Le 70e Festival de Cannes choisit Pedro Almodóvar comme Président du jury

Posté par vincy, le 31 janvier 2017

pedro almodovar

Le cinéaste, scénariste et producteur espagnol Pedro Almodovar, emblème de la renaissance du cinéma de son pays, depuis la fin des années 1970, sera président du jury du 70e Festival de Cannes (17-28 mai 2017), 25 ans après avoir été "simple" membre du jury.

C'est évidemment un habitué de la Croisette, même s'il a fallu attendre 1999 pour e voir monter les marches avec un de ses films. Tout sur ma mère (Prix de la Mise en scène), Volver (Prix du Scénario et Prix collectif d’Interprétation féminine), Étreintes brisées, La Piel que Habito et Julieta l'an dernier ont été sélectionnés en Compétition. La Mauvaise Éducation a fait l’ouverture du Festival en 2004 tandis que le réalisateur avait figuré sur l’affiche officielle de la 60e édition.

"J'ai le trac!"

Pedro Almodovar s'est déclaré "très heureux de fêter le 70e anniversaire du Festival du Film de Cannes dans cette fonction si privilégiée." "Je suis reconnaissant et honoré et j’ai le trac ! Être Président du Jury est une lourde responsabilité et j’espère être à la hauteur des circonstances. Je peux vous dire que je vais me dévouer corps et âme à cette tâche, qui est à la fois un plaisir et un privilège" précise-t-il.

Avec vingt longs métrages à son actif, Almodovar, l'Homme de La Mancha, a accompagné la "movida", ce mouvement artistique post-dictature qui a réveillé l'Espagne. Du Polar au mélo en passant par la comédie et le fantastique, son cinéma a puisé dans les grands films noirs comme dans les récits passionnels, en trouvant sa cohérence à travers une direction artistique identifiable dès la première image. "La passion, la filiation, le destin, la culpabilité ou les secrets enfouis" sont ses thèmes de prédilection indique le communiqué

"Un artiste unique qui jouit d’une immense popularité"

"Pour sa 70e édition, le Festival de Cannes est heureux d’accueillir un artiste unique qui jouit d’une immense popularité. Son œuvre s’est déjà inscrite pour toujours dans l’histoire du cinéma. Une longue fidélité unit Pedro Almodóvar au Festival, dont il a été membre du Jury en 1992 sous la présidence de Gérard Depardieu", déclarent Pierre Lescure, Président du Festival, et Thierry Frémaux, Délégué général.

Pedro Almodovar a été récompensé dans le monde entier. Femmes au bord de la crise de nerfs a reçu le Prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise, le Goya du meilleur film et du meilleur scénario original; Talons aiguilles a obtenu le César du meilleur film étranger ; le cinéaste a été distingué par un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière en 1999; la même année, avec Tout sur ma mère, il est sacré aux Oscars et aux Golden Globes (meilleure film en langue étrangère), et se voit décerné un deuxième César du meilleur film étranger, en plus des Goya du meilleur film et du meilleur réalisateur; en 2003, Parle avec elle est oscarisé pour son scénario, et primé par un Golden Globe du meilleur film étranger et un César du meilleur film de l'Union européenne ; avec Volver en 2007, il réalise de nouveau le doublé Goya du meilleur film et du meilleur réalisateur ; en fin en 2013, il reçoit le Prix du cinéma européen et en 2014 le Prix Lumière du Festival de Lyon.

"À travers la présence de ce cinéphile passionné qui ne cesse de célébrer les pouvoirs magiques du cinéma et de rendre hommage aux maîtres Sirk, Franju, Hitchcock ou Buñuel, le Festival de Cannes fête un grand auteur international et une Espagne moderne et libre" explique le Festival.

« Elle » décroche trois Prix Lumières 2017

Posté par vincy, le 30 janvier 2017

La 22ème cérémonie des Lumières de la presse internationale a eu lieu lundi soir au même moment que la soirée du Syndicat français de la critique cinéma. En soi, c'est une drôle d'idée. Imagine-t-on, les Golden Globes en même temps que la soirée du National Board of Review?
En tout cas, les deux cérémonies se sont accordées à choisir Elle comme meilleur film français de l'année.
L'unanimité autour de ce thriller sadomasochiste présenté à Cannes en compétition l'an dernier pourrait conduire à un grand chelem avec les César, où il est nommé 11 fois.

Elle a donc été couronné le titre suprême mais aussi le prix du meilleur réalisateur pour Paul Verhoeven et le prix de la meilleure actrice pour Isabelle Huppert.

Trois autres films ont été à la fête lors de la soirée. Ma Vie de Courgette de Claude Barras a remporté logiquement le prix du meilleur film d'animation, mais il a également été couronné pour le scénario de Céline Sciamma. La mort de Louis XIV repart avec le prix du meilleur acteur pour Jean-Pierre Léaud et le prix de la meilleure image pour Jonathan Ricquebourg. Enfin, Divines a aussi été doublement récompensé avec le prix du premier film et le prix de la Révélation féminine pour ses deux actrices Oulaya Amamra et Déborah Lukumuena.

Damien Bonnard a, de son côté, été distingué comme meilleure révélation masculine pour son rôle dans Rester vertical. Le film tunisien de Mohamed Ben Attia, Hedi, un vent de liberté, a reçu le prix du meilleur film francophone tandis que celui du meilleur documentaire est revenu Voyage à travers le cinéma français de Bertrand Tavernier. Enfin c'est Ibrahim Maalouf qui a gagné le prix de la musique pour Dans les forêts de Sibérie.

Deux hommages ont été rendus: à Marion Cotillard et à Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes. Il y avait bien un air cannois qui soufflait à Paris puisque six des huit films récompensés lundi 30 janvier étaient sur la Croisette en mai.

Festival de Gérardmer 2017: il est temps de se dire au revoir

Posté par cynthia, le 30 janvier 2017

Le Festival de Gérardmer touche à sa fin pour nous avec le blockbuster Underworld: Blood Wars d'Anna Foerster et nous avons peur du navet...

« Muslim Ban »: Asghar Farhadi boycotte les Oscars, Hollywood se révolte contre Trump

Posté par redaction, le 30 janvier 2017

Donald Trump a décidé par décret de bloquer l’accès aux Etats-Unis de ressortissants de sept pays musulmans et de réfugiés (Iran, Irak, Yémen, Somalie, Soudan, Libye et Syrie).

Il ne se doutait sans doute pas qu'il allait avoir des juges (qui ont suspendu le décret temporairement), des avocats et même Hollywood contre lui. Tout a commencé avec l'actrice iranienne Taraneh Alidousti, vedette féminine du film d'Asghar Farhadi, Le client, nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. La comédienne a annoncé dès le jeudi 26 janvier qu'elle boycotterait la cérémonie pour protester contre le projet de décret «raciste» du président américain concernant les immigrants musulmans. Elle l'a fait directement sur Twitter: "L'interdiction de visa portée par Trump contre les Iraniens est raciste. Qu'elle s'applique ou non à un événement culturel, je n'assisterai pas aux #AcademyAwards 2017 en signe de protestation".

Dimanche 29 janvier, c'est le réalisateur lui-même Asghar Farhadi, Oscar du meilleur film en langue étrangère et nommé à l'Oscar du meilleur scénario pour Une séparation, qui a finalement renoncé à faire le voyage à Los Angeles pour la cérémonie des Oscars le 26 février. Les agences de presse iraniennes étaient visiblement heureuses que le cinéaste s'oppose à l'administration Trump - pour l'Iran, ce décret est "un cadeau pour les extrémistes" et le pays a annoncé qu'il allait appliquer la réciprocité et interdire l'entrée des ressortissants américains.

"Pas acceptable"

Initialement le réalisateur devait venir aux Oscars, accompagné de son chef opérateur. Le communiqué d'Ashgar Farhadi a gelé sa décision qu'il justifie ainsi: "Mon intention n’était pas de ne pas assister à la cérémonie ou de la boycotter pour montrer mes objections (aux politiques de Trump), car je sais que beaucoup de gens dans l’industrie américaine du cinéma et au sein de l’Académie des arts et sciences du cinéma sont opposés au fanatisme et à l’extrémisme qui règnent plus que jamais aujourd’hui. Mais il semble maintenant que la possibilité même de ma présence soit soumise à des “si” et des “mais” et ce n’est pas acceptable pour moi, même si l’on venait à faire exception pour mon voyage."

Il ajoute une tonalité engagée, plus surprenante quand on connait son discours plutôt consensuel et rarement polémique sur les sujets politiques. "Durant des années, des deux côtés de l’océan, des groupes de gens adeptes d’une ligne dure ont essayé de présenter à leur peuple des images irréalistes et effrayantes des gens d’autres cultures afin que les différences deviennent des désaccords, les désaccords des inimitiés et les inimitiés des peurs. Instiller la peur de l’autre est un des moyens préférés pour justifier des comportements extrémistes et fanatiques par des gens étroits d’esprit." Notons qu'il reprend là l'élément de langage du pouvoir iranien (qui, rappelons-le, n'a pas vraiment de leçons à donner concernant la liberté d'expression et l'ouverture au monde).

"Muslim Ban" et bouclier de protestations

A Hollywood aussi on s'offusque de ce décret. Les stars tweetent leur colère et leur choc. L'Académie des Oscars a officiellement protesté, "extrêmement troublée qu'on puisse barrer l'entrée du pays à cause de la religion ou du pays d'origine". Au festival de Sundance lors de la cérémonie du palmarès et à la soirée des Producers Guild Awards, toutes deux samedi soir, ou à la remise des prix des Screen Actors Guild Awards hier soir, les artistes n'ont pas eu leur langue dans la poche. Lily Tomlin a même comparé les tactiques de Trump à celles des Nazis.
Le "Muslim Ban" devrait être dans toutes les têtes (et quelques vannes) aux prochains Oscars. Aux SAG Awards, John Legend, producteur de La La Land, acteur, auteur et chanteur, a rappelé que "Los Angeles est le foyer de tellement d'immigrants, de tellement de personnes créatives, de tellement de rêveurs. Notre Amérique est grande, elle est libre et elle est ouverte aux rêveurs de toutes les races, de tous les pays, de toutes les religions. Notre vision de l'Amérique est directement antithétique de celle du président Trump. Je veux spécifiquement rejeter ce soir sa vision et affirmer que l'Amérique doit être meilleure que ça."

Le réalisateur Michael Moore s'est lui excusé au nom des "dizaines de millions d'Américains".

Festival de Gérardmer 2017: Jour 3 dans la peau d’un clown

Posté par cynthia, le 29 janvier 2017

Après avoir souffert devant Orgueil et Préjugés et Zombies et avoir fait demi-tour devant un film d'horreur sur les clowns, on s'est fait maquiller par la talentueuse Make Up Forever Académie... en clown !

Sundance 2017: un palmarès sans favoris réels

Posté par vincy, le 29 janvier 2017

Le Festival de Sundance a livré son palmarès annuel. Dans chacune des quatre catégories, le Grand prix du jury est différent du prix du public, ce qui ne permet pas, contrairement aux récentes éditions, de distinguer de favoris. Lors de la cérémonie où Donald Trump et ses décisions étaient omniprésentes dans les esprits et les discours, le festival de Sundance a laissé la part belle aux femmes et aux minorités.

Le premier film de l'acteur Macon Blair (Blue Ruin, Green Room, Gold), I don’t feel at home in this world anymore, a remporté le prestigieux et convoité Grand prix du jury en fiction américaine. Le thriller roller coaster et saignant avec Melanie Lynskey en femme dépressive qui veut se venger de ses cambrioleurs a conquis le jury. Mais le public a préféré le film de Matt Ruskin (producteur de Infiltrator), Crown Heights, inspiré de l'histoire vraie de Colin Warner, qui s'est battu contre la Justice durant 20 ans alors qu'il a été injustement condamné à mort.

Côté fiction internationale, le jury a opté pour The Nile Hilton Incident, un polar égyptien de Tarik Saleh (Metropia), entre film noir et drame social, qui se déroule juste avant la révolution de 2011. Le public a choisi I Dream in Another Language, quatrième long du mexicain Ernesto Contreras (Paupières bleues avait été présenté à la Semaine de la critique à Cannes en 2007). Dans ce thriller onirique, un linguiste part à la recherche d'une langue disparue.

Par ailleurs, des films en compétition et hors compétition ont fait l'événement, et on en parlera certainement dans les autres grands festivals, à l'instar de The Big Sick de Kumail Nanjiani, Call Me By Your Name de Timothee Chalamet, Novitiate de Margaret Qualley, primée comme nouveau talent dans la réalisation, Roxanne Roxanne de Michael Larnell, récompensé pour son actrice Chanté Adams en tant qu'espoir, Brigsby Bear, de Kevin Costello et Kyle Mooney, et avec Claire Danes, Mark Hamill, et Greg Kinnear, Thoroughbred de Cory Finley, Ingrid Goes West de Matt Spicer (prix du scénario) ou encore To the Bone de Alex Sharp.

Compétition fiction américaine
Grand Prix du Jury: I don’t feel at home in this world anymore
Prix du public: Crown Heights
Prix de la mise en scène: Eliza Hittman pour Beach Rats
Prix du scénario: Matt Spicer and David Branson Smith pour Ingrid Goes West
Prix spécial du jury de révélation: Chanté Adams pour Roxanne Roxanne
Prix spécial du jury du nouveau talent (réalisation d'un premier film): Maggie Betts pour Novitiate
Prix spécial du jury pour l'image: Daniel Landin pour Yellow Birds

Compétition documentaire américain
Grand Prix du Jury: Dina
Prix du public: Chasing Coral
Prix de la mise en scène: Peter Nicks pour The Force
Prix Orwell: Icarus
Prix spécial du jury pour le montage: Kim Roberts et Emiliano Battista pour Unrest
Prix spécial du jury pour la narration: Yance Ford pour Strong Island
Prix spécial du jury pour la réalisation inspirée: Amanda Lipitz pour Step

Compétition fiction internationale
Grand Prix du Jury: The Nile Hilton Incident
Prix du public: I Dream in Another Language
Prix de la mise en scène: Francis Lee pour God’s Own Country
Prix du scénario: Kirsten Tan pour Pop Aye
Prix spécial du jury pour ses visions cinétiques: Jun Geng pour Free and Easy
Prix spécial du jury pour l'image: Manu Dacosse pour Axolotl Overkill

Compétition documentaire internationale
Grand Prix du Jury: Last Men in Aleppo
Prix du public: Joshua: Teenager vs. Superpower
Prix de la mise en scène: Pascale Lamche pour Winnie
Prix spécial du jury pour la narration pleine de maîtrise: Catherine Bainbridge et Alfonso Maiorana pour Rumble: The Indians Who Rocked the World
Prix spécial du jury pour le montage: Ramona S. Diaz pour Motherland
Prix spécial du jury pour l'image: Rodrigo Trejo Villanueva pour Machines

Autres prix
Next Audience Award: Gook
Prix Alfred P. Sloan Feature Film: Marjorie Prime

Festival de Gérardmer 2017 : le plein d’émotions avec Rupture de Steven Shainberg

Posté par cynthia, le 28 janvier 2017

La deuxième journée du festival du film fantastique a été riche en émotions avec notamment le nouveau film de Steven Shainberg, Rupture. Un festivalier a même plutôt mal vécu la séance... mais rassurez-vous, il va mieux !

John Hurt (1940-2017) aux portes du Paradis

Posté par vincy, le 28 janvier 2017

Monstre sacré, immense comédien John Hurt est mort à l'âge de 77 ans des suites d'un cancer du pancréas. Son épouse a communiqué son décès: "C'est avec une tristesse infinie que je confirme que mon époux, John Vincent Hurt, est décédé mercredi 25 janvier à son domicile de Norfolk".

Impossible de résumer une carrière de 55 ans à l'écran. L'élégant John Hurt aura touché à tous les genres, vedette de grands films comme seconds-rôles de blockbusters. Pour les plus jeunes, il était Monsieur Ollivander dans la franchise Harry Potter. Mais John Hurt a été avant tout Elephant Man pour David Lynch. Son rôle le plus marquant assurément.

Un homme pour l'éternité (A Man for All Seasons) de Fred Zinnemann, Davey des grands chemins (Sinful Davey) de John Huston, L'Étrangleur de la place Rillington (10 Rillington Place) de Richard Fleischer, Le Joueur de flûte de Jacques Demy... Il a été éclectique dès ses débuts, avant qu'il ne soit reconnue en 1978 avec le personnage de Max, héroïnomane anglais arrêté et emprisonné dans une prison turque, dans Midnight Express de Alan Parker, qui lui vaut un Oscar du meilleur second-rôle masculin.

Eclectique

L'année suivante, on le retrouve en officier dans Alien, le huitième passager (Alien) de Ridley Scott, immense succès populaire et film culte (il parodiera son personnage dans La Folle Histoire de l'espace (Spaceballs) de Mel Brooks dix ans plus tard). Il enchaîne avec Elephant Man de Lynch (nominations aux Golden Globes et aux Oscar dans la catégorie meilleur acteur). Il y est défiguré pour ce biopic en noir et blanc adapté de la vie de Joseph Merrick, surnommé « Elephant Man » à cause de ses nombreuses difformités. Une interprétation où la souffrance est à la fois extrême et intériorisée qui dévoile l'étendue de son talent.

Dans la foulée, il tourne La Porte du paradis (Heaven's Gate) de Michael Cimino, avec Kris Kristofferson, Isabelle Huppert, Christopher Walken et Jeff Bridges. Cette sublime fresque désillusionnée de l'Amérique des pionniers a été un four commercial. Mais sa splendeur et sa profondeur en font aujourd'hui un des plus grands films de son époque.

Capable de tout jouer, il tourne aussi avec Mel Brooks (producteur d'Elephant Man) dans La Folle Histoire du monde, où il incarne Jésus-Christ, et dans Osterman week-end de Sam Peckinpah , The Hit : Le tueur était presque parfait, polar indispensable de l'œuvre de Stephen Frears, où il s'amuse à être un tueur vieillissant, et l'adaptation du roman de George Orwell, 1984, de Michael Radford, où il tient le rôle principal.

La mort jamais loin

Les années suivantes sont plus fades. Hormis deux films mineurs de John Boorman et quelques cinéastes majeurs (Scandal de Michael Caton-Jones, The Field de Jim Sheridan, L'Œil qui ment de Raoul Ruiz, Even Cowgirls Get the Blues de Gus Van Sant), John Hurt ne retrouve pas de grands personnages. Il faut attendre que Jim Jarmush l'enrôle dans son western spectral, Dead Man en 1995 pour que le cinéphile puisse retrouver son allure et son charisme filmés à leur juste valeur.

Bien sûr, il tourne avec Walter Hill (Wild Bill) et Robert Zemeckis (Contact), continue de faire des voix pour des documentaires animaliers ou des dessins animés, mais c'est le cinéma indépendant qui lui permet de livrer ses plus belles performances. En vieillissant, son jeu à fleur de peau prend une dimension d'écorché vif cicatrisant.
Dans Amour et mort à Long Island (Love and Death on Long Island), film sur fond d'années SIDA de Richard Kwietniowski, il est bouleversant en écrivain anglais veuf détestant le monde moderne et amoureusement fasciné par un acteur secondaire d'un film pour ados.
Pour lui, "prétendre être quelqu'un d'autre" était son "jeu" et ce qui était "l'essence de son travail".

Des films de genre et d'auteurs

Les années 2000, outre Harry Potter, lui permettent de s'offrir des personnages secondaires dans des films populaires: Hellboy et Hellboy 2: Les Légions d'or maudites (Hellboy II: The Golden Army) de Guillermo del Toro, The Proposition de John Hillcoat, V pour Vendetta (V for Vendetta) de James McTeigue, Crimes à Oxford (The Oxford Murders) de Álex de la Iglesia, Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull) de Steven Spielberg, Le Transperceneige de Bong Joon-ho, Hercule (Hercules) de Brett Ratner, et l'an dernier Tarzan de David Yates.

John Hurt a aussi été un fidèle de Lars von Trier, narrateur de Dogville et Manderlay, acteur dans Melancholia. Il a été également un comédien récurrent chez Jim Jarmusch (The Limits of Control, Only Lovers Left Alive). Blues-man par excellence du 7e art, avec son physique atemporel, on le voit aussi faire des grands écarts cinématographiques, de Boxes de Jane Birkin à La Taupe (Tinker, Tailor, Soldier, Spy) de Tomas Alfredson.

Lord John

Né le 22 janvier 1940 près de Chesterfield, peintre à ses heures, il se pensait destiné au dessin avant d'intégrer la Royal Academy of Dramatic Art. Sa carrière comporte pas moins de 140 films, 20 téléfilms et autant de séries (dont Doctor Who et Panthers). Récipiendaire de quatre BAFTA, anobli par la reine Elizabeth II en 2014, il continuait de tourner malgré son cancer.

On le verra mercredi à l'affiche de Jackie de Pablo Larrain, dans le rôle d'un prêtre confesseur. The Journey de Nick Hamm a été présenté à Venise en septembre, ChickLit de Tony Britten est sorti en décembre aux USA, That Good Night de Eric Styles, Damascus Cover de Daniel Zelik Berk et My Name is Lenny de Ron Scalpello sont prévus dans les salles cette année.

Le voici disparu. Et comme il aimait le citer: "Comme Beckett le disait, il ne suffit pas de mourir, il faut oublier aussi." On ne l'oubliera quand même pas de si tôt.

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Emmanuelle Riva (1927-2017): une flamme s’éteint

Posté par vincy, le 28 janvier 2017

César de la meilleure actrice en 2013, Emmanuelle Riva est morte vendredi 27 janvier à l'âge de 89 ans, succombant à son cancer. D'Hiroshima mon amour d'Alain Resnais en 1959 à Amour de Michael Haneke en 2012, Emmanuelle Riva avait été sans doute trop rare au cinéma. On la verra une dernière fois sur grand écran dans Paris Pieds nus de Fiona Gordon et Dominique Abel, qui sortira le 8 mars.

Artiste exigeante, actrice bouleversante, elle a voulu travailler jusqu'au bout, comme le suligne son entourage, tournant en Islande ou faisant une lecture à la Villa Médicis à Rome. Son courage, sa dignité, son audace sont d'ailleurs les traits de la personnalité de ses deux personnages emblématiques, jeune chez Resnais et au crépuscule de sa vie chez Haneke. Avec Amour, où elle choisit sa mort, la reconnaissance sera mondiale : un BAFTA de la meilleure actrice et une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice, en plus du César tardif.

Mais il ne faudrait pas résumer sa carrière à ces deux films.

hiroshima mon amour emmanuelle rivaUne flamme entre deux amours

Née le 24 février 1927 dans les Vosges, dans une famille d'origine italienne, elle s'est éprise de théâtre très jeune, en lisant des pièces et rejoignant une troupe amateur. A 26 ans, elle entre à l'école de la rue Blanche avant de se lancer sur scène. C'est d'ailleurs sur une affiche de théâtre que Resnais la repère et la choisit pour son film, scénarisé par Marguerite Duras. Durant le tournage d'Hiroshima mon amour, avec son appareil photo, elle capte des instantanés de cette ville en reconstruction, seulement treize ans après avoir été dévastée par la bombe (on retrouve ces photos dans le livre Tu n'as rien vu à Hiroshima, réédité en 2009). Elle incarne la part d'humanité dans ce monde post-traumatique, tout en étant errante et distante de l'horreur qui la submerge. L'amour promis, espéré, face à la mort, inévitable. C'est là que la Palme d'or Amour boucle la boucle en la filmant au seuil de sa disparition, affrontant décemment sa mort, après avoir vécu une vie d'amour... Elle était incandescente chez Resnais. La flamme s'éteint chez Haneke.

Après avoir tourné Recours en grâce de László Benedek, Adua et ses compagnes d'Antonio Pietrangeli et Kapò de Gillo Pontecorvo, elle retrouve un grand rôle assez rapidement avec celui d'une jeune femme agnostique, passionnément amoureuse d'un prêtre (incarné par Belmondo) dans Léon Morin, prêtre de Jean-Pierre Melville. On est en 1961. L'année suivante elle reçoit une Coupe Volpi de la meilleure actrice à Venise pour son interprétation dans Thérèse Desqueyroux de Georges Franju.

Son visage, suave, gracieux et lumineux, est une page blanche où l'on peut écrire toutes sortes de secrets, de douleurs, de passions, de douceurs. Pourtant, son itinéraire la détournera de films populaires. Elle a tourné une cinquantaine de films dont Thomas l’imposteur (1965), toujours de Georges Franju, sur un scénario posthume de Jean Cocteau, Les Risques du métier d'André Cayatte, Les Yeux et La bouche de Marco Bellocchio, Liberté, la nuit de Philippe Garrel, Y a-t-il un Français dans la salle ? de Jean-Pierre Mocky, Trois Couleurs : Bleu de Krzysztof Kie?lowski, où elle incarnait la mère, Vénus beauté (institut) de Tonie Marshall, Tu honoreras ta mère et ta mère de Brigitte Roüan, Le Skylab de Julie Delpy et Un homme et son chien de Francis Huster, où elle recroise Belmondo. L'an dernier elle était à l'affiche de Marie et les Naufragés de Sébastien Betbeder. Insaisissable, touchant à tout, du cinéma d'Arcady à celui de Bonitzer, de Jean-Pierre Améris à Emmanuel Bourdieu, elle disait souvent non et préférait sa liberté, et le théâtre.

Retour d'amour

Euripide, Molière, Shakespeare, Marivaux, George Bernard Shaw, Harold Pinter, Luigi Pirandello, Nathalie Sarraute, Marguerite Duras... elle n'avait aucune barrière, aucune frontières. La jeune fille humble, modeste, issue d'un milieu prolétaire, plus fantaisiste et moins sage qu'il n'y apparaissait, était discrète, a pu être oubliée. Dans l'ombre de son personnage mythique et encombrant du film de Resnais, elle continuait à jouer. Vive et insolente, drôle et toujours jeune, presque punk malgré ses 80 balais, Riva mordait sa vie à pleine dents, et semblait n'avoir aucun regret. Elle touchait à tout, dévorait les textes. Sa curiosité et son affranchissement ont fait le reste.

Dans Amour, il y avait d'ailleurs ce dialogue qui aurait pu être une de ses propres insolences: ""Qu’est-ce que tu dirais si personne ne venait à ton enterrement? - Rien, probablement.".

Hors-système, Emmanuelle Riva laisse une jolie trace dans nos mémoires. Elle a écrit Juste derrière le sifflet des trains, Le Feu des miroirs et L'Otage du désir. Son livre d'entretien, paru il y a trois ans, s'intitulait C'est délit-cieux !. Jeu de mot qui résumait bien sa personnalité. Dans ce livre, elle expliquait: "Très petite, j’aimais dire des poèmes. J’aimais les dire devant les autres. Je ne pouvais pas les garder pour moi seule. Il me fallait donner à entendre la parole de l’auteur, comme une jouissance à ce partage." Un partage généreux qui aura duré 60 ans.

Festival de Gérardmer 2017: une ouverture psychédélique

Posté par cynthia, le 27 janvier 2017

La 24e édition du festival de Gérardmer a ouvert ses portes hier avec le sublime et psychédélique Split de Night Shayamalan. Mais ni la peur, ni même le froid ne nous ont arrêtés dans notre désir de vous emmener au coeur du festival...