Polanski : la passion au coeur des lobbyistes (5)

Posté par vincy, le 14 octobre 2009

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"Le cinéaste est très touché de tous les soutiens qu'ils reçoit, il sait aussi que certains soutiens sont contre-productifs."

Mercredi. La justice américaine commence alors à prendre en compte la communication dans sa manière d'aborder le cas Polanski. Désormais on ne parle plus de persécution mais de processus judiciaire. Si Polanski a plaidé coupable pour un crime (sur six), c'est qu'il y a crime. la rhétorique s'installe comme arme de propagande.

David Wells, ancien procureur de Los Angeles, avait révélé dans le documentaire Roman Polanski: wanted and desired qu'il avait discuté avec le juge de l'affaire avant qu'il ne rende sa sentence, et lui avait dit que le cinéaste méritait la prison. Il revient sur ses déclarations et avoue avoir menti. Un comble pour un procureur. Ou une mauvaise blague. Il avait inventé l'histoire parce qu'il pensait que le documentaire ne serait pas diffusé aux Etats-Unis. Comment peut-on le croire?

Mais désormais, les accusateurs sont à l'attaque, et ceux qui ont défendu le cinéaste, se retrouvent sur la défensive. Et le doute est installé. Car c'est bien avec ce documentaire et ses révélations - resorti en Suisse et en France pour l'occasion, en attendant un prochain DVD - qui avait permis aux avocats de Roman Polanski de croire à la fin de la procédure.

L'opinion se divise alors en deux parts inégales. une majeure partie pense qu'il est comme tout le monde. Et doit être traité ainsi. Populisme versus élitisme. Associations contre castes. Droit des victimes contre droit au pardon. Même Hollywood est divisé : des personnalités comme Schwarzenegger ou Jamie Foxx se distinguent en prenant aprtie en faveur de la justice californienne.

Polanski devait donné 500 000 dollars à la victime en guise de dédommagement et pour mettre fin aux poursuites. L'accord signé en 1993 a été a priori conclu en 1997 (ou un peu avant). Il semble que le réalisateur ait mis du temps à payer. Mais la victime, elle, semble avoir pardonn".

Reste qu'en moins de quatre jours, le cinéaste a eu l'appui d'une pétition de 700 signatures. Mais la désagréable surprise de constater qu'il était passé dans le camp des méchants. En quatre jours de communication intensive, ceux qui le protégeaient en usant de tous leurs contacts dans les médias invoquent désormais un lynchage médiatique à l'encontre de l'artiste.

L'opinion a été renversée. Passée l'émotion autour d'un piège pathétique, elle a réagit au fond de l'affaire, en zappant ostensiblement quelques épisodes. Dans cette histoire, la justice ne sort pas indemme de cette guerre des mots, aux côtés d'une victime fatiguée et d'un cinéaste abimé.

Mais on le constate jour après jour, Polanski, en quelques jours, a perdu des soutiens. Emmanuelle Seigner se voit traquée par les paparazzis (retardant même la sortie de son album). L'avocat du cinéaste, Maître Temine veut donc re-sensibiliser l'opinion en jouant sur l'état de santé d'un vieux monsieur. "Je suis inquiet par son état de santé, je l'ai trouvé très abattu, c'est un homme de 76 ans" . Politique de la dernière chance? Si les élites l'ont défendu, le peuple ne semble pas le suivre, voire paraît choquer. Alors on rebrousse chemin : "il s'est engagé à rester en Suisse", "il ne réclamait aucune immunité artistique". Ultime aveu de faiblesse : "Le cinéaste est très touché de tous les soutiens qu'ils reçoit, il sait aussi que certains soutiens sont contre-productifs" selon son avocat.

En attendant, une autre bataille se prépare à Hollywood : qui va pouvoir finir The Ghost, son film en post-production?

Cinespana 2009 : courts, mais bons

Posté par MpM, le 14 octobre 2009

Ela RibeirinhaComme tout festival qui se respecte, Cinespana proposait cette année une jolie sélection de courts métrages où tous les genres étaient représentés, y compris le documentaire. Comme souvent, c’est dans le format court que l’on voit le plus d’audace, d’expérimentation et de recherche esthétique. Plus de souffle aussi.

Les thèmes abordés, eux, sont sensiblement les mêmes que dans le long : la guerre civile est omniprésente, l’humour tient une place importance, la société est passée au crible dans ce qu’elle a de pire et de meilleur (handicap, difficultés économiques, héroïsme, racisme…).

De manière un peu subjective, on a envie de retenir un film parmi la trentaine présentée : Ela Ribeirinha de Pedro M. Vila Taboas, qui se distingue par son image noir et blanc joliment contrastée et sa manière de prendre son temps. On voit d’abord peu de choses : des gestes lents, mesurés, qui semblent caresser un cadre représentant un jeune couple. Puis des cloches dans le lointain, des pas mal assurés. Et une attente et une solitude mises à nu par l’absence de dialogue, de musique.

En moins d’un quart d’heure, avec quasiment aucune parole, Ela Ribeirinha dit presque tout de l’absence et du poids des guerres, des destins brisés et des rêves foudroyés en plein vol. Avec une simplicité déconcertante, il redonne au cinéma le pouvoir d’évocation qui est le sien. Pas forcément annonciateur d’une énième "nouvelle vague du cinéma espagnol", mais preuve que le savoir-faire est toujours-là.