Dinard 2018: Hommes brisés et Femmes fortes

Posté par redaction, le 30 septembre 2018

Si on doit synthétiser le pouls du cinéma britannique cette année à travers la sélection du seul festival qui lui est dédié en France, le Dinard Film Festival, on notera deux grandes tendances: des hommes brisés par le destin et des femmes fortes et combattantes.

Le film d'ouverture, Breathe, premier film d'Andy Serkis, a d'ailleurs parfaitement résumé cette synthèse avec un brillant jeune homme condamné à rester immobile à cause de la polio qui le foudroie en pleine ascension et son épouse qui est déterminée à le faire vivre le plus longtemps possible par tous les moyens. Le mari est impuissant, paralysé, tandis que l'épouse regorge de vitalité et de force. On se croyait dans Out of Africa, on bascule dans Mar Adentro.

Des mecs abimés, il y en a eu plusieurs, notamment en compétition. Rupert Everett a écrit un Oscar Wilde en pleine déchéance, entre sa sortie de prison et sa mort à Paris, dévasté par sa condamnation et la maladie. Au point que les spectateurs qui ignorent qui il étai n'apprendront rien de sa période de gloire et de son génie. The Happy Prince est un biopic où les désirs de la vie butent contre une forme de morbidité. Et les autres hommes qui l'entourent ne sont pas en meilleur état, se disputant une partie du grand homme au point de se détruire eux aussi.

Dans Winterlong, de David Jackson, c'est un adolescent abandonné par sa mère, qui est accueilli par un père qu'il ne connaissait pas et qui vit coupé du monde. Deux mâles paumés. Pour eux, il y a de l'espoir: des femmes dont ils tombent amoureux. Las, par un malencontreux accident, leur bonheur va être amoché: les hommes sont parfois bêtes (surtout quand ils sont amoureux).

L'amour est aussi au cœur de Old Boys de Toby MacDonald. L'histoire tourne autour d'un ado brillant, binoclard et maladroit et d'un leader costaud, macho et pas futé. Ce "Cyrano" dans un collège anglais, sous forme de comédie légère, montre toutes les difficultés d'un jeune mâle pour séduire une jeune femme, thème assez récurrent cette année.

Car les femmes, dans la compétition, sont finalement le moteur des diverses intrigues. Il n'y avait pourtant qu'un film sur six réalisé par une cinéaste (malheureusement le moins convaincant de la sélection).

Dans Jellyfish, de James Gardner, Hitchcock d'or et Hitchcock de la critique, les hommes sont faibles mais l'héroïne est une ado déterminée et débrouillarde, jouant le rôle de mère pour sa maman comme pour ses frère et sœur, capable de tout pour gagner de l'argent et ne pas se faire expulser de chez eux. La tonalité sociale à la Ken Loach, l'absurdité d'un système, la mise en scène sans faute de goût auraient suffit à en faire un très bon film. Mais le personnage (et l'actrice qui l'incarne, la jeune Liv Hill), peu charismatique au premier abord, s'avère d'une force exemplaire, joué avec un naturel bluffant.

Pin Cushion et Funny Cow mettent aussi des femmes au centre de l'histoire. Dans le premier, réalisé par Deborah Haywood, c'est une mère excentrique et une adolescente un peu simplette qui veut s'intégrer à une bande de filles, qui conduit à parler de harcèlement, et de rejet. Dans le second, réalisé par Adrian Shergold, on est dans l'Angleterre prolétaire mais c'est bien une femme humoriste qui cherche à faire rire, comme la jeune ado de Jellyfish: les blagues les plus "proches" sont les meilleures.

Et hors de la compétition, les tendances sont les mêmes. Dans The Bookshop, les femmes sont à la manœuvre, de deux classes sociales différentes, dans un village anglais. Les hommes sont soumis, effacés ou carrément à l'écart volontairement pour ne pas se mêler de leurs affaires. Bill Nighy interprète ainsi un "ermite" dévoreur de livres qu'on sent épuisé par les mesquineries de l'humanité.

Dans Men of Honor, avec son gros casting masculin (Sam Claflin, Paul Bettany, Toby Jones, c'est la guerre (celle de 14-18) qui anéantit le moral, le physique et finalement l'humain. Piégés dans leurs tranchées, ils sont littéralement cassés ou envoyés à l'abattoir. Dans Journeyman, Paddy Considine est un boxeur qui va faire le match de trop, s'effondrant sur le ring. Victime d'un grave traumatisme crânien, il a besoin de rééducation des membres et retrouver la mémoire. Les destinées sont aussi chaotiques pour les demi-frères de Eaten by Lions, le jeune Leon dont les espoirs s'amenuisent en grandissant dans Obey, le batteur bipolaire de The Dreamer and the Keeper... Les hommes ont bien du mal à canaliser leurs émotions ou à déclarer leur flamme (Lucid, Crooked House...).

Cet état des lieux reflète finalement une société où l'inégalité des sexes s'inverse. C'est d'autant plus intéressant, peu importe le genre de cinéma ou la forme du film, que les blockbusters américains sont très loin d'avoir été aussi loin, malgré un affichage contraire (ethnies, genres, femmes...) et que les films populaires européens continuent de véhiculer des clichés sexistes. Il n'y avait peut-être pas beaucoup de films réalisés par des femmes mais ce sont bien les femmes qui intéressent de plus en plus le cinéma anglais, cette année en tout cas.

Dinard 2018: tout le monde succombe au charme de Jellyfish

Posté par vincy, le 29 septembre 2018

6 films en compétition par des cinéastes émergents ou des talents confirmés qui font leurs débuts, avec ou sans stars, dramatiques ou drôlatiques, ou les deux. Le Dinard Film Festival a décerné son palmarès ce samedi 29 septembre, après trois jours sous le soleil, et dans le vent. Un bon air marin qui a fait oublier le Brexit. Des salles pleines même un samedi matin aux soirées dansantes tard dans la nuit, cela n'a pas empêché le jury de Monica Bellucci de rendre son verdict.

Par ailleurs, cette année, pour la première fois, un nouveau prix Hitchcock a été remis, celui de la Critique, décerné par un jury de journalistes. Avec le Hitchcock d'or du jury et le Hitchcock du public, cela aurait pu faire trois grands prix à donner pour une compétition certes inégale mais variée et inspirante.

Pourtant il n'y a qu'un grand vainqueur, plusieurs fois récompensé par le jury, y compris avec un prix créé pour l'interprétation, mais aussi par la critique.

Assez logiquement, Jellyfish a remporté les suffrages. Dans la veine de Ken Loach, James Gardner, pour son premier long métrage, suit une adolescente débrouillarde qui cherche à sauver sa famille (sa mère, atteinte d'un trouble psychologique, son frère et sa sœur), tout en poursuivant ses études, en travaillant à mi-temps et en s'affranchissant de limites morales pour gagner un peu plus d'argent. Ce drame doux, amer et drôle est porté par une mise en scène délicate et simple, qui a enthousiasmé les professionnels.

C'était le premier film sélectionné pour la compétition, dès le mois de mai. Comme s'il s'agissait d'une évidence. Liv Hill, dont c'est le premier rôle au cinéma, et Sinead Matthews, qui incarne la mère, ont reçu en juillet le prix d'interprétation au Festival d'Edimbourg. Liv Hill, actuellement à l'affiche de The Little Stranger de Lenny Abrahamson, a été révélée l'an dernier avec la série Three Girls. Le film avait aussi été montré à Tribeca à New York en avril en avant-première mondiale. Espérons que ce beau parcours intéresse un distributeur en France...

Old Boys, qui a gagné le prix du public est un choix assez évident tant le film réunit tous les attraits de la comédie britannique avec une intrigue à la Cyrano.

Avec seulement deux films sur six récompensés, et rien pour Winterlong par exemple, le palmarès ne reflète sans doute pas l'éclectisme de la sélection et certaines qualités des films retenus, mais on espère au moins que pour le 30e anniversaire l'an prochain, malgré la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne, Dinard continue de chercher une pépite comme Jellyfish. Mais il faudra aussi revoir le règlement et contraindre le jury à ne pas cumuler les prix pour un seul film.

Le palmarès

Hitchcock d'or du jury: Jellyfish de James Gardner

Prix d'interprétation: Liv Hill pour Jellyfish de James Gardner

Meilleur scénario: Jellyfish de James Gardner

Hitchcock d'honneur: Ian Hart

Hitchcock d'or du public: Old Boys de Toby MacDonald

Hitchcock d'or de la critique: Jellyfish de James Gardner

Hitchcock "Coup de cœur" La règle du jeu: The Bookshop d'Isabel Coixet

Hitchcock shortcuts du jury: Bridge de Lain Robertson
Mention spéciale: Cabin de Matthew Lee

Hitchcock shortcuts du public: Two strangers who meet five times de Marcus Markou

Dinard 2018 – Monica Bellucci: « Le monde de l’image m’a toujours inspiré »

Posté par kristofy, le 29 septembre 2018

monica bellucci © ecrannoir.fr« Je suis comme une muse, prenant plaisir à observer le talent de l'artiste qui fait son portrait, et qui ne vient à la vie qu'au travers de celui qui lui donne forme. Au fond cela ressemble à l'amour : on ne se donne avec ardeur et générosité qu'à celui qui saura nous faire vibrer et nous révéler à nous-mêmes. » Ce sont les mots de Monica Bellucci, pour la préface du livre de ses plus belles photos, à propos de ses diverses expériences devant un objectif de caméra. Lors de sa conférence de presse, l'ex-mannequin passée actrice internationale a refusé de séparer la mode, la photo et le cinéma: "Le monde de l'image m'a toujours inspiré."

Une poignée de films tournés presque à la suite révèle à la planète Monica Bellucci l'actrice aux multiples facettes; à la recherche d'esthétiques ou d'expériences éclectiques : L'Appartement de Gilles Mimouni, Dobermann de Jan Kounen, Malèna de Giuseppe Tornatore, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d'Alain Chabat, Irréversible de Gaspar Noé. Dès lors c'est toute une galaxie de réalisateurs qui ont voulu la filmer : le duo Wachowski, Mel Gibson, Spike Lee, Terry Gilliam, Bertrand Blier, Alain Corneau, Marina De Van, Philippe Garrel, Emir Kusturica...

Durant ce Dinard Film Festival britannique on découvre Monica Bellucci dans un nouveau rôle, celui de présidente du jury. A l'heure du thé elle s'est prêtée au jeu des photos et de quelques confidences.

Monica, la spectatrice: "Le cinéma est un message important pour la culture et l'esprit, ce qui nous fait évoluer. Je suis une spectatrice avec un regard presque enfantin, j’ai toujours cette capacité d’être éblouie. Mon amour pour le cinéma a commencé avec les films italiens de Rossellini, Fellini, Visconti, ..."

Monica, l'actrice : "Toute jeune ça m’arrivait de regarder 2 ou 3 films par jour, toute seule. Le cinéma français m’a accueillie, et ensuite mon parcours est passé par des tournages dans plein de pays différents. Je mesure cette chance. Je ne choisi pas un projet en fonction du temps de présence à l’écran du personnage, ce qui compte pour moi c’est surtout le scénario. Par exemple j’ai travaillé plusieurs années sur le film de Emir Kusturica et trois minutes avec David Lynch. J’ai dit non à certaines propositions de très grands réalisateurs à cause du scénario."

Monica, la présidente : "Quand on est jeune on est d’abord jurée et plus tard on est président de jury : l’âge a ses avantages (sourire). C’est parce que j’ai déjà eu cette expérience de jurée à Cannes que j’ai accepté ce rôle de présidente de jury à Dinard. La sélection des films est très étonnante, mais je ne peux rien vous dire encore de mon préféré. Ce que j’attends c’est la surprise."

Et si on lui demande dans quel film d'Hitchcock elle aurait aimé jouer, elle répond tout simplement: "J'étais trop brune pour lui".

Dinard 2018: Quatre actrices légendaires sans filtre dans Nothing Like a Dame

Posté par vincy, le 28 septembre 2018

Roger Mitchell (Coup de foudre à Notting Hill), grand habitué du Dinard Film Festival, est sélectionné cette année hors-compétition avec un documentaire, Nothing Like a Dame.

Quatre actrices légendaires s'installent dans un cottage britannique. Pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de la résidence de Sir Laurence Olivier et Lady Joan Plowright, par ailleurs anoblie au titre de Dame. C'est la plus ancienne d'entre elle, à 88 ans. Cette immense comédienne de théâtre, aux rares apparitions à Hollywood (Les 101 Dalmatiens, Last Action Hero, Les chroniques de Spiderwick) a été une fois nommée aux Oscars et deux fois gagnante aux Golden Globes.

A 84 ans, Dame Eileen Atkins, outre les planches londoniennes, a brillé dans Equus en 1977, mais aussi dans des films comme Wolf, Retour à Cold Mountain, Gosford Park, The Hours ou récemment Paddington 2.

Mais le réalisateur met davantage en lumière les deux autres comédiennes, elles aussi nées sur scène après la seconde guerre mondiale. Elles aussi pas forcément des canons de beauté quand elles étaient jeunes. Sans doute parce que le grand public les connait davantage. Dame Maggie Smith, 83 ans, amie et membre de la troupe de Laurence Oliver et de Joan Plowright, a eu de beaux rôles sur grand écran (Mort sur le Nil, Chambre avec vue, Hook) avant de devenir incontournable grâce à son second-rôle dans Sister Act. On la voit aussi dans Gosford Park (comme Atkins), Nanny McPhee et le Big Bang, Indian Palace et évidemment dans la saga Harry Potter en Minerva McGonagall. Un Oscar et cinq autres nominations, 3 Golden Globes et dix nominations: un beau palmarès. Mais finalement c'est Violet, comtesse douairière de Grantham, qui, durant 52 épisodes de Downton Abbey, la rend immortelle. Série dont elle a le coffret et qu'elle n'a toujours pas vue! De loin, elle balance les meilleures répliques.

Et il y a le cas de Dame Judi Dench, 83 ans aussi. Deux films film ont changé sa vie en 1995 et 1997, respectivement un James Bond (GoldenEye, où elle créé un M iconique dans 6 épisodes de la franchise) et La dame de Windsor qui va l'abonner aux rôles de reines. Avant la comédienne avait fait beaucoup de théâtre et de télévision (y compris une sitcom). C'est l'un des rares cas d'école où un/une artiste est devenu mondialement célèbre après ses 60 ans. Avec Smith, elle tourne aussi Indian Palace. Avec Smith et Plowright, elles sont à l'affiche de Un thé avec Mussolini. Tout se croise. Dench devient avec Helen Mirren, la comédienne "senior" la plus demandée à Hollywood (les trois autres "filles" du Docteur Mitchell en plaisantent d'ailleurs), tournant avec Burton, Eastwood, Frears, Branagh, Fukunaga, Marshall... récoltant au fil de sa carrière un Oscar (et six nominations) ainsi que deux Golden Globes (et 9 nominations). Avec humilité, elle prend son rôle de "reine" du quartet sans jamais le revendiquer.

Quartet harmonieux

Voilà donc quatre grandes comédiennes partageant leurs souvenirs personnels et leurs parcours professionnels, leur jardin secret et leurs peurs, malgré la mémoire défaillante, la vue déclinante, l'ouïe peu fiable. Un mélange de sérieux et d' inside jokes, de gravité et de dérisions, d'humour anglais et d'élégance intime, de franchise et de connivence. Tout est bienveillant, même si parfois c'est superficiel et léger, comme le Ruinart servi à la fin. Elles peuvent être théoriciennes du jeu et du théâtre comme elles peuvent se rappeler leurs 400 coups.

Il y a des moments franchement hilarants. On comprend qu'elles ont été connectées toute leur vie, par le travail (films ou pièces ou partenaires en commun) comme par l'amitié extra-professionnelle. Si on rit, c'est bien parce qu'elles nous divertissent. Mais au-delà des anecdotes et des archives rares déterrées, ou encore de l'admiration portée par le cinéaste Roger Mitchell sur ces quatre grandes "drama-queens", on retient finalement l'essentiel: des vérités sur ces déesses de l'illusion.

Si ici, elles sont de drôles de Dames, sans filtre et très expressives, elles s'interrogent toujours et encore sur les moyens de rendre le vrai en faisant du faux. Le jeu plutôt que le je. Comme si toute leur vie, elles n'avaient voulu que tendre à ce but: être une autre en restant en soi-même.

Dinard 2018: la crème de la crème anglaise

Posté par kristofy, le 28 septembre 2018

Le Dinard Film Festival est lancé, depuis le 26 septembre jusqu'au 30. C'est la 29e édition de ce festival du film britannique : toute la ville s'est mise à l'heure anglaise avec drapeaux et cabine téléphonique d'outre-Manche. C'est l'occasion de découvrir en avant-première sur grand-écran un large panorama de films inédits avec, au générique, Emily Mortimer, Bill Nighy, Andrew Garfield, Claire Foy, Glenn Close, Gillian Anderson, Terence Stamp, Tom Wilkinson, Colin Firth, Paddy Considine, Jodie Whitaker, Billy Zane, Sam Claflin, Toby Jones, Paul Bettany, Judi Dench, Maggie Smith, Eileen Atkins, Kelly Reilly... La crème de la crème anglaise...

Des hommes cassés

Dinard c'est aussi le festival qui révèle au public français les jeunes talents en devenir de demain : par exemple l'acteur Andrew Garfield a vu son premier film Boy A recevoir il y a 10 ans le Grand prix du jury Hitchcock d’or et le Prix du public en 2008. Cette année, le film d'ouverture est justement le premier film en tant que réalisateur de Andy Serkis (Gollum, César et autres performances numériques), Breathe avec en vedette ce même Andrew Garfield et Claire Foy. Il s'agit du biopic bouleversant de Robin Cavendish qui, à peine marié, avec son épouse (enceinte) est atteint par la polio, qui va le paralyser de tout ses membres. Il se retrouve allongé relié à une machine respiratoire, emprisonné dans une existence qu'on pense de courte durée, mais l'amour de sa femme lui redonne goût à la vie : une chaise roulante équipée du respirateur va lui permettre de rentrer à la maison et même de voyager! Cette renaissance aventureuse et romantique va au fil des années poser des questions comme l'intégration du handicap dans la société ou le choix de l'euthanasie... Le film a été initié et produit par leur fils.

Par ailleurs le premier film de Paddy Considine Tyrannosaur avait remporté en 2011 le Grand prix du jury Hitchcock d’or et le Prix du scénario. C'est comme une évidence de voir ici son nouveau long métrage Journeyman dans lequel il se donne le premier rôle avec Jodie Whittaker (venue plusieurs fois à Dinard). La thématique de guérison quand on a tout perdu traverse là aussi cette histoire : un champion du monde de boxe s'effondre victime d'un grave traumatisme crânien, il a besoin de rééducation des membres mais surtout il a perdu la mémoire et ne reconnait plus sa femme, son bébé ni même ses amis...

Brexin

Cette année la présidente du jury est Monica Bellucci. Une italienne. Elle avait fait succomber l'agent secret britannique James Bond dans Spectre.Mais, après tout, la nationalité des cinéastes ou des comédiens, importent peu. Il suffit de voir The Bookshop, typiquement britannique dans son ADN (intrigue, décors, acteurs, ...), qui est réalisé par la catalane Isabel Coixet. Là aussi d'ailleurs on y voit un homme brisé (Bill Nighy, formidable) par les hypocrisies et les méchancetés des gens, et qui se réfugie dans les livres, tout en renouant avec le goût de la vie grâce à une libraire.

Autour d'elle, il y a Rupert Grint (de la sage Harry Potter), très entouré de jolies filles aux soirées, Emmanuelle Bercot, Kate Dickie, fidèle et adorée du festival, Sabrina Ouazani, Thierry Lacaze, de Studiocanal, Alex Lutz, et l'acteur Ian Hart  (auquel Dinard va rendre hommage). Pour la récompense du Hitchcock d'or, ils verront, comme le nouveau jury de la presse qui décernera le premier Hitchcock d'or de la critique:

- Funny Cow d'Adrian Shergold (Prix du public à Dinard en 2006), avec Maxine Peake, Paddy Considine et Stephen Graham.
- The Happy Prince de Rupert Everett, avec Rupert Everett, Colin Firth et Emily Watson. Premier film de l'acteur, présenté à Sundance et Berlin.
- Jellyfish de James Gardner, avec Liv Hill, Sinead Matthews et Cyril Nri. Double prix d'interprétation à Edimbourgh cet été, après avoir été présenté au Festival de Tribeca.
- Old Boys de Toby MacDonald, avec Alex Lawther, Pauline Etienne et Denis Ménochet. Le film a fait son avant-première à Edimbourgh.
- Pin Cushion de Deborah Haywood, avec Lily Newmark et Joanna Scanlan. Prix du public à Créteil, trois fois nommé aux British Independent Film Awards et en sélection à Venise l'an dernier.
- Winterlong de David Jackson, avec Francis Magee, Carole Meyers et Doon Mackichan. Premier film présenté en avant-première à Edimbourgh.

Malgré le soleil radieux de la Bretagne, les salles obscures sont pleines. A quelques mois du Brexit qui menace la Culture au Royaume-Uni, notamment dans ses liens avec les coproducteurs européens, le cinéma britannique montre encore sa vitalité et sa diversité.

[L'instant Glam'] Rooney Mara dans une publicité signée Todd Haynes

Posté par kristofy, le 27 septembre 2018

Festival de Cannes 2015 : Rooney Mara gagne un Prix d'interprétation pour Carol réalisé par Todd Haynes, un des plus beaux films de l'année. Le charisme de l'actrice Rooney Mara est tellement unique qu'elle se retrouve au générique de quelques gros films réalisés par David Fincher, Steven Soderbergh, Joe Wright ou Terrence Malick... Mais c'est plutôt dans le cinéma indé qu'elle offre ses meilleures performances chez David Lowery, Spike Jonze, Todd Haynes donc, et Gus Van Sant. Il y a comme un 'mystère Rooney Mara' ou derrière son visage d'icône de papier glacé brûle une troublante fièvre dans ses yeux...

Les actrices américaines les plus populaires reçoivent presque toutes des offres de contrats pour devenir égérie publicitaire d'un parfum de luxe (français) : Charlize Theron, Natalie Portman, Keira Knightley, Julia Robert, Kirsten Stewart, Jennifer Lawrence se démultiplient sur nos écrans, dans les magazines et dans les rues, couloirs de métro et flancs de bus. Ces publicités partagent d'ailleurs les mêmes codes : décors très glamour, vent dans les cheveux, et le parfum qui promet une irrésistible séduction. Et souvent Paris en arrière-plan.

Rooney Mara est devenue elle aussi à son tour une égérie de parfum. Elle incarne "L'interdit" de Givenchy. Moins populaire (malgré 2 nomination aux Oscars) que ses consœurs (aucun de ses films n'a été un carton mondial, hormis Millénium et The Social Network, elle n'est quasiment pas dans les pages des magazines people), cela en fait un choix d'autant plus audacieux. Alors que le principe d'une campagne publicitaire est pour la marque d'exploiter la popularité et l'image de l'actrice, ici c'est plutôt une représentation de Rooney Mara (le 'mystère Rooney Mara') qui est utilisé pour contribuer à donner une nouvelle identité à la marque.

Le film publicitaire est évidemment réalisé par Todd Haynes, ce qui rajoute encore du glamour et de la hype. La narration est habile : l'histoire (parisienne) commence dans un décor de fête très chic (en fait là où s'arrêtent le plus souvent les pubs de parfum concurrentes), et Rooney s'en va rejoindre une autre fête très secrète en passant par le métro (et la fameuse Porte des Lilas, sans poinçonneur). Cette fête est plus clandestine cachée derrière une porte souterraine, et on devine que durant la nuit transgressive, Rooney va s'extasier avec probablement une femme ou même plusieurs corps... Un parfum pour braver l'interdit ?

Jean Dujardin et Louis Garrel plongent dans l’Affaire Dreyfus

Posté par vincy, le 27 septembre 2018

Alors qu'il est à l'affiche d'I Feel Good depuis hier, Le Film Français annonce que Jean Dujardin incarnera le Colonel Picquart dans J'accuse, film sur l'Affaire Dreyfus.

Cela fait six ans que Roman Polanski travaille sur ce film, avec Robert Harris, son scénariste de The Ghostwriter (2010). Entre temps, entre ses démêlés judiciaires et les problèmes de financement, le cinéaste a réalisé trois films: Carnage, La Vénus à la fourrure et D'après une histoire vraie.

Durant ces six années, le film était sobrement intitulé D. Il s'agit d'un thriller d'espionnage qui a pour toile de fond l'Affaire qui scandalisa la France de 1894 à 1906, autour du Colonel Dreyfus. Désormais intitulé J'accuse, comme la célèbre lettre ouverte d’Emile Zola publiée en une du journal L’Aurore le 3 janvier 1898 adressée au Président de la république Félix Faure. Ici se croisent antisémitisme, raison d'Etat, erreur judiciaire, passion politique et fâcheries diplomatiques à l'international.

Alors qu'il était prévu en anglais, le film se fera finalement en Français. Jean Dujardin interprétera le rôle principal: le scénario prendra le point de vue du Colonel Picquart, chef du contre-espionnage qui découvrit les fausses preuves contre Dreyfus, les vrais coupables et chercha à réhabiliter Dreyfus. Après avoir été Robespierre dans Un peuple et son roi, Louis Garrel sera le Capitaine Dreyfus. Et Emmanuelle Seigner, Gregory Gadebois, Olivier Gourmet, Hervé Pierre, Didier Sandre, Melvil Poupaud, Eric Ruf et Mathieu Amalric composeront le reste du casting.

Distribuée par Gaumont, la sortie du film est calée au 4 décembre 2019. Le tournage débutera le 26 novembre prochain pour s'achever début mars. Ce sera le 23e long métrage de Roman Polanski.

3 bonnes raisons d’aller voir Hostile de Mathieu Turi

Posté par kristofy, le 26 septembre 2018

Le pitch: Dans un monde en ruine après une catastrophe inconnue, l'espèce humaine tente de se reconstruire. Les survivants ne sortent que la journée car la nuit venue d’étranges créatures sortent pour chasser. Juliette est la seule à oser s’aventurer près des villes. Un jour, sur le chemin du retour, elle perd le contrôle de sa voiture. Lorsqu'elle reprend connaissance, elle est blessée, coincée dans son véhicule, et… IL FAIT NUIT.

Dans le désert personne ne vous entend crier, surtout la nuit quand s'approchent d'étranges créatures ! Malgré les apparences Hostile n'est pas un film d'horreur, l'ambiance survival est plus un décor car le vrai sujet du film est son personnage central. C'est une femme seule dans les/ses ténèbres, avec ce qui lui arrive maintenant et aussi ce qui s'est passé avant.

Hostile est un film de genre français : Julia Ducournau avait un peu réveillé le film de genre français avec Grave depuis Cannes jusqu'aux Césars. Cette année 2018 voit arriver dans les cinémas d'autres films de ce type en français : par exemple les zombies de La nuit a dévoré le monde en mars (avec Anders Danielsen Lie, Golshifteh Farahani, Denis Lavant) ou un brouillard qui étouffe l'Humanité Dans la brume en avril (avec Romain Duris et Olga Kurylenko). Si le projet comporte un peu de violence ou du sang on sait que trouver un financement pour le produire ou un distributeur et des salles de cinéma ensuite (surtout si il y a une interdiction aux moins de 16 ans) s'avère un parcours du combattant. Un contexte qui incite à une coproduction internationale et à tourner en langue anglaise : comme Coralie Fargeat avec Revenge en février, Pascal Laugier avec Ghostland en mars, ou Xavier Gens avec Cold skin et The Crucifixion. Et comme Mathieu Turi avec son premier long-métrage (justement parrainé par Xavier Gens). Ce Hostile tourné en anglais entre New-York, Paris et le Maroc, et avec comme héroïne principale Brittany Ashworth a déjà été remarqué aux festivals fantastiques de Sitges et de Neufchâtel, et Mathieu Turi se révèle être un cinéaste prometteur.

Mon nom est Juliette, et j'ai survécu à l'apocalypse. Vous croyez que j'ai eu de la chance ? C'est faux...

Hostile est un film post-apocalyptique : Ce n'est pas la fin du monde, mais presque. Quelque chose s'est produit, notre société de confort telle qu'on la connait n'existe plus, l'Humanité est en train de disparaître, les quelques survivants luttent pour rester en vie. La situation est devenue classique autant au cinéma avec le succès du dernier Mad Max Fury Road qu'à la télévision avec la série Walking dead. Dans cette histoire Juliette est une survivante, elle doit lutter contre la faim et la soif, supporter une jambe cassée, et combattre d'étranges créatures qui surgissent la nuit !

Hostile c'est aussi une love-story : C'est bien connu que seul l'Amour pourrait sauver le monde, l'Amour est d'ailleurs Le Cinquième élément qui peut sauver la planète pour Luc Besson. C'est toute l'originalité de Hostile : l'histoire est celle de Juliette aujourd'hui qui se retrouve en mauvaise posture et seule (enfin presque) dans la nuit. Mais il y a différents flashbacks dans le passé (celui que l'on connaît, avant la catastrophe): Juliette était déjà dans une situation de lutte dans sa vie au moment où elle a rencontré un bel et sombre inconnu qui veut la séduire. Cette romance aura diverses répercussions dont le souvenir pourrait l'aider dans ce nouveau combat pour survivre dans la nuit...

3 bonnes raisons d’aller voir L’Ombre d’Emily de Paul Feig

Posté par wyzman, le 26 septembre 2018

Après Spy et SOS Fantômes, le réalisateur américain Paul Feig semble avoir retrouvé toute sa superbe. La preuve avec L'Ombre d'Emily !

1. L'histoire vaut son pesant d'or. Adapté du roman Disparue de Darcey Bell, L'Ombre d'Emily raconte comment Stephanie Smothers (Anna Kendrick), mère de famille accro à son vlog, enquête sur la disparition soudaine de sa nouvelle meilleure amie, la mystérieuse Emily Nelson (Blake Lively). Veuve, Stephanie gère seule son fils tandis qu'Emily, également mère, s'occupe comme elle peut entre son travail de directrice des relations presses d'une grande marque de mode et son mari, le très séduisant Sean Townsend (Henry Golding). Thriller bourré d'humour et dopé à la sauce Desperate Housewives, L'Ombre d'Emily peut être perçu comme le pendant fun de Gone Girl.

2. Le casting est un heureux mix. Célèbre pour ses participations aux sagas Twilight et Pitch Perfect, Anna Kendrick semble ici avoir trouvé un rôle à la hauteur de son talent. Le personnage qu'elle incarne, l'adorable Stephanie est à la fois douce et revêche, docile et imprévisible. Un mélange qui détone surtout lorsqu'on la met face à une Blake Lively (Gossip Girl)  absolument parfaite en femme du monde blasée par sa propre superficialité. Ajoutons à cela Henry Golding, l'acteur le plus cool du moment depuis son passage dans Crazy Rich Asians et cela donne un trio de choc aussi glamour qu'improbable.

3. La bande originale est à tomber par terre. On ne le dira jamais assez : le succès d'un film peut tenir à sa promotion. Et force est de reconnaître que de ce côté-là, Lionsgate et Metropolitan ont bien fait les choses. Trop absorbés par les looks audacieux et absolument parfaits de Blake Lively, nous aurions presque pu passer à côté des pépites dont regorge la bande originale. Cœur de Pirate, Françoise Hardy, Brigitte Bardot, Serge Gainsbourg, Zaz, Jacques Dutronc... Ils sont tous de la partie !

Mel Gibson s’empare de La horde sauvage

Posté par vincy, le 25 septembre 2018

Mel Gibson va écrire et réaliser le remake du classique de Sam Peckinpah, Wild Bunch, en français La horde sauvage (1969). Bryan Bagby co-scénarisera le film. Pour la Warner c'est un vieux serpent de mer, puisque le studio cherche à produire une nouvelle version depuis des années.

Selon la presse professionnelle américaine, Gibson va mener de front ce projet avec celui, déjà annoncé, sur la seconde guerre mondiale, Destroyer, avec Mark Wahlberg en tête d'affiche. Il cherche encore des financements. Mel Gibson était revenu derrière la caméra en 2016, dix ans après son précédent film, avec Tu ne tueras point (Hacksaw Ridge), 6 fois nommé à l'Oscar (dont film, réalisateur et acteur) et deux fois primé. Le film avait rapporté 175M$ dans le monde.

La horde sauvage est l'histoire d'une bande de bandits dans un monde qui change. Le western très violent, très découpé, a été considéré comme novateur à l'époque. Avec un casting de stars, qui comprenait William Holden, Ernest Borgnine, Robert Ryan, Edmond O'Brien, Warren Oates, et dans un second-rôle Alfonso Arau, le film avait subit les foudres de la censure et l'incompréhension de critiques peu habitués à des scènes de carnage. Le film sera néanmoins rentable aux Etats-Unis (19e recette de l'année)  et séduira en France 1,8 million de spectateurs. Film culte et passionnel, La Horde sauvage reçoit quand même une nomination à la Directors Guild of America, deux nominations aux Oscars et devient rapidement l'un des 100 films du siècle de l'American Film Intitute (et le 6e meilleur western de l'histoire en 2008).