Deauville 2013 – Hommage à Larry Clark : « dans ma tête j’ai toujours 16 ans »
« Je n’arrive pas à croire que j’ai 70 ans sauf avec mes jambes et ma canne, dans ma tête j’ai toujours 16 ans. Ce qui compte c’est le mouvement, aller de l’avant, c’est de faire». Larry Clark est content que le Festival du cinéma américain de Deauville lui rende hommage ; mais il est surtout heureux d'évoquer son film "web" Marfa Girl, projeté sur grand-écran (tout comme au Festival de Rome où le film avait gagné le Grand prix). Une séance exceptionnelle puisque celui-ci n’est pas du tout distribué en salles ni en vidéo mais seulement en streaming sur internet : « mon meilleur film à ce jour c’est Marfa girl, pour le voir donnez-moi 5 dollars sur mon site larryclark.com, je l’ai tourné en 19 jours, et c’est un putain de bon film, vos globes oculaires vont sortir de vos yeux et va falloir les ramasser».
C’était en 1995 au festival de Sundance, après la découverte du film Kids, que Larry Clark naquit dans la planète cinéphile : ‘un chef d’œuvre’ (Village Voice), ‘choquant’ (Rolling Stone), ‘un cri d’alarme’ (New York Times). Le cinéma indépendant se découvrait un nouveau héros avec ce photographe déjà connu pour le succès controversé de son livre Tulsa (et ceux qui suivront) : des amis, jeunes, marginaux, photographiés parfois nus et souvent drogués.
The Smell of Us
En 2010 une rétrospective de ses photographies est organisée à Paris, où il rencontrera des skateurs et le scénariste S.C.R.I.B.E. qui vont inspirer son nouveau film qu’il a tourné cet été, avec difficultés, dans la capitale : The Smells of us. Entre ces deux films il y en a une poignée d’autres qui abordent presque toujours les mêmes thèmes de la perte d’innocence d’une jeunesse sex drug and skateboarding. Lui qui veut montrer les vies de gens qu'on ignore. Souvent critiqué pour la nudité adolescente exposée, catalogué underground, Larry Clark commence à percevoir les fruits de sa constance et de son influence : les grands festivals l'honorent.
A propos de son prochain film The Smells of us Larry Clark précise que : « c’est un film 100% français : le producteur, l’argent, l’histoire, les acteurs tout est français, sauf moi et l’acteur Michael Pitt. Moi et le producteur on a été tenace car ça fait deux ans qu’on a connu des hauts et des bas pour faire ce film, on a eu la moitié du budget espéré et la moitié du temps mais on a fait ce film quand même. J’ai rencontré des jeunes qui faisaient du skate derrière le Palais de Tokyo à Paris, et je me suis demandé ce qu’ils faisaient le reste du temps. Le tournage est terminé, il reste à en faire le montage». Il pourrait être prêt pour Berlin ou Cannes.
Revue de détails des amis de Larry Clark dans 5 films emblématiques :
Kids (1995) : premier film, premier chef-d’œuvre, film culte. Première apparition de beaucoup de noms qui par la suite seront influents : à la production il y a Gus Van Sant (devenu le réalisateur que l’on sait et récompensé à Cannes et aux Oscars) et Christine Vachon (qui va produire les films de Todd Solondz, Todd Haynes, John Waters...) ; au casting il y a Léo Fitzpatrick, Rosario Dawson et Chloé Sévigny qui était la petite amie du scénariste Harmony Korine (elle jouera ensuite dans les films qu’il réalisera).
Bully (2001) : au casting encore Léo Fitzpatrick de Kids, et la jeune génération de l’époque Bijou Phillips, Nick Stahl, Brad Renfro (qui participe aussi à la production) et Michael Pitt (dans le prochain The Smells of us); le film est coproduit par des français.
Teenage Caveman (2001) : film rare pour HBO mais tout de même édité en dvd (dans un coffret dédié à Stan Winston). On y découvre la complice et muse de Larry Clark en la personne de Tiffany Limos (elle travaillera ensuite à la production de clips avec Michel Gondry) et Stephen Jasso.
Ken Park : presque une suite parallèle de Kids où on retrouve Harmony Korine au scénario, et au casting toujours Stephen Jasso et Tiffany Limos dans des scènes de sexe à plusieurs partenaires (le film est interdit au mineurs dans plusieurs pays). Le film est en fait coréalisé par Larry Clark et Ed Lachman (qui est directeur de la photographie pour Sofia Coppola, Todd Solondz, Steven Soderbergh, Todd Haynes…) ; le film est coproduit par des français.
Wassup Rockers : le scénario est co-écrit par Larry Clark et Matthew Frost (réalisateurs de clips et de publicités), le casting est principalement constitué de jeunes latinos comme les frères Velasquez rencontrés pour une session photo pour le magazine Rebel
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