De John Barry à Moby, de Shirley Bassey à Madonna, la musique de James Bond aura pris une aussi grande importance que le film en lui-même. Annoncer la chanteuse, le groupe ou le chanteur est devenu un événement marketing avec tout le tralala des communiqués de presse, scoops et autres faux événements.
L'atout est bien réel : la pub est gratuite, elle rapporte des royalties (en plus) et passe quotidiennement en radio. Un mauvais tube et le succès est compromis. Qui se souvient de Gladys Knight ?

Les années 80
Octopussy a un titre peut être trop ambiguë pour être chanté tel quel. La chanson s'appellera donc All Time High. Malgré la belle voix de Rita Coolidge, chanteuse de Blues née en pleine terre country, la chanson sera le premier flop aux USA. Il faut reconnaître qu'elle est médiocrement écoutable. Un all time low.
Pour Never say Never again, la musique est composée par Michel Legrand (Les Parapluies de Cherbourg). Le titre principal est interprété par Lani Hall, chanteuse essentiellement connue dans les 70's, pouvant enregistrer en espagnol, en portugais et en anglais. Mais là encore la recette ne fonctionne pas.
On sent que la recherche d'un nouveau souffle patine autant que les disques de platines se raréfient.

Cela explique peut être pourquoi les producteurs sont revenus chercher leurs talents en Europe (une première depuis The Man with Golden Gun). A View to a kill est une manière comme une autre de tuer les oreilles. Le tube de Duran Duran n'est pas mauvais mais il est en deça de ce que le groupe avait l'habitude de produire, préfigurant d'ailleurs le déclin de DD, et demeure mineur dans l'ensemble de la discographie de Bond. C'est le premier morceau délibérément pop, formaté pour la FM. Bizarrement c'est le seul qui atteindra la première place des charts américains. Un peu comme Moore, populaire mais burlesque. Reste qu'il renoue un peu avec les accords complexes des débuts et surtout les arrangements mégalos de Barry.

Fort de cet essai, James Bond réédite le coup avec le groupe du moment : les norvégiens de A-Ha, qui font craquer toutes les filles avec leurs tubes pops stylisés et leurs clips très cinématographiques (et leurs gueules de jeunes mecs baisables). bThe Living Daylights est assez proche de celle de Duran Duran. C'est surtout une chanson remarquablement cohérente dans la discographie de A-ha (ce qu'on retrouvera avec Madonna) alors qu'elle est composée par John Barry et The Pretenders ! Ils captent assez bien la noirceur dramatique de ce nouveau Bond, le premier avec Dalton, tout en échappant pas à l'obsolescence des sons très " eighties ".

Licence to kill est un malentendu en soi. Gladys Knight reprend la tradition des chanteuses à voix, des rythmes à blues, des variétés funky et jazzy qui ont fait le triomphe des premières chansons. L'interprète est surtout connue sur la scène américaine et confère une certaine qualité au générique. La chanson reprend le célèbre thème et s'en inspire, mais donne au final un morceau très fade et sans saveur, écrit pourtant par Michael Kamen. Mais une Nina Simone ou une Aretha Flanklin n'aurait pas été de trop pour sauver ce qui semblait être le requiem d'une série. Avec juste un Quincy Jones aux manettes.

- Vincy