Les actus et les critiques de films les plus lues sur Ecran Noir en 2017

Posté par vincy, le 31 décembre 2017

10 films

  1. La La Land
  2. L'autre côté de l'espoir
  3. The Boyfriend. Pourquoi pas lui?
  4. Tous en scène
  5. Raid dingue
  6. Un sac de billes
  7. La communauté
  8. De toute mes forces
  9. Patients
  10. Nocturnal Animals

10 actualités

  1. Le nouveau film avec John Travolta annulé 10 jours avant sa sortie
  2. Le cinéaste tunisien Karim Belhadj arrêté pour « homosexualité »
  3. Valérie Lemercier ira chercher le cœur de Céline Dion
  4. Disparition de la monteuse Marie-Josèphe Yoyotte, trois fois césarisée
  5. Daily Cannes: Des proies et pas de régime
  6. Pierre Deladonchamps et Vincent Lacoste vont se plaire chez Christophe Honoré
  7. opé par John Wick 2, Keanu Reeves retrouve son sex-appeal à Hollywood
  8. Keira Knightley chante « Le tourbillon de la vie » de Jeanne Moreau
  9. Après une tentative ratée, Benedict Cumberbatch et Jake Gyllenhaal se lancent dans un autre projet
  10. Ce que l’on sait de James Bond 25

Le film que j’attends le plus en 2018: The House that Jack Built, de Lars Von Trier

Posté par kristofy, le 31 décembre 2017

Etats-Unis, durant les années 70, Jack commet un crime puis un autre puis encore un autre, il devient un serial-killer qui prend de plus en plus de risques dans son art : il raconte son histoire… Cette histoire promet d’être à la fois passionnante et provocante parce qu’elle sera racontée avec de multiples digressions par Lars Von Trier : cette trame criminelle va aussi dévoiler différents aspects de la psycho humaine. On se doute que ce nouveau film, The House that Jack built, sera fascinant à plus d’un titre.

The House that Jack built sera un évènement car justement c’est un film de Lars Von Trier, "en même temps" pertinent et impertinent. Le cinéaste qui se dit fatigué laisse entendre que ça pourrait être son dernier film. On en doute mais s'il l'a imaginé ainsi, il faudra forcément s’attendre à quelque chose de très spécial. On suppose tout de même que sa structure serait à priori une variation de celle de Nymphomaniac, soit un dialogue imagé en plusieurs chapitres entre le tueur Matt Dillon et un confesseur Bruno Ganz. avec au casting Uma Thurman et Siobhan Fallon Hogan (toutes deux déjà des habituées du cinéastes), Riley Keough et le coréen Yu Ji-tae.

Alors que ses précédents films tournaient surtout autour de l’intime (la dépression, la famille, le sexe…), celui-ci sera centré sur le parcours initiatique d’un tueur américain : pour Lars Von Trier c’est aussi l’occasion de raconter certaines choses à propos des Etats-Unis, ce qu’il n’avait pas fait depuis une dizaine d’années. Après Dogville et Manderlay (jusqu'à leurs génériques de fin) et dans une certaine mesure Dancer in the dark, tous trois très critiques et politiques, tous trois tournés sous le "règne" de George W. Bush, on est curieux de voir quel sera son propos en pleine période Donald Trump, même si cette histoire couvre les années 70-80.

Le retour en grâce?

On espère que la découverte de The House that Jack built se fera durant le Festival de Cannes : depuis 1984 presque tous ses films y ont été en compétition jusqu'en 2011, où il a été banni à cause d'une provocation gênante lors de la conférence de presse de Melancholia. Depuis il s’est excusé, et avait été soutenu par plusieurs artistes (dont Catherine Deneuve). Entre-temps il a présenté Nymphomaniac vol. 1 à Berlin et Nymphomaniac vol. 2 à Venise… Cet automne, Björk l'a accusé de harcèlement lors du tournage de Dancer in the Dark. Il a démenti. Mais une chose est certaine, que le film soit à Cannes, Venise ou Berlin, que LVT se déplace ou non, The House that Jack built sera un des événements de l'année.

Le film que j’attends le plus en 2018 : Cro Man de Nick Park

Posté par MpM, le 30 décembre 2017

Chaque film des studios Aardman est un événement, ne serait-ce qu'en raison du temps que prend la réalisation d'un long métrage qui anime image par image des figurines de pâte à modeler. Un travail titanesque, rempli de défis, magistralement relevés par le réalisateur Nick Park qui adore mettre en scène de longues séquences d'action déjantées et des machines alambiquées qui se jouent des relations de causes à effets (de la machine à fabriquer les tourtes de Chicken run aux folles inventions de Wallace).

Je suis donc particulièrement impatiente de découvrir Cro Man, nouvel opus qui se passe dans la préhistoire et met en scène un homme des cavernes aux prises avec un ennemi beaucoup plus puissant. On imagine la source de gags potentiels que dissimule ce scénario de départ. Et les différentes bandes-annonces qui circulent viennent immédiatement confirmer le bon feeling : un héros maladroit mais plein de bonnes intentions, un animal de compagnie qui semble plus intelligent que son maître, un méchant mégalomane... sans oublier un plaisir non dissimulé à revisiter l'Histoire.

Au-delà de l’humour propre aux films issus des studios Aardman, entre parodie de genre et scénario ultra référencé, on devine des enjeux écologiques qui ne sont pas pour nous déplaire (le héros doit se battre pour sauver sa vallée) ainsi qu’un nouvel éloge de l’action collective et de la résistance face à l’oppression. On ne sait pas trop si l’Humanité sortira grandie de ce duel entre âge de pierre et âge de bronze, mais le plaisir du spectateur, lui, c’est certain !

Cro man de Nick Park, sortie le 7 février 2018

Nicole Kidman et Robin Campillo, personnalités cinéma de l’année

Posté par redaction, le 30 décembre 2017

Un homme, une femme. Stricte égalité. Le chabadabada idéal.

Deux personnalités, deux artistes, ont marqué l'année cinématographique pour des raisons différentes.

Nicole Kidman a fêté ses 50 ans de la manière la plus flamboyante qui soit. Cela faisait 7 ans, depuis Rabbit Hole, que l'actrice nous laissait au mieux indifférent. Soit les films étaient passables, soit ils échouaient lamentablement à leur sortie, quand ils sortaient. Elle ne suscitait plus l'événement, ne créait plus le désir. Mais 2017 a, reconnaissons-le, remis l'actrice australienne sur la carte. D'abord avec Lion, mélo grand public nommé aux Oscars, où elle interprète une mère adoptive bouleversante. Ensuite à Cannes avec trois films et une série! Les Proies de Sofia Coppola (prix de la mise en scène), Mise à mort du cerf sacré (prix du scénario), How to Talk to Girls at Parties, hors compétition et la série de Jane Campion, Top of the Lake: China Girl. Cette omniprésence sur la Croisette s'est achevée par un prix spécial du 70e anniversaire du festival, assez logiquement. Elle a pu montrer toute la palette de son talent, du registre comique punk au drame glaçant. L'année n'a pas été finie pour elle puisque la comédienne a remporté un Emmy Award pour sa prestation dans la série Big Little Lies, l'une des meilleures de l'année. Une star de cette trempe, à la fois respectée pour son travail, populaire et glamour, curieuse et audacieuse, acceptant des films d'auteurs comme des blockbusters, il y en a peu. 35 ans après ses débuts, Nicole Kidman est plus que jamais au top.

Robin Campillo est incontournable cette année. Et pas seulement qu'en France. Certes il n'est plus en lice pour les Oscars, mais son film est régulièrement cité dans les palmarès de fin d'année dans plusieurs pays, y compris les Etats-Unis, parmi les meilleurs films de l'année. 120 battements par minute a confirmé les espoirs qu'on avait mis en lui après Les revenants et Eastern Boys. Mieux, 120 BPM, produit par Pierre Bergé, disparu cet automne, est LE film français de l'année. Il a été reçu comme une claque à Cannes. Il y a d'ailleurs récolté le Grand prix du jury, frôlant la Palme d'or. Il est aussi le film d'auteur le plus vu par le public en France cette année, avec 815000 spectateurs. Pas mal pour une histoire de militantisme politique et de personnes atteintes du Sida. 120 BPM fait partie de ces films qui ont eu un impact public, c'est à dire politique. On reparle du VIH. On réactive l'idée d'un centre d'archives nationales LGBTQI. Cela ne doit pas nous empêché de rappeler que la force de ce film est aussi dans sa construction en entonnoir, avec une première partie où les prémices de la contestation façon Nuit Debout, mais 25 ans avant, qui se resserre sur une histoire d'amour poignante et tragique. Parallèlement, Campillo a aussi écrit le beau film de Laurent Cantet, L'atelier. Il a monté les deux films. Ce multi-casquette voit tout son travail récompensé. Son regard acéré sur la société, sa compréhension des rapports humains, et sa manière d'aborder des sujets controversés en font l'un des auteurs européens les plus en phase avec notre époque. Robin Campillo n'est pas dans le moule. Loin de tout formatage narratif, refusant les conventions et le consensuel, il avance, librement. On a hâte de découvrir la suite...

9 visages à ne pas manquer en 2018: Timothée Chalamet

Posté par vincy, le 29 décembre 2017

Timothée Chalamet, vient d'avoir 22 ans le 26 décembre. Et il aborde cette nouvelle année au top. L'acteur est franco-américain, né d'un père français et d'une mère américaine, grandissant à New York et passant ses étés en France. Son rêve c'était le football... Issu d'une famille d'artistes et d'intellectuels, il a débuté sur scène et dans des publicités. Il a aussi été connu comme le petit ami de Lourdes Leon, la fille de Madonna.

Si sa carrière a débuté il y a près de 10 ans, elle a surtout décollé en 2012 avec la série Homeland avec le personnage de Finn Walden. On le voit aussi dans Interstellar (il joue le jeune Tom Cooper, incarné adulte par Casey Affleck) et dans Noël chez les Coopers, avec Steve Martin et Diane Keaton. Plusieurs de ses films sont inédits en France.

2018 sera sa grande année. Depuis plusieurs mois Call me by your name fait le buzz. Le film de Luca Guadagnino (en France le 28 février) lui vaut déjà une nomination aux Golden Globes, en plus des 13 prix qu'il a déjà reçus aux Etats-Unis depuis novembre. Il est aussi à l'affiche de Lady Bird, de Greta Gerwig (18 février), autre film favori pour les Oscars. Il est également au générique de Hostiles de Scott Cooper, présenté à Telluride et Toronto. Timothée fera encore parler de lui avec le prochain film de Felix Van Groeningen (Alabama Monroe), Beautiful Boy, aux côtés de Steve Carell. Enfin, il sera dans le Woody Allen de l'année prochaine, A Rainy Day in New York, en rôle principal, avec Jude Law, Elle Fanning, Diego Luna, Selena Gomez et Rebecca Hall.

Mon film de l’année: L’autre côté de l’espoir, conte idéaliste et bienveillant

Posté par vincy, le 29 décembre 2017

Ours d'argent de la mise en scène à Berlin, L'autre côté de l'espoir est peut-être le dernier film d'Aki Kaurismäki. Si ce film surclasse les autres en fin d'année, et n'a pas déçu mes attentes, c'est aussi parce qu'il résonne avec l'actualité. Son intensité, derrière son apparente simplicité, provient de deux destins qui s'entrechoquent: l'homo occidentalus, âgé et sur le déclin, face un jeune réfugié syrien qui fuit la guerre.

Alors que les pays occidentaux se débattent dans leurs positions autour de l'immigration provenant d'Afrique et du Proche et Moyen orient, le cinéaste finlandais imagine une fable où le "vivre ensemble" ne serait pas un simple slogan creux. Le mot "bienveillance" a été utilisé abusivement ces derniers moins par les dirigeants, afin d'apaiser des tensions a priori irréconciliables, et en faisant appel à une charité comportementale. L'autre côté de l'espoir n'a pas besoin de sémantique, de dogme ou de prêche. Comme un joli blues, il livre ses propres incantations. Une chanson douce pour ne pas se résigner.

La coexistence sympathique entre les deux mondes, l'apprivoisement progressif qui enfouit la peur de l'autre, l'empathie naturelle qui se dégage pour les deux personnages peuvent paraître idéalistes. Pourtant, le réalisateur ne cache pas la violence de la société, la précarité de chacun, l'absurdité d'un monde sourd et aveugle. La mélancolie qui s'évapore de cette eau bouillonnante vient se confondre avec les rêves qui planent dans les airs. Cela donne un film tendre et toujours plein de surprises, avec des individus vivant à la marge attachants. La mondialisation est bien présente, la société est visiblement fragile et paumée, et il y a un nombre d'abrutis un peu trop important pour être complètement serein.

Mais avec Kaurismäki, nous sommes dans un conte de faits, terriblement actuels, où la face obscure s'éclipse à la lumière de ces êtres profondément bons, mais faillibles, qui savent que l'avenir n'est pas déterminé par une frontière, une couleur de peau, un Dieu différent. On a beaucoup parlé du "monde ancien" ces derniers temps. Le réalisateur a eu le talent de montrer que le "monde nouveau" n'est rien d'autre que celui que nous espérons et que les dominants détruisent. Ce qui en fait assurément le film le plus insoumis de tous cette année.

Les autres films marquants de l'année

Le genre parfait: Le film "LGBT" a connu son sacre cette année. Nos cœurs ont palpité pour des "romances" bouleversantes, dramatiques, charnelles, sensuelles et tragiques. De non dits en silences, de secrets inavoués en déclarations d'amour chuchotées, les films 120 battements par minute, Moonlight, Hearthstone, Seule la terre, Diane a les épaules, Une femme fantastique et dans une certaine mesure Battle of the Sexes nous ont emportés. Et attendez de voir Call me by your name, quintessence du genre qui nous liquéfie...

Le réalisme onirique: L'année fut riche pour les films du réel aka les documentaires. Paradoxalement, c'est peut-être le plus romanesque d'entre eux qui m'a touché le plus: Carré 35 d'Eric Caravaca, entre enquête intime et reflet d'une vie, celle du cinéaste et de ses proches. De la même manière, par leur formalisme et leur poésie, les "fictions" Lettres de la guerre et Barbara, qui mélangent archives et reconstitution, images retravaillées et sentiments bruts, mots d'hier et maux atemporels m'ont séduit.

Le polar new yorkais: A Cannes deux films ont marqué les esprits: stylisés, brutaux, humanistes sous leurs apparences égoïstes, A Beautiful Day de Lynne Ramsey était palmable et Good Time des frères Safdie méritait le prix de la mise en scène. New York en arrière plan, le thriller en genre assumé. Dans la veine de certains Scorsese, ces deux films ont été un régal d'un point de vue cinéphile. Preuve que la poisse peut-être gagnante.

Le blockbuster: La Planète des singes: Suprématie clôt une trilogie certes inégale mais pour une fois cohérente. La Fox a eu raison de faire de cette énième version du sujet imaginé par Pierre Boule il y a 55 ans une allégorie sur la nature animale de l'homme et au final un affrontement de civilisation qui fait écho à ces politiques rejetant l'autre sous prétexte qu'il est différent.

Le film surfait: Je ne vais pas dire The Square même si je le pense comme MpM. Aussi, je choisirai un film que je vois apparaître dans plusieurs palmarès: Certaines femmes de Kelly Reichardt. On peut apprécier la direction d'actrices, la mise en scène soignée, mais ce film sombre et triste est aussi ennuyeux que froid.

Le chef d'œuvre oublié: The Lost City of Z est sans aucun doute l'un des plus beaux films de ces dernières années et la preuve que James Gray est un grand cinéaste. David Lean, Stanley Kubrick et John Huston sont convoqués dans cette quête mystique et anthropologique. Un opéra verdoyant où l'homme se perd à courir après un mirage. Splendide.

2017 dans le rétro: #MeToo, le hashtag qui a fait vaciller Hollywood

Posté par wyzman, le 29 décembre 2017

Souvent critiqué pour la lenteur de son processus, le journalisme d'investigation a prouvé en 2017 qu'il avait encore de beaux jours devant lui. En effet, il a suffi de trois articles pour dévoiler au monde entier les travers de Hollywood. Ces articles, ce sont bien évidemment ceux de Jodi Kantor et Megan Twohey pour le New York Times, celui de Ronan Farrow pour le New Yorker et enfin celui d'Adam B. Vary pour BuzzFeed.

Le pouvoir des témoignages

Si les deux premiers s'intéressent à Harvey Weinstein et donnent la parole à des victimes présumées de harcèlement sexuel, d'agressions sexuelles et de viol, le troisième évoque le cas d'Anthony Rapp. L'acteur de Star Trek Discovery y raconte la nuit où Kevin Spacey a tenté de l'agresser sexuellement. Ces articles auraient pu faire le buzz et disparaître tout aussi vite s'ils ne comportaient pas autant de témoignages de personnalités. Parmi les victimes de Harvey Weinstein, on trouve ainsi Asia Argento, Rosanna Arquette, Kate Beckinsale, Emma de Caunes, Cara Delevingne, Judith Godrèche, Romola Garai, Heather Graham, Claire Forlani, Eva Green, Jessica Hynes, Florence Darel, Mira Sorvino, Ashley Judd, Angelina Jolie, Minka Kelly, Gwyneth Paltrow, Sarah Polley, Mia Kirshner, Léa Seydoux.

Et ceci n'est qu'un aperçu des victimes les plus célèbres du producteur de Pulp Fiction et Sin City. Aujourd'hui, qui sait combien de jeunes actrices pleines de rêves ont été agressées par l'homme de 65 ans. Du côté de Kevin Spacey, son tweet d'excuses adressées à Kevin Rapp et dans lequel il fait son coming out n'a fait que confirmer ce que beaucoup dans l'usine à rêves redoutaient : l'acteur principal de House of Cards a énormément de choses à se reprocher…

L'explosion de #MeToo

A l'origine issu de l'esprit de l'activiste Tarana Burke, l'expression avait pour ambition de dénoncer les violences sexuelles vécues par les femmes noires. Nous sommes alors en 2006 et l'expression n'est qu'une phrase. Mais dans la foulée des multiples accusations portées à l'encontre de Harvey Weinstein, l'actrice de Charmed Alyssa Milano décide de transformer la phrase en hashtag et veut, par son utilisation, inciter toutes les victimes de violences à caractère sexuel à parler. Nous sommes le 15 octobre et personne n'est en mesure de prévoir ce qui va se passer par la suite.

Car ce ne sont pas quelques réponses que l'actrice de 45 ans va recevoir mais bien des milliers. Son tweet est partagé 25.000 fois et plus de 68.000 internautes lui déclarent avoir également été victimes de violences sexuelles. Mais ça ne s'arrête pas là. Le groupe d'internautes déclarant avoir été agressés comporte aussi des personnalités publiques et des figures majeures de Hollywood.

C'est ainsi le cas de Reese Witherspoon, America Ferrera, Jennifer Lawrence, Lady Gaga, Gabrielle Union, Evan Rachel Wood, Björk, Hilarie Burton, Jenny Slate, Rosario Dawson, Debra Massing, Anna Paquin, Viola Davis, LauraDern, Anna Faris, Ellen Degeneres, Pauley Perrette, Busy Philipps, etc. Quelques hommes auront également le courage d'évoquer le harcèlement et les attouchements qu'ils ont subis. On peut notamment citer Terry Crews, James Van Der Beek et Javier Munoz.

Des accusés de plus en plus célèbres

La viralité de l'hashtag est si impressionnante que très vite, ce sont d'autres noms qui commencent à faire surface. Si Harvey Weinstein a très vite été renvoyé de The Weinstein Company et Kevin Spacey a perdu son rôle dans House of Cards et sa place dans la course aux Oscars avec Tout l'argent du monde, ils sont rejoints dans la tourmente par des célébrités auxquelles on n'aurait sans doute jamais pensé.

Parmi celles-ci, on peut citer Ben Affleck, Oliver Stone, Lars Von Trier, Terry Richardson, George H.W Bush, Jeremy Piven, Brett Ratner, Dustin Hoffman, Ed Westwick, Charlie Sheen, Jeffrey Tambor, Steven Seagal, Louis C.K., Matthew Weiner, Russell Simmons, Andrew Kreisberg, George Takei, Mark Schawhn, Nick Carter, Matt Lauer, Bruce Weber, Bryan Singer, Larry King, L.A. Reid et la liste est encore longue !

A l'heure actuelle, la plus grande action collective entamée par les victimes présumées est d'appeler à modifier la législation sur le délai de prescription des viols. A côté, de multiples associations tentent de capitaliser sur l'essor de l'hashtag #MeToo pour modifier la vision que l'on a des victimes d'agressions sexuelles. Exporté dans des dizaines de pays, #MeToo a trouvé une résonance toute particulière en France où il a été transformé en #BalanceTonPorc par Sandra Muller.

Pour rendre hommage aux victimes de ces agressions, de nombreux acteurs et actrices porteront du noir à la prochaine cérémonie des Golden Globes qui se tiendra le 7 janvier prochain à Beverly Hills.

Mon film de l’année: Moonlight, sublime drame queer

Posté par wyzman, le 28 décembre 2017

Sans surprise, le film qui m’a le plus marqué, touché et ému cette année est Moonlight de Barry Jenkins. Il y a un an, j’annonçais même fièrement que c’était le film que j’attendais le plus en 2017. Et je n’ai pas été déçu !

Pendant 110 minutes, Moonlight raconte l’évolution (voire carrément la transformation) de Chiron, un enfant noir issu des quartiers pauvres de Miami et persécuté par ses camarades en un homme muré dans le silence et rongé par ses démons. La raison de son mal-être ? Elle est double. Il y a tout d’abord cette mère qui est accro à la drogue et incapable de prendre soin de lui et cette orientation sexuelle qu’il n’arrive pas à définir mais qui fait naître en lui un désir certain pour Kevin, son meilleur ami d’enfance.

Auréolé de trois Oscars (meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali), Moonlight est le film le plus récompensé de l’année dernière. Mais c’est également le résultat d’une incroyable success story. Celle qui voit se croiser deux scénaristes de talent, trentenaires, noirs et homosexuels, la société de production de Brad Pitt et le seul acteur de série dont le talent en fait le digne héritier de Denzel Washington.

Découpé en trois parties où la tension dramatique est à son paroxysme, Moonlight est porté par trois versions toutes magnifiques de Chiron. Alex R. Hibbert incarne un jeune Chiron curieux de savoir ce qu’est une « pédale », Ashton Sanders est un adolescent fasciné par les rapports sexuels qu’a son meilleur ami quand l’impressionnant Trevante Rhodes émeut en homosexuel baraqué mais refoulé. Véritable tour de force visuel, Moonlight et surtout la photographie de James Laxton parviennent à sublimer de manière identique trois acteurs bien différents et à rendre justice au charme des hommes noirs.

Plein d’empathie, le scénario donne une place importance aux silences et aux non-dits. A ces spectateurs impatients et trop pragmatiques qui ont fustigé l’absence de fin arrêtée, je leur réponds sans détour que c’est là que réside la force de Moonlight, dans le fait de laisser volontairement chacun décider de la suite du parcours de Chiron. Poétique et symbolique, Moonlight est le grand film que la communauté queer mérite... à moins que ce ne soit Call Me By Your Name ?

Les autres films marquants de l'année
Le film d'animationBigfoot Junior de Ben Stassen et Jérémie Degruson. Une petite pépite belge, faite avec amour et qui traite avec brio du rapport père-fils.
Le film français120 battements par minute. Véritable plongée au cœur des actions d’Act Up-Paris, le film de Robin Campilo a fait pleurer de rage la Croisette et la France. Certains y ont vu de cultiver la mémoire collective, d’autres une tentative ratée de faire un grand drame sur fond de débâcle politique.
Le blockbusterLes Derniers Jedi. Auteur de la future trilogie Star Wars (la quatrième donc), Rian Johnson a essayé de s’émanciper de la mythologie trop oppressante de George Lucas.
Le film surfaitLe Fidèle de Michaël R. Roskam. A force de voir en Adèle Exarchopoulos une grande star du box-office, on en oublierait presque l’essentiel : la nécessité d’avoir du talent pour livrer de grandes performances.
L'objet filmique non identifiéMy Little Pony de Jayson Thiessen. Ça galope partout et ça envoie des sorts mais ça ne décolle jamais vraiment !

9 visages à ne pas manquer en 2018: Liu Yifei

Posté par vincy, le 28 décembre 2017

En Chine, c'est déjà une star. Yifei Liu (ou Liu Yifei, aka Crystal Liu) est une actrice et une chanteuse célèbre. A 30 ans pile poil, elle a même une longue carrière dans le mannequinat, le cinéma et la scène. A l'international, hormis un petit rôle dans Le Royaume interdit de Rob Minkoff, avec Jackie Chan et Jet Li, elle est quasiment inconnue. Cette native du Hubei a migré aux Etats-Unis à l'âge de 10 ans avant de retourner pour ses 15 ans en Chine où elle a débuté sa carrière d'actrice (surtout pour la télévision). Elle a ensuite enchainé les rôles dans ces épopées en costumes et avec des sabres et autres arts martiaux qui envahissent le calendrier cinématographique chinois. Parallèlement, en signant un contrat avec Sony, elle a débuté une carrière de chanteuse, plutôt soft rock que pop, s'exportant jusqu'au Japon.

Fille d'un diplomate et professeur de français et d'une danseuse, la bonne étoile sourit à cette comédienne, en couple avec la star sexy sud-coréenne Seung-heon Song. Ils se sont rencontrés sur le tournage de The Third Way of Love (2015). Elle a été choisit pour être Mulan dans la version en prises de vues réelles de Disney. Une chinoise incarnant une chinoise dans une production hollywoodienne, c'est presque miraculeux. Disney s'évite ainsi une polémique, pariant sur la popularité du personnage. Le tournage est prévu cet hiver pour une sortie en novembre, 20 ans après celle du dessin animé, même si peu croient à la tenue de ce délai très serré. En confiant cette grosse production issue du patrimoine Disney à une réalisatrice, Niki Caro, le studio réussit en tout cas à faire le buzz dans le bon sens: comme dans l'histoire, Mulan est une affaire de genre et de femmes.

2017 dans le rétro : 12 courts métrages étrangers qui ont marqué l’année

Posté par MpM, le 28 décembre 2017

Après avoir fait un tour d’horizon des films plébiscités en festival, il est temps de se mouiller en proposant une liste forcément subjective des autres courts métrages qu’il fallait absolument voir cette année.

Dernière étape, après un focus sur le cinéma français, les douze (autres) films étrangers qui ont marqué 2017 !

Airport de Michaela Müller (Suisse)


Comment les aéroports sont-ils devenus des lieux anxiogènes de contrôle et de sécurité, où tout semble paradoxalement pouvoir déraper à tout moment ? Michaela Müller nous fait vivre l'expérience dans un film réalisé en peinture sur verre. Ses images envoûtantes, à la limite de l'abstraction, ont un effet quasi hypnotiques qui atteignent leur apogée lorsque s'élève subitement un chant puissant. Toutes les contradictions de nos sociétés modernes concentrées en un film.

Ela de Oliver Adam Kusio (Allemagne)


On pourrait facilement passer à côté d'Ela, film ténu sur le moment du départ, à cause de sa (très) grande simplicité. C'est pourtant cette capacité à tout dire en quelques plans, en quelques scènes épurées, qui en font la plus grande force. La cartographie des relations humaines y est également d'une désarmante évidence, laissant affleurer leur douceur un peu amère et leur fragilité, sans ces éclats surjoués qui parasitent tant de films sur la fin programmée d'une belle histoire d'amour.

Flores de Jorge Jácome (Portugal)

Flores adopte une forme (faussement) documentaire pour nous emmener sur une île des Açores tellement envahie par les hortensias que ses habitants en ont été contraints de fuir. Construit en trois actes, le film mêle utopie et dystopie, discours écologique et quête introspective, topologie d’un lieu et exploration d’une relation intime. On est frappé par la force et l’ampleur de la mise en scène qui offre à cette fresque sensible un écrin au souffle quasi épique.

Hiwa de Jacqueline Lentzou (Grèce)

Dans Hiwa, Jacqueline Lentzou tente de reconstituer à l’écran l’expérience intime du rêve. Tandis que le personnage raconte en voix-off le contenu du songe qu’il vient de faire, la caméra se fait subjective pour traduire en images les sensations et les émotions de la nuit. À l’aide de gros plans et de faible profondeur de champ, elle nous entraîne dans une succession de scènes tantôt oniriques, tantôt ultra-réalistes qui laissent transparaître les sourdes inquiétudes de celui qui les rêve. D'une beauté magnétique et sidérante.

Jodilerks de Carlo Francisco Manatad (Philippines)

Pour évoquer la dure réalité sociale de son pays, le cinéaste philippin Carlo Francisco Manatad propose un film punk, explosif et désespéré, où l'humour noir le dispute à la tragédie glaçante. Une fable dense, perpétuellement sur le fil, dont la noirceur est renforcée par l'épure cathartique des plans. Il s'en dégage une énergie folle, salvatrice, et forcément communicative.

Ligne noire de Mark Olexa et Francesca Scalisi (Suisse)

Saisissant documentaire, Ligne noire capte, quasiment par accident, les allers et retours incessants d'une femme qui pêche dans une rivière contaminée par une pollution pétrolière. Sa ténacité face à cette tâche digne de Sisyphe a quelque chose de terriblement bouleversant qui nous raconte, en quelques plans, la misère et la survie, la résignation et l'espoir. Il semble y avoir toutes les contradictions de notre monde dans ce destin tragique soumis aux aléas des ravages écologiques et des réalités économiques.

Möbius de Sam Kuhn (Etats-Unis)

Cet ovni lynchien en forme de teen movie énigmatique tient tout autant du récit initiatique que du conte cruel. Sur les pas de son héroïne Stella, qui pleure son amour disparu, il nous emmène aux confins de la raison, dans les bribes brumeuses des souvenirs et du rêve qui tourne au cauchemar. Sans doute est-on déconcerté, secoué, même, mais c'est cette singularité diffuse et instinctive qui en fait toute la beauté insaisissable.

Real gods require blood de Moin Hussain (Grande Bretagne)

Il n'est pas si fréquent de voir des courts métrages réussir leur incursion dans le cinéma de genre. Moin Hussain s'y essaye avec délectation, lançant le spectateur sur la (fausse) piste d'un cinéma social si fréquent dans le cinéma britannique pour nous emmener à la frontière d'une horreur poisseuse et terrifiante. On aime la manière magistrale dont le réalisme se teinte peu à peu de trouble, puis de fantastique, avant d'exploser en une angoisse incontrôlable.

Selva de Sofía Quirós Ubeda (Costa Rica)

Oeuvre sensorielle et fantomatique à la beauté sidérante, Selva intrigue par sa sensibilité et son épure. Sur la fatalité des départs et des séparations, Sofía Quirós Ubeda tisse un récit lumineux et doux dans lequel même la nostalgie a quelque chose de joyeux. Il faut accepter de lâcher prise devant cette histoire qui nous parvient depuis les origines du monde, transcendant l'espace et le temps pour nous parler de l'essence même de l'Humanité.

Tesla lumière mondiale de Matthew Rankin (Canada)

Probablement n'avez-vous jamais vu un film comme Tesla lumière mondiale, que l'on pourrait qualifier de quasi biopic du scientifique Nicolas Tesla, mais traité avec une audace folle, entre hommage au cinéma d'avant garde et expérimentation pyrotechnique. C'est en apparence déconcertant, voire complètement délirant, et pourtant tout est parfaitement maîtrisé, visuellement passionnant, et surtout en exacte résonance avec certains épisodes de l'existence de Tesla.

Toutes les poupées ne pleurent pas de Frédérick Tremblay (Canada)

Toutes les poupées ne pleurent pas laisse le spectateur dans un état de sidération difficilement descriptible. On est à la fois ébahi par l'expressivité des marionnettes qui sont au cœur du récit, frappé par l'intelligence de la mise en abîme (le film montre dans une grande épure, en prise de son direct, et sans musique, le tournage d'un film en stop-motion par un couple - également de marionnettes - qui ne se croise jamais) et émerveillé par la précision de la mise en scène à la fois au niveau du film dans le film (choix des plans, mouvements minuscules pour animer les marionnettes, magie de la succession de plans fixes qui recrée une histoire) et dans le récit qui effectue le même travail avec une force dramatique décuplée. On est face à du grand art de l'animation, mais aussi devant une oeuvre solide, qui suggère et propose plusieurs niveaux de lecture sans jamais rien asséner, et fait naître de ses êtres pourtant inanimés des fulgurances existentielles déchirantes.

Vilaine fille de Ayce Kartal (Turquie)

Délicat récit à la première personne d'une petite fille ayant subi une agression, Vilaine fille met son animation libre et inventive au service du sujet sensible des viols collectifs d'enfants en Turquie. Plus on avance dans le récit, plus la légèreté du ton et de l'image renforce l'effroi qui saisit le spectateur, cueilli presque par surprise par une puissance émotionnelle sèche, dénuée de tout pathos, et d'autant plus violente.