Damien Chazelle va faire swinguer le petit écran

Posté par cynthia, le 30 avril 2017

Alors que le 25 avril a été décrété aux États-Unis comme étant la journée de La La Land (oui vous avez bien lu), son célèbre réalisateur et accessoirement plus jeune oscarisé de l'histoire, travaille sur un projet pour le petit écran. Cette nouvelle série s'intitule The Eddy et racontera les déboires des patrons et des employées d'un club de jazz à Paris.

Selon le magazine The Hollywood Reporter, Damien Chazelle s'est associé au scénariste Jack Throne (Harry Potter et l'enfant maudit sur les planches), à Alan Poul (Six Feet Under) ainsi qu'à Glen Ballard (à qui l'on doit certains succès d'Alanis Morissette et de Michael Jackson).

Le projet n'a pas encore de maison de production, mais vu le succès de ses films, nul doute que les maisons vont se bousculer pour faire partie du projet (Amazon ? Netflix ? HBO ?)

Comme un génie n'arrive jamais seul, Barry Jenkins (Moonlight) va aussi réaliser une série pour Amazon (espérons que les scénarios ne soient pas mélangés comme les enveloppes à la dernière cérémonie des Oscars).

Est-ce qu'un réalisateur oscarisé peut cartonner avec une série ? Nous y croyons !

Cannes 70 : 13 thèmes musicaux qui valent de l’or

Posté par cannes70, le 29 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

En partenariat avec Cinezik, Benoit Basirico nous décrypte les musiques qui ont fait Cannes.

Aujourd'hui, J-19. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

Voici une sélection des thèmes qui ont marqué les 70 palmes d’or (ou initialement Grand Prix). Cette sélection tient compte de la beauté musicale des thèmes, mais aussi de la manière qu’ils ont eu de rester dans nos mémoires, que ce soit par leur apport émotionnel au film, par leur contribution à la narration, la simplicité de la mélodie, ou le choix d’un unique instrument. Cette sélection est dévoilée par ordre chronologique.

Le Troisième Homme (Carol Reed / Anton Karas, 1949)

Le compositeur autrichien Anton Karas signe son unique musique originale au cinéma pour le film de l’anglais Carol Reed avec une partition axée sur la cithare, un instrument soliste qui représente par son thème obsédant une sorte d’alter-ego pour le héros incarné par Orson Welles. Le musicien alors inconnu a été découvert par le réalisateur dans un bar à vins de Vienne.

Quand Carol Reed lui propose d’écrire la musique de son film, il s’en sent incapable puisqu’il n’avait jamais rien composé auparavant. Il a donc improvisé cette mélodie. Au final, la B.O restera pendant onze semaines en tête du hit parade américain, entre avril et juillet 1950 ! Anton Karas fera le tour du monde pour jouer sa musique. C’est l’exemple le plus frappant d’une musique d’abord anecdotique rendue célèbre grâce à la puissance émotionnelle d’un film.

La Dolce Vita (Federico Fellini / Nino Rota, 1960)

Depuis son premier long métrage Le Cheik blanc en 1952, Federico Fellini confie la musique de ses films à Nino Rota. Le compositeur travaille ainsi sur quinze films du réalisateur (La Strada, Huit et demi, ou Amarcord) jusqu’à sa mort en 1979. Pour La Dolce Vita, le thème participe à la douceur de vivre du titre, par sa légèreté.

Cette mélodie est distillée de manière diffuse comme un parfum enivrant prolongeant le climat d’insouciance. Dans une belle harmonie, la trompette et la guitare entonnent le thème sous la forme d’une valse lente qui semble faire danser les personnages. Nino Rota a également signé la musique d’une autre Palme d’or (Grand Prix) : Le Guépard de Visconti.

Les Parapluies De Cherbourg (Jacques Demy / Michel Legrand, 1964)

Le compositeur Michel Legrand retrouve son cinéaste fétiche Jacques Demy pour leur première comédie musicale après Lola et La Baie des anges. Au départ, le film devait être parlant avant d’être chanté. C’est le compositeur qui souffla l’idée à son ami Demy. C’est devenu le premier film où tous les dialogues sont chantés. Catherine Deneuve étant doublée, nous n’entendons jamais sa voix.

Ces chansons gaies et insouciantes sont en contraste avec l’histoire tragique d’un couple divisé par la guerre d’Algérie. Le couple Legrand-Demy réitérera avec le même succès à l'occasion du plus joyeux Les Demoiselles de Rochefort (1967) avec un univers visuel plus coloré. Michel Legrand a écrit la musique d’une autre Palme d’or (Grand prix) en 1971 avec Le Messager de Joseph Losey et son motif en boucle pour deux pianos et orchestre.

Un Homme et Une Femme (Claude Lelouch / Francis Lai, 1966)

Il s’agit de la première musique de film de Francis Lai et donc de sa première collaboration avec Claude Lelouch dont il deviendra inséparable. La musique est en contrepoint avec l'image, elle prend son importance par son autonomie. De plus, la musique chez ce tandem est toujours composée et enregistrée avant le tournage, avant la première image. Francis Lai a conçu son thème en fonction de l'histoire que Lelouch lui racontait.

C'est le réalisateur le chef d'orchestre puisqu'il monte ensuite la musique sur ses images. Il la fait même entendre à ses acteurs, Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, sur le plateau pour conditionner leur jeu. Par la suite, une chanson sera tirée du film, avec des paroles de Pierre Barouh (« Da ba da ba da, ba da ba da ba ») et interprétée par Nicole Croisille. Francis Lai est un autodidacte. Il a écrit cette première partition tout seul, grâce à son instrument fétiche, un accordéon électronique, avant par la suite de s’associer à des orchestrateurs pour des musiques plus orchestrales. Francis Lai demeure l’un des plus grands inventeurs de mélodies.

Conversation Secrète (Francis Ford Coppola / David Shire, 1974)

Le compositeur David Shire a 37 ans lorsqu’il participe au film d’espionnage de son beau-frère (à l'époque) Francis Ford Coppola. Il compose avec son piano un air mélancolique teinté de jazz. Le cinéaste, fort du succès du Parrain qu'il considérait comme une simple commande commerciale, décide de mettre en chantier ce film plus intime, plus personnel, et plus modeste. La musique par son épure participe à cette simplicité apparente.

D’ailleurs, David Shire souhaitait au départ écrire une partition pour orchestre mais le réalisateur exigea une musique pour un seul instrument : le piano. Sous cette forme minimale, le thème en devient plus troublant. Le film se termine avec une scène où Gene Hackman joue du saxophone avec un morceau sans lien avec le thème de David Shire.

Taxi Driver (Martin Scorsese, Bernard Herrmann, 1976)

Il s’agit de la dernière musique de Bernard Herrmann (le film fut dévoilé à Cannes 4 mois après son décès survenu en décembre 1975) et une unique collaboration avec Martin Scorsese. Plutôt habitué des motifs orchestraux (notamment pour Hitchcock), le compositeur propose pour la première fois d’intégrer le jazz à son univers avec cette partition de saxophone alto.

Pour l’anecdote, sa collaboration avec Hitchcock s’est arrêtée lorsqu’en 1966 le cinéaste anglais rejeta sa musique pour Le Rideau déchiré au profit de la partition jazz de John Addison. Ce genre étant alors à la mode à Hollywood. Dans le thème d’ouverture de Taxi Driver, les cordes graves, les cuivres et les lourdes percussions illustrent la descente aux enfers nocturne du personnage, tandis que le saxophone qui fait son apparition dans un second temps convoque la lumière des néons qui éclairent la ville plongée dans le noir. L'aspect jazzistique est le versant lumineux d'un cauchemar.

Paris Texas (Wim Wenders / Ry Cooder, 1984)

Compositeur régulier du cinéaste Walter Hill, le guitariste Ry Cooder est surtout réputé pour sa collaboration avec l'Allemand Wim Wenders pour ce mythique Paris Texas (c’est leur première collaboration avant de se retrouver sur The End Of Violence en 1997, et sur Buena Vista social club en tant qu’initiateur de la formation du groupe cubain).

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Le crossover Split/Incassable est en marche

Posté par cynthia, le 29 avril 2017

Avec son style parfait et si personnel, M. Night Shyamalan, a annoncé une sacrée news sur son twitter il y a trois jours, afin de tuer le suspens qu'il avait lui même amorcé en février, lors de la sortie de Split (lire notre article du 11 février).

Comme on s'y attendait pour ceux qui ont vu Split ([SPOILER] un caméo de Bruce Willis lors de l'épilogue), la suite des aventures du schizophrène, incarné par le talentueux et accessoirement sexy James McAvoy, sera un crossover (mélange) avec l'un des précédents succès de M. Night Shyamalan, Incassable (qui date de 2000). "Ok, c'est parti, j'ai fini mon dernier scénario. Cela m'a pris 17 ans, mais je peux enfin répondre à la question qu'on me pose le plus: 'Vas-tu faire cette putain de suite d'Incassable ou quoi ?'. Mon nouveau film en est donc la suite ET celle de Split. Cela a toujours été mon rêve d'avoir deux films qui se rejoignent en un troisième. Et ce film est intitulé Glass... Universal Pictures le sortira le 18 janvier 2019 partout dans le monde".

Glass réunira Bruce Willis, Samuel L. Jackson, James McAvoy et Anya Taylor Joy.

Est-ce que Bruce Willis va prendre en chasse "La Bête" de Split tout en s'associant au fragile Samuel L. Jackson? Les fans vont devoir patienter longtemps pour connaître la réponse...

Split a rapporté 275M$ dans le monde (1,8M de spectateurs en France). Incassable avait récolté 250M$ lors de sa sortie (3,5M de spectateurs en France).

Cannes 70 : Où est la diversité ?

Posté par cannes70, le 28 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-20. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

Festival de cinéma créé en France et basé en France, le festival de Cannes a souvent récompensé des films français (point sur lequel nous ne reviendrons pas), tout en s'amourachant de films occidentaux traitant de la thématique raciale. On pense à Dheepan de Jacques Audiard, à Divines de Houda Benyamina mais aussi à Loving de Jeff Nichols, pour n'en citer que des récents. Mais cette vitrine du cinéma mondial ne serait-elle pas un peu opaque ?

Calculs visibles

A l'heure où la question de la diversité raciale touche tout le cinéma occidental (on se souvient tous de la polémique #OscarsSoWhite), il ne fait aucun doute que la question sera très prochainement soulevée concernant le Festival de Cannes. Soixante-onze ans après sa création, le plus international des festivals de cinéma semble avoir du mal sinon à se renouveler, au moins à se diversifier ! Ainsi, la première chose qu'on lui reproche fréquemment, c'est son adoration pour certains noms (réalisateurs comme acteurs) qui semblent revenir de manière cyclique, empêchant les petits nouveaux de débarquer par la grande porte.

Par la suite, il y a le problème de ces pays certes non-occidentaux au sens strict, mais appartenant plutôt aux pays dits "du Nord" et qui reviennent chaque année. Parmi eux : le Japon (La Porte de l'enfer, CKagemusha, l'Ombre du guerrier, La Ballade de Narayama, L'Anguille, La Forêt de Mogari), la Turquie (Yol, la permission, Il était une fois en Anatolie, Winter Sleep) ou encore la Chine (Adieu ma concubine, Vivre !). Acteurs récurrents d'une série télévisée qui finirait par ronronner, lesdits pays trustent les sélections et par analogie les palmarès, faisant naître un sentiment de diversité calculée.

Des palmarès visibles

Au sein de la sélection officielle, il est important de constater que le monde entier est représenté (voir notamment notre texte sur l'Afrique à Cannes), mais globalement ce monde est essentiellement occidental, une constatation encore plus forte si l'on s'arrête au palmarès du jury officiel des longs-métrages et que l'on consulte la liste les réalisateurs et comédiens issus des minorités visibles qui remportent les trophées.

Chez les acteurs et actrices, citons les Afro-américains John Kitzmiller pour La Vallée de la paix de France Stiglic (1957) et Forest Whitaker pour Bird de Clint Eastwood (1988), de nombreux Asiatiques dont Ge You pour Vivre ! de Zhang Yimou (1994), Tony Leung Chiu-wai pour In the Mood for Love de Wong Kar-wai (2000), Maggie Cheung pour Clean d'Olivier Assayas (2004), ou encore Jeon Do-yeon pour Secret Sunshine de Lee Chang-dong (2007),  Shahab Hosseini pour Le Client de Asghar Farhadi et Jaclyn Jose pour Ma' Rosa de Brillante Mendoza (2016).

N'oublions pas les Français Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem et Sami Bouajila pour Indigènes de Rachid Bouchareb (2006), ainsi que le Portoricain Benicio del Toro pour Che de Steven Soderbergh (2008). Chez leurs collègues féminines, on retrouve, venues d'Amérique latine, Norma Aleandro pour L'histoire officielle (1985), Fernanda Torres pour Parle-moi d'amour d'Arnaldo Jabor (1986), Sandra Corveloni pour Une famille brésilienne de Walter Salles et Daniela Thomas (2008) ainsi que la Sud-africaine Linda Mvusi pour Un monde à part de Chris Menges en 1988 ex-aequo avec ses partenaires Barbara Hershey et Jodhi May.

Les prix de mise en scène ont notamment honoré Glauber Rocha pour Antonio Das Mortes (1969), Nagisa Oshima pour L'Empire de la passion (1978), Fernando Solanas pour Le Sud (1988), Wong Kar-wai pour Happy Together (1997), Edward Yang pour Yi Yi (2000), Im Kwon-taek pour Ivre de femmes et de peinture (2002), Tony Gatlif pour Exils (2004), Alejandro González Iñárritu pour Babel (2006), Brillante Mendoza pour Kinatay (2009), Carlos Reygadas pour Post Tenebras Lux (2012), Amat Escalante pour Heli (2013) ou Hou Hsiao-hsien pour The Assassin (2015). Les Grands Prix et autres prix du jury sont revenus eux aussi régulièrement à des artistes «non occidentaux».

Ceci n'est pas un coup marketing

Bien que les films portés par des acteurs de couleur et sacrés par les différents jurys ne soient pas majoritaires, tout n'est pas perdu. La nécessité de diversité passe par des jurés issus de tous horizons, ce qui aide, au moins indirectement, à trouver une plus grande variété d'origines parmi les artistes primés. La vraie diversité se trouve au sein du jury, la direction d'un festival étant libre de pouvoir pallier à des manques constatés dans la production mondiale. Ainsi Katayoun Shahabi en 2016, Rokia Troaré et Guillermo del Toro en 2015, Jeon Do-yeon, Gael Garcia Bernal, Leila Hatami et Jia Zhangke en 2014, etc. Les figures incontournables du cinéma mondial répondent tous les ans présents pour délivrer le Graal des Graals, la Palme d'or.

Artistes - car il s'agit avant tout d'art -, ils font des choix avant tout esthétiques et sentimentaux, même si la politique n'est, on l'imagine aisément, jamais totalement absente des délibérations si  secrètes des jurys.

De fait, tous ces artistes et professionnels du 7e art n'ont ainsi eu de cesse de contribuer au rayonnement du festival de Cannes à travers le monde. Et cette année, il y a un acteur qui pourrait bien devenir le MVP dont les organisateurs ne pensaient pas avoir besoin. Relayée par le New York Times, le Daily Mail, Business Insider, le HuffPost et Slate (pour ne citer qu'eux), la présence de Will Smith à Cannes (en tant que membre du jury) est vite devenue un l'événement. Acteur ultra-bankable (il a rapporté 3,2 milliards de dollars au box-office américain), Will Smith c'est aussi cet homme à la cote de popularité indéboulonnable, nommé deux fois aux Oscars, cinq fois aux Golden Globes et qui n'a jamais été à l'affiche d'un film montré sur la Croisette. Un vrai drame lorsque l'on sait qu'il a déjà tourné pour Robert Redford, Michael Mann, Francis Lawrence, Peter Berg et M. Night Shyamalan.

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Le centenaire de Danielle Darrieux

Posté par redaction, le 28 avril 2017

Il y a un mois Dominique Besnehard se plaignait sur France Inter que personne n'avait voulu le suivre pour produire et réaliser un documentaire sur la comédienne Danielle Darrieux.

Pourtant l'occasion aurait été belle puisque le 1er mai prochain, Danielle Darrieux aura 100 ans. Cela en fait l'une des doyennes du cinéma. Aux Etats-Unis, Olivia de Havilland et Kirk Douglas ont célébré leur centenaire l'an dernier. En France, seule Gisèle Casadesus, 102 ans, est plus âgée, etSuzy Delair aura 100 ans à la fin de l'année. Le club est très restreint.

Danielle Darrieux a commencé sa carrière au début des années 1930 pour ne s'arrêter qu'en 2010, tournant pour Billy Wilder, Maurice Tourneur, André Cayatte, Joseph Mankiewicz, Sacha Guitry, Marc Allégret, Henri Verneuil , Claude Chabrol, Jacques Demy, André Téchiné, etc... Le Grand Action à Paris lui rend hommage tout ce week-end, en partenariat avec le Festival International de Films de Femmes de Créteil.

Avec au programme samedi soir à 20h Huit femmes de François Ozon (2001). Dimanche s'enchaîneront Marie-Octobre de Julien Duvivier (1959) à 14h, une conférence sur la carrière de la comédienne à 15h30, Premier Rendez-vous d'Henri Decoin (1941) à 17h, et le mythique Madame de... de Max Ophuls (1953) à 19h30. Lundi, jour férié, on passera de Occupe-toi d'Amélie de Claude Autant-Lara (1949) à 14h, à En haut des marches de Paul Vecchiali (1983) à 16h30, au Jour des Rois de Marie-Claude Treilhou (1991) à 19h.

Toutes les séances commenceront par la projection du court métrage inédit Tournons ensemble, Mademoiselle Darrieux, réalisé par Emmanuel Vernières (2016). Ce dernier ajoute que l'actrice "se porte bien et continue à boire son petit whisky tous les soirs."

Et aussi...

Par ailleurs, Hors Collection a sorti cette semaine Danielle Darrieux, une femme moderne, biographie signée de Clara Laurent. Bonus: la 4e de couverture est un témoignage concis de Catherine Deneuve: "Je lui ai toujours trouvé une grâce infinie, une légèreté inquiète et cette voix de pleins et de déliés si particulière (...) Ne jamais peser, laisser souvent une interrogation, un dote dans son phrasé, le charme absolu."
En juillet paraîtra Madame de..., réflexions sur le film de Max Ophuls et sur l'évolution de la critique du personnage de Danielle Darrieux, de sa sortie jusqu'à aujourd'hui, par Dominique Delouche.

Enfin, un colloque est organisé à l’université Bordeaux Montaigne du 3 au 5 mai et la cinémathèque de Toulouse lui rendra hommage en novembre.

Cannes 70 : 70 films cannois à voir pour réussir sa vie de cinéphile

Posté par cannes70, le 27 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-21. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

Nos deux rédacteurs Pascal Le Duff de Critique-film et Marie-Pauline Mollaret d'Ecran Noir se sont lancés le défi de déterminer les 70 films cannois à voir au moins une fois dans sa vie de cinéphile (oui, on s'ennuie parfois à la rédaction, à croire que cette série ne nous occupe assez).

Règles du jeu : un film par édition (1946-1979 pour pLd, 1980-2016 pour MpM), une phrase par film. Ne pas tenir compte du Palmarès. Revendiquer la plus parfaite subjectivité.
Quitte à citer cinq fois le même réalisateur ou à faire l'impasse sur des chefs d'oeuvre "officiels".
Et ne jamais oublier que les règles sont faites pour être transgressées.

NDLR : vous constaterez que les deux rédacteurs (épuisés par ce dossier cannois ?) souffrent de graves troubles obsessionnels, tant en termes d'auteurs que de thématiques. A défaut de les excuser, vous pouvez nous envoyer vos propres contributions.

1946 La Belle et la Bête de Jean Cocteau
Un des films les plus magiques de l'Histoire du cinéma… L'union de deux belles âmes, deux solitudes, filmée par le poète-cinéaste Jean Cocteau avec des plans indélébiles de transformation. La flèche qui atteint le coeur de la Bête atteint aussi le nôtre...

1947 Antoine et Antoinette de Jacques Becker
Ce couple vivant modestement, joliment amoureux, est bouleversé par un billet de loterie gagnant. Cette dramédie romantique au charme délicat est l'une des quelques réussites de Jacques Becker, avec une mise en scène aussi enlevée que cette jeunesse bouillonnante.

1949 Rendez-vous de juillet de Jacques Becker
Oserais-je enchaîner avec déjà un autre film du même réalisateur ? Et bien, oui, j'ose avec ce portrait choral enjoué mais lucide sur une jeunesse parisienne qui tente tant bien que mal d'embrasser la vie à pleine dents (au risque d'être maladroit et/ou cruel avec l'objet de son affection) malgré la mémoire bien fraîche des douleurs de la Seconde Guerre Mondiale.

1951 Les Contes d'Hoffmann de Michael Powell et Emeric Pressburger
Leur adaptation d'un opéra d'Offenbach démontre un art certain de la créativité expressionniste. Les décors stylisés et les effets de surimpressions accompagnent le vertige d'un jeune homme tourmenté qui transforme chaque dépit amoureux en geste créatif, aux dépends de la réussite de ses romances qu'il rêve passionnées.

1952 Un Américain à Paris de Vincente Minnelli
Cette comédie musicale est un enchantement de tous les instants. La délicieuse Leslie Caron est séduite par l'aérien Gene Kelly. Il ne chante pas sous la pluie ici mais danse légèrement au-dessus du sol sur la musique de George Gershwin qui accompagne le créatif ballet final avec tableaux de grands maîtres français revisités.

1953 Le soleil brille pour tout le monde de John Ford
La force de caractère d'un juge débonnaire mais déterminé se révèle notamment lorsqu'il accompagne le corbillard d’une prostituée. Le voyant mener le cortège, les habitants le rejoignent, son action ayant des conséquences bénéfiques directes, le bien appelant le bien, le courage d’un groupe naissant souvent de celui du premier homme qui réagira face à l’injustice.

1954 Tant qu'il y aura des hommes de Fred Zinnemann
Un film à voir pour une scène, une seule presque. Burt Lancaster. Deborah Kerr. Une plage. Des vagues. Enlacés. Humides. Et le reste du film, qui s'en souvient ? Est-ce si grave de l'avoir oublié ?

1955 Du rififi chez les hommes de Jules Dassin
Le clou du film est un casse prodigieux, orchestré avec minutie, dans un silence complet pendant plus de 30 minutes. Brian de Palma, entre autres, s'en souviendra pour Mission Impossible mais personne n'égalera un tel morceau de bravoure.

1956 Vivre dans la peur d'Akira Kurosawa
Toshiro Mifune, alors force de la nature de 35 ans, est grimé en vieillard fatigué, angoissé à l'idée d'être victime de la bombe atomique avec sa famille. Il sombre dans une folie qui n'est pas sans annoncer celle de Michael Shannon dans Take Shelter. Cinglé ou visionnaire ?

1957 Le Septième Sceau d'Ingmar Bergman
Le chevalier Max Von Sydow tente de repousser une échéance inéluctable. Un jeu d'échecs entre la Mort et sa proie comme métaphore sur le sens de la vie et de la mort, se concluant sur une danse macabre se découpant devant des nuages gris sous le regard de baladins philosophes.

1958 Mon oncle de Jacques Tati
Pour le non sens burlesque de monsieur Hulot, son humour pince sans rires, les gags de Pierre Etaix, les déplacements des personnages dans des espaces aux géométries exagérément alambiquées et une maison qui a des yeux bien trop curieux pour être honnêtes…

1959 Les Quatre Cents Coups de François Truffaut
Ne citons qu'un plan : celui de la course folle finale d'Antoine Doinel sur la plage qui se termine par un plan sur son visage. La naissance d'un cinéaste ; la révélation d'un acteur, Jean-Pierre Léaud qui, l'an dernier, accompagnait la mort d'un roi, Louis XIV dans un effet miroir troublant.

1960 Le Trou de Jacques Becker
Et oui, Becker encore, mais dans un autre registre ! La réplique de conclusion «Pauvre Gaspard» est concise, nette, percutante, indélébile, lorsqu’elle pénètre dans les oreilles de son destinataire. Le trou du titre n’est pas tant celui creusé par ses frères de cellule pour s'évader que celui d’une culpabilité sans fin.

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Cannes 2017 : la sélection officielle s’enrichit de Ruben Östlund, Roman Polanski, Barbet Schroeder et quelques autres

Posté par MpM, le 27 avril 2017

Cela avait été annoncé lors de  la Conférence de presse du 13 avril, plusieurs films rejoignent la Sélection officielle du 70e Festival de Cannes.

Il s'agit d'un film  en compétition (The Square du Suédois Ruben Östlund), un film hors compétition (D’après une histoire vraie de Roman Polanski, d'après le roman éponyme de Delphine de Vigan), deux films à Un Certain Regard (dont celui de Santiago Mitre, révélé à la Semaine de la Critique en 2015), deux séances spéciales (consacrées à Barbet Schroeder et Eric Caravaca), et une séance pour enfants, le très attendu long métrage d'animation Zombillénium d'Arthur de Pins et Alexis Ducord qui fera également l'ouverture du Festival d'Annecy au mois de juin.

Le Festival annonce par ailleurs plusieurs événements liés aux célébrations de la 70e édition dont une séance hommage à André Téchiné avec la projection de son nouveau film, Nos années folles, et un événement ciné-concert de Tony Gatlif avec projection de Djam au Cinéma de la Plage.

En résumé, plusieurs films français et européens, un sud-américain et un chinois.

Les ajouts

Compétition
The Square de Ruben Östlund

Hors Compétition
D’après une histoire vraie de Roman Polanski

Un Certain Regard
La Cordillera de Santiago Mitre
Walking Past the Future de Li Ruijun

Séances spéciales
Le Vénérable W. de Barbet Schroeder
Carré 35 d’Eric Caravaca

Séance enfants
Zombillénium d'Arthur de Pins et Alexis Ducord

Edito : Netflix, nouveau roi du mème ?

Posté par wyzman, le 27 avril 2017

"Croix de bois, croix de fer, si je spoile je vais en enfer" C'est avec ce message cocasse que le service de streaming Netflix s'est récemment adressé à ses 211 000 followers francophones sur son compte Twitter. Le message a depuis été partagé plus de 13 000 fois et résume pleinement l'intertextualité et l'intermédialité dont le géant américain raffole.

En disposant de deux films présents au prochain festival de Cannes (la production Okja et l'achat The Meyerowitz Stories), Netflix continue de faire enrager ceux qui le pensent responsable de la mort du cinéma, car il s'avère plus redoutable que jamais. Déjà auteur de Beasts of No Nation, Barry et 13th, le roi du streaming risque de continuer à faire des jaloux pendant un long moment. Notamment parce que de manière on ne peut plus rapide, il est parvenu à entrer dans la pop culture et à développer sa propre culture !

Désormais connu de tous et craint par beaucoup, Netflix a parfaitement intégré les codes propres aux séries, les sujets porteurs et les acteurs qui marchent. L'entreprise sait comment rendre ses abonnés accro, en intéresser de nouveaux et faire revenir les déçus. Et cela s'est encore vu ce mois-ci, lorsque l'entreprise américaine a dégainé 13 Reasons Why, série dramatique dans laquelle une lycéenne explique sur 13 cassettes les raisons qui l'ont poussée à se suicider. En lien direct avec le film One Kiss (en salles aujourd'hui), 13 Reasons Why a donné naissance au mème (un phénomène viral souvent exprimé grâce à un montage photo) "Welcome to your tape", sorte de cri d'agonie impliquant l'envie de se suicider.

Et l'implication de Netflix dans la création de mèmes ne risque pas de diminuer dans les jours qui viennent puisque le service a désormais atteint son rythme de croisière en termes de séries. Ainsi, en plus de proposer depuis peu Chewing Gum et la sitcom féministe Girlboss, Netflix dévoilera ce vendredi l'adaptation du film Dear White People (déjà perçue comme faisant l'apologie du racisme anti-blanc) et les nouvelles saisons de l’ode à la diversité Sense 8 (le 5 mai), le bébé de tous les nouveaux nerds Master of None (le 12 mai), la meilleure série comique du moment Unbreakable Kimmy Schmidt (le 19 mai), la géniale Bloodline (le 26 mai) et la cruelle House of Cards (le 30 mai).

Passé l'apogée du GIF, il va sans dire que Netflix a parfaitement pensé sa stratégie de communication et devrait désormais asseoir sa position de roi du mème. Plus pratique en termes de partage et plus facilement imprégné par son audience, le mème devrait connaître ses lettres de noblesse dans les semaines qui viennent. Vous ne direz pas que l'on ne vous avait pas prévenus !

Annecy 2017 : un renard, des zombies, Mazinger Z et la Chine à l’honneur

Posté par MpM, le 27 avril 2017

Le Festival International du Film d'Animation d'Annecy se déroulera du 12 au 17 juin. La grande fête annuelle du cinéma d'animation proposera 217 films issus de 49 pays répartis dans les différentes compétitions ainsi que de nombreuses séances spéciales et rétrospectives.

Dix longs métrages (dont Zombillénium d'Arthur de Pins et Alexis Ducord, le très attendu film d'ouverture) concourront pour le cristal d'or 2017 et plusieurs séances événements permettront de découvrir en avant-première les troisièmes volets de Moi, moche et méchant et de Cars ainsi que Le grand méchant renard et autres contes de Benjamin Renner et Patrick Imbert.

Plusieurs compétitions mettent en lumière les courts métrages, films de fin d'étude, films de télévision et films de commande. On signale entre autres la présence du très attendu Tesla, lumière mondiale de Matthew Rankin (également sélectionné à la Semaine de la Critique), de Min börda de Niki Lindroth von Bahr (sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs) ou encore de Pépé le morse de Lucrèce Andreae (en course pour la Palme d'or du court métrage à Cannes).

Le pays à l'honneur sera cette année la Chine, qui connaît une grande tradition de cinéma d’animation. Sera notamment projeté le premier long métrage chinois d'animation, La Princesse à l’éventail de fer des frères Wan (1941). On retrouve également en compétition le grand succès du box-office chinois Big fish & Begonia de Liang Xuan and Zhang Chun et Have a nice day de Jian Liu, découvert à Berlin en février dernier. Plusieurs courts métrages chinois sont également répartis dans les autres programmes.

C'est le cinéaste suisse Georges Schwizgebel (Le Sujet du tableau, L’Homme sans ombre, Chemin faisant) qui recevra le cristal d’honneur. De nombreuses rencontres sont par ailleurs prévues. Les festivaliers pourront ainsi assister à une leçon de cinéma sur "l'art de raconter, de la BD à l'animé" avec Lewis Trondheim, Guy Delisle et Arthur de Pins, rencontrer Go Nagai, le mangaka créateur notamment de Goldorak et Mazinger Z ou encore échanger avec Glen Keane, créateur de nombreux personnages Disney comme Ariel ou Tarzan.

La réalité virtuelle sera elle-aussi bien présente à Annecy avec dix projets inédits (courts et clips) proposés au public tandis que les nuits s'annoncent plutôt chaudes avec les "midnights special" ("courts mais trash !!!") et la programmation érotique. En résumé, c'est un panorama presque exhaustif des capacités et des prouesses du cinéma d'animation contemporain qui se profile cette année encore à Annecy, venant prouver s'il en était encore besoin que l'audace, l'inventivité et l'intelligence ne dépendent jamais du support.

Compétition longs métrages

DANS UN RECOIN DE CE MONDE de Sunao KATABUCHI (Japon)
ETHEL AND ERNEST de Roger MAINWOOD (Royaume-Uni)
BIG FISH & BEGONIA de Xuan LIANG (Tidus), Chun ZHANG (Breath) (Chine)
LA PASSION VAN GOGH de Dorota KOBIELA, Hugh WELCHMAN (Pologne, Royaume-Uni)
A SILENT VOICE de Naoko YAMADA (Japon)
LOU ET L’ÎLE AUX SIRÈNES de Masaaki YUASA (Japon)
ZOMBILLÉNIUM d'Arthur DE PINS, Alexis DUCORD, (Belgique, France)
ANIMAL CRACKERS de Tony BANCROFT, Scott Christian SAVA, Jaime MAESTRO (États-Unis)
HAVE A NICE DAY de Jian LIU (Chine)
TÉHÉRAN TABOU d'Ali SOOZANDEH (Allemagne)

Longs métrages Hors compétition

ANA Y BRUNO de Carlos CARRERA (Mexique)
LITTLE HEROES de Juan Pablo BUSCARINI (Venezuela)
1917 – THE REAL OCTOBER de Katrin ROTHE (Allemagne)
THE MAN WHO KNEW 75 LANGUAGES d' Anne MAGNUSSEN, Pawel DEBSKI (Norvège)
TEA PETS de Gary WANG (Chine)
LOST IN THE MOONLIGHT de Hyun-joo KIM (Corée du Sud)
RICHARD THE STORK de Reza MEMARI, Toby GENKEL (Allemagne, Belgique, Luxembourg, Norvège)
IN THE FOREST OF HUCKYBUCKY de Rasmus A. SIVERTSEN (Norvège)
HIRUNE HIME – RÊVES ÉVEILLÉS de Kenji KAMIYAMA (Japon)
RUDOLPH THE BLACK CAT de Kunihiko YUYAMA, Motonori SAKAKIBARA (Japon)
I’LL JUST LIVE IN BANDO de Yong Sun LEE (Corée du Sud)
DEEP de Julio SOTO (Espagne)
TAD, THE LOST EXPLORER, AND THE SECRET OF KING MIDAS d'Enrique GATO BORREGÁN, David ALONSO (Espagne)

Cannes 70 : les découvertes de la critique

Posté par cannes70, le 26 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-22. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .


Les critiques de cinéma passant leur temps, à Cannes comme ailleurs, à remettre en cause les films vus et les sélections proposées, il était assez logique qu'on finisse par leur dire de parler moins et d'agir plus, en gros de proposer leur propre programmation et d'arrêter d'embêter le monde.

Pourtant, on doit malheureusement à la vérité historique d'avouer que les choses ne se sont pas tout à fait passées ainsi. Si les critiques ont aujourd'hui leur propre section compétitive (La Semaine de la Critique), c'est certes à l'initiative du Délégué général du Festival officiel Robert Fabre le Bret, mais dans l'optique plus positive d'apporter à Cannes un cinéma innovant et sortant des sentiers battus.

En effet, en 1961, l'Association française de la Critique de cinéma (l'ancien nom du Syndicat de la critique) organise la projection, pendant le festival, du film indépendant The Connection de Shirley Clarke. C'est un événement dans le Landernau cannois habitué aux productions plus traditionnelles, et c'est un véritable succès, qui conduit le Festival et le CNC à renouveler l'expérience. L'association se voit alors confier une salle (la salle Jean Cocteau) avec la charge de la programmer pendant toute une semaine du festival 1962. C'est la critique et cinéaste Nelly Kaplan qui trouve le nom : Semaine de la Critique.

Cette année-là, sous la présidence de Georges Sadoul, sont ainsi montrés dix longs métrages : Les Oliviers de la justice de James Blue (Algérie/France), Tre veces Ana de David José Kohon (Argentine), Alias Gardelito de Lautaro Murúa (Argentine), Strangers in the City de Rick Carrier (Etats-Unis), Adieu Philippine de Jacques Rozier (France), I Nuovi angeli d’Ugo Gregoretti (Italie), Mauvais garçons de Susumu Hani (Japon), La Toussaint de Tadeusz Konwicki (Pologne), Football de R.Drew, R.Leacock et J.Lipscomb (Etats-Unis) et Les Inconnus de la terre de Mario Ruspoli (France)

Il faudra attendre 1988 pour que le court métrage fasse son apparition à la Semaine, puis l'an 2000 pour que les séances spéciales viennent enrichir la compétition. L'objectif est toujours le même : révéler de jeunes cinéastes venus du monde entier et donner du cinéma une vision élargie englobant tous les nouveaux courants et styles en devenir. C'est pourquoi la plus ancienne section parallèle du Festival de Cannes ne montre-t-elle que des premiers et deuxièmes films, systématiquement sélectionnés par des comités composés de critiques qui sont renouvelés à intervalles réguliers. Toutes les tendances, tous les regards sont ainsi conviés à tour de rôle, lui permettant de s'enorgueillir de la découverte d'un nombre important de cinéastes de premier plan et d'une dizaine de Caméras d'or obtenues.

Parmi les cinéastes « passés » par la Semaine à ses débuts, citons Bo Widerberg (Le péché suédois en 1963, il deviendra ensuite un habitué de la compétition officielle), Chris Marker (Le joli mai en 1963, avec Pierre Lhomme), Bernardo Bertolucci (Prima della rivulozione en 1964), Jerzy Skolimowski (Walkover en 1965), Jean Eustache (Le père Noël a les yeux bleus en 1966), Jean-Marie Straub (Nicht versöhnt en 1966), Philippe Garrel (Marie pour mémoire en 1968) ou encore Barbet Schroeder (More en 1969). On sent poindre un jeune cinéma d'auteur, plus libre et clairement moins académique que la sélection officielle de l'époque, et qui annonce les grands cinéastes des années (voire des décennies) à venir.

Dans les années 70, la tendance se confirme avec Ken Loach en 1970 (Kes), Victor Erice en 1974 (El Espíritu de la colmena), Benoît Jacquot en 1975 (L’Assassin musicien), Alexei Guerman en 1977 (Vingt jours sans guerre)... Mais la Semaine montre aussi des œuvres engagées, emblématiques de leur époque, voire provocatrices : Trash de Paul Morrissey en 1971, Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier et Fritz the Cat de Ralph Bakshi en 72, Mourir à trente ans de Romain Goupil en 82...

Elle ne passe à côté ni de l'énergie poétique de Leos Carax (Boy Meets girl en 1984), ni de l'audace stylistique de Wong Kar-wai (As Tears Go By en 1989), ni du décalage noir et hilarant de C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde  en 1992. Elle repère aussi Amos Gitaï (Esther en 1986), Arnaud Desplechin (La vie des morts en 1991), Guillermo del Toro (Cronos en 1993), Alejandro González Iñárritu (Amours chiennes en 2000)... Plus près de nous, c'est une avalanche de paris réussis et de découvertes prometteuses confirmées. Citons seulement Fabrice du Welz (Calvaire en 2004), Rebecca Zlotowski (Belle épine en 2010), Jeff Nichols (Take shelter en 2011) ou encore Clément Cogitore (Ni le ciel ni la terre en 2015).

La Semaine reste ainsi le lieu des premières fois, et la création de la compétition courts métrages en 1988 vient renforcer son image de tête chercheuse du cinéma mondial. Via le format court, elle révèle par exemple Tran-Anh Hung (La Femme mariée de Nam Xuong, 1989), Gurinder Chadha (A Nice Arrangement, 1991), Andrea Arnold (Milk, 1998), Delphine Gleize (Les méduses, 2000), Denis Villeneuve (Next Floor, 2008), Marie Amachoukeli et Claire Burger (C’est gratuit pour les filles, 2009), Nicolas Pariser (Agit pop, 2013)... Elle a aussi fait la part belle au cinéma d'animation avec des œuvres qui ont fait date comme Ryan de Chris Landreth (2004) et L'homme sans ombre de Georges Schwizgebel (2004) ou encore Eat de Bill Plympton (2001) et Vasco de Sébastien Laudenbach (2010).

Sa programmation est un savant mélange d'audace et de reconnaissance, de paris et de suivis. Il arrive ainsi régulièrement que de jeunes cinéastes découverts avec leur court métrage reviennent avec leur premier long avant d'aller voler de leurs propres ailes dans d'autres sections cannoises, et sur les écrans des festivals du monde entier. Ce fut le cas de François Ozon sélectionné en 1996 avec le court Une robe d'été puis en 1998 avec le long Sitcom), de Gaspar Noé (Carne en 91, Seul contre tous en 98), de Justin Kurzel (Blue Tongue en 2005 puis Snowtown en 2011), de Jonas Carpignano (A Ciambra en 2014, Mediterranea en 2015) et bien sûr de Julia Ducournau, sensation de Cannes 2016 avec Grave, précédemment révélée avec Junior (2011).

C'est à la fois un peu cruel (car passé le deuxième film, ces talents que la Semaine a parfois été la première à reconnaître lui échappent) et d'une grande force, car il est ici plus question de transmission que d'ego. Quand Marie Amachoukeli et Claire Burger reçoivent la caméra d'or en section Un Certain regard (Party girl en 2014) ou quand Jeff Nichols est invité en compétition officielle (Mud en 2012, Loving en 2016), pour citer des exemples récents, c'est une satisfaction supplémentaire pour les équipes de la Semaine, soucieuses de voir leurs "poulains" "transformer l'essai" et confirmer leur potentiel.

Voilà sûrement pourquoi les cinéphiles les plus curieux et avides de découvertes suivent de près sa programmation, qui donne chaque année un aperçu des tendances de la jeune création cinématographique et des préoccupations (thématiques comme stylistiques) du moment. On s'y rend aussi dans l'idée de se ressourcer quand il semble que le cinéma tourne en rond ou que les "grands auteurs" n'ont plus rien de neuf à dire.

Enfin, depuis trois  ans, la Semaine de la Critique va au-delà du simple travail de découverte et de programmation en s'impliquant activement dans l'accompagnement de projets de premiers longs métrages. Le programme Next step permet ainsi aux réalisateurs des courts métrages sélectionnés pendant Cannes de suivre un atelier d'une semaine lorsqu'ils passent au long. Ils ont notamment l'occasion de discuter de leur projet avec des professionnels, d'échanger sur leur scénario et de se familiariser avec la réalité du monde du cinéma.

On ne peut jamais être sûr du tour que prendra la carrière d'un réalisateur, surtout lorsqu'il débute, et la Semaine a eu comme les autres sections l'occasion de s'en apercevoir, mais on peut en revanche mettre toutes les chances de son côté en lui donnant l'opportunité de poser les premiers jalons. A suivre, donc, car les longs métrages de la première promotion de Next Step commencent seulement à arriver. L'un d'eux n'est autre que... A ciambra de Jonas Carpignano, que l'on a déjà mentionné, et qui aura en mai prochain les honneurs de la Quinzaine des réalisateurs. On a connu pire destin.

Marie-Pauline Mollaret pour Ecran Noir