Dernière course pour Tony Curtis (1925-2010)

Posté par MpM, le 30 septembre 2010

tony curtisL'acteur Tony Curtis s'est éteint jeudi 30 septembre à l'âge de 85 ans. Lui qui avait été longtemps abonné aux rôles de charmeurs restera ironiquement dans les mémoires pour son rôle de travesti dans le chef d'oeuvre de Billy Wilder, Certains l'aiment chaud (1959), aux côtés de Marilyn Monroe.

Le beau brun au sourire irrésistible avait commencé sa carrière une dizaine d'années plus tôt sous la caméra de Robert Siodmak, dans le film noir Criss Cross (Pour toi j'ai tué).  Remarqué par un producteur, il avait alors signé un contrat de 7 ans avec les studios Universal. Et c'est ainsi que ce fils de tailleur qui connut une enfance difficile réalisa son rêve de jeunesse : devenir un acteur célèbre.

Entre 1950 et 1970, il tourne avec Douglas Sirk (No Room For the Groom), Carol Reed (Trapeze), Blake Edwards (L'extravagant monsieur Cory, La grande course autour du monde), Vincente Minnelli (Good Bye Charlie), Stanley Kubrick (Spartacus), Richard Fleisher (Les vikings)... C'est d'ailleurs ce réalisateur qui lui offrit son rôle favori en 1968 avec L'étrangleur de Boston.

L'acteur excelle dans les rôles comiques ou de séduction. A la fin des années 70, il trouve même le personnage synthétisant ces deux facettes : Danny Wilde, dans la série télévisée The persuaders (Amicalement vôtre). Il y forme un duo de choc avec Roger Moore. Le ton est léger, souvent facétieux et Curtis s'y montre plein d'ironie et d'auto-dérision. Malgré le peu d'épisodes tournés, la série devient culte, et revient régulièrement sur les écrans français.

Toutefois, on ne peut pas réduire son talent à ce seul type de rôles. A plusieurs reprises dans sa carrière, il a en effet prouvé sa capacité à se fondre dans des histoires dramatiques ou sombres. Dans Le grand chantage d'Alexander Mackendrick, il incarne ainsi un journaliste véreux pris au milieu des conflits d'intérêt. Mais c'est surtout avec The Defiant Ones (La chaîne) de Stanley Cramer, qu'il se montre sous son jour d'artiste engagé et militant. En effet, le scénario contraignait l'acteur principal à être enchaîné à Sydney Poitier pendant la majorité du film. Or, à cette époque de ségrégation, personne n'avait voulu apparaître ainsi aux côtés d'un acteur noir. Non seulement Tony Curtis accepta le rôle, mais en plus il insista pour que son partenaire soit également proposé pour l'Oscar du meilleur acteur. Bien qu'ils ne furent pas récompensés, le geste resta dans les mémoires. De même que la fameuse scène "gay" avec Laurence Olivier dans Spartacus de Stanley Kubrick. Censurée à l'époque, mais désormais célèbre.

Après tant de "remous", Tony Curtis s'était fait rare au cinéma. Il se consacrait à la peinture, à la photographie, à la télévision... On l'a vu malgré tout dans Le dernier Nabab d'Elia Kazan (1976), Treize femmes pour Casanova de François Legrand (1977), Sextette de Ken Hughes (1978)... ou encore Les adversaires de Ron Shelton (1999).

Pourtant, après plus de 120 films tournés, Tony Curtis ne s'estimait pas comblé. "J'ai l'impression de ne pas avoir eu les films que j'aurais dû avoir. J'avais l'impression que j'aurais mérité mieux", regrettait-il en 2008 lors d'un entretien avec l'AFP

Un festival de cinéma gay fête son 9e anniversaire en Indonésie

Posté par MpM, le 30 septembre 2010

Depuis huit ans, le festival international de cinéma gay "Q!" s'est imposé en douceur dans la vie culturelle de Jakarta, dans le but avoué de combattre les tabous sans agressivité ni prosélytisme. Cette année, les organisateurs espèrent attirer 15 000 spectateurs à leurs 120 projections, expositions et débats. Le tout grâce au bouche-à-oreille et aux réseaux sociaux, car toute médiatisation d'envergure pourrait attirer les foudres des bastions les plus conservateurs du pays.

Car si l'Indonésie, pays musulman le plus peuplé au monde avec 240 millions d'habitants, autorise l'homosexualité entre adultes consentants, il n'en est pas moins difficile d'y afficher ses préférences sexuelles au grand jour. En effet, certains mouvements islamiques se présentant comme les  "défenseurs des valeurs musulmanes" voient d'un mauvais oeil la tolérance dont fait preuve la loi,  et tentent d'y remédier, parfois par la force.

Ainsi, à Aceh, bastion de l'islam sur l'île de Sumatra, les députés locaux ont été jusqu'à déclarer l'homosexualité punissable de 100 coups de bâton. Heureusement, le gouvernement provincial a refusé d'approuver cette loi locale. En revanche, deux conférences, d'homosexuels et de transsexuels, ont été annulées depuis le début de l'année suite à l'intervention de militants extrémistes. Une polémique a également vu le jour lorsque le ministre de la Communication, élu d'un parti religieux, a fait l'amalgame entre sida et pornographie...

Pour autant, le festival Q! se déroule en toute légalité. "Nous n'avons pas d'objection. Tant que les films ne sont pas trop sexuellement explicites ni trop vulgaires", a précisé le porte-parole du ministère de la Communication. "Je suis sûr que les organisateurs connaissent les limites et ont conscience des particularités éthiques et culturelles en Indonésie".

En gros, l'idée est de ne pas faire de vagues. Et pour mieux asseoir la légitimité de leur manifestation, les organisateurs ont pris soin d'être parrainés par des clubs privés et des centres culturels étrangers, notamment français, néerlandais ou allemand. "Comme les financements proviennent d'organisations étrangères et les films sont projetés dans des centres internationaux, les radicaux n'oseront pas nous attaquer", conclut John Badalu, le directeur du festival.

Dossier 3D relief : l’arnaque du moment ? (3)

Posté par geoffroy, le 30 septembre 2010

Alors que le quatrième opus de la saga des Resident Evil est sorti mercredi dernier sur les écrans, une question nous taraude : irons-nous le voir pour son contenu ou bien parce qu'il nous est proposé en 3D ?

La 3D relief : un procédé qui nous dupe allègrement…

"La 3D c'est de la merde. J'étais présent lors de la première vague 3D relief au cours des années 50. C'est juste un procédé pour vous faire dépenser davantage votre argent…un simple gimmick."

Cette attaque en règle, que l'on doit au célèbre réalisateur américain John Carpenter présent au salon de l'E3 (salon du jeu vidéo de Los Angeles), est loin d'être isolée. Plusieurs cinéastes Hollywoodiens dont J.J. Abrams (Lost, Star Trek) et Jon Favreau (Iron-Man) ont, eux aussi, marqué publiquement leur hostilité vis-à-vis de la 3D au cours du Comic-Con de San Diego en juillet dernier. Ils reprochent l'utilisation abusive (entendez par là commerciale) d'une technique n'apportant pas ou peu de plus-value narrative aux films qui en bénéficient. Sans oublier les difficultés de tournage, de rendu, de postproduction, voire d'intérêt propre. Christopher Nolan lui-même aurait refusé que son Inception soit converti en 3D. Cherchez le malaise…

Deux exemples fâcheux viennent corroborer l'ire des cinéastes cités dans le paragraphe précédent :

- Alice au pays des merveilles de Tim Burton. Contrairement à l'aspect général dégagé par le film, seuls 20% des titans_okimages ont été filmées en 3D relief. C'est peu pour un
long-métrage vendu comme une expérience 3D novatrice. En l'état, nous pouvons affirmer que le film n'a pas été pensé en 3D. Ce qui, pour ne rien vous cacher, ressemble à une belle petite arnaque planétaire.

- Le choc des Titans de Louis Leterrier et le Dernier maitre de l'air de M. Night Shyamalan. C'est la Warner Bros. qui dégaine en premier. Filmé en 2D, le Choc des Titans est subitement " gonflé" en 3D relief par la Compagnie Prime Focus. Les raisons invoquées sont simples : pouvoir diffuser le film dans des cinémas équipés en projection 3D. Hélas pour le consommateur, le résultat est catastrophique (j'ai pu tester les deux formats et la 2D gagne par KO au premier round). Les couleurs sont pâles et la nouvelle perspective ne colle pour ainsi dire jamais à la mise en scène du réalisateur français. Même constat pour le film de Shyamalan qui, plus étonnant encore, a vu sa sortie française repoussée d'une semaine pour cause de conversion non finalisée.

… et dont l'avenir ne se jouera pas qu'au cinéma

L'interaction entre la 3D relief et le cinéma est une longue histoire. De spécifique, elle devient partagée. La donne change de nature même si la victoire de la 3D au cinéma est enfin consommée, du moins dans l'immédiat. L'enjeu à long terme : sa pérennité. Et là, plus question de raisonner 3D-cinéma / cinéma-3D. La mondialisation est passée par là, invitant désormais la 3D un peu partout,  dans le jeu vidéo, les concerts filmés, le sport, l'industrie vidéo avec la sortie des tous premiers écrans 3D (avril 2010) et le porno. Le champ d'application s'élargit au profit d'une 3D multiple prête à devenir le nouveau standard de demain.

Alexandre Aja, jeune réalisateur français responsable de Piranha 3D (actuellement sur les écrans), estime que le succès de la 3D en salles pourrait bien être épisodique. A moins que les autres formes d'expression investissent véritablement notre salon. L'avènement de la 3D comme norme universelle serait alors inévitable. Nous n'en sommes pas encore là, mais la révolution marketing du procédé 3D relief est bel et bien en marche.

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Lire la première partie du dossier : 3D relief : l'explosion du genre
Lire la deuxième partie du dossier : 3D relief : la révolution marketing

Arthur Penn tire sa révérence (1922-2010)

Posté par geoffroy, le 30 septembre 2010

Arthur PennArthur Penn, l’alter ego cinématographique de Sam Peckinpah, est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 88 ans. Avec la disparition de cet immense cinéaste qui tournait peu (13 films en 31 ans), la nouvelle vague américaine vient de perdre l’un de ses derniers chefs de file.

Arthur Penn, au-delà de l’excellent technicien qu’il fut, réussit ce tour de force de renouveler les genres aussi codifiés qu’étaient, à l’époque, le western et le film policier. Il suffit de voir ou revoir La Poursuite Impitoyable (1965) avec Marlon Brando, Robert Redford et Jane Fonda pour s’en convaincre. Le film aborde sans détour, et dans un réalisme froid jusqu’alors inédit, des thématiques aussi complexes que l’alcoolisme, la cruauté, la lâcheté, le courage, l’adultère… L’aspect psychologique des personnages prend le dessus sur l’ «action » même si le suspense y est formidablement bien rendu. Le film fait « mouche », devient une référence instantanée à l’image, sept ans plus tôt, du Gaucher, adaptation ô combien novatrice d’un certain Billy the Kid. Outre qu’il lança la carrière de Paul Newman, le réalisateur américain modernise le personnage pour en faire un adolescent rebelle au même titre que Jim Stark dans la Fureur de Vivre (Nicholas Ray, 1955).

En deux films Arthur Penn réinvestit donc deux genres phares du cinéma Hollywoodien. Mieux, il en dépoussière les codes. Aussi bien par sa mise en scène fluide au montage cut d’école que par les thématiques qu’il osera développer. Le réalisateur-scénariste Paul Schrader, l’un des premiers à avoir réagi dans les colonnes du New-York Times, considère d’ailleurs qu’ « Arthur Penn a apporté la sensibilité du cinéma européen des années 60 au 7ème art aux Etats-Unis ». Il aura porté, au même titre que Nicholas Ray, Elia Kazan, Joseph Losey ou encore Sam Peckipah, les bases du renouveau du cinéma américain et réalisé en 1967 son chef-d’œuvre : Bonnie and Clyde.

Film de toutes les audaces (scènes de violences, émancipation criminelle face à l’ordre morale, rigueur de la mise en scène, beauté du couple Fane Dunaway / Warren Beatty ; humour noir…), Bonnie and Clyde inspirera nombre de grands cinéastes dont Norman Jewison (l’Affaire Thomas Crown, 1968), Roman Polanski (Chinatown, 1974), Terence Malick (la Balade Sauvage, 1973) ou encore l’œuvre de Michael Mann. Le cinéaste ne s’arrête pas là et conclu une décennie d’innovation cinématographique par un film somme, sorte d’anti-western courageux et satirique stigmatisant l’attitude des « blancs » vis-à-vis de la communauté indienne, Little Big Man (1970). Dernier vrai succès commercial, Little Big Man s’avère être également le dernier grand film du réalisateur. Tournant beaucoup moins à partir de cette date, il réalisera un western de bonne facture (Missouri Breaks, 1976) et Target (1985), film de commande avec Gene Hackman et Matt Dillon. Il  reçu en 2007 l’Ours d’Or à Berlin pour l’ensemble de sa carrière.

Considéré à raison comme l’un des cinéastes les plus critiques envers  son époque, Arthur Penn fait partie des faiseurs doués capables de sublimer un genre sans jamais le corrompre. Sa mise en scène aiguisée aura, toujours selon Paul Schrader, « ouvert la voie à la génération des metteurs en scène américains des années 70 ». Martin Scorsese, Francis Ford Coppola ou Michael Cimino peuvent lui dire merci.

Nous, nous lui souhaitons bon vent.

C’est la rentrée pour le cinéma La clef

Posté par MpM, le 29 septembre 2010

laclefIl y a des nouvelles qui font plaisir ! Alors que le contexte économique met en péril la bonne santé des cinémas indépendants (voir notre actu du 27 septembre), la réouverture de la Clef, ancienne salle parisienne autrefois appelée "Images d’ailleurs", fait l'effet d'une petite bouffée d'air frais. Et, symbole ô combien important, c'est la preuve qu'il y a une place et un avenir pour ce type de structure qui propose une offre forcément différente des autres complexes.

Classé "art et essai", "Images d'ailleurs" avait contribué, depuis sa création dans les années 70, à la mise en lumière du cinéma africain en France, ouvrant également ses salles à diverses associations. Ses deux salles ayant été rénovées, le cinéma reprend du service à partir de ce mercredi 29 septembre et se tourne vers une programmation ancrée dans les enjeux contemporains (environnement, social, politique etc.).

Ainsi, dès sa première semaine d'exploitation, La clef se met en quatre pour nous ouvrir la porte des paradis cinématographiques et proposer une offre éclectique : en sortie nationale, le documentaire Moi, la finance et le développement durable réalisé par Jocelyne Lemaire-Darnaud, qui donnera lieu à de nombreux débats. En reprise, Whisky de Pablo Stoll, une fable urugayenne burlesque et lunaire, qui fut sélectionnée à Cannes en 2004. Enfin, une programmation "jeune public" qui devrait aussi bien attirer  les petits que les grands : d'un côté l'excellente chronique familiale coréenne Jiburo de Lee Jung-hyang et de l'autre l'adorable Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki.

Et ce n'est pas tout ! Dans les mois à venir, la Clef accueillera nombre d'événements. D'abord le cycle "Cinéma du Rio de la Plata" du 11 octobre au 27 novembre prochains, organisé dans le cadre du 13e festival "Paris Banlieue Tango", et qui comprend 8 films, fictions et documentaires, abordant des thématiques qui permettent de mieux connaître l’Argentine et l’Uruguay. Puis le festival annuel « Images Mouvementées / ATTAC » (en novembre) et enfin une rétrospective du cinéma indonésien (les 4 et 5 décembre). Un grand plein de cinéma venu d'ailleurs, et peut-être le bonheur (cinématographique) à la clef ?!

MpM et Morgane

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Cinéma "La clef"
34 de la rue Daubenton
75005 Paris
métro Censier–Daubenton
Ouvert 7/7 jours à partir du 29 septembre

15e Festival du cinéma allemand : demandez le programme

Posté par Claire Fayau, le 29 septembre 2010

C'est la semaine du cinéma allemand ! Jusqu'au 5 octobre, le cinéma l'Arlequin accueille la 15e édition de ce Festival qui propose courts et long métrages venus d'outre-Rhin. Parmi les films récents et inédits en France, on pourra notamment découvrir trois représentants de la "nouvelle vague allemande" qui ont été présentés à Berlin : Every One Else de Maren Ade, Le Braqueur de Benjamin Heisenberg ; et à Cannes : Sous toi la ville de Christoph Hochhäusler (film de clôture).

Il sera également possible de revoir un film fondateur de science fiction : Le Monde sur le fil de R.W. Fassbinder rarement projeté par le passé et qui vient d'être restauré. Produite par Juliane Lorenz (la présidente de la Fondation RW Fassbinder, qui sera présente lors de la séance de vendredi) avec le concours de Michael Ballhaus, la copie restaurée a été présentée lors de la Berlinale 2010.

Enfin, une table ronde est prévue samedi 2 octobre à propos de la jeune revue Revolver fondée en 1998 par de jeunes auteurs, parmi lesquels Benjamin Heisenberg et Christoph Hochhäusler. Bi-annuelle, cette publication se veut un lieu d’échanges entre cinéastes et cinéphiles et un vecteur de liens entre art et politique, cinéma d’auteur et nouvelle société.

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15e festival du cinéma allemand
du 29 septembre au 5 octobre
Cinéma L'Arlequin
76, rue de Rennes
75 006 Paris
Renseignements et horaires sur le site du festival

Dossier 3D relief : la révolution marketing (2)

Posté par geoffroy, le 29 septembre 2010

Alors que le quatrième opus de la saga des Resident Evil est sorti mercredi dernier sur les écrans, une question nous taraude : irons-nous le voir pour son contenu ou bien parce qu'il nous est proposé en 3D ?

Des films hyper marketés

Au cours des six derniers mois, trois films en 3D auront dépassé le milliard de dollars dans le monde (Avatar, Alice au pays des merveilles, Toy Story 3). Du jamais vu. Une telle performance est à saluer même si l'augmentation du prix de la place (5 à 7 dollars aux Etats-Unis, 3 euros chez nous) peut en expliquer les raisons. Sachant que le surcoût de production pour un film en relief est de l'ordre de 20%, le procédé n'a aucun mal à être rentable. D'où l'inflation du nombre de films en 3D lancés un peu à la va-vite, le but étant d'engranger un maximum d'entrées tout en consolidant l'offre et son corollaire : l'addiction. Les avancées techniques à venir achèveront d'en faire une poule aux œufs d'or incontournable pour l'industrie cinématographique.

Dans ces conditions, peu importe la qualité du film. En effet, si un mauvais film en "2D" bien marketé parvient à engendrer des bénéfices, un mauvais film en 3D lui aussi marketé sera potentiellement plus rentable. Du coup, l'angle marketing se déplace pour faire de la 3D un support de promotion aussi alléchant, si ce n'est plus, que le film lui-même. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, nous sommes passés d'une 3D expérimentale à une 3D marketing, l'apport artistique s'avérant, au final, secondaire.

En témoigne cette campagne de promotion londonienne originale, lancée en février dernier par la Fox en partenariat avec Clear Channel, autour du film : Percy Jackson et le voleur de foudre. L'idée, toute simple, consiste à remplacer les bonnes vieilles affiches de certains abribus de la capitale par la bande-annonce du film projetée en 3D grâce à un système de rétroprojection ne nécessitant pas le port de lunettes. L'effet proposé, visuellement impactant, dépasse le concept du gadget technologique puisqu'il sort le procédé de la salle de cinéma pour investir de nouveaux lieux et conquérir de nouvelles cibles. Faire la promotion par la 3D d'un film qui n'est pas en 3D (Percy Jackson, bien qu'il possède des artifices numériques, n'a pas été filmé en relief), c'est déplacer l'utilisation conventionnelle d'un procédé en nous " vendant " les contours alléchants d'une nouvelle norme de diffusion grand public.

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Lire la première partie du dossier : 3D relief : l'explosion du genre

Naufrage final pour Gloria Stuart (1910-2010)

Posté par MpM, le 28 septembre 2010

Le public se souviendra d'elle en centenaire rescapée d'un naufrage dans Titanic de James Cameron. Ce rôle de Rose DeWitt Butaker se souvenant des décennies plus tard de la fulgurante histoire d'amour vécue à bord du paquebot funeste lui valut une nomination à l' Oscar du meilleur second rôle féminin. "J'ai tout de suite su que c'était le rôle que j'avais voulu jouer et que j'avais attendu toute ma vie", a-t-elle raconté dans une autobiographie publiée en 1999.

Pourtant la carrière de Gloria Stuart avait commencé bien des années auparavant, dans les studios hollywoodiens des années 30, notamment chez James Whale ou aux côtés de Lionel Barrymore et Shirley Temple. Elle s'était interrompue au cours des années 40, époque à laquelle l'actrice tenta de se consacrer à la peinture, et n'avait repris qu'au cours des années 70. Dernièrement,elle s'était poursuivie devant la caméra de Wim Wenders (The Million dollar hotel, Land of plenty).

Leonardo di Caprio a tenu à exprimer son émotion en apprenant le décès de sa partenaire de Titanic : "Gloria Stuart était une force à la fois sur et hors écran. Elle était une personne incroyablement douce, une actrice fantastique et quelqu'un qui a toujours lutté pour ce en quoi elle croyait. Elle était l'une des dernières grandes actrices de l'âge d'or d'Hollywood et ce fut pour moi un grand honneur de travailler à ses côtés. Elle nous manquera à tous." Et pour la plupart des spectateurs, elle restera à jamais la vieille dame digne du film de Cameron, bouleversée par les souvenirs du passé.

Dossier 3D relief : l’explosion du genre (1)

Posté par geoffroy, le 28 septembre 2010

Alors que le quatrième opus de la saga des Resident Evil est sorti mercredi dernier sur les écrans, une question nous taraude : irons-nous le voir pour son contenu ou bien parce qu'il nous est proposé en 3D ?

Roger Ebert, célèbre critique américain du Chicago Sun-Time, nous rappelle, dans un article à charge contre la 3D relief publié le 10 mai dernier sur le site de Newsweek, qu'à "chaque fois qu'Hollywood s'est senti menacé, il s'est tourné vers la technologie ". Hasard du calendrier, le retour au cinéma en 3D qui, ne l'oublions pas, fit une percée infructueuse dans les années 50 avec deux films phares (L'étrange créature du lac noir de Jack Arnold et Le crime était presque parfait d'Alfred Hitchcock, tous deux sortis en 1954), coïncide précisément avec l'une des crises les plus délicates qu'Hollywood aura eu à gérer entre la grève des scénaristes (2007), la crise financière mondiale (2009) et l'avènement, en 2010, du Home Cinéma Haute Définition.

Sans prendre part au débat du pour ou contre la 3D, soyez sûrs d'une chose : on n'y échappera plus ! Eh oui, les studios ne l'ont que trop bien compris, eux qui, pour l'heure, n'ont qu'une seule idée en tête : redonner à la " salle " son attractivité originelle pour que le cinéma redevienne une expérience unique à même d'attirer les foules. Si la démarche est louable, les procédés pour y parvenir le sont beaucoup moins.

L'explosion d'une 3D spectacle...

Hollywood peut dire un grand merci à James Cameronavatar_ok pour avoir pris la décision de réaliser un film en 3D relief, Avatar. L'avancée fut considérable puisqu'elle entérina sur disque dur - et non plus sur pellicule - la validité artistique et financière d'un procédé balbutiant quelques mois plus tôt des images erratiques dans des productions horrifiques sans consistance (My Bloody Valentine 3-D, Destination Finale 4…). Le basculement opère sa marche forcée, charriant avec lui son lot d'espérance nouvelle, d'euphorie passagère, d'investissement retrouvé. Le passage vers la 3D de masse serait-il enfin crédible ?

Ereinté par des années d'une politique de recyclage privilégiant le confort de la franchise (Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux, Twilight, Pirates des Caraïbes, les films de super-héros, etc.) à celui du risque, Hollywood ne pouvait pas laisser filer l'extraordinaire potentiel d'une technologie en phase avec les modes actuels de consommation d'un cinéma grand spectacle savamment orchestré : projections numériques de blockbusters ou de films générationnels dans des multiplexes frôlant l'indigence programmatique. Et encore moins depuis les 2,9 milliards de dollars récoltés par Avatar. Avec une telle pépite entre les mains, l'industrie cinématographique joue son va-tout dans un effort d'investissement sans précédent. En effet, pas moins de 60 films en 3D Relief sont d'ores et déjà programmés, la  production passant de 4 films en 2008 à une trentaine pour la seule année 2012.

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Les salles de cinéma indépendantes sont en danger

Posté par Sarah, le 27 septembre 2010

salle_cineLe saviez-vous? Votre salle de cinéma préférée est peut-être en danger, faute de financement suffisant. En effet, à l'occasion de son congrès annuel, qui se déroulait du 20 au 24 septembre à Deauville, la Fédération française du Cinéma français publie le « Livre blanc des salles obscures », où l’on apprend que nos salles de ciné indépendantes auraient même besoin d'un sacré coup de rééquilibrage financier pour ne pas péricliter. Quand on pense que pour les deux tiers d'entre nous, le cinéma est un loisir indispensable, il serait temps d'agir !

On ne va pas vous mentir, la crise des médias est passée par là, mais ce n'est pas la seule cause. En effet, les petits et les moyens cinémas souffrent de difficultés financières chroniques, et le développement des téléchargements illégaux ou en p2p par exemple ont porté un nouveau coup  à leur économie. Ces dernières 20 années, on a pu constater que de nombreux investissements ont été engagés pour rénover les salles de cinéma. Près de 2 milliards d'euros ont donc été investis, ce qui a favorisé une augmentation de la fréquentation des salles à partir des années 1992. En tout, 72% des Français pensent que les salles se sont modernisées.

Certes, les propriétaires ont vu le nombre d'entrées plus que doubler en 10 ans (+128%) pour les films français, et seulement 42% pour les films américains. Cela conforte au passage les salles de ciné dans leur rôle de premier contributeur de la filière cinématographique française. En même temps, ces investissements ont coûté cher, le prix de la construction d'un fauteuil a augmenté de 87% en 10 ans. Contrairement à une idée reçue, le prix du billet n'a pas suivi avec exactitude cette augmentation; il a subi une hausse de 11%, ce qui est bien moins que l'inflation sur la même période (19%). Si on ajoute à cela l'adoption de la loi création et internet (Hadopi), la durée d'exploitation des films par les salles est désormais de 4 mois (contre 12 auparavant), ce qui fragilise encore plus l'équilibre économique des salles.

Face à cela, des mesures vont bien être engagées. Tout d'abord, il s'agit de mesures fiscales visant à ne pas pénaliser les salles dont les enseignes et affiches de film constituent la seule publicité. Ensuite, dans un but de réajustement économique de la filière en faveur des petits et moyens cinémas, il s'agit de procéder soit à un abaissement du plafond légal de location des films, soit à un aménagement de la répartition du soutien financier aux salles de ciné. L'autorisation du recours pour les distributeurs de film à la communication publicitaire télévisée pour la sortie des films sur grand écran pourrait être un vrai bol d'air pour les petites salles. En effet, seules les grandes villes bénéficient d'une couverture publicitaire assez importante pour attirer un nombre suffisant de spectateur. Bien sûr, avec internet, il est possible d'être plus facilement touché, mais encore faut-il avoir un ordinateur personnel et une connexion appropriée... ce qui n'est pas le cas partout.

Il ne faut pas oublier que les salles de cinémas remplissent un rôle de créateur de lien social et de divertissement important dans les villes. Elles sont bien souvent les seuls établissements à être ouverts 365 jours par an. De plus la France dispose du premier réseau d'Europe et du 3e parc mondial au monde. Inutile de préciser que nos salles sont bien plus qu'un divertissement mais aussi une réelle spécificité culturelle. Il est donc grand temps d'agir pour faire perdurer leurs activités.