Box office France : le mois de mars de tous les dangers pour le cinéma français
Incontestablement les salles de cinéma font le plein depuis quelques mois. Depuis janvier, la fréquentation est en hausse de 17% par rapport à 2009, avec 39 754 464 entrées en neuvième semaine. Hélas, le cinéma français, pourtant prolifique, voit sa part de marché très affaiblie avec à peine une entrée sur 4 (9 442 833 entrées, 24%) contre un cinéma américain triomphant (69%; 27 458 936 entrées).
Et ce n'est pas qu'à cause d'Avatar. Certes, le film domine le classement de très loin. Mais d'autres productions hollywoodiennes s'en tirent très bien : La Princesse et la grenouille (3,3 millions de spectateurs), Invictus (2,9 millions de spectateurs), Sherlock Holmes (1,9 million de spectateurs), Shutter Island (1,1 million de spectateurs), Percy Jackson (1 million de spectateurs), Valentine's Day (930 000 spectateurs), In the Air (740 000 spectateurs). Faste hiver.
En revanche, le cinéma français n'a placé que trois hits, à un niveau moindre. Océans domine avec 2,5 entrées, loin devant Gainsbourg (Vie héroïque) et ses 1,1 millions de curieux et Le Mac, qui a déjà séduit 973 000 clients.
Le nombre de flops est en revanche impressionnant : Protéger et servir, Une exécution ordinaire, Coursier, Une petite zone de turbulences, Ensemble c'est trop, L'autre Dumas, Le refuge, Le baltringue, Coco Chanel & Igor Stravinsky, ... aucun n'a trouvé son public et ils ont tous échoué à passer la barre des 500 000 spectateurs dans un contexte très favorable. Malgré certains budgets importants, ou encore un casting "assurant" en temps normal un minimum d'intérêt de la part d'un "consommateur" de cinéma très sollicité, ces films ont vécu un calvaire, pour diverses raisons.
Berlin n'avait trouvé que quatre films français à sélectionner
Recette éculée, mauvais concept (on peut parler de produit), film décevant, absence de visibilité médiatique (certains attachés de presse s'obstinent à privilégier les émissions télévisées à une presse écrite ou web), affiche ratée, casting indésirable (Vincent Lagaff, Michael Youn, ...) ... le cinéma français n'est pas en forme ni côté marketing, ni côté artistique. Révélateur : la France n'a été retenue qu'avec deux films en compétition à Berlin (Mammuth et le Polanski, anglophone) et deux autres en panorama (L'arbre et la forêt, Plein Sud). Une faiblesse inquiétante.
D'ailleurs, hormis la surprise "José Garcia" avec Le Mac, les deux seuls films français qui se sont imposés ont réussit à être médiatiquement très présent, à réaliser de belles affiches, à recevoir de bonnes critiques, et à sortir des sentiers balisés (c'est-à-dire les comédies ou les films à costumes).
C'est d'autant plus inquiétant qu'avec la profusion de sorties à venir, dont quelques films très attendus comme Alice au pays des merveilles ou Dragons, peu de films français sont capables de redresser la barre lors du mois de mars, pour sauver son premier trimestre. La rafle pet espérer 2 millions de spectateurs avec les foules scolaires ; L'arnacoeur, avec un bon bouche à oreille, peut faire plus qu'un million de fans ; et tous les autres vont avoir énormément de mal à s'imposer tant il n'y a aucune attente, aucun "buzz" autour d'eux.
Il faudra attendre les vacances de Pâques (Adèle Blanc-Sec, Camping 2) pour savoir si le premier semestre s'annoncera catastrophique ou mitigé. Dans tous les cas, il serait temps que le cinéma français propose autre chose que des comédies mal ficelées ou des drames patrimoniaux. Les spectateurs ont clairement indiqué qu'ils voulaient du divertissement, des drames légers et du spectacle, des effets spéciaux ou de très bons scénarios. Le cinéma ça reste une politique de l'offre et ... d'une demande.
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