Musique & Chansons
De John Barry à Moby, de Shirley Bassey à Madonna, la musique de James Bond aura pris une aussi grande importance que le film en lui-même. Annoncer la chanteuse, le groupe ou le chanteur est devenu un événement marketing avec tout le tralala des communiqués de presse, scoops et autres faux événements.
L'atout est bien réel : la pub est gratuite, elle rapporte des royalties (en plus) et passe quotidiennement en radio. Un mauvais tube et le succès est compromis. Qui se souvient de Gladys Knight ?
Les années 90/2000
Alors, il faut une renaissance. Un nouveau Bond. Un nouveau style. Et pas n'importe quelle chanteuse. Une survivante qui a connu la résurrection. Une grande parmi les grandes. Il faut coller à l'époque tout en légitimant l'ancienneté du personnage. Après deux chansons de Shirley Bassey, la mélodieuse Nancy Sinatra, la création de McCartney et le tube de Carly Simon, il fallait bien une méga star pour entrer dans le top des meilleures chansons de génériques de la série.
Tina Turner. Son GoldenEye a été remixé des dizaines de fois. Et semble encore nous taper au tympan. Assez fidèle aux tubes récents de la reine du rock n'roll (notamment The Best), le hit mélange les époques de la franchise : voix black, chanson pop, arrangements électroniques et symphoniques. Bref Tina chante une chanson qui aurait pu être un titre d'un de ses albums. Pourtant on la doit à Bono et The Edge. Désormais les Broccoli engagent des musiciens tendance, qui ont leur style. Pour la trame sonore, il s'agira d'Eric Serra, fidèle collaborateur de Besson.
Sheryl Crow, à la fois compositrice et interprète, ne réussira pas forcément son coup avec l'étrange Tomorrow never dies, hommage de la rouquine frisée à John Barry. L'arrangement semble rétro mais la mélodie étonnamment douce et lyrique, comme un regret amer d'une époque révolue. En fait cette superbe chanson méconnue et sous estimée est une complainte de tragédienne, un appel pour faire revivre une période.
On se souviendra d'autant moins de la chanson du groupe britannique pop et populaire, Garbage, pour The World is not enough. Garbage n'est pas The Wings. Et la chanson finira à la poubelle. Elle ressemble trop à celle de Crowe, sans la sensibilité de la chanteuse américaine. Pour un générique de James Bond, rien ne vaut un compositeur qui défie le mythe et créé une chanson unique en son genre, indépendante du film mais aussi indépendante de sa propre carrière musicale. Pour mémoire on se souvient plus du travail de remix de Moby sur le thème de Barry.
Reste que la série prouve par là ses racines musicales : la variété. 007 n'a jamais été vraiment rock ou folk. Ni Rolling Stones ni Simon & Garfunkel, ni Zeppelin ni Dylan. De même elle est complètement anglo-saxonne. Jamais de trémolos latins, de petite musique asiatique.
Pour son quarantième anniversaire, et son vingtième Bond officiel, 007 a fait appel à la plus grande. 20 ans de carrière, un nombre records de chansons numéro un dans les Charts, la seule chanteuse à vendre " sold out " tous ses concerts. Une bête de scène. Une Queen de la dance. Et la productrice la plus habile du système. Madonna herself. Aidée de son collaborateur français et génie des sons, Mirwais, elle a du chèrement payée sa participation (y compris à l'écran). La légende rencontre le mythe. Cela donne évidemment à croire que, vue sa qualité et son originalité, cette chanson générique s'inscrira dans les quelques unes à retenir. Die another day fait rentrer 007 dans l'ère de la musique électronique. De quoi ne pas prendre un coup de vieux prématuré.
Au final, la compilation est un best-seller qui s'agrandit tous les trois ansŠ Grâce à quelques titres (7 disons), le disque est inusable et consensuel. Et irrémédiablement pop.
- Vincy
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