House of Cards: le retour du Roi et de la Reine de pique(s)

Posté par wyzman, le 12 mars 2015, dans L'instant Zappette, Personnalités, célébrités, stars.

"J'aime cette femme bien plus que les requins aiment le sang." - Frank Underwood

Si la saison 3 est en ligne depuis le 27 février dernier - et le lendemain sur Canal+ à la demande -, ce n'est que ce soir que Canal+ commencera à diffuser les nouveaux épisodes de House of Cards en version française. Véritable phénomène de masse outre-Atlantique que même le Président Obama suit avec passion, la série de Beau Willimon fait les beaux jours du site de streaming Netflix et lui a permis de saturer toute la bande passante américaine le week-end dernier (binge-watching oblige) ! Et ce mois-ci, le thriller politique devrait assurer, une nouvelle fois, de belles audiences à la chaine cryptée. Mais la vraie question demeure : la saison 3 rattrape-t-elle la précédente ?

Un couple phare

Comme annoncé à travers les quelques teasers mis en ligne, cette nouvelle saison se consacre essentiellement au couple Underwood. Si les deux premières saisons décrivaient en long, en large et en travers la soif de pouvoir et de vengeance de Frank Underwood, la troisième nous explique comment et pourquoi il est nécessaire de garder un œil sur son trône, sur l'amour de sa vie et sur ses sujets. Car bien qu'il soit désormais Président des Etats-Unis, Frank Underwood demeure une cible de choix pour des ennemis - qu'il se crée le plus souvent - venant de l'extérieur du pays comme de l'intérieur. Et cette fois encore, on ne peut que saluer la performance de Kevin Spacey qui se glisse à merveille dans la peau de ce politicien cynique et arrogant aux pratiques douteuses.

Parce qu'ils ont conquis les Etats-Unis et la Maison-Blanche à deux, cette nouvelle salve d'épisodes place Frank et sa femme Claire en son centre. Comme de nombreux couples, ils se soutiennent mutuellement, s'aident dès qu'ils le peuvent bien qu'ils ne soient pas toujours d'accord. Mais entre l'attente de jours meilleurs, les choix spontanés de l'un et l'abus de pouvoir de l'autre, il semblerait que plus rien ne soit comme avant. A croire que même la Maison-Blanche n'est pas assez prestigieuse pour eux. Ou pour l'un d'entre eux… Car lorsque les ambitions de l'un viennent ralentir l'autre, les choses se corsent rapidement. Et c'est dans ces moments-là, dans ces scènes surprenantes, dans ces retournements de situation que l'on reconnaît tout le génie de Beau Willimon, le créateur de la série.

Pas de compromis, pas de jeu grossier, Kevin Spacey et Robin Wright se donnent corps et âme dans cette nouvelle saison - qui ressemble bien plus à un nouveau livre qu'à un nouveau chapitre. Avec la désormais légendaire froideur qui caractérise Claire, Robin Wright nous embarque avec elle au milieu des tourments de celle-ci et de sa quête de reconnaissance. Eh oui, celle qui a toujours voulu être autre chose que "la femme de" ne peut se contenter du titre de First Lady.

Un anti-héros à la dérive

Si certains pourront regretter la différence de ton adoptée, cette troisième saison n'en est pas pour autant très bonne. Oui, on sent quelques coups de mous par-ci par-là. Oui, on remarque les petits gimmicks de chaque scénariste ou réalisateur. Oui, on note une dynamique qui n'est plus du tout la même. Mais tout cela est normal. Maintenant qu'il a gravi les échelons, qu'il s'est débarrassé de ses concurrents, qu'il a écarté ceux qui se mettaient en travers de son chemin, que Frank Underwood peut-il faire, si ce n'est diriger sa patrie et tenter de la façonner à son image? La vision qu'il a de l'Amérique qu'il mène est peut-être utopique mais le bonhomme sait obtenir des résultats. Et puis, entre nous, ses talents de persuasion et ses moyens de pression font toujours aussi froid dans le dos.

Si le grand méchant loup n'est plus aussi effrayant (oups, petit spoiler!) c'est sans doute parce que le poste qu'il occupe désormais est loin de ce que l'on attendait. La série montre toujours les luttes de pouvoir et les chamailleries propres aux républicains et autres démocrates (ce qui n'est pas sans rappeler certains récents épisodes politiques), mais tend à se tourner vers l'international. Frank a beau être le locataire de la Maison-Blanche, il n'en demeure pas moins un simple chef d'Etat sur l'échiquier planétaire. L'an dernier, ce sont les pratiques de la Chine qui étaient pointées du doigt. Cette année, va pour les violences contre les homosexuels en Russie et la politique versatile d'Israël. Et si la nouvelle Guerre froide sent le réchauffé, on se prend quand même au jeu. La faute à Lars Mikkelsen qui incarne à merveille un président russe aussi irritable qu'ambigu.

Avec son rythme pesant et parfois franchement lourd, la troisième saison de House of Cards marque un véritable tournant dans la série. Il n'est plus simplement question du désir de grandeur d'un seul homme mais bien des répercussions que les décisions d'un couple présidentiel peuvent avoir. Pas de journaliste poussé sous un métro, pas de meurtre maquillé en suicide et pas de plan à trois avec le garde du corps ici. Reste alors l'essentiel : une réalisation proche de la perfection, des dialogues croustillants, des regards caméra toujours aussi enthousiasmants et un cliffhanger final incroyable !

House of Cards saison 3 - tous les jeudis soirs sur Canal+.

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