La Loi du marché, film le mieux amorti en salles en 2015

Posté par vincy, le 26 février 2016

Le Film Français a publié la semaine dernière son classement des films français les plus rentables, soit le ratio entre le nombre d'entrées et le devis budgétaire des films. Seulement 5 films ont complètement couverts leur budgets: La loi du marché, Demain, Mustang, Much Loved et Babysitting 2. Hormis ce dernier, tous sont nommés aux Césars. Demain est un documentaire. La loi du marché, Mustang et Much Loved était présentés à Cannes. Much Loved a même la particularité d'avoir coûté moins de 700 000 euros. A l'inverse, malgré son budget frôlant les 10 millions d'euros, Babysitting 2 réussi à se faire une place au soleil, surclassant ainsi Connasse princesse des coeurs, Les nouvelles aventures d'Aladin, Papa ou maman, Les profs 2 et Les souvenirs, qui complètent le Top 10.

Notons que deux autres documentaires sont dans le Top 30 (La vie des gens, Le caravage). En revanche, le premier film d'animation est Pourquoi j'ai pas mangé mon père, seulement 50e (mais aussi l'un des plus gros budgets de l'année). Le classement ne prend pas en compte les recettes à l'export (qui changerait considérablement le tableau avec des films comme Taken 3 et Le petit prince).

Ils sont huit nommés au César du meilleur film cette année, et ils n'ont pas connu le même sort au box office.

Côté rentabilité, avec trois films à petits budget qui triomphent en salles, et cinq films du milieu dont seulement deux ont réussi à séduire un public assez large, les inégalités se creusent. A noter que La loi du marché et Mustang sont respectivement 1er et 3e au classement général des films français les plus rentables de l'année.

Québec 2015 : un léger rebond de la fréquentation qui profite au cinéma américain

Posté par vincy, le 21 février 2016

En 2015, le cinéma au Québec s'est plutôt bien porté. Les recettes sont en hausse de 7% (161M de dollars canadiens), après une sévère chute en 2014, mais ne rattrapent pas le niveau du début de décennie. En nombre d'entrées, la fréquentation repasse au dessus des 20 millions de spectateurs (20 091 182 pour être exact), soit une progression de 7% également, mais là encore loin du niveau de 2011 (22,25 millions d'entrées).

Si ce rebond est salutaire, il n'empêche pas de constater que l'assistance dans les salles n'a pas retrouvé son niveau de la période 1997-2012, quand chaque année, plus de 22 millions de québécois allaient au cinéma. Cependant, c'est la deuxième fois que la fréquentation remonte depuis 2002, année record après laquelle a été amorcé un déclin continuel du nombre d'entrées.

Avec un ticket moyen d'entrée stable au niveau du tarif (8 CAN$), et un nombre de salles, d'écrans et de fauteuils quasiment identique depuis 2012 (103 complexes, 742 écrans, 140 000 fauteuils) et un nombre de projections qui continue de progresser, l'exploitation consolide plutôt ses positions.

4 entrées sur 5 pour un film américain

Côté box office, en revanche, la part de marché du cinéma québécois est très en dessous des 10%, seuil symbolique dépassé en 2011 pour la dernière fois. 1,562 million de spectateurs a été voir un film local. C'est une belle hausse de 23% par rapport à 2014, mais cela reste désespérément bas. Aucun film québécois ne se situe dans le Top 10 des films les plus populaires de l'année.

Ce Top 10 est 100% américain (avec 8 suites, et une moitié proposée également en 3D). Les Minions domine le classement avec 846 210 entrées. Mais Star Wars Episode VII est en fait le véritable vainqueur. Sorti en fin d'année, avec deux fois moins de projections que Les Minions, Star Wars a séduit 837 725 spectateurs et rapporté davantage de recettes grâce aux séances 3D. Derrière ces deux champions on retrouve Jurassic World (Monde jurassique), Fast & Furious 7 (Dangereux 7) et 007 Spectre. Les films américains, au total, ont capté 80,6% des entrées (et 81,6% des recettes).

Seulement 5 films québécois ont attiré 100 000 spectateurs

Derrière, on retrouve le cinéma québécois, le cinéma britannique (851 820 entrées, 4,3%), le cinéma français (849 157 entrées, 4,2%, contre 1,17 million l'an dernier) et loin derrière le cinéma canadien (67 059 entrées, 0,3%).

Le cinéma québécois a quand même connu une belle année avec 5 hits ayant dépassé les 100 000 spectateurs (les quatre premiers ont même obtenu plus d'un million de $ canadiens de recettes): La Guerre des tuques 3D, Le mirage, La passion d'Augustine (10 fois nommé aux prix du cinéma québécois), Paul à Québec et Ego Trip. En 2014, avec 363 000 entrées, Mommy de Xavier Dolan avait réussi à se classer dans le Top 10 et séduit plus de spectateurs que le champion de cette année, un film d'animation, La guerre des tuques 3D (347 000 entrées). En 2013, Louis Cyr, 5e film le plus toutes nationalités confondues avait séduit 473 000 spectateurs.

Le cinéma québécois connait ainsi un problème récurrent. Seuls quelques films s'accaparent les faveurs de son public. Les trois leaders de 2015 ont ainsi récolté 57% des recettes du cinéma québécois.

Ciné à la TV: Kev Adams a aussi régné sur l’audimat

Posté par vincy, le 1 février 2016

Il n'y a pas un seul film parmi les trente meilleures audiences de l'année 2015 à la télévision française selon les bilans de Médiamétrie. Ils sont seulement quatre (deux de moins qu'en 2014) à être dans le Top 100: trois sur TF1, un sur France 2.

Le cinéma permet à dix chaînes d'obtenir leur meilleur audience de l'année

Mais à l'inverse c'est bien le cinéma qui a permit à dix chaînes de télévision d'atteindre leur record d'audience annuel : M6 avec Belle et Sébastien (6,3 millions de téléspectateurs), Arte avec Le vieil homme et l'enfant (1,7 million), D8 avec Hunger Games (3 millions), et ainsi de suite pour NT1, NRJ12, France 4, D17, 6ter, Numéro 23 et Chérie 25 (toutes avec des films américains). Leurs records d'audience annuels permettent également à certaines chaînes de passer des caps en part d'audience. Grâce à un film, M6 dépasse ainsi les 20% (deux fois plus que sa moyenne annuelle), D8 les 10%, TMC, W9, Arte, NT1 et NRJ12 franchissent les 5%.

Les films américains boostent l'audience de la TNT

Plus de 1300 films ont été diffusés en première partie de soirée en 2015. 9 d'entre eux ont multiplié par trois la moyenne de l'audience de leur chaîne lors de leur diffusion (un sur D8, 4 sur 6ter, 3 sur HD1 et un sur France 4). Là encore les petites chaînes profitent à fond des films américains, même ce sont des rediffusions. Mais ce n'est pas toujours le cas. 10 films, souvent des films art et essai, ont contre-performé: trois sur Arte (La bataille de Solférino a été un bide, tout comme le premier Superman), 4 sur Gulli (qui a pris des risques avec des films de patrimoine), 2 sur France 4 (dont un Soderbergh, Harvey Milk) et un sur Numéro 23 (Un conte de Noël de Desplechin).

Le cinéma reste cependant un beau produit de soirée, mais n'a plus l'aspect événementiel ou fédérateur des années précédentes. Les 20 meilleures audiences pour un film (dont 6 rediffusions) naviguent entre 6 et 8 millions de spectateurs (alors que 4 dépassaient les 8 millions de téléspectateurs en 2014), soit largement moins que The Voice, un match de championnat du monde de rugby ou un épisode de Mentalist. D'une part, la multiplication des chaînes, et donc de l'offre, ne permet plus à TF1 ou France 2 de capter autant de spectateurs qu'avant, sauf événement. On va se rassurer: avec des films comme Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu? que TF1 devrait diffuser cette année, on imagine que les scores seront bien meilleurs. Cette année fut assez pauvre en exclusivité de qualité ou fédératrice, contrairement à 2014 où Intouchables avait séduit 13,9 millions de téléspectateurs sur TF1.

Kev Adams, Steven Soderbergh et Christian Clavier au top

Mais, comme pour le box office en salles, c'est Kev Adams qui l'emporte. L'acteur qui a été à l'affiche des deux films français les plus populaires en salles en 2015 - Aladin, Les Profs 2 - a également été le plus vu sur le petit écran avec Les profs sur TF1. 8 millions de téléspectateurs et une part d'audience de 28,5%.

En part d'audience, Contagion, Un plan parfait, Skyfall, Die Hard 5 et Battleship suivent dans le classement. En nombre de téléspectateurs, le classement diffère légèrement : Contagion, Les bronzés font du ski, Skyfall, Rien à déclarer. Notons que Contagion de Steven Soderbergh s'offre une belle culbute: même pas 700 000 spectateurs en salles et 7,3 millions de téléspectateurs.

Hormis Skyfall sur France 2 et Belle et Sébastien sur M6 (un lundi pendant les fêtes), les 18 meilleures audiences sont captées par "le film du dimanche soir" de TF1.

Dans ce Top 20, dix films sont français, les dix autres américains. 9 des dix films français sont des comédies, dont quatre avec Christian Clavier et deux avec Dany Boon. Les américains prédominent dans le thriller/aventures/fantasy avec 7 films, auxquels s'ajoutent deux dessins animés (Tintin et Moi, moche et méchant 2) et un drame (Gran Torino, pourtant rediffusé).

Les multiplexes en plein boom et ceux qui dépriment

Posté par vincy, le 31 janvier 2016

ugc ciné cité logo

Le Film Français, en partenariat avec Rentrak, dévoile le classement annuel des 200 complexes cinématographiques les plus fréquentés en 2015.

Les 5 multiplexes au top. UGC domine.
Le Top 5 est toujours dominé par UGC avec l'UGC Ciné Cité des Halles (Paris) et le Ciné Cité de Bercy (Paris), avec respectivement 3,2 millions et 2,05 millions de spectateurs. Les deux encaissent une baisse de leurs entrées (-3,4% et -10,8%). Ils sont suivis du Kinopolis de Lomme dans le Nord (2,03 millions), du MK2 Bibliothèque à Paris (1,71 million) et du Gaumont Carré Sénart en Seine-et-Marne (1,7 million).

Les gros réseaux. Gaumont-Pathé en tête.
Outre les Ciné Cité des Halles et de Bercy, le réseau UGC cinq autres complexes qui ont attiré plus d'un million de spectateurs: La Défense (Hauts de Seine), Strasbourg, Rosny (Seine Saint Denis), Saint-Quentin-en-Yvelines (Yvelines) et Créteil (Val de Marne).
Gaumont-Pathé (Europalaces) compte 13 multiplexes dans cette liste de 23 millionnaires. Hormis celui de Carré Sénart, on retrouve le Pathé Plan de Campagne (Marseille), le Pathé Belle Epine (Région parisienne), le Gaumont Parnasse (Paris), le Gaimont de Montpellier, le Pathé Carré de Soie (près de Lyon), le Gaumont Opéra (Paris), le Pathé de Nice, le Gaumont de Labège (près de Toulouse), le Gaumont Wilson (à Toulouse),le Gaumont du Disney Village, le Pathé de Conflans (Yvelines) et le Pathé de La Garde (près de Toulon).
A part le MK2 et le Kinépolis, un seul autre cinéma hors des grands réseaux se classe dans ces 23 millionnaires, Les 3 Palmes à Marseille, avec 11 écrans et 1,15 million de spectateurs.

Les autres réseaux et indépendants. Kinépolis et Mega CGR en vedette.
Outre Les 3 Palmes à Marseille, quelques multiplexes tirent leur épingle du jeu. Kinépolis à Metz, à Nîmes, à Nancy, à Thioville et à Mulhouse ont tous attiré plus de 600 000 spectateurs. Côté Méga CGR, ceux de Tours, Brignais, Blagnac, Villenave d'Ornon, Torcy, La Rochelle, Saint-Saturnin, La Mézière et Pau, ont aussi séduit plus de 600 000 spectateurs. Pour MK2, seul celui de Quai de Seine/Quai de Loire a enregistré 919000 tickets.

Parmi les autres complexes très fréquentés citons le Ciné Dôme à Aubière (près de Clermont Ferrand), le Mégarama de Villeneuve la Garenne (Val de Marne), le Multiplexe Liberté à Brest, le Ciné Cap Vert à Quétigny (près de Dijon), le Méga Castillet à Perpignan, le Capitol Studios près d'Avignon, l'EuropaCorp Aéroville près de l'aéroport de Roissy, le Rex à Paris et le Cinéville à Hénin-Beaumont.

Les plus fortes progressions. Les villes moyennes dynamiques.

  • + 43,07%. Pathé Quinconces Le Mans (550000)
  • + 42,05%. Europacorp Aéroville Roissy (712000)
  • + 41,18%. Mega CGR Draguignan (290000)
  • + 15,72%. Pathé Beaugrenelle Paris (923000)
  • + 12,45%. Véo Muret - Toulouse (457000)
  • + 10,26%. Majestic Compiègne (504000)

Les plus fortes chutes. Les Champs Elysées et la banlieue souffrent.

  • - 30,43%. La Géode (320000) - lié à la fermeture de la Cité des Sciences et de l'Industrie durant près de deux mois.
  • - 23,18%. Alhambra Saint Etienne (350000)
  • - 20,97%. UGC Ciné Cité Rosny (1405000)
  • - 19,43%. UGC Normandie Champs Elysées (296000)
  • - 16,89%. Gaumont Champs-Elysées (657000)
  • - 16,57%. Gaumont Saint-Denis (367000)


Les leaders en région.

  • Ile de France. UGC Cité Cité Les Halles à Paris.
  • Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Kinépolis Lomme près de Lille.
  • Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes. UGC Ciné Cité Etoile à Strasbourg.
  • Bourgogne-Franche Comté. Ciné Cap-Vert à Quétigny, près de Dijon.
  • Rhône Alpes- Auvergne. Pathé Carré de Soie à Vaulx en Velin, près de Lyon.
  • Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pathé Plan de Campagne près de Marseille.
  • Corse. Ellipse Cinéma à Ajaccio.
  • Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. Gaumont Multiplexe à Montpellier.
  • Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Méga CGR à Villenave d'Ornon, près de Bordeaux.
  • Centre. Méga CGR à Tours.
  • Pays de la Loire. Gaumont Multiplexe à Angers.
  • Bretagne. Gaumont Rennes.
  • Normandie. Pathé Docks 76 à Rouen.

Bilan 2015: un box office français toujours leader en Europe, sauvé par les films américains

Posté par vincy, le 23 janvier 2016

-1,4% d'entrées en salles en 2015. La fréquentation des cinémas reste toujours à un niveau très haut en France avec 206,06 millions de billets vendus, selon les chiffres publiés par le Centre national du cinéma (CNC). C'est même assez exceptionnel après une année 2014 qui était la deuxième meilleure année depuis 1967. La France reste donc, de loin, le plus gros marché européen.

Les salles de cinéma peuvent dire merci à Star Wars qui a littéralement boosté l'année.

Gros bémol cependant, la part de marché des films français a nettement baissé en 2015 avec 35,2% des entrées, contre 44,4% en 2014 (certes année exceptionnelle grâce à Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu?, Supercondriaque et Lucy, tous au dessus des 5 millions de spectateurs).

Par conséquent, les films américains se taillent la part du lion avec 112,24 millions d'entrées, leur plus haut niveau depuis 1958 (112,90 millions) et une part de marché de 54,5%, (contre 45,4% en 2014).

8 films du Top 10 made in USA

Côté box office, les Américains règnent en maître également avec 8 films dans le Top 10 dont trois au dessus des 5 millions d'entrées (Star Wars épisode VII, Les Minions et Jurassic World. Sur les 23 films au dessus des 2 millions de spectateurs, 17 sont américains. Kev Adams est le seul à résister à l'envahisseur avec ses deux films dans le Top 10: Les aventures d'Aladin (4,42 millions d'entrées) et Les Profs 2 (3,49 millions d'entrées).

La comédie française reste le genre préféré

La comédie française reste le genre le plus populaire puisque, outre les Kev Adams, les plus gros succès français (hors Taken 3) sont Papa ou maman, Pourquoi j'ai pas mangé mon père et Babysitting 2. Cela n'a pas empêché certains films d'auteurs d'attirer beaucoup de spectateurs, au point d'être très rentables tels Les souvenirs, Marguerite, La loi du marché, L'hermine, Lolo, Mon roi, La tête haute ou même Mustang.

A l'inverse, le cinéma français a connu de gros fiascos comme Chic!, Les Gorilles, En mai fais ce qu'il te plaît, Nos femmes, Premiers crus et Entre amis (qui ont en commun d'avoir tous coûté plus de 8 millions d'euros).

Une animation au top

Notons la belle performance de l'animation aussi avec 10 films au dessus du million de spectateurs (et soyons indulgent 11 avec Shaun le mouton qui a arrêté son compteur à 997000 spectateurs).

Les suites, reboots et autre spin-off ont également cartonné avec 22 films parmi les 44 millionnaires (Vice-Versa est le plus gros succès avec un scénario original).

5 succès ni américains ni français

Du côté des "films d'ailleurs" (hors coproductions anglo-américaines), peu de surprises. On pourrait compter Le dernier loup, surtout chinois, mais avec le label Annaud et ses 1,28 million d'entrées. Mais il y a eu quelques belles réussites comme l'allemand Maya l'abeille (1 million d'entrées), le britannique Shaun le mouton, le belge Le Tout nouveau testament (816 000 spectateurs) et l'iranien Taxi Téhéran (575 000 spectateurs).

Universal, Disney et la Fox sur le podium

Enfin, du côté des distributeurs, comme aux Etats-Unis, Universal Pictures domine le marché avec 14,8% des entrées (23 films dont 4 dans le Top 10, 28 millions d'entrées), devant Walt Disney avec 13% des entrées (13 films dont 3 dans le Top 10, 24,5 millions d'entrées) et la 20th Century Fox avec 9,5% des entrées (21 films dont 2 dans le Top 20, 17,9 millions d'entrées). Warner Bros est 4e (2 films dans le Top 20).

Côté français, Mars Distribution est leader, et 5e distributeur de l'année, avec 6,9% des entrées (24 films dont La famille Bélier sorti fin 2014). Pathé, 6e, a pu compter sur les succès d'Aladin, de Papa ou maman et de Pourquoi j'ai pas mangé mon père. SND (Divergente 2) et UGC (Les Profs 2) sont les deux autres distributeurs nationaux à se classer dans le Top 10, aux côtés des studios américains (Paramount, 7e, Sony, 8e, sauvé grâce à 007 Spectre qui a fait quasiment la moitié de ses entrées annuelles). Notons que Métropolitan (Hunger Games 4), Europacorp (Taken 3, Bis), Gaumont (Belle et Sébastien 2, Connasse princesse des coeurs), Studiocanal (Imitation Game), Wild Bunch (Une heure de tranquillité), Memento (Marguerite) et La Belle Company (Maya l'abeille) ont tous eu un film millionnaire cette année.

Bilan 2015: 106 millions d’entrées dans le monde pour le cinéma français

Posté par vincy, le 18 janvier 2016

"Pour la 3e fois en seulement 4 ans, les films français franchissent le seuil des 100 millions de spectateurs à l’international. Avec 106 millions d’entrées et 600 millions d’euros de recettes dans les salles étrangères, le cinéma français célèbre en 2015 sa 3e meilleure année hors de ses frontières depuis plus de 20 ans" annonce Unifrance en guise de bilan annuel pour l'exportation des films produits majoritairement en France. Mais pas forcément en langue française. 42,6 millions de ces entrées à l'international concernent des films en langue française (un bond de 22% tout de même en un an).

Toujours plus d'entrées à l'international qu'en France

106 millions d'entrées soit 600 millions d'euros de recettes (soit une baisse de 12% par rapport à 2015), c'est un double exploit quand on compare avec les 72,5 millions d'entrées pour les films français en France. Notons que les films d'animation représentent 20% des entrées internationales.

En 2015, 515 films français ont été exploités dans les salles étrangères. Il y a désormais plus d'entrées à l'étranger qu'en France et ce pour la deuxième année consécutive. C'est aussi le troisième meilleur score en 20 ans. L'Asie devient la première zone d’exportation des films français en 2015, devant l’Europe occidentale et l'Amérique latine (avec 22,3 millions d’entrées) a dépassé l'Amérique du nord.

Isabelle Giordano, directrice générale d’UniFrance, se félicite de ces bons scores: "Ces bons résultats à l’international confortent notre place de deuxième exportateur mondial et sont la preuve que notre écosystème est efficace et que cela vaut la peine de valoriser la diversité de nos talents. Les films français sont les seuls à être ainsi appréciés aussi bien sur les marchés internationaux que dans les grands festivals."

L'animation en force

Trois films d'animation se sont classés parmi les dix films les plus vus à l'étranger: Le Petit Prince, Astérix le domaine des dieux et Mune, le gardien de la lune ont séduit aussi bien des spectateurs européens, chinois, brésiliens, mexicain que russes. C'est une année record pour le genre, même si les films d'animation d'auteur ont eu plus de difficultés à s'imposer. "En 2e place du classement annuel, avec 15 millions d’entrées, Le Petit Prince devient le plus grand succès d’animation française à l’international depuis 20 ans" rappelle Unifrance.

Leader toutes catégories, une production Luc Besson une fois de plus, qui succède à Lucy (vainqueur 2014 par K.O.). Le 3e volet de la saga Taken attire à lui seul 40% des spectateurs de productions françaises sur la période: 44 millions de spectateurs dont 10,7 millions aux Etats-Unis et au Canada anglophone et 5,4 millions en Chine et un million d'entrée dans 10 pays différents.
Suivent Le Petit Prince (15 millions avec des records historiques au Brésil et au Mexique) et Le Transporteur - Héritage (10 millions dont 4 millions en Chine et 2 millions aux États-Unis et au Canada anglophone), soit trois films en langue anglaise. C'est donc la comédie La Famille Bélier (devant la continuation de la carrière historique de Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?, près de 10 millions de spectateurs étrangers au total), qui remporte la palme du film francophone le plus vu dans le monde en 2015.

La Famille Bélier (3,5 millions) a établit un record de fréquentation pour un film en langue française en Colombie (537 000 entrées), détrônant Intouchables, en plus de séduire 500 000 spectateurs en Italie, 430 000 en Allemagne, 380 000 en Espagne ou encore 150 000 au Québec.

Grand succès francophone de l’année 2014 (3,9 millions d’entrées en Allemagne notamment), Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? est le leader français en Espagne en 2015, avec 830 000 entrées supplémentaires pour 1,3 million d’entrées cumulées.

Pour la première fois, l’Asie devient la première zone d’exportation des films français en 2015. Avec 28,9 millions d’entrées, la zone capte plus d'une entrée sur quatre du cinéma français sur la période. Autre fait historique, la Chine se place au même niveau que les États-Unis et le Canada anglophone en attirant près de 15 millions de spectateurs en 2015. 3,5 millions de Japonais et 2,2 millions de Coréens se sont rendus en salles pour voir des films français en 2015.

Avec 25,6 millions de spectateurs, l’Europe occidentale repasse donc au 2e rang des zones d’exportation du cinéma hexagonal en 2015, avec deux points noirs: une année plutôt timide en Allemagne (4,7 millions d’entrées) et une situation toujours alarmante au Royaume-Uni. L’Italie est le seul pays européen à se hisser dans le top 5 de l’année, avec 5,2 millions de spectateurs. Cependant, l’Europe occidentale est, cette année, avec l’Europe centrale et orientale, la zone la plus favorable aux films en langue française, avec près de 60% des spectateurs recensés pour ces films.

Avec 22,3 millions d’entrées, 2015 marque une année charnière pour le cinéma français en Amérique latine, qui dépasse ainsi l'Amérique du nord. Le cinéma français y réalise des records de fréquentation au Mexique (9,4 millions d’entrées / +76% par rapport à 2014), au Brésil (5,3 millions / +44%) et en Colombie (2,4 millions / +116%), les 2 premiers accédant ainsi au top 5 de l’année devant l’Italie.

Enfin, l’Amérique du Nord passe en quatrième position des zones d’exportation des films français en 2015, faute de succès écrasants au box office, à l’image de Lucy l’année précédente. Le cinéma français subit surtout la désaffection globale du public nord-américain pour les films en langue étrangère et les films art et essai (lire aussi le bilan 2015 du box office en Amérique du nord). Sils Maria, Timbuktu ou encore Le Sel de la terre sont des exceptions.
Au Québec, la fréquentation avoisine les 900 000 entrées, dont près de 200 000 pour Astérix le domaine des dieux, le plus grand succès de langue française depuis Intouchables. Là encore, pas de quoi se réjouir dans un marché qui devrait être "acquis" au films en langue française.

Bilan 2015: un box office nord-américain record qui profitent surtout aux mastodontes

Posté par vincy, le 9 janvier 2016

star wars le réveil de la force épisode 7 han solo harrison ford

Avec 11,13 milliards de $ en 2015 (+7,4% par rapport à 2014), le box office nord-américain a battu un record historique, essentiellement du grâce aux scores faramineux de Star Wars : La force se réveille, sorti deux semaines avant la fin de l'année.

L'ère dominatrice de Lucas et Spielberg

Enfoncés les 10,92 milliards de $ de 2013. Outre Star Wars, l'année a pu aussi compter sur Jurassic World et ses 652M$. Deux films sortis en 2015 se classent donc parmi les 5 plus grosses recettes (hors inflation) du box office nord-américain, aux côtés d'Avatar, Titanic et le premier Avengers. Si on tient compte de l'inflation, 2015 aura placé deux films dans le Top 25 des films les plus vus sur le continent (Star Wars 7 et Jurassic World). Ce n'est jamais arrivé hormis pour les années 1965 (La mélodie du bonheur, Docteur Jivago) et 1973 (L'Arnaque, L'Exorciste). La franchise Star Wars imaginée par George Lucas place ainsi son 5e film dans ce Top 25 et la franchise des films réalisés ou produits par Spielberg fait de même, surclassant ainsi Disney et ses 4 films d'animation.

Des ventes de billets en baisse, compensées par les records des salles Imax

Cependant les dix plus gros succès ont capté 3,6 milliards de dollars. Le marché se concentre sur des mastodontes. D'ailleurs, les recettes sont gonflées par ces mêmes mastodontes qui colonisent les salles IMAX où les billets sont plus chers. Ainsi, le nombre de billets vendus, 1,334 million au total, n'augmente "que" de 5,2%. Il y a eu davantage de spectateurs dans les salles durant les années précédentes, à l'exception de 2011 et 2014. On est très loin du score de l'année 2002 avec 1,576 million de spectateurs.
Enfin, cette hausse des recettes est bien inférieure à celle enregistrées dans des marchés comme la Chine, le Royaume-Uni, ou la Corée du sud.

Car la part de marché des Etats-Unis et du Canada anglophone continue ainsi de se réduire pour Hollywood (désormais moins d'un dollar sur trois provient du plus gros pourvoyeur de spectateurs du monde). On estime à 38 milliards de $ les recettes des films en salles dans le monde (+3,5%), très loin devant les précédents records. La Chine continue sa progression inexorable. Elle représente dorénavant 18% des recettes mondiales, avec une hausse de 50% (!) par rapport à l'année dernière. Il ne sera pas étonnant de voir de plus en plus de films hollywoodiens produits avec des critères moraux et des castings pouvant séduire les Chinois.

La plupart des hits font 70% de leurs recettes à l'étranger

Mais cette perte de l'hégémonie américaine ne contrarie pas les studios. Quatre films sont ainsi entrés dans le Top 7 historique des recettes (toujours hors inflation). Quasiment tous les films venus d'Hollywood font désormais plus de la moitié, et parfois les trois quarts, de leurs recettes à l'étranger. Dans le top 50 des recettes mondiales seuls Bob l'éponge, Pitch Perfect 2, Snoopy et les Peanuts, NWA Straight Outta Compton, Crazy Amy et Get Hard font exception. A l'inverse, les Minions, 007 Spectre, Mission Impossible Rogue Nation, Cinquante nuances de Grey, Terminator Genesys ou Taken 3, pour ne citer que les films du Top 20, captent plus de 70% des recettes hors Etats-Unis.

Un ourson et un loup sauvent le désastre des films étrangers

Et grâce à la Chine, pour la première fois, 5 films ont dépassé le milliard de dollars de recettes durant une seule année calendaire. Les productions hollywoodiennes dominent largement le Top 100 mondial, si on excepte quelques productions asiatiques qui font l'essentiel de leur business à domicile. Le premier film non américain (sans l'appui d'un studio US) ayant bénéficié d'une sortie sur plusieurs marchés est un film franco-britannique, Paddington, 25e, avec près de 260M$ (dont une grosse partie en 2014), loin devant le film franco-chinois de Jean-Jacques Annaud, Le dernier loup (123M$, 42e), énorme succès en Chine.

juliette binocheCar si les suites, remakes, spin-offs et reboots ont cartonné (12 sur 30), tout comme l'animation (7 sur 30 dont deux des plus grosses recettes du genre), les films indépendants et étrangers ont soufferts sur le sol nord américain. Paddington (film animé par ailleurs) est l'exception de l'année (37e), loin devant La femme au tableau et Indian Palace : Suite royale. Et le premier film en langue étrangère est là encore un film d'animation, en espagnol, Un Gallo con Muchos Huevos, seulement 124e (le premier film en français est Sils Maria, 182e!).

Année après année, les films en langue étrangères aux Etats-Unis séduisent de moins en moins. Si les films venus d'Inde et d'Amérique du sud résistent, c'est la bérézina pour le cinéma européen non anglophone. Depuis dix ans, seulement 8 de ces films ont rapporté plus de 9 millions de $ (dont Intouchables et La Môme côté français). A peine un par an en moyenne. En 2015, ils ne sont que 13 (dont Timbuktu) à avoir rapporté plus de un million de dollars au box office.

King Universal

Enfin, côté studios, Universal, qui a cumulé les leaders et sorti trois de ses dix plus gros hits cette année, avec 7 films au dessus de 100M$, a dominé le marché (21,3% du box office). Depuis 2000, c'est sa meilleure année mais aussi la première fois que le studio est leader annuel et la première fois qu'un studio passe le cap des 20% de parts de marché. Derrière Buena Vista/Disney, avec lui aussi trois de ses dix plus gros hits cette année et 6 films au dessus de 100M$, a vécu un superbe exercice (19,8%). Les 6 majors cumulent ainsi 80,6% de parts de marché (hors filiales indépendantes) contre 77,4% l'an dernier et 71% en 2013. Hormis Lionsgate, aucun distributeur indépendant n'a de films dans le Top 30 annuel.

Les actus, les films et les stars les plus lus en 2015 sur EcranNoir.fr

Posté par vincy, le 31 décembre 2015

Les actualités les plus lues cette année:

  1. 10 films français qui pourraient créer la surprise cette année
  2. Avengers 2: quatre nouveaux personnages Marvel transformés par le cinéma
  3. Catherine Deneuve et Harvey Keitel tombent amoureux
  4. Les Nombrils: deux films pour trois drôles de filles
  5. 7 films pour ne pas oublier le génocide arménien
  6. Fin du conte cruel de Laura Antonelli
  7. L'Instant Court: les seins de ma prof d'anglais avec Audrey Fleurot
  8. Travis Fimmel : des slips Calvin Klein à Warcraft
  9. Les 34 révélations en live pour un César du meilleur espoir 2016
  10. Star Wars Episode 7: le messie de l'année ciné ?
  11. La dolce morta d'Anita Eckberg
  12. L'instant zappette: Homos mais pas trop
  13. Les attentats du 13 novembre 2015: cinémas et festivals impactés
  14. Cannes Classics 2015: Rocco et ses frères de Luchino Visconti (1960)
  15. One Piece Strong World: le 10e film débarque enfin dans les salles françaises, les autres en DVD

Les critiques de films les plus lues cette année:

  1. Mad Max : Fury Road
  2. Taxi Téhéran
  3. Marguerite
  4. Dear White People
  5. Fast & Furious 7
  6. Sea Fog: les clandestins
  7. Shaun le mouton
  8. A trois on y va
  9. Suite française
  10. Un pigeon perché sur une branche...
  11. Cake
  12. Le tournoi
  13. La promesse d'une vie
  14. Un homme idéal
  15. Connasse, princesse des coeurs

Les portraits de stars les plus lus cette année:

  1. François Truffaut
  2. Brigitte Bardot
  3. Johnny Depp
  4. Brad Pitt
  5. Sophie Marceau
  6. Leonardo DiCaprio
  7. Keanu Reeves
  8. Monica Bellucci
  9. Gaspard Ulliel
  10. Cécile de France

Mon film de l’année 2015: The Lobster de Yorgos Lanthimos

Posté par vincy, le 30 décembre 2015

2015 restera sans doute comme une année sombre pour les Français. De Charlie Hebdo au Bataclan, les attentats ont marqué l'année et les esprits. Aussi, quand il a fallu choisir un film, parmi les trois cents vus cette année, mon choix aurait pu être un divertissement intelligent (Vice-Versa, Shaun le mouton), une oeuvre formelle sidérante ou séduisante (Le fils de Saul, Tangerine), une fresque politique qui en dit long sur le délitement de la société (Au-delà des montagnes), une comédie de résistance (Taxi Téhéran) ou un drame lucide de rébellion (Much Loved), une oeuvre absurde et poétique (Un pigeon perché sur une branche..., Vincent n'a pas d'écailles), un polar nostalgique (Phantom Boy, Avril et le mondre truqué), un drame dénonciateur (El Club), un film binational bouleversant (Mustang), un poème romantique (Hill of Freedom), un délire jouissif (Les nouveaux sauvages, The Voices) ou même l'un des films cités par les autres rédacteurs d'Ecran Noir. Du contemplatif Apitchapong Weerasethakul au saignant Alberto Rodriguez en passant par le clinique Ruben Östlund, les cinéastes d'ici ou d'ailleurs ont rendu l'année cinéma riche et variée, même si, souvent, les sujets étaient aussi sombres que l'actualité.

Et c'est bien parce que 2015 fut peu joyeuse que je voulais choisir un film qui évoque l'amour. Après tout, c'est encore le seul sentiment qui peut nous faire oublier l'horreur économique ou les peurs de notre époque. Carol aurait été le candidat évident. Mais il ne sort que le 13 janvier. Dans le film de Todd Haynes, l'amour est dévastateur, irrésistible, passionnel et donc irrationnel. Il fait fi de la censure, des carcans, du conservatisme et s'impose comme le seul remède pour s'affranchir, s'émanciper, bref, être libre. Il nous coupe le souffle et nous tire les larmes quand on devine que l'étreinte brisée pourrait se réparer par un simple baiser.

Ce qui peut faire écho à l'autre grand film de l'année, celui qui sera donc mon coup de coeur, The Lobster. Le film de Yorgos Lanthimos est aussi un film romantique, à sa façon. Le cadre est tout aussi autoritaire. Si, dans Carol, la société rejette un amour homosexuel, dénie le droit de vivre hors des conventions, dans The Lobster, la Loi oblige à être en couple. Le cinéaste grec imagine alors une fable parfois surréaliste, parfois allégorique, toujours plus réaliste qu'on ne le croit, sur un vivre-ensemble liberticide. Dans ce monde étrange, un célibataire peut devenir un animal s'il ne trouve pas de partenaire. Il n'a pas le droit de se masturber. Il doit s'obliger à trouver un(e) alter-ego quitte à modifier son comportement ou mentir pour séduire. Question de survie. Avec un humour décalé, quelques situations cocasses, The Lobster dessine la noirceur de notre temps, où le mariage semble un aboutissement évident, où vivre seul est toujours considéré comme une tare. Le célibataire serait un handicapé, bon à revenir à l'état bestial.

Fascinant, le film bascule ensuite dans le camps de ceux qui se révoltent. Les rebelles ont pris le maquis. Mais, par posture, par idéologie, par esprit de contradiction, eux refusent toute idée du couple. Le solitaire est roi dès lors qu'il n'y a aucun "solitaire" (diamant) en jeu. Yorgos Lanthimos réussit à montrer à quel point il est absurde de vouloir dicter les sentiments, de décider à leur place ce qui est bien, au nom du collectif. Mais, comme dans Carol, le film est un hymne à la liberté amoureuse, à cet amour plus fort que tout, à cette émotion si intense qu'on en devient aveugle ou fou, prêt à laisser tomber toute sa vie d'avant. L'amour nous projette dans un avenir qu'on imagine heureux, joyeux, immortel. Cela vaut tous les sacrifices. La satire est acide. La symétrie parfaite. La dialectique habile. La farce cruelle. La fantaisie pessimiste.  Au passage, il égratigne le consumérisme, le repli sur soi, l'idéologie sectaire et donc exclusive. Esthétique, glaçant et glacé, morbide, c'est orwellien, frigide et grinçant.

Sans doute parce que l'oeuvre est plus terrifiante que romanesque, il s'agit non pas d'une simple critique de notre monde mais d'un appel à refuser la norme. La normalité est aliénante, qu'elle soit conservatrice ou extrêmiste. Refuser l'autre sous prétexte qu'il est différent, détruire l'autre sous prétexte qu'il ne rentre pas dans les cases de sa grille (intellectuelle, sociétale, politique, idéologique). Sous ses allures intrigantes et audacieuses, The Lobster est davantage le portrait de notre désenchantement et de notre impuissance qu'un drame romantique, même si les élans du coeur font pousser des ailes à ceux qui ont trouvé l'amour, le vrai. La seule emprise capable de faire oublier le déclin de nos empires.

Mon film de l’année 2015 : Sea Fog de Shim Sung-bo

Posté par kristofy, le 29 décembre 2015

Fin d'année oblige, faire un top 10 donne le vertige, alors, forcément, on transige... Cette année s'avère plus difficile. on subit le décalage d'un calendrier qui commence de facto en février à Berlin ou en mai avec le Festival de Cannes jusqu’à celui de l’année suivante : certains des meilleurs films en salles en 2015 étaient à Cannes en 2014 et d'autres qui étaient dans les festivals cette année ne sortiront pas avant l'année prochaine… On arrive à un top 10 des meilleurs films de 2015 toujours éclectique et cosmopolite, avec des films français, américains, britanniques,qui parlent argentin, chinois, coréen. Mais mon «coup de coeur de l'année» va en direction d’un film en provenance de Corée du Sud : Sea Fog: les clandestins (Haemoo) de Shim Sung-bo.

A l’inverse des blockbusters occidentaux qui cette année plus que jamais ont voulu faire du neuf avec du vieux en proposant suites et reboots, en y incorporant des éléments de remake (comme Jurassic World, James Bond-Spectre, Star Wars-the Force awaken…), à l’est, il y a toujours du (re)nouveau. Par exemple en Corée du Sud: territoire de cinéma où la qualité d’un premier film est telle qu’il est bien meilleur que quantités d’autres (suites) produits ailleurs. Depuis quelques années on a déjà remarqué un véritable savoir-faire coréen en matière de narration tant scénaristique que visuelle avec, par exemple, la possibilité de mélanger un drame intimiste avec de l’action spectaculaire (chose que Hollywood peine à reproduire).

La force de Sea Fog est son ambition de réunir dans un même film à la fois les éléments d’un drame social poignant et en même temps ceux d’un ‘film de genre’ type survival. Le point de départ est d’ailleurs inspiré de faits réels (la mort de plus d’une vingtaine de clandestins en provenance de Chine vers la Corée en 2001), et de manière crescendo, Shim Sung-bo oriente son film vers un thriller nihiliste. Sea Fog est un drame maritime où se côtoie les valeurs du Bien et du Mal sans réelle barrière, avec comme principe que ‘la fin justifie les moyens’, même si ces moyens sont extrêmes. L’histoire se déroule presque en trois actes : des marins, puis les marins et des clandestins, et ensuite de plus en plus de morts… Le spectateur se retrouve en position de s’identifier au capitaine du bateau et d’approuver ses décisions même si celles-ci peuvent transgresser la loi ou la morale. Un incident dramatique autant que tragique devra absolument et cruellement être caché de tous avant le retour au port : il va y avoir des cadavres à faire disparaître… Sea Fog réussit à allier une tragédie larmoyante et un spectacle sanglant, le tout dans un quasi huis-clos sur un bateau, au milieu d'un brouillard mystique. En mer personne ne vous entendra crier ?