Un nouveau remake pour Luca Guadagnino

Posté par vincy, le 31 mai 2020

En attendant l'éventuelle suite de Call Me by Your Name, le réalisateur italien Luca Guadagnino va réaliser le reboot de Scarface pour Universal Pictures. Le cinéaste avait déjà réalisé un remake, celui de Suspiria. Pablo Larrain était jusque là attaché au projet, qui est en développement depuis plus de cinq ans.

Particularité notable: la dernière version du scénario de ce nouveau Scarface a été écrite par les frères Coen. Un défi quand on sait que les deux précédentes versions au cinéma sont considérées comme des classiques. Celle de 1932 tout d'abord, réalisée par Howard Hawks, avec Paul Muni, Ann Dvorak et George Raft. Œuvre culte et modèle du genre (le film de gangster), il avait pourtant été un flop monumental., jugé trop violent et sulfureux (la censure a été sans pitié). Le film se passe alors à Chicago, inspiré par les crimes d'Al Capone.

Et puis il y a le film de Brian de Palma, scénarisé par Oliver Stone, en 1983, avec Al Pacino et Michelle Pfeiffer, et se déroulant cette fois-ci à Miami. Un beau succès au box office pourtant éreinté par la critique à l'époque.

La nouvelle version reprendra la trame principale en étant transposée à Los Angeles.

Luca Guadagnino termine actuellement la série pour HBO We Are Who We Are et a commencé à travailler sur un autre remake, pour la Warner, Lord of the Flies (Sa majesté des mouches), d'après le roman éponyme de l'auteur britannique William Golding, déjà deux fois adapté au cinéma: en 1963 par Peter Brook et en 1990 par Harry Hook. Dans les deux cas, ce grand classique de la littérature n'a jamais vraiment convaincu sur grand écran.

Claire Denis réunit Robert Pattinson et Margaret Qualley

Posté par vincy, le 30 mai 2020

Claire Denis adapte le roman The Stars at Noon de Denis Johnson. Elle a coécrit le scénario avec Léa Mysius. Le film, qui reprend le titre de la traduction française, Des étoiles à midi, sera produit par Curiosa films et soutenu par Arte France Cinéma.

Une fois de plus, elle retrouvera Robert Pattinson, qu'elle a dirigé dans son dernier film, High Life. Le futur Batman donnera la réplique à Margaret Qualley, repérée chez Quentin Tarantino dans Once Upon a Time... in Hollywood.

Le roman noir se déroule dans le Nicaragua de 1984 en pleine révolution sandiniste. Dans cette Amérique centrale, une jeune journaliste Américaine énigmatique a une relation passionnelle avec un homme d’affaires anglais surveillé par la CIA, dans un contexte de corruption, d'intrigues politiques et de relations funestes.

Sortie prévue en 2021.

Tom Cruise: toujours plus haut avec SpaceX

Posté par vincy, le 29 mai 2020

On l'attend en décembre pour Top Gun:Maverick. Avec la crise liée au coronavirus, le blockbuster attendu cet été a été retardé à la fin de l'année. Tom Cruise a du aussi reporter le tournage de Mission:Impossible 7 (et 8, puisque selon le réalisateur Christopher McQuarrie, il s'agira d'un diptyque), bousculant le casting (Nicholas Hoult n'étant plus disponible, c'est Esai Morales qui jouera le vilain) et le plan de travail entre Venise et Londres. Le film est toujours prévu pour une sortie fin 2021.

La star continue de profiter de son éternelle jeunesse - il va avoir 58 ans cette année - pour essayer de conforter son statut et se défier physiquement (certaines de ses cascades lui coûtent d'ailleurs chères). Il sera ainsi le premier acteur à tourner dans l'espace, grâce à l'appui de la NASA et du SpaceX d'Elon Musk (Tesla), la navette de fret qui alimente la station spatiale internationale.

Doug Liman, avec qui Cruise a déjà travaillé sur Edge of Tomorrow et Barry Seal, a été choisi comme réalisateur pour ce thriller stratosphérique, dont l'argument marketing est tout trouvé.

Si on ne connait rien du sujet - Liman écrira le scénario -, on ignore aussi la date de tournage: nul ne doute que la préparation de séquences dans l'espace va prendre du temps. Surtout Cruise va être occupé les prochains mois par Mission:Impossible et Liman est en post-production de son prochain film, Chaos Walking, prévu début 2021. De plus Cruise et Liman préparaient ensemble, avant cette annonce, Live Die Repeat and Repeat, la suite d'Edge of Tomorrow.

Enfin, indissociables, les deux hommes avaient en vue un autre film porté par le réalisateur pour la Paramount, Luna Park. Un thriller SF autour d'employés rebelles qui s'en vont sur la lune pour voler une source d'énergie. Ce qui pourrait être finalement le point de départ du projet "spatial" initié par Cruise, pour qui ça n'a sans doute pas suffit d'escalader le plus haut gratte ciel du monde ou de décoller en étant accroché à un énorme Airbus militaire.

Dernier tour de piste pour Guy Bedos (1934-2020)

Posté par vincy, le 28 mai 2020

Nicolas Bedos a annoncé le décès de son père Guy Bedos, à l'âge de 85 ans, et ce quelques jours après le départ de son complice Jean-Loup Labadie.

Star du One-Man Show (et Molière pour un de ses Zénith), humoriste de gauche mordant un camp comme l'autre, polémiste moqueur et provocateur, admirable dans l'exercice de la revue de presse, Guy Bedos a été durant plus de trente ans l'un des comédiens les plus en vue sur scène, sur le petit écran, et même sur le grand.

Il a débuté au cinéma avec des petits rôles (Les tricheurs de Marcel Carné, Ce soir ou jamais de Michel Deville, Le caporal épinglé de Jean Renoir). Le succès sur scène l'empêche de s'épanouir au cinéma, contrairement à Coluche à la même époque. Mais, à l'inverse de Thierry Le Luron et Pierre Desproges, Bedos va quand même briller au cinéma. En 1970, il incarne Claude Langmann, dans le film autobiographique de Claude Berri, Le pistonné, chronique anti-militaire. Et puis grâce à Yves Robert, qui l'avait enrôlé un première fois dans Les copains en 1965, et avec Jean Labadie au scénario, il devient l'éternel Simon dans la bande de copains du diptyque Un éléphant ça trompe énormément / Nous irons tous au Paradis (1976 et 1977). Robert l'engagera de nouveau dans Le Bal des casse-pieds, toujours scénarisé par Labadie.

Trop occupé à faire rire la France dans des salles de spectacles de plus en plus grande, on ne le voit qu'en second-rôle ou de passage dans des comédies d'époque comme Il est génial Papy et La jungle. Cependant, il a aussi fait une incursion dans les drames comme Sauve-toi Lola, le film collectif Contre l'oubli, Survivre avec les loups... Sa dernière apparition, aux côtés de Pierre Richard, Jane Fonda, Geraldine Champlin et Claude Rich, date de 2012 avec Et si on vivait tous ensemble?, jolie comédie douce amère sur le vieillissement.

A la TV, on le croise dans la série Chère Marianne, Une famille pas comme les autres, sur l'homoparentalité, et Kaamelott dans le personnage d'Anton.

Monstre de la scène

On se souviendra surtout de Guy Bedos sur les planches. Pour sa gueule d'abord. Précoce metteur en scène, l'élève de la rue Blanche débite en interprètan un premier sketch, signé Jacques Chazot, qui confronte l'auteur en homo de droite et Bedos en hétéro de gauche.  Vedette du music-hall, il partage Bobino avec Barbara, puis ses sketches, écrits par Labadie pour les meilleurs, avec Sophie Daumier ("La drague"), avant de se lancer en solo. Dès les années 1980 avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, Bedos devient un symbole de la gauche caviar, sans jamais perdre son esprit critique, combattant inlassablement contre le racisme, pour les sans-papiers, pour les mal-logés, contre l'intolérance et contre l'homophobie. En 1992, il s'offre un Bedos/Robin  d'anthologie, avec Muriel Robin. En 2003, son fils Nicolas Bedos et Gérard Miller, sur une mise en scène de Jean-Michel Ribes, lui offrent un retour au sommet. Nicolas Bedos lui écrit aussi Sortie de Scène et Le voyage de Victor. Labadie reprend sa plume pour Hier, aujourd'hui, demain. Guy Bedos signe lui-même En piste! et Rideau! en 2009, pour ses adieux.

Il a travaillé avec Jean-Paul Belmondo à leurs débuts (il était de la bande avec Marielle, Rochefort & co), Jérôme Savary (dans La résistible ascension d'Arturo Ui de Bertolt Brecht, sans doute son plus grand rôle) et Samuel Benchetrit pour ses adieux définitifs à la scène, avec Moins 2.

"Je préfère arrêter avant de me retrouver un jour dans l’obligation d’arrêter"

De nombreux recueils de gags en digressions rédigées, il a aussi publié plusieurs livres, y compris des livres autobiographiques comme Mémoires d'outre-mère et Je me souviendrai de tout. De drôleries assumées en méchancetés insignifiantes, cette bête de scène qui maniait si bien l'autodérision, effaré par les époques qu'il a traversées, doucement mélancolique, sérieusement nostalgique, forcément coupable de ses erreurs, droit dans ses bons mots, et rigolard aux tribunaux, était une figure paternelle familière pour les uns insupportable, pour les autres salutaire.

Dans Libération, il rappelait: "J’ai passé ma vie à flirter avec la mort et l’ai même souvent espérée, depuis l’enfance. N’oublions pas aussi que je milite depuis longtemps pour le droit à mourir dans la dignité, la fin est parfois d’une telle violence et cruauté, j’ai accompagné suffisamment d’amis, comme Desproges, par exemple, pour le savoir. Mais pour en revenir à ces adieux, c’est sûr que quelque chose va mourir en moi. Comme une histoire d’amour qui s’achève. Pendant un demi-siècle, ce contact physique, charnel avec le public m’a enchanté."

Car la scène était bien une histoire d'amour, dévorante et passionnante, souvent en détriment de sa vie personnelle. Il avait pour lui une liberté de paroles qui ne serait sans doute plus possible aujourd'hui. Mais n'ayant pu être ni Woody Allen, ni Charlie Chaplin, il a du se contenter de jouer ce saltimbanque qui s'amusait à piquer les rois pour mieux conquérir les coeurs de son public. Mais derrière ce barnum, l'homme, fragile et sensible, était surtout entouré de fantômes, ceux de Desproges, de Jean Yanne, de Françoise Dorléac, avec qui il avait eu une liaison, de Simone Signoret, sa "marraine". Sans doute le départ de Jean-Loup Labadie a-t-il été celui de trop pour le gamin d'Alger qui aimait la Corse et flirter avec une certaine morbidité. Le rire était sans doute la seule arme qu'il avait pour la repousser.

Les cinémas rouvriront le 22 juin en France

Posté par redaction, le 28 mai 2020

Le Premier ministre a annoncé la réouverture des salles de cinéma dans toute la France pour le 22 juin prochain. Un peu en avance par rapport à la date anticipée du 1er juillet.

Rappelons que les mesures sanitaires devront être respectées, ce qui signifie qu'environ un fauteuil sur trois sera disponible dans une salle.

Les manifestations de plus de dix personnes seront interdites jusqu'au 21 juin au moins. Le Festival de Cannes devait avoir lieu fin juin pour rappel.

Et si on binge-watchait… Devs sur Canal+

Posté par kristofy, le 27 mai 2020

En attendant la fin de cette crise sanitaire, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées mais encore sur vos écrans. Et parce que cette période de confinement-déconfinement, qui semble sans fin, est propice à diverses réflexions sur l'ancien monde et un possible nouveau monde, alors on vous recommande la mini-série (8 épisodes), Devs, dispo sur Canal +.

Alex Garland et son univers
Avant de s'être fait un nom avec des images d'un futur imaginaire, Alex Garland était scénariste d'anticipation prémonitoire après avoir été auteur de romans de dimension parallèle : ses histoires sont liées à la science-fiction mais il s'agit surtout de sciences humaines. Il s'intéresse à nos rapports (à soi, aux autres) dans une société un peu différente de celle qu'on connaît... C'est son roman La Plage qui sera adapté au cinéma par Danny Boyle avec Leonardo DiCaprio (entouré de Guillaume Canet, Virginie Ledoyen, et Tilda Swinton!) qui attire l'attention. Son roman suivant - Tesseract - devient un film de Oxide Pang avec Jonathan Rhys Meyers (et toujours la Thaïlande comme décor). C'est le réalisateur Danny Boyle qui va le conduire au scénario de cinéma pour les films 28 jours plus tard plein de zombies et Sunshine dans l'espace. Les 3 films qu'ils ont en commun explorent le même thème: celui de redéfinir des règles de vivre ensemble dans un contexte de survie et dans un microcosme de société voué à disparaître (une île, une épidémie, un vaisseau spatial). Alex Garland est aussi scénariste de Never let me go réalisé par Mark Romanek avec Keira Kinightley, Andrew Garfield et Carey Mulligan, un récit à propos de clonage humain, qui a, encore, le thème d'une fin de l'humanité... Désormais, Alex Garland veut devenir réalisateur et mettre en image lui-même ses interrogations futuristes : Ex Machina avec Alicia Vikander en robot développant une intelligence artificielle, et Annihilation (en adaptant cette fois lui le roman d'un autre) avec Natalie Portman et un mystérieux phénomène de mutation.
C'est ce même Alex Garland qui a fait la série Devs, ce qui donne une bonne raison de la regarder !

Une ambiance de complot sophistiquée
Le futur est l'univers dans lequel baigne Alex Garland. Dans Devs, cela ne fait pas exception. Une grosse entreprise informatique, qui génère beaucoup d'argent, développe en secret un futur projet appelé "Devs". Personne ne sait vraiment ce dont il s'agît mais les meilleurs programmateurs sont repérés pour rejoindre ce projet comme Sergueï. Retrouvé 'suicidé', sa compagne et collègue Lily cherche à savoir pourquoi il est mort et ce qui se cache derrière ce Devs... Dès le début, le spectateur sait qu'il ne s'agit pas d'un suicide. On découvrira les faits en même temps que l'héroïne de la série. Une autre originalité de cette série est son casting  hétéroclite : le personnage principal est une femme asiatique Sonoya Mizuno (une fidèle de Alex Garland), entourée de Karl Glusman (révélé surtout par Gaspar Noé), Alison Pill (trop discrète au cinéma), Cailee Spaeny (qui a changé d'apparence), et la jeune Linnea Berthelsen (de la série Stranger Things).

Le pouvoir de l'esprit
Une nouvelle fois Alex Garland convoque un décorum SF pour y étudier des comportements humains parfois excessifs. Cette quête a pour décor une entreprise high-tech futuriste au milieu d'une forêt et surtout une construction en forme de cube et s'imprègne d'une musique aux notes dissonantes : à chaque séquence un élément visuel ou sonore renforce le sentiment d'étrangeté. Le secret de Devs est dévoilé progressivement et révélé à la fin de la série. Les épisodes racontent aussi de l'espionnage, une dépendance au numérique, un drame intime... Beaucoup de dialogues seront familiers aux fans de la trilogie informatique Matrix comme cette réflexion sur la relation de cause à effet, le libre arbitre, la prédiction d'évenements, le déterminisme. L'intrigue de Devs qui est de résoudre un mystère est en effet accompagnée de métaphysique quantique, mais tout cela reste centré sur l'Humain qui cherche à...
se réinventer ?

Devs disponible sur Canal+ ici.

Plus de 130 films au festival en ligne « We are one »

Posté par vincy, le 26 mai 2020

Organisé par le festival Tribeca à New York, le festival "We are one : a global film festival" - qui regroupe 21 festivals de la planète dont Annecy, Berlin, Cannes, Locarno , San Sebastian, Sundance et Venise - proposera du 29 mai au 7 juin des séances gratuites sur Youtube (Tout le programme sur le site).

Sur environ 135 films, on dénombre 34 longs métrages. Parmi eux, seront diffusés plusieurs films ayant brillé dans différents festivals: 45 Days in Harvar, Air Conditioner, Amreeka, Bridges of Sarajevo, Eeb Allay Ooo, Late Marriage, Mystery Road, Ticket of No Return...

Il y a au total 23 films d'animation, principalement grâce à Annecy, et 33 films documentaires dans la programmation. On retrouvera entre autres les premiers courts métrages de Dreamworks Animation, les courts métrages animés en avant-première que sont Shannon Amen de Chris Dainty et Le cortège de Pascal Blanchet et Rodolphe Saint-Gelais. Cannes a opté pour les courts métrages de sa 72e édition (Anna, Butterflies, The Distance Between The Sky And Us - Palme d'or du court -, The Jump...)

Et on pourra aussi voir des films en réalité virtuelle, des web séries et des documentaires.

"La plupart de ces titres feront des débuts au cours du festival, avec une programmation composée de plus de 100 films, dont 13 premières mondiales, 31 premières en ligne et cinq premières internationales en ligne" précise le communiqué.

Enfin, des conversations et masterclasses seront organisées avec des personnalités comme Francis Ford Coppola, Jane Campion, Nadav Lapid, Steven Soderbergh, Guillermo del Toro, John Waters, Claire Denis, Diego Luna, le duo acteur-réalisateur Song Kang-ho et Bong Joon-ho, Ang Lee avec Hirokazu Kore-eda ou encore Jackie Chan.

Le Festival de Venise maintient son édition 2020

Posté par vincy, le 25 mai 2020

Le Festival de Venise a confirmé qu'il aurait bien lieu, a annoncé le gouverneur de la Vénitie, contrairement à la Biennale d'architecture qui a décidé de passer son tour cette année. Cate Blanchett est toujours confirmée comme présidente du jury. Le Festival se déroulera du 2 au 12 septembre, comme prévu.

Moins de fréquentation attendue

Cependant, la programmation sera allégée, avec moins de films projetés. La manifestation acte que de nombreux professionnels ne pourront pas venir et que les déplacements internationaux seront toujours entravés. Une plateforme numérique de diffusion de films pourrait ainsi compléter les séances cinématographiques classiques pour les professionnels absents. On estime que seuls 30 à 40% du nombre  de festivaliers habituels seront présents.

L'Italie,  l'un des pays plus touchés par le coronavirus avec près de 33000 morts, doit rouvrir ses frontières le 3 juin, ce qui pourrait au moins permettre aux Européens de venir.

Attendre ou être solidaire

Venise lancera donc le retour du cinéma dans l'après-Covid-19. Certes, sur un mode mineur, mais pas moins symbolique après les annulations de Cannes et Locarno. Le festival assure qu'il conservera sa dimension internationale et déroulera le tapis rouge aux artistes.

Alberto Barbera, directeur du festival, n'aura que l'embarras du choix côté avant-premières et grands noms. Mais une présentation à Venise dépendra aussi de l'attitude des producteurs qui, habituellement, visent une sortie au second semestre pour les palmarès de fin d'année.

Dans un contexte où les cinémas ne sont pas encore rouvertes partout, où le box office mondial est à son plus bas, et où les jauges dans les salles sont contraintes par les mesures sanitaires et limitent les entrées, certains producteurs voudront attendre l'année prochaine pour montrer leur film.

D'autres voudront au contraire, par solidarité, relancer l'industrie en s'offrant cette première vitrine de la saison.

Cannes, Karlovy-Vary, San Sebastian

Venise va devoir gérer le nombre de sièges vides, la distanciation sociale des photographes, la sécurité des invités, le surnombre de films proposés aux comités de sélections, des conférences de presse en mode virtuel, etc...

Et le festival a les yeux rivés sur Cannes: l'éventuel succès du marché du film en mode 2.0 fin juin sera la premier vrai test de la santé du secteur. Ensuite, avec son label Cannes 2020, le festival français va sans doute vouloir, par solidarité, s'intégrer à la programmation de Venise. Sans compter que certains films cannois n'iront pas à Venise, soit parce qu'ils seront présentés ailleurs avant, soit parce qu'ils préfèrent patienter jusqu'à Berlin ou Cannes en 2021.

A la fin de l'été, des festivals comme Angoulême et Deauville, en France, devraient se maintenir, tout comme San Sebastian en Espagne. e montrer leur film, officiellement annulé, a décidé de présenter 16 films - dont Babyteeth, Procima, Luxor et Ema -  dans 80 villes de la République Tchèque durant 9 jours début juillet.

Venise va être un laboratoire passionnant pour les organisateurs de festivals et le premier indice pour connaître l'état du cinéma mondial après cette crise sanitaire et économique.

Tout cela en espérant que le virus se soit calmé d'ici là un peu partout dans le monde. Et que les spectateurs retrouvent le chemin des salles

[We miss Cannes] Ces 14 films qui auraient mérité la Palme d’or

Posté par redaction, le 24 mai 2020

Ils ont souvent un prix au palmarès (grand prix du jury, mise en scène...) mais ont loupé la Palme malgré l'enthousiasme des festivaliers et des critiques. Des Palmes du cœur. Ils ont aussi marqué leur époque, la carrière du réalisateur, et sont restés parmi les meilleurs films de leur filmographie. Recevant par la suite Oscars, European Film Awards, César, Donatello ou Goyas comme pour les consoler d'avoir été éconduits. Ces films n'ont pas été palmés mais l'histoire du cinéma les a retenus. Ils sont restés ancrés dans la mémoire. Sélection non exhaustive et purement subjective.

Les ailes du désir de Wim Wenders (1987). Prix de la mise en scène. Face à la Palme Sous le soleil de Satan (méritée aussi disons-le). Une deuxième Palme pour Wenders n'aurait pas été superflue.

Cinema Paradiso de Giuseppe Tornatore (1989). Grand prix du jury. Face à la Palme Sexe, mensonges et vidéos (un peu surévaluée aujourd'hui). Une Palme italienne pour cet hommage au cinéma...

Retour à Howards End de James Ivory (1992). Prix du 45e festival. Face à la Palme Les meilleures intentions (sans doute la Palme la moins explicable de l'histoire). Une Palme pour James Ivory au sommet de son art...

Tout sur ma mère de Pedro Almodovar (1999). Prix de la mise en scène. Face à la Palme Rosetta (qui ne plaira qu'aux fans du cinéma des Dardenne). La Palme qu'aurait du recevoir Almodovar depuis plus de vingt ans.

In the Mood for love de Wong Kar-wai (2001). Prix d'interprétation masculine. Face à la Palme Dancer in the Dark (on avoue : c'était un choix cornélien pour l'époque). Mais si Von trier aurait pu la mériter pour Breaking the Waves en 1996, des deux films cette année-là, le plus audacieux et singulier, et le plus beau, était celui du hong-kongais.

Mulholland Drive de David Lynch (2002). Prix de la mise en scène ex-aequo. Face à la Palme Le Pianiste (beaucoup trop classique à notre goût). Une deuxième Palme pour Lynch, véritable maître qui osait seul un cinéma plus expérimental et exigeant.

Old boy de Park Chan-wook (2003). Grand prix du jury. Face à la Palme Elephant (méritée bien sûr, mais rappelons-le, un film pour la TV à l'origine). Ça aurait été la première palme sud-coréenne, et pour un film de genre.  De quoi être précurseur, 16 ans avant Parasite.

Les lumières du faubourg d'Aki Kaurismäki (2006). Grand prix du jury. Face à la Palme Le vent se lève (certes un grand film de Ken Loach). Le cinéaste finlandais n'a jamais été consacré à la hauteur de son talent et de son humanisme.

Inglourious Basterds de Quentin Tarantino (2009). Prix d'interprétation masculine. Face à la Palme Le ruban blanc (toujours cette distinction entre grand film de 7e art et grand film populaire). Une deuxième Palme pour Tarantino aurait été de trop? Pas sûr, tant il est l'un des rares cinéastes hollywoodiens à encore être un auteur.

Drive de Nicolas Wending Refn (2011). Prix de la mise en scène. Face à la Palme The Tree of Life ( grande œuvre cinématographique, mais moins culte avouons-le). Elle aurait eu de la gueule cette Palme pop, entre film de genre et hommage vintage aux eighties.

La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino (2013). Aucun prix. Face à la Palme La vie d'Adèle (évidemment incontestable, ce qui est d'autant plus cruel). Le plus surprenant est que ce film qui a tant marqué cette année de cinéma fut oublié du palmarès. Mais une Palme italienne pour ce portrait d'une civilisation décadente aurait été dans l'air du temps.

Still the Water de Naomi Kawase (2014). Pas de prix. Face à la Palme Winter Sleep (summum de l'académisme pesant). Avec Jane Campion à la présidence du jury, on aurait pu imaginer une deuxième réalisatrice palmée. Que nenni. le plus beau film de la cinéaste japonaise, entre sensualité et deuil, est reparti bredouille.

Toni Erdmann de Maren Ade (2016). Pas de prix. Face à la Palme Moi, Daniel Blake (choix clairement trop facile dans une compétition de haut niveau). De toutes les réalisatrices sélectionnées à Cannes, on ne comprendra jamais l'absence de Marin Ade au tableau d'honneur. D'autant que son film proposait une vision vraiment audacieuse de la femme et du monde moderne, en nous surprenant toujours.

120 battements par minute de Robin Campillo. Grand prix du jury. Face à la Palme The Square (déjà oublié, sans doute trop élitiste et vaniteux). On le sait, c'était le choix du président, Almodovar. Ce sera un regret pour tout le monde. De loin le film le plus bouleversant cette année-là.

Fin de l’histoire pour Jean-Loup Dabadie (1938-2020)

Posté par redaction, le 24 mai 2020

Romancier, dramaturge, et surtout parolier et scénariste, Jean-Loup Dabadie est mort à l'âge de 81 ans. Côté chansons, on lui doit des tubes comme "Partir" et "Ma préférence" pour Julien Clerc, "Holidays" et "Lettre à France" pour Michel Polnareff, et des chansons pour Jean Gabin, Dalida, Claude François, Régine, Juliette Gréco, Johnny Hallyday, Marie Laforêt, Mireille Mathieu, Yves Montand, Serge Reggianni ("L'italien"), Michel Sardou ("Chanteur de jazz"),... Sans oublier que l'Académicien a signé quelques uns des meilleurs sketches de Guy Bedos pour la scène.

Côté cinéma, ce fut un brillant dialoguiste et observateur des mœurs de son époque, les années 1970 pendant lesquelles il fut un des plus prolifiques et brillants auteurs.. C'est évidemment sa collaboration avec Claude Sautet qui restera dans les mémoires de cinéphiles: Les choses de la vie, Max et les ferrailleurs, César et Rosalie, Vincent François Paul et les autres, Une histoire simple, Garçon...

Mais Labadie était aussi un prince de la comédie, à commencer par Le sauvage de Jean-Paul Rappeneau, dans un registre aventures, La gifle de Claude Pinoteau, dans un genre plus familial, ou Un éléphant ça trompe énormément et sa suite Nous irons tous au paradis d'Yves Robert, summum de la comédie amicale entre mecs. Avec Yves Robert, la collaboration a été régulière (Clérambard, Salut l'artiste, Courage fuyons, Le bal des casse-pieds), tout comme avec Pinoteau dans des genres plus variés (Le silencieux, La septième cible). Labadie a aussi écrit des films de Philippe de Broca, François Truffaut, Francis Girod, avec moins de succès. Clara et les chics types de Jacques Monnet en 1981 sonne même comme un requiem à son style.

Si son talent s'étiole à partir des années 80, en musique comme au cinéma, il reviendra sur le grand écran avec trois films consensuels de Jean Becker, La tête en friche, Bon rétablissement et Le collier rouge. Mais jamais il n'avait retrouvé ce talent qui aillait le rythme et les bons mots, le verbe cinglant et le silence vibrant qui faisaient des étincelles dans ses récits amoureux, dramatiques ou drôles, des années Pompidou-Giscard.