Edito: Voyages en rêves

Posté par redaction, le 31 mars 2016

Le cinéma a cette faculté méconnue de nous faire voyager sans impacter notre empreinte carbone (ou presque). Et même si cela incite à sauter dans le premier avion sur le tarmac, on peut, malgré tout, s'offrir pour un ticket de cinéma un voyage immobile vers une destination exotique ou insolite. Cette semaine, les films nous offrent les neiges québécoises, les falaises japonaises, les montagnes de l'Ariège, les champs écossais, les plages thaïlandaises, les forêts irlandaises, les terres portugaises, les villages algériens, les lacs des Balkans... Difficile de résister devant la splendeur de certains et le désir de farniente, de partage, d'isolement aussi.

Chaque semaine, le grand écran nous envoie une carte postale venue d'un ami inconnu. La Havane ou Buenos Aires, les grands territoires vierges des Rocheuses ou les somptueux paysages de Chine, les routes de traverse en France ou les landes abandonnées du côté du Mississippi, on peut faire le tour du monde en un jour.

Cette invitation à la découverte, qui est aussi vieille que le cinéma, est aussi un billet vers l'évasion. Et on en a bien besoin ces derniers temps. Le réel pèse parfois lourdement sur nos épaules. En attendant les beaux jours, en patientant jusqu'aux vacances, et sans (se) dépenser, le cinéma nous emmène explorer ces pays qu'on ne verra peut-être jamais. On ne remerciera jamais assez les directeurs de la photographie qui subliment et magnifient le moindre champ de blé ou les immenses étendues qui délimitent l'horizon. Et qui, par la même occasion, ouvrent nos horizons.

BIFFF 2016 : rendez-vous à Bruxelles jusqu’au 10 avril

Posté par kristofy, le 30 mars 2016

Pride-and-Prejudice-and-Zombie

Il y a à peine une semaine, le 22 mars dernier, la ville de Bruxelles subissait un double attentat frappant un aéroport et une station de métro. Le 34e BIFFF (Bruxelles International Fantastic Film Festival) qui devait se dérouler du 29 mars au 10 avril ouvrirait-il ses portes ? La réponse était en fait arrivée très vite, dès le lendemain : « oui, cent fois oui ! Nous ne nous plierons pas à ces actes lâches de terreur, nous n'admettrons pas que notre liberté de parole soit prise en otage et nous ne courberons pas de peur. Garder la tête haute, c'est notre acte de résistance! En riant ensemble, c'est notre acte de résistance! On va s’amuser les amis, ça sera notre acte de résistance ! »

C'est donc parti pour cette édition 2016 de la manifestation belge consacrée au cinéma fantastique, dont le jury international est cette année présidé par Jaume Balaguero. Dès son premier film La secte sans nom (1999), son nom à lui, loin d'être secret, circule comme celui d'un nouveau réalisateur espagnol à suivre. La confirmation arrivera en 2002 avec Darkness, puis Fragile avec Calista Flockhart en 2005. En 2007 il s’associe avec Paco Plaza pour réaliser [•REC] et c’est un succès mondial, suivi de [•REC]2, un troisième volet par Paco Plaza, et Jaume Balaguero aux commandes du dernier [•REC]4 Apocalypse. Entre temps, il a également réalisé le thriller Malveillance.

La récompense suprême du BIFFF, c'est le Corbeau d’or, et il l’avait déjà gagné pour La secte sans nom, [•REC] avait quant à lui été récompensé du Corbeau d’argent et d’un prix du public : c’est dire s'il connaît déjà bien ce festival de Bruxelles ! Il est entouré du réalisateur italien Luigi Cozzi, du Français Marc Caro, de l’actrice tchèque Jasna Kohoutova et de la Chinoise Bai Ling.

Le BIFFF, c’est une centaine de films, en provenance de partout, et certains très fous, dont Green Room et Hardcore Henry qui sortiront bientôt courant avril en France et surtout 31 de Rob Zombie, Yoga Housers de Kevin Smith, The strange house de Danny Pang, Anacleto, Agente Secreto de Javier Luiz Caldera…

En guise de film d’ouverture, les festivaliers découvriront Orgueil et Préjugés et Zombies, soit une relecture du roman de Jane Austen : l'intrigue se passe toujours au 19e siècle... mais avec de féroces zombies. Le film va se révéler tout autant romantique mais bien plus féministe et plus tranchant, avec des répliques du style : “mes filles ont appris à se battre, pas à cuisiner…” Ce qui résume plutôt bien l'esprit de ce festival où l'on passe plus de temps à regarder des personnages se battre qu'à faire le ménage ou s'interroger philosophiquement sur le sens de la vie.

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34e édition du Brussels International Fantastic Film Festival
Du 29 mars au 10 avril 2016, au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles
Infos et programmation sur le site de la manifestation

Y a-t-il encore des salles de cinéma pour le film de genre français ?

Posté par kristofy, le 30 mars 2016

evolution

Le cinéma français est tiré vers le haut du box-office par les comédies telles que Les Nouvelles Aventures d'Aladin (4,4 millions de spectateurs!), Les Profs 2 (3,4 millions de spectateurs), Papa ou Maman (2,8 millions ), tandis que les films dits d’auteur ont toujours des relais favorables dans la presse comme Les Souvenirs, Marguerite, Une heure de tranquillité, La Loi du marché qui ont réussi à atteindre la barre du millions d’entrées.

Mais où sont les films français avec des serial-killers masqués, des poursuites de voitures, des bagarres de kung-fu, des zombies affamés, des aliens envahisseurs...  en gros : où sont les films de genre français ? Ils n’arrivent plus à être produits, et quand c’est le cas, ils ne parviennent pas à être distribués par les salles de cinéma. Ce genre de films, ça marche quand c’est américain (la même semaine sortent Midnight special et 10 Cloverfield lane), mais il y aurait comme une sorte de rejet quand c’est en français avec des acteurs français ? Que se passe-t-il  ?

Films américains ultra-rentables versus films français mal-aimés

Les américains, eux, ont bien compris que le cinéma de genre était ultra-rentable, surtout depuis que la recette du retour au found-footage avait été re-découverte à la surprise générale en 1999 avec The Blair witch project en 1999 (60 000 dollars de budget, 248 millions de recettes, plus rentable que le retour de StarWars La Menace fantôme). Depuis chaque distributeur exploite le filon de l’équation frisson ‘mini-budget=maxi-bénéfices’ avec Paranormal activity (15 000 dollars de budget, 190 millions de recettes, 5 suites), Insidious (1,5 million de budget, 97 millions de recette, 2 suites), American Nightmare (3 millions de budget, 89 millions de recettes, 2 suites), Annabelle (6,5 millions de budget, 256 millions de recettes)…

Ce genre de film trouve donc bel et bien son public dans les salles de cinéma en France, avec des sorties sur une large combinaison de plus d’une centaine d’écrans dans les multiplexes. Mais alors, que se passe-t-il quand un film de genre français arrive ? Un refus de la part de ces mêmes multiplexes. Aucune salle de cinéma ne veut programmer ce genre de film quand il est d’origine française. Evolution réalisé par Lucile Hadzihalilovic (récompensé aux festivals de San Sebastian, Stockholm, Gérardmer…) n’est par exemple sorti le 16 mars que dans 6 salles de cinéma sur tout le territoire français. Trop arty ? A la rentrée 2015, Enragés de Eric Hannezo sort dans 151 salles grâce à son casting (avec Guillaume Gouix, Lambert Wilson, Virginie Ledoyen, Franck Gastambide pour un remake d’un film de Mario Bava), mais c’est un échec avec 48 700 entrées. Pourtant en Espagne les spectateurs font un succès à leur marché local fantastique en espagnol comme L’orphelinat, Rec, Les yeux de Julia, Ouvre les yeux, Les proies, Le labyrinthe de Pan, Cellule 211, Malveillance, Insensibles, Mama, Ghost graduation, Les Sorcières de Zugarramurdi, Musaranas

Retour sur une disparition du cinéma de genre français du grand écran en 10 dates


31 janvier 2001 : sortie au cinéma du nouveau film de Christophe Gans Le Pacte des loups, succès en France et aussi à l’international… Le cinéma de genre à grand spectacle qui exploite le patrimoine français est alors à son meilleur. En 2004 ni Arsène Lupin avec Romain Duris ni Immortel (ad vitam) de Enki Bilal ne parviendront à la même qualité, en 2010 il y aura quand-même Les aventures extraordinaires de Adèle Blanc-Sec par Luc Besson.

18 juin 2003 : sortie du second film de Alexandre Aja Haute tension, tellement réussi que le Français va contribuer à redéfinir des nouveaux standards de films d’horreur aux USA avec ensuite les remakes La colline a des yeux, Piranha 3D, Maniac

11 février 2004 : sortie de Blueberry de Jan Kounen. Emmener Vincent Cassel dans un western chamanique avec Michael Madsen et Juliette Lewis en étant inspiré par le personnage de bd de Giraud et Charlier, voila tout à fait le genre de gros projet français qu’il ne semble plus du tout possible de mettre sur pied aujourd’hui, d’ailleurs tout comme le Dobermann de Kounen en 1997…

10 novembre 2004 : sortie en salles de Banlieue 13 de Pierre Morel, où comment Luc Besson a su recycler les Yamakazi adeptes du Parkour en une nouvelle forme de film d’action. Les cascadeurs sont aussi les acteurs, il y aura plusieurs suites Banlieue 13 Ultimatum et Brick Mansions aux Etats-Unis. Europa Corp sous l’égide Luc Besson concentre d’ailleurs pendant quelques années beaucoup de films de genre distribués en France avec succès, et produits dès l’origine avec une ambition d’exportation pour le marché international : Le Transporteur et Danny the dog de Louis Leterrier, Taken de Pierre Morel… Le style des poursuites et des combats façon Parkour se retrouvera plus tard en ouverture du James Bond Casino Royale, aussi dans Die Hard 4 ou Jason Bourne l’héritage

23 janvier 2008 : sortie tardive enfin du Frontière(s) de Xavier Gens pourtant tourné en 2006, une sortie qui arrive via Europa Corp/Luc Besson qui entre-temps l’avait engagé pour filmer Hitman… Déjà l’interdiction aux moins de 16 ans fait grincer des dents. Frontière(s) rencontre peu de spectateurs en salles mais beaucoup plus en dvd, et surtout ça va devenir un véritable petit succès inattendu aux Etats-Unis et ailleurs. Xavier Gens va ensuite réaliser son meilleur film et un des plus éprouvants survival avec The Divide aux Etats-Unis en 2011 : aucune sortie salles française (trop violent ?), directement en dvd.

3 septembre 2008 : sortie chahutée avec une menace d’interdiction pour Martyrs de Pascal Laugier, il y a débat sur une interdiction aux moins de 16 ans ou aux moins de 18 ans… Pascal Laugier s’impose lui aussi comme l’un des meilleurs réalisateurs de genre français avec déjà en 2004 Saint Ange (à la hauteur du fantastique espagnol) puis plus tard en 2012 avec The Secret aux Etats-Unis. Résultat : Laugier, Gens, Aja se sont exportés vers les USA pour continuer de travailler…

27 février 2014 : sortie du dyptique Goal of the dead, en deux parties co-réalisé par Benjamin Rocher (déjà co-réalisateur de La Horde) et Thierry Poiraud, avec un nouveau dispositif : pas une sortie nationale mais dans certaines salles des séances événementielles des deux films avec entracte (environ 2h30) et la présence d’une partie de l’équipe à la plupart des séances à Paris puis ensuite en province (Angoulême, Lyon, Nice, Dijon, Avignon, Strasbourg, Bordeaux, Nantes…) durant plusieurs semaines, avant une sortie en dvd en juin 2014.

1er octobre 2015 : sortie en vod de Dealer de Jean-Luc Herbulot avec Dan Bronchinson (et quasiment auto-produit par lui). Trop original dans le paysage cinématographique français (et un certain degré de violence), le film sort directement sur plusieurs plateformes vod puis Netflix : il est disponible dans 72 pays en janvier 2016.

16 mars 2016 : sortie de Evolution réalisé par Lucile Hadzihalilovic dans 6 salles en France. Divers appels à des débats sur la production indépendante et la diversité dans les salles de cinéma sont lancés,comme par exemple le sujet de la SRF (Société des Réalisateurs de Films) sur l’exploitation des films en salles qui dysfonctionne : « surexposition de certains films au détriment de tous les autres, accélération de la rotation des films, augmentation exponentielle des coûts de promotion, difficulté d’accès des salles art et essai à certaines œuvres… ». La question est vaste, et la problématique de l'accès aux salles en cas d'interdiction aux moins de 16 ans n'arrange rien.

1er avril 2016 : sortie directement en vod de Alone (le nouveau titre de Don’t grow up, primé au festival fantastique de Paris en novembre) réalisé par Thierry Poiraud (puis en dvd le 8 avril), tourné directement en langue anglaise pour une meilleure circulation du film à l’international. Pourtant, il ne bénéficiera malheureusement pas d'une sortie en salles en France.

Woody Allen en ouverture du 69e Festival de Cannes

Posté par vincy, le 29 mars 2016

La 69e édition du Festival International du Film de Cannes s'ouvrira, une fois de plus, avec le nouveau film de Woody Allen, Café Society, le 11 mai prochain. Présenté en Sélection officielle et Hors Compétition, ce sera la troisième fois que Woody aura cet honneur après Hollywood Ending en 2002 et Minuit à Paris en 2011.

Le film raconte l’histoire d'un jeune homme qui se rend à Hollywood dans les années 1930 dans l'espoir de travailler dans l'industrie du cinéma, tombe amoureux et se retrouve plongé dans l’effervescence de la Café Society qui a marqué cette époque.

Pour le casting étoilé crû 2016, Kristen Stewart (Sur la route, Sils Maria, tous deux en compétition) et Jesse Eisenberg (Back Home l'an dernier en compétition) partagent l'affiche Steve Carell, qui a remplacé Bruce Willis au pied levé, Parker Posey et Blake Lively.

C'est la quatorzième fois que Woody Allen est en Sélection officielle à Cannes depuis Manhattan en 1979. L'an dernier, il avait présenté L'Homme irrationnel.

Café Society sortira simultanément le 11 mai dans les salles françaises, distribué par Mars films.

Comment Batman v Superman est devenu un vulgaire « film de fans »

Posté par wyzman, le 29 mars 2016

A moins de vivre dans une grotte depuis une semaine, vous n'avez pas pu échapper à tout ce ramdam entourant la sortie de Batman v Superman : L'Aube de la justice. (Oui, je me rends compte que ce titre est horrible. Surtout maintenant que j'ai vu le film... mais peu importe !) La nouvelle œuvre de Zack Snyder, quoiqu'un peu farfelue, était très intéressante sur le papier. Réunir deux héros majeurs de la pop culture dans une superproduction, nous en avions tous rêvé. Et d'entrée de jeu, le réalisateur de 300 avait tout pour lui : un talent certain, deux gros studios prêts à financer, des teasers et autres bandes annonces excellents et un casting impressionnant (Henry Cavill, Ben Affleck, Amy Adams, Jesse Eisenberg, Diane Lane, Laurence Fishburne, Jeremy Irons, Holly Hunter, Kevin Costner pour une séquence et Gal Gadot en cerise sur le gâteau).

Plus encore, après l'avant-première mondiale, les spectateurs semblaient plus que ravis. Comme on dit outre-Atlantique, les premiers avis étaient in. Bref, tout allait bien. Puis l'embargo a été levé et là, le massacre a commencé. Genre, vraiment. "Inachevé" pour Indie Wire. Juste "visuellement spectaculaire" pour Variety. Sauvé de sa "monotonie vaseuse" par Gal Gadot d'après The Wrap"Pas fun" et "absurde" pour le New York Times. Bref, vous avez compris l'idée. Et en France, même son de cloche. "Anti-spectaculaire" et "décevant" pour Première. De son côté, Le Figaro pointe "la lourdeur de l'intrigue, la lenteur des plans, l'omniprésence écrasante des effets pyrotechniques". C'est "une pâté réflexive" pour Le Plus. Et même Le Journal du Geek l'a perçu comme "supermou" et sans "aucun frisson". Ecran Noir y a vu "une valse de pantins" dans "un script peu subtil".

De manière simpliste, on pourrait mettre le décalage d'avis fans/critiques sur le dos du marketing : 250 millions de dollars de budget, 150 millions (minimum) pour la promotion, des teasers bandants, un "combat du siècle" promis, tout était là. En allant mater Batman v Superman, ce que l'on voulait voir c'est du grand spectacle, des trucs qui pètent, avoir le souffle coupé et se dire que c'était l'idée du siècle que de réunir les deux hommes dans un film. Sauf que cela n'arrive pas. On pourrait blâmer le scénario qui se veut politisé mais ennuie souvent. Nous pourrions évoquer la noirceur que Zack Snyder a voulu insuffler grâce à la présence de Batman. Mais cela ne prend pas car Christopher Nolan a déjà fait tout cela. Ce que le Hollywood Reporter a noté au moment de conseiller à Zack Snyder de "laisser les films de Christopher Nolan à Christopher Nolan".

Le fan, rempart bulletproof ?

Et une fois n'est pas coutume, au moment de vendre un film et d'esquiver des critiques unanimes, le fan est parfait. Le fan permet de se dédouaner de tout. Le fan est une excuse imparable. Pour le fan, studios, distributeurs et acteurs seraient prêts à faire ou dire n'importe quoi. Et cela notamment parce que le fan est souvent un bon client. Oui, le fan est loyal - jusqu'à ce que le résultat soit vraiment trop mauvais. Le fan vous soutiendra du mieux qu'il peut. Le fan ira voir le film. Une fois, deux fois, peut-être même plus. Le fan parlera du film sur les réseaux sociaux, à ses amis, au boulot, aux repas de famille. Le fan fera le travail pour vous, à partir du moment où vous le contentez. En d'autres termes, faire "un film de fans" ou "un film pour les fans" expliquerait la qualité moindre de certaines adaptations. Voilà qui est sympa pour les fans ! Mais de là à dire que les fans présents à l'avant-première mondiale ont été éblouis par les acteurs présents, il n'y a qu'un pas…

Le fan n'est pas nécessairement aveugle car fan ou pas fan, il faut bien reconnaître que la communication autour du film était géniale, que notre attente à tous était élevée et qu'au fond de nous, nous voulions y croire. En cela, nous pourrions faire le parallèle avec Le Réveil de la Force. Son réalisateur, J. J. Abrams, est un homme de génie et sur le plan technique, on ne peut rien reprocher à son film. Mais le scénario ne casse pas trois pattes à un canard ! C'est un fait, une vérité générale presque. Fans et/ou critiques, nous avons fait avec et sommes passés à autre chose. Malheureusement, et comme c'est souvent le cas, c'est plus simple à dire qu'à faire.

Une industrie pourrie ?

Tandis que certains fans ont déjà commencé à signer une pétition pour évincer  Zack Snyder des prochains projets de DC Comics, Rolling Stone a mis le doigt sur ce qui est peut-être la véritable raison d'un tel bad buzz autour de Batman v Superman : "les films de super-héros ne sont pas en train de tuer l'industrie du film. L'industrie du film est en train de tuer les films de super-héros" écrit le magazine. Eh oui, à force d'enchaîner les adaptations, de multiplier séries dérivées, remakes et autres reboots, il faut bien que quelqu'un se casse la figure. Daredevil et Green Lantern étaient de bons exemples de ratage complet, mais ça n'a pas arrêté Hollywood. A l'inverse, le carton de Deadpool prouve qu'on peut encore divertir avec une certaine singularité et un super-héros qui ne se prend pas au sérieux.

Persuadés que les fans de comics et le public en général seront toujours au rendez-vous, Marvel a réussi à incruster Spider-Man dans la dernière bande annonce de Captain America : Civil War (ou Avengers 3 si vous préférez), tandis que DC Comics a plus ou moins bien introduit ses prochains hits grâce à Batman v Superman. Nous attendrons avec impatience Wonder Woman, Aquaman sera un véritable plaisir coupable que James Wan annonce déjà comme plus "fun" que L'Aube de la justice, Flash devrait faire du bruit et Cyborg méritera le coup d'œil. Et il y aura bien évidemment cette Justice League qui devrait tout déchirer.

Une chose est sûre : au moment d'attirer les fans, Marvel et DC Comics savent y faire. A l'instar de Michael Bay ces dernières années, Batman v Superman vient de prouver que les studios pouvaient officiellement se passer de critiques positives dans la presse pour amasser du fric. Plus gros lancement de Pâques aux Etats-Unis avec 166 millions de dollars en 3 jours, quatrième meilleur démarrage dans le monde en dépassant les 400 millions de dollars en 5 jours… Batman v Superman va marquer l'histoire du cinéma côté recettes. Et ça sans l'adhésion de la presse ! Cela mérite qu'on lui lève notre chapeau. Du coup, bien malgré nous et ce que l'on en a pensé, on ne saurait que trop vous recommander de vous faire votre propre opinion sur l'œuvre en la voyant directement en salles. Ou pas. Dans un mois, Captain America affronte Iron Man dans un autre match de titans. Leur invincibilité garantit aux franchises d'être sans fin. Et hélas, c'est aussi ça qui tue le suspense. Car pour Hollywood, la seule incertitude n'est pas de savoir si un super-héros peut mourir (c'est impossible), mais de savoir combien les fans dépenseront et à quelle place il terminera au box office !

Jim Harrison et Hollywood, une histoire qui a mal tourné

Posté par vincy, le 28 mars 2016

Immense écrivain, Jim Harrison, surnommé « Big Jim », est mort dimanche à l'âge de 78 ans. L'Amérique n'était pour lui qu'un Disneyland fasciste obsédé par le fric. Il préférait René Char, Arthur Rimbaud, Paris et surtout les grands espaces américains, ceux des Western, cette Amérique originelle. Dans ses romans, on baisait, on buvait (beaucoup, le vin pour lui apportait plus de bonheur à l'humanité que toutes les décisions politiques de l'Histoire), on s'interrogeait sur le sens de la vie et par conséquent on se rapprochait de la mère Nature.

On comprend mieux qu'avec Hollywood, ça ne se soit pas très bien passé. L'épicurien qu'il était avait quand même ramé avant d'être riche. Il avait consacré sa vie à l'écriture. Et durant les trente premières années où il a tapé ses romans, nouvelles et poèmes sur sa machine à écrire, n'a pas gagné beaucoup de dollars. Rencontré en 1975, son ami Jack Nicholson jouait les mécènes (et le poussait à travailler pour le cinéma). Car Jim Harrison, pas beaucoup lu à l'époque, ne manquait pas d'admirateurs, Sean Connery et Warren Beatty en tête. Mais lui ne se gênait pas pour détester Hollywood.

Au dessus de son bureau, il y avait un morceau de papier qui lui rappelait toujours ce que lui avait sorti un patron de studio. "Tu n'es rien qu'un écrivain". Ce mépris pour l'écriture de la part de l'industrie cinématographique a sans doute conduit Jim Harrison à ne pas trop fricoter avec elle. Il n'y a eu que six adaptations de ses oeuvres sur petit et grand écran. David Lean et John Huston ont pourtant pris des options sur des nouvelles qu'il avait écrites, sans pouvoir les tourner.

En manque de fric, il a quand même cédé à la fin des années 1980 aux sirènes d'Hollywood. En 1989, il coécrit le scénario de Cold Feet, entre polar et comédie, signé Robert Dornhelm. L'année suivante, il adapte Une vengeance, nouvelle inclue dans le recueil Légendes d'automne. Sydney Pollack, Jonathan Demme et Walter Hill furent intéressés. John Huston devait finalement la filmer. Mais il ne voulait pas de Kevin Costner dans le rôle principal. Celui-ci, en pleine ascension, a donc choisi Tony Scott pour réaliser Revenge. Le polar, honnête, est un joli succès en salles, sans plus.

En 1994, deux hits avec Jim Harrison au générique sortent sur les écrans. Légendes d’automne, l'une de ses trois nouvelles issues du recueil éponyme, est réalisé par Edward Zwick, avec Brad Pitt (qui a pris le rôle à Tom Cruise), Anthony Hopkins (après l'abandon de Sean Connery), Aidan Quinn et Julia Ormond. Le "mélo", dont il n'a pas écrit le scénario, n'est pas forcément à la hauteur de l'oeuvre littéraire, mais le film est gros succès public et récupère un Oscar (pour la photo). Jim Harrison encaisse un million de dollars qu'il dépense en alcool et cocaïne.

La même année, son ami Jack Nicholson parvient à monter Wolf, après douze ans d'efforts. Sur proposition de Nicholson, Mike Nichols réalise ce film fantastique avec Michelle Pfeiffer, James Spader et Christopher Plummer. Jim Harrison scénarise cette histoire (qui n'a rien à voir avec son premier roman, Wolf: mémoires fictifs) d'un éditeur (des comptes à régler, Jim?) qui se transforme en loup-garou. Le tournage est un cauchemar. Le scénario est massacré par le studio quand celui-ci demande une réécriture complète du dernier tiers du film. Harrison quitte la production pour "différences créatives", estimant que leur vision du projet était incompatible: "Je voulais un loup, il en fait un chihuaha". Le film est pourtant un succès en salles.

De là date sa fâcherie avec Hollywood. Deux adaptations verront quand même le jour. Etats de force (Carried Away), d'après son roman Nord Michigan (Farmer). Réalisé par Bruno Barreto, avec Dennis Hopper et Amy Irving, le film est un fiasco total. Et Dalva, l'un de ses meilleurs romans, porté de manière pas trop honteuse sur le petit écran, avec Farrah Fawcett, Peter Coyote et Rod Steiger.

Jim Harrison ne voulait plus entendre parler de cinéma. Pour lui, assister à une projection d'un film qu'il avait écrit ou qui était une adaptation d'une de ses oeuvres c'était comme avoir "le sentiment distinct de se sentir violer par un éléphant ou - si votre imagination est plutôt maritime - par une baleine".

Il reste à savoir si dans son testament l'écrivain a laissé l'ordre de ne pas adapter ses écrits. Ou si Hollywood va désormais pouvoir s'emparer librement des histoires naturalistes et intimes, sans se soucier de l'avis de celui qui fut, jusqu'au bout, un homme libre qui avait la réputation d'être un ours.

Valerian: les premières photos du film de Luc Besson

Posté par cynthia, le 27 mars 2016

Bien que le tournage soit loin d'être terminé, le réalisateur Luc Besson a dévoilé les toutes premières images de son adaptation de la bande-dessinée de Mezières et Christin: Valerian. Sur ces clichés, nous pouvons voir l'acteur Dane Dehaan ainsi que sa partenaire (que l'on présente plus) Cara Delevigne. Si Luc Besson a twitté la première photo officielle, lui de dos avec les deux jeunes comédiens, le magazine Entertainment Weekly a eu l'exclusivité pour les autres photos. Et ce trois mois après la première photo du tournage instagrammée par l'actrice principale.

Notons que parmi le casting, de cette super production à 197 millions d'euros, il y a aussi la chanteuse Rihanna et les acteurs plus confirmés Ethan Hawke et Clive Owen.

Valérian et la cité des mille planètes doit sortir en juillet 2017... patience!

Le Gaumont Convention est de nouveau ouvert

Posté par vincy, le 26 mars 2016

Après avoir été totalement reconstruit, le Gaumont Convention rouvre au public ce samedi 26 mars. Deux ans de travaux ont été nécessaires pour faire renaître ce multiplexe de la Rive Gauche, en plein XVe arrondissement. Il a été démoli et complètement refait aux normes, avec les innovations technologiques désormais en vogue (du 2K à la 3D). Au programme Room, La vache, Au nom de ma fille, Remember, The Revenant, Rosalie Blum, Batman v Superman, Médecin de campagne, Saint Amour et Les Innocentes.

Sur la place, c'est désormais une façade de verre toute en transparence qui illumine (la nuit, car le jour, c'est un peu "mat") le carrefour des rues de Vaugirard et de la Convention. Trois salles supplémentaires ont vu le jour. Le multiplexe possède désormais 9 salles et 1253 fauteuils (soit 153 sièges de plus). Un espace cocktail et une terrasse sont également disponibles au premier étage.

Le Gaumont Convention, jusque là plutôt un cinéma de quartier, va devoir voir plus large pour remplir sa jauge et ses objectifs (+ 30 à +50% de fréquentation). Face à lui, il a toujours le Gaumont Aqualboulevard, mais aussi tous les cinémas de Montparnasse et surtout le récent Pathé Beaugrenelle, sans oublier à quelques pas le Ciné-Théâtre Chaplin (ancien saint-Lambert).

Le Gaumont Convention, un temps menacé, a pu profiter de la fermeture de l'UGC Convention il y a 11 ans pour se maintenir au dessus des 400 000 entrées annuelles, jusqu'à sa fermeture le 25 mars 2014. La salle a été créée en 1919 avant d'être divisée en quatre salles dans les années 1970 puis en six salles.

Un Festival Ferris Bueller pour ses 30 ans

Posté par vincy, le 26 mars 2016


La folle journée de Ferris Bueller est incontestablement un film culte. Qui n'a pas eu envie de faire l'école buissonnière après avoir vu Matthew Broderick (à l'époque sexy, et nommé pour un Golden Globe grâce à ce rôle) déambuler à l'institut d'art moderne de Chicago, danser sur un char en chantant "Twist and Shout" des Beatles ou foncer avec une voiture de sport loin de sa banlieue ennuyante?

Et bien Ferris Bueller's Day Off a 30 ans cette année. Ça ne nous rajeunit pas. Du 20 au 22 mai, Chicago va célébrer la comédie de feu John Hughes, entrée au patrimoine national en 2014, avec un festival dédié au film qui comprendra plusieurs événements reliés au film, et notamment des parcours "touristiques" où les participants suivront les traces de l'adolescent insolent et insouciant. La fameuse parade où il chante et danse sera reconstituée. Les organisateurs promettent quelques surprises...

Une projection du film, avec l'intervention de certains acteurs pour un Q&A animé par le critique de cinéma Richard Roeper, sera organisée le 21 mai. Et sinon, les fans pourront aller découvrir le lycée de Ferris ou la maison de son meilleur ami (incarné par Alain Ruck). Clou du spectacle, les artistes Sarah Keenlyside et Joe Clement ont reproduit la chambre de Ferris Bueller à l'identitique.

Ce n'est pas donné en revanche: 300$ pour les trois jours. La soirée d'ouverture ne coûte que 25$.

http://www.ferrisfest.com/

Cannes 2016: Aki Kaurismäki (enfin) récompensé par le Carrosse d’or

Posté par vincy, le 25 mars 2016

Pour le 15e Carrosse d'or de la SRF (Société des réalisateurs Français), les réalisateurs ont choisi le cinéaste finlandais Aki Kaurismäki. On serait tenté de dire: enfin! Assurément l'un des plus brillants réalisateurs européens de ces trente dernières années - le Festival de Locarno lui avait d'ailleurs consacré une rétrospective intégrale en 2006 - Aki Kaurismäki est ainsi récompensé pour "les qualités novatrices de ses films, pour son audace et son intransigeance dans la mise en scène et la production".

Dans la lettre envoyée au réalisateur de L'homme sans passé et du Havre, le conseil d'administration de la SRF écrit: « Vos histoires sont des fables inspirées qui racontent les oubliés, les laissés pour compte, les excessifs, ceux qui n’ont pas le mode d’emploi. Vous les filmez à chaque fois avec économie, précision et grandeur, sans jamais renoncer à la fiction, à la poésie, voire au burlesque. En mettant en scène ces personnages vous leur donnez une place et vous les sauvez, car ceux qui ne sont pas racontés n’existent pas. Vos films, souvent mélancoliques mais jamais accablants, finissent toujours par trouver un combustible qui éclaire les nuits les plus noires et les penchants les plus sombres. Alcool, amour, amitié, gratuité ou hasard sauvent parfois vos personnages de l’ennui, du désespoir ou de la mort comme vos films sauvent les spectateurs de trop de normalité. Pour cela, pour la langueur et l’insolence de vos films, pour leur salutaire et tranquille subversion, nous voulons vous mettre à l’honneur, au moment même où se tient le plus grand événement cinéphile au monde. »

Réalisateur de 17 longs métrages de fiction, mais aussi de courts métrages, documentaire, téléfilm, et clips vidéos, Aki Kaurismäki est venu pour la première fois à Cannes avec Shadows in Paradise en 1987, à la Quinzaine des réalisateurs, qui le sélectionne de nouveau en 1994 avec Tatjana. En 1996, il est promu en compétition, qu'il ne quittera jamais, avec Au loin s'en vont les nuages (mention spéciale du jury oecuménique), suivi de L'homme sans passé en 2002 (Grand prix du jury, prix d'interprétation féminine, prix du jury oecuménique), Les lumières du faubourg (2006) et Le Havre en 2011 (Prix FIPRESCI, mention spéciale du jury écuménique et Prix Louis-Delluc quelques mois plus tard). Il également présenté à Un certain regard Ten Minutes Older et hors compétition Chacun son cinéma, deux oeuvres collectives. Il a également été sélectionné trois fois à Berlin (avec un Prix FIPRESCI en 1992 pour La vie de bohème) et une fois à Venise (J'ai engagé un tueur), nommé aux césar du meilleur film et du meilleur réalisateur (Le Havre) et à celui du meilleur film européen (L'homme sans passé). Sans oublier les Oscars finlandais, les Jussi où il a été couronné 14 fois (producteur, réalisateur ou/et scénariste).

Aki Kaurismäki prépare actuellement son prochain film, prévu pour 2017, Pakolainen (Réfugié).

Le Carrosse d'or lui sera remis à la Quinzaine des réalisateurs du prochain Festival de Cannes. Il succède à Jia Zhang-ke, Alain Resnais et Jane Campion.