

L'atmosphère avant l'histoire

Tim Burton ne cherche pas qu'à raconter une histoire avec un début, un milieu et une fin mais il veut pour chaque film créer des personnages forts et un univers unique.
De ce fait, de cette volonté d'imposer une atmosphère avant de développer la narration, les films de Tim Burton laissent souvent un incroyable sentiment d'émerveillement visuel, un peu vain.pour ses détracteurs qui ne voient en lui, qu'un excellent plasticien du septième art.
Là encore, ses influences l'ont poussé dans cette voie. Qui se soucie du scénario dans les films de genre ou les aventures mythologiques mises en scène par Harryhausen ? Connaissant ce défaut, Tim Burton travaille souvent à partir d'un script écrit par un scénariste confirmé qui structure le récit.

Le rêve, la fantaisie contre le scientifique et le religieux

Tim Burton déteste le fanatisme et la morale, le rejet des êtres différents et l'obligation de se conformer à un dogme. Que ce soit dans Sleepy Hollow, La Planète des Singes ou encore Edward Aux Mains d'argent, les fanatiques religieux et moraux sont les ennemis des héros innocents et purs, ceux qui les premiers rejettent l'autre, le différent, le profane. L'homme d'Eglise est toujours identifié comme un illuminé dangereux, aveuglé par sa foi et qui pour elle peut tuer. Dans son dernier opus, La Planète des Singes, Tim Burton approfondit encore cette thématique très présente dans son œuvre. Tim Burton a une méfiance certaine pour la technologie. Ses savants sont soit irresponsables, soit de véritables fumistes (le dandy poseur et fumeur de pipes de Mars Attacks!). Le progrès technologique n'engendre en tout cas pas dans ses films une amélioration de la condition humaine. Au rationalisme religieux ou scientifique, il préfère l'imaginaire, synonyme de liberté. Il aime les contes et les légendes dont l'appréciation morale est souvent libre.
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Yannick- 

 

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