Les ressorties de l’été 2016 (10) : En quatrième vitesse de Robert Aldrich

Posté par MpM, le 31 août 2016

En 4e vitesse

Pour le dernier épisode des ressorties de l'été 2016, penchons-nous sur un chef d'oeuvre du film noir qui revient sur les grands écrans en version restaurée grâce à Ciné Sorbonne : En quatrième vitesse (Kiss me deadly) de Robert Aldrich, une enquête sombre et poisseuse menée par le détective privé Mike Hammer originellement créé par l'écrivain Mickey Spillane.

Ce personnage de privé peu recommandable, égoïste et prétentieux, prend plaisir à asséner coups de poing et coups bas, voire torturer ses ennemis, et ne recule à peu près devant rien pour parvenir à ses fins. Dans cette aventure d'une noirceur exacerbée, il est confronté à un ennemi tout-puissant qui sème cadavres et terreur autour de lui. L'enjeu du film, on ne le saura qu'à mi-parcours, est de retrouver un objet mystérieux qui intéresse aussi bien la pègre que la police...

On l'aura compris, Robert Aldrich signe un archétype de film noir, où les frontières entre mal et bien sont on ne peut plus confuses, et où le cheminement de l'intrigue compte plus que l'intrigue en elle-même. Dès la séquence d'ouverture, splendide et anxiogène, on sait que l'on a affaire à un grand film : une femme court, de nuit, sur une route déserte. Elle est visiblement nue sous son imperméable, sans chaussures, et passablement terrifiée. Pour arrêter la voiture qui pourrait peut-être l'emmener loin de là, elle n'hésite pas à faire mine de se jeter sous ses roues. Le conducteur (Mike Hammer, évidemment) lui propose alors de monter, et tandis qu'elle s'exécute, le générique commence avec, du début à la fin, la respiration saccadée et rauque de la jeune femme qui tente de reprendre son souffle.

La suite du film ne déçoit pas qui, entre violence brute, sous-entendus sexuels et parfum de corruption, ne fait guère de concession au politiquement correct. L'enquête nous mène d'un specimen à un autre de cette étrange Amérique dévoyée : les femmes sont lascives et dangereuses, les hommes sont veules et brutaux. Tous semblent guidés par leurs plus bas instincts plutôt que par leur intelligence. Quant au dénouement, il propose une allégorie parfaite du climat pré-apocalyptique de l'époque. Suprême intelligence de Robert Aldrich et de son scénariste A.I. Bezzerides (qui avait totalement repensé le roman original) qui privilégient jusqu'à la fin l'abstraction au concret, le poétique au réaliste.

D'autant qu'En quatrième vitesse est également d'une audace stylistique effarante : générique défilant à l'envers, perspectives renversées, ellipses gonflées... On est effaré par l'inventivité d'Aldrich, mais aussi par son indéniable modernité. Pas étonnant que François Truffaut, qui avait écrit "pour apprécier Kiss me deadly, il faut aimer passionnément le cinéma", n'avait pas peur d'y "saluer une idée par plan" (Les Films de ma vie - François Truffaut).

Soixante ans plus tard, le plaisir ne se dément pas.

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En quatrième vitesse de Robert Aldrich
Sortie le 31 août en version numérique 4k
Distribué par Ciné Sorbonne

Labyrinthe 3, Le remède mortel : le tournage reprendra en février 2017

Posté par cynthia, le 31 août 2016

Au mois de mars, les fans de la saga Labyrinthe et en particulier ceux du choupinou Dylan O'Brien avaient été tétanisés par la nouvelle : l'acteur que l'on surnomme "le Jennifer Lawrence masculin" avait été victime d'un grave accident sur le tournage du troisième opus.

Percuté par une voiture, Dylan O'Brien souffrait de nombreuses blessures, apparemment au visage, et d'os brisés. Même si ses jours n'étaient pas comptés pour autant (thanks God), le tournage a dû être suspendu en pleine production. Gardé en observation pendant des mois, l'acteur a même dû suspendre le tournage de la série Teen Wolf dont il est l'un des acteurs principaux.

Mais cette semaine une bonne nouvelle est arrivée : le tournage de Labyrinthe 3 reprend courant février 2017 pour une sortie dans les salles obscures en janvier 2018, ce qui veut dire que le beau ténébreux va mieux (thanks God again). Espérons cette fois qu'il prendra ses précautions avant de tourner ses scènes ou qu'il confiera ses cascades à un professionnel. En attendant nous pourrons nous délecter de son joli minois en octobre dans un thriller avec Mark Wahlberg, Deepwater de Peter Berg.

L’acteur comique Gene Wilder ne nous fera plus sourire (1933-2016)

Posté par MpM, le 30 août 2016

L'acteur américain Gene Wilder, grand complice de Mel Brooks, s'est éteint ce lundi 29 août à l'âge de 83 ans. Il souffrait depuis plusieurs années de la maladie d'Alzheimer, une pathologie qu'il avait choisi de garder secrète, d'après son neveu Jordan Walker-Pearlman.

Célèbre pour sa chevelure bouclée et ses grands yeux bleus, Gene Wilder avait débuté au théâtre avant d'apparaître dans le Bonnie and Clyde d'Arthur Penn en 1967 et surtout dans Les Producteurs de Mel Brooks en 1968. Ce rôle lui avait valu une nomination à l'Oscar et une reconnaissance immédiate du public.

Au début des années 70, il avait enchaîné trois de ses plus grands succès : Charlie et la Chocolaterie de Mel Stuart, dans lequel il campe un inoubliable Willy Wonka, Le shérif est en prison de Mel Brooks et Frankenstein junior de Mel Brooks dont il avait co-écrit le scénario et pour lequel il avait reçu sa deuxième nomination à l'Oscar.

Gene Wilder avait également joué devant la caméra de Woody Allen (Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander), Stanley Donen (Le petit prince), Arthur Hiller (Transamerica express et Pas nous, pas nous au côté de Richard Pryor), Robert Aldrich (The Frisco kid) ou encore Sydney Poitier (Faut s'faire la malle, La folie aux trousses). Il avait également réalisé deux films : La fille en rouge en 1984 (remake d'Un éléphant ça trompe énormément de Yves Robert) et Nuit de noce chez les fantômes en 1986.

Son dernier grand rôle remontait à la fin des années 1990, dans une adaptation pour la télévision d'Alice au pays des merveilles.

Sur Twitter, Mel Brooks a salué en ces termes celui qui fut véritablement son acteur fétiche : "Gene Wilder - l'un des vrais grands talents de notre époque. Il a gratifié de sa magie tous les films que nous avons faits et il m'a gratifié de son amitié"

Les studios et le parc d’attraction de Universal s’offrent un coûteux lifting

Posté par vincy, le 29 août 2016

Face à une concurrence de toujours plus en plus vive du côté des parcs d'attraction (Disney en tête qui a l'intention d'ouvrir un parc Star Wars à côté de l'historique Disneyland), et pour affronter aussi l'inflation de tournages (il n'y a pas que le cinéma), Universal a décidé d'investir 1,6 milliard de dollars pour rénover son QG de Los Angeles.

Le parc d'attraction Universal Studios est en surchauffe avec 7 millions de visiteurs en 2015 (croissance à deux chiffres depuis quelques saisons) et Los Angeles connaît une attractivité touristique enviable (45 millions de visiteurs en 2015). Pour l'agrandir, Universal a décidé de détruire quelques plateaux. Déjà les attractions récentes autour de Fast & Furious et la série The Walking Dead et surtout le nouveau parc Harry Potter (500 M$ d'investissements) font fureur. L'idée est de pouvoir créer de l'espace pour accueillir de futures attractions autour de franchises du catalogue, de The Mummy à Jurassic Park.

Au-delà du parc, Universal va aussi construire dix plateaux de production d'ici cinq ans, refaire complètement le centre commercial CityWalk, inauguré il y a 23 ans et élargir des rues d'accès, construire deux nouveaux parkings et enfin faciliter l'accès au métro avec une passerelle piétonne.

Par ailleurs, si Universal a abandonné son projet de parc à Dubai, il y a en chantier Volcano Bay à Orlando (2017), Universal Studios Beijing à Pékin (2019), un projet en Corée du sud et un autre à Moscou.

Shrek 5 pour relancer DreamWorks Animations, vraiment?

Posté par vincy, le 28 août 2016

Un cinquième épisode de l'ogre vert Shrek a été confirmé pour une sortie en 2019. Est-ce bien utile tant le quatrième était décevant? Il faut croire que oui. Shrek reste l'une des franchises les plus profitables de l'animation. Il a permis à DreamWorks de dominer Disney certaines années. 3 milliards de dollars de recettes plus tard, Shrek, disparu des écrans en 2010, veut de nouveau être le sauveur du studio.

Quatre ans de déclin

Car, voilà, DreamWorks Animation ne va pas très bien. Les chiffres d'ailleurs le montrent bien. Les quatre plus gros succès du studio sont les quatre films de la série Shrek. Jamais DreamWorks n'a fait mieux. Bien sûr, Madagascar, Dragons et autres Kung-Fu Panda ont assuré de copieuses recettes. Mais hormis Dragons et sa suite, aucun film n'a convaincu critiques et publics au point de devenir des références. Madagascar 3 (pourtant pas terrible) est le dernier film à avoir rapporté plus de 200M$ au box office nord-américain et plus de 700M$ au niveau mondial. C'était en 2012.

Entre temps Universal/Illumination a placé trois méga-hits, Disney/Pixar a repris le leadership avec 4 méga-cartons et Warner a eu ses Legos.

C'est aussi à cause de cette perte d'influence de DreamWorks Animation, qui s'est banalisé avec des productions manquant de buzz, que le studio a été vendu en avril à NBCUniversal (pour 3,8 milliards de $). Autrement dit, le studio des Minions et du récent Comme des bêtes.

Le producteur des Minions

NBCUniversal veut désormais sortir quatre films d'animation par an, et Shrek est une pépite à lustrer. Ironiquement c'est le producteur de Moi, Moche et méchant et des Minions, Chris Meledandri, qui va diriger l'opération. A la manière d'un John Lasseter, grand gourou de Pixar, qui a lifté les films animés de Disney.

Derrière cette relance, il y a des objectifs avant tout mercantiles: des licences partout, des spin-off, des attractions pour des parcs Universal, des produits dérivés, des séries, etc... Le Chat potté, spin-off de Shrek déjà, pourrait avoir sa suite. Un autre film d'animation, original, Shadows, est toujours en développement. Et d'ici au retour de Shrek, on verra en 2018 un troisième Dragons un deuxième Croods, et Trolls cet automne.

Le cinéma Le Brady a 60 ans

Posté par vincy, le 27 août 2016

On parle souvent de cinémas qui ferment, de quelques multiplexes en projets ou qui ouvrent. Et si, pour une fois, on célébrait l'anniversaire d'une salle emblématique, atypique et toujours debout?

Le Brady n'a pas d'allure vu de l'extérieur. Seul cinéma dans son quartier à Paris, coincé entre les théâtres et les coiffeurs ethniques, sur un boulevard (Sébastopol) où il n'y a aucune grande marque de fringues ni Starbucks, mais des vieux troquets, le Brady est un survivant sur une quatre voies urbaine où l'on ne s'arrête jamais.

Né le 25 juin 1956, Le Brady propose alors 300 places dans le populaire Xe arrondissements (et dans le seul quartier de cet arrondissement qui a encore ce côté populaire). A l'époque, ce sont les séries B, films d'aventures, comédies et westerns qui attirent un public familial.

Mocky avait besoin d'une salle pour diffuser ses films

Pour survivre à l'arrivée de la télévision et des grandes chaînes comme Gaumont, le Brady devient un cinéma spécialisé dans les films d'horreur dans les années 1960. Déjà underground. Les amateurs d'épouvante cohabitent avec les marginaux et les premiers recalés de la crise pétrolière.

"En travaillant au Brady comme projectionniste au tout début des années 2000, j'ai assisté à la fin d'un phénomène né dans les années 1970. J'ai eu envie de comprendre : comment des clochards en arrivent-ils à dormir dans une salle de cinéma ? ", raconte Jacques Thorens dans Le Brady. Cinéma des damnés (Verticales).

Métamorphose

Le Brady décline alors lentement. La consommation de cinéma évolue. les multiplexes naissent, les salles se rénovent. Le Brady reste dans son jus. Authentique. Le réalisateur Jean-Pierre Mocky en devient propriétaire il y a 22 ans pile-poil. Il ajoute une deuxième salle, toute petite (39 fauteuils), pour offrir des programmations plus audacieuses. Durant seize ans, Mocky dirigera ce cinéma culte.

Il cède cependant le cinéma en 2010 au programmateur de la salle, Fabien Houi, qui engage un lourd chantier de rénovation. Le Brady n'est plus la vieille salle un peu miteuse d'autrefois. Ici, on peut y voir des films "officiellement" sortis de l'affiche, mais qui en fait continue leur carrière à raison d'une ou quelques séances par semaines. La grande salle (qui ne compte que 100 places désormais) peut désormais servir de salle de spectacle. Du blockbuster au film restauré, en passant par des films pour la jeunesse et des cycles (comme Bollywood) ou des festivals (comme celui du cinéma turc, en plein quartier turc, c'est assez logique), le Brady s'est diversifié et résiste au formatage.

Évènements et célébrations

Pour son anniversaire, le cinéma s'est offert une exposition à la nouvelle Médiathèque Françoise Sagan (elle aurait aimé), toute proche, "Le Brady, 60 ans de projection", qui a lieu jusqu'au 18 septembre. A partir du 16 septembre, les vendredis et samedis soir, pour accompagner la sortir de Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, film adapté d'une pièce de Jean-Luc Lagarce, sera jouée une pièce de l'auteur, Derniers remords avant l'oubli.

Le transmedia va se doter d’un institut

Posté par vincy, le 26 août 2016

Quelques années que le transmédia émerge. Tout comme la Réalité virtuelle, ce sera sans doute l'une des grosses révolutions à venir dans la narration ludique. La ville de Charleroi en Belgique va se doter d'un Institut transmédia, le R/O Institute, partenariat public-privé entre la société Média-Participations (plus gros éditeur de BD franco-belge avec Dargaud, Le Lombard et Dupuis et producteur de séries animées déclinées de son catalogue), la région wallone et des boîtes de prod audiovisuelles et multimédias.

L'Institut, qui sera situé dans un bâtiment relifté sur les quais, accueillera ses premiers projets au début 2017. Il s'agira de développer des contenus dans un domaine qui en manque cruellement. Les lunettes pour la Réalité Virtuelle sont performantes, mais il y a peu de projets pour les rendre utiles. Du scénario au marketing, du graphismes aux outils techniques, l'Institut veut offrir un espace où les créateurs peuvent se libérer des contraintes.

Un premier appel à projets avait été lancé à Cannes. Une première salve de 40 dossiers devraient être retenus avant qu'une dizaine d'entre eux soient sélectionnés pour la première session, dans un environnement où le plus gros défi est juridique (droit d'auteur, propriété intellectuelle).

Derrière ces bonnes intentions, le R/O Institute et le R/O Lab ont aussi vocation à développer des projets dérivés des héros de la BD franco-belge afin d'en faire des héros "transmédia".

Eran Riklis trouve un « Refuge » à Golshifteh Farahani

Posté par vincy, le 25 août 2016

Eran Riklis, le réalisateur de La fiancée Syrienne, des Citronniers, du Voyage du directeur des ressources humaines et de Mon fils tourne depuis le début de l'été et jusqu'en septembre son nouveau film, provisoirement intitulé Refuge.

Refuge raconte l'histoire d'une Libanaise qui a collaboré avec les services secrets israéliens pour fuir, désormais en planque dans un abri sécurisé, avec une nouvelle identité et un nouveau visage, et d'une agente du Mossad chargée de la protéger. Un film d'espionnage donc, mais sans doute un peu sulfureux puisque la relation va devenir plus personnelle que professionnelle.

Pour le cinéaste, il s'agit de s'interroger sur la possibilité de se réinventer et de se reconstruire après un traumatisme.

Entre l'Allemagne et Israël, le film, coproduction franco-germano-israélienne, qui sera distribué en France par Pyramide, s'annonce comme un thriller. Golshifteh Farahani (Les malheurs de Sophie, Paterson) et Neta Reskin (Une histoire d'amour et de ténèbres) se partagent le haut de l'affiche, respectivement dans le rôle de la réfugiée et dans celui de l'agente israélienne. Le film est prévu sur les écrans en 2017.

Jacqueline Pagnol s’en est allée rejoindre Marcel (1920-2016)

Posté par MpM, le 24 août 2016

Elle était née Jacqueline Bouvier et avait commencé sa carrière au début des années 40, devant la caméra du réalisateur belge Albert Valentin (La maison des sept jeunes filles, 1942) puis de Pierre Prévert (Adieu Léonard, 1943) et Jean Faurez (Service de nuit, 1944). Devenue Jacqueline Pagnol, elle a survécu plus de 40 ans à son illustre époux et vient de s'éteindre à l'âge de 95 ans.

A la fin de la guerre, la jeune actrice croise pour la seconde fois Marcel Pagnol, qui lui propose de jouer Naïs aux côtés de Fernandel et Raymond Pellegrin. Elle illumine le film, et séduit l'écrivain-réalisateur avec lequel elle se marie la même année. Il dira souvent d'elle qu'elle était "son brin de poésie et de tendresse". Elle l’inspire, et il lui confie le rôle féminin principal de La belle meunière (avec Tino Rossi) puis de Topaze. Elle apparaît également devant la caméra de Jean Boyer (Le rosier de Madame Husson) et Fernandel (Adhémar ou le jouet de la fatalité).

Mais c'est dans Manon des sources, écrit et réalisé pour elle par Marcel Pagnol, qu'elle marquera définitivement les esprits. Par la suite, on la voit à nouveau chez Jean Boyer (La terreur des dames) et dans Carnaval d'Henri Verneuil.

Après le décès de Marcel Pagnol en 1974, elle veille à faire exister son oeuvre et à honorer sa mémoire, en créant notamment le Prix Littéraire Marcel Pagnol. L'Académie des César lui avait rendu hommage à travers un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière en 1981.

Les ressorties de l’été 2016 (9) : Les hommes préfèrent les blondes d’Howard Hawks

Posté par MpM, le 24 août 2016

Si la perspective de la rentrée vous sape le moral, ou que l'invasion de blockbusters pré-formatés vous déprime, nous avons cette semaine le remède idéal pour toute forme de mélancolie : la ressortie sur grand écran d'un classique culte du cinéma américain des années 50 doublé d'une comédie musicale irrésistible et glamour, le pétillant, ironique et joyeux Les hommes préfèrent les blondes, avec les divines Marilyn Monroe et Jane Russell devant la caméra, et le facétieux Howard Hawks derrière.

Adapté d'une pièce à succès de l'époque (elle-même tirée d'un roman d'Anita Loos et Joseph Fields), le film est une variation audacieuse autour des relations amoureuses et des rapports de force implicites qu'elles induisent entre hommes et femmes. On y découvre ainsi les séduisantes Lorelei Lee et Dorothy Shaw, chanteuses de cabaret, qui sont toutes deux en quête de l'âme sœur. Lorelei ne tombe amoureuse que d'hommes riches tandis que Dorothy s'intéresse plutôt aux muscles et physique de ses partenaires. Hawks aborde ainsi deux grands tabous de l'époque, l'argent et le sexe, et tourne en dérision le mythe de la jeune fille pure aux nobles sentiments romantiques.

Les hommes préfèrent les blondes est aussi une charge cruelle à l'égard des hommes qui, tous guidés par leurs pulsions et désirs plutôt que par leur bon sens, sans parler de leur cerveau, apparaissent comme les systématiques dindons de la farce. Face à eux, les deux héroïnes a priori présentées comme écervelées (jolies, donc forcément idiotes) font preuve d'une malice sans pareille, retournant à leur profit la misogynie ambiante. Les personnages masculins deviennent alors des pantins manipulés ou des hommes objets alors que Lorelei et Dorothy, libres et modernes, n'ont jamais besoin de s'en remettre au prince charmant pour tirer leur épingle du jeu. Leur force réside en elles-même et en leur indéfectible amitié. La séquence finale ne s'y trompe d'ailleurs pas, qui met l'accent sur le formidable couple de cinéma formé par Jane et Marilyn, au détriment des fiancés anecdotiques. Car c'est bien leur duo qui est au cœur du film, et notamment la manière dont elles s'entraident et se protègent, à la surprise des personnages masculins tout étonnés de cette solidarité féminine à leurs dépends.

En plus de ce savoureux sous-texte, qui dénonce mine de rien l'hypocrisie sociale du couple normé tel qu'il est conçu - par les hommes - dans les années 50, Les hommes préfèrent les blondes est une comédie étincelante bourrée de répliques ironiques et de séquences musicales à double sens. Le célébrissime Diamonds are a girl's best friend est un monument du genre, entre parodie flamboyante et démesure faussement outrée. Les comédiennes s'en donnent visiblement à cœur joie, chacune dans son registre, éclipsant sans vergogne leurs malheureux partenaires masculins, pour une fois réduits aux clichés et stéréotypes. L'intrigue en elle-même est délicieusement surannée, mais le ton, lui, ne manque pas de modernité.

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Les hommes préfèrent les blondes de Howard Hawks
Sortie le 24 août en version restaurée
Distribué par Théâtre du temple