Tom Clancy a écrit douze romans, de 1984 à 2003, avec le personnage Jack Ryan. Hollywood n'en a produit que quatre, avec trois acteurs différents (deux fois Harrison Ford, une fois chacun Alec Baldwin et Ben Affleck). Ce qu'on appelle une franchise instable. Clancy a souvent joué avec la chonologie dans la série. Ainsi sans aucun remords, qui pourrait correspondre aux premières aventures de Ryan n'a été que le sixième roman publié. Le phénomène littéraire des années 90 s'est estompé, de nombreux films ont copié le genre (le "techno-thriller d'espionnage").
Logiquement le premier roman avait donné le premier film. A la poursuite d'octobre rouge était un superbe huis-clos avec Alec Baldwin face à Sean Connery. Un énorme hit avec un box office de 200 millions de $ récoltés dans le monde en 1990.
Deux ans plus tard, Harrison Ford, qui cherche une nouveau héros pour remplacer Indiana Jones, a priori à la retraite, reprend le rôle. Là encore Hollywood respecte la chronologie des romans en reprenant Jeux de guerre, deuxième de la série. Plus classique, mais néanmoins captivant, le film ramasse 180 millions de $ dans le monde. Ford revient deux ans plus tard avec Danger immédiat. Le film est l'adaptation du quatrième bouquin, ce qui signifie qu'Hollywood a zappé Le cardinal du Kremlin, troisième opus du feuilleton littéraire. Le film, pourtant moins réussi que les autres, cartonne avec 215 millions de $ dans le monde. Pourtant la franchise s'arrête.
L'échec d'Affleck
Elle reprend en 2002, avec Ben Affleck dans le rôle de Ryan. La somme de toutes les peurs, sans doute le meilleur roman de la série, est le cinquième roman, se situe entre Danger immédiat et Dette d'honneur dans la chronologie du personnage, et, avec un Jack Ryan plus jeune, se situe presqu'aux origines de l'histoire, tout en la situant après la Guerre Froide. Hollywood veut donc relancer les aventures de l'agent de la CIA. L'épisode est rentable, rapporte 193 millions de $ dans le monde, mais attire en fait beaucoup moins de spectateurs. Il arrive quand Clancy veut en finir avec son héros, qui lui-même evnd moins en librairie. Et puis Affleck est un choix problématique. Tandis que son ami Matt Damon réalise un très beau coup avec les Jason Bourne (film réussi, succès public et critique, réinvention du genre), l'acteur amorce son déclin. D'ailleurs, l'année suivante, Daredevil sera son dernier hit. Surtout sa relation avec Jennifer Lopez, à l'époque, parasite tout le planning média du film...
Jack Ryan ne renaît pas jusqu'en 2008, quand Sam Raimi propose à la Paramount, détentrice des droits, de relancer la franchise. On ne sait pas si Raimi est toujours intéressé, mais le studio a annoncé cette semaine qu'il négociait avec Chris Pine, l'un des acteurs ayant le mieux profité du carton de Star Trek version 2009, dans le rôle de James T. Kirk, produit aussi par la Paramount. Le script est en cours de réécriture.
Si la résurrection cinématographique n'est pas prévue pour être dans les salles avant 2012, il reste étonnant après autant de déboires, et des résultats acceptables mais pas triomphants, que l'on mette autant d'énergie sur un agent de la CIA qui a changé si souvent de tête, sans jamais être réellement incarné.