Décision rare: le Conseil d'Etat a annulé aujourd'hui le visa d'exploitation du film d'horreur Saw 3D Chapitre final. Il y a 5 ans, le ministère de la Culture et de la Communication avait accordé ce visa, en n'interdisant le film qu'aux moins de 16 ans. le film avait attiré plus de 560 000 spectateurs en France.
Mais pour l'Association Promouvoir, le film aurait du être interdit à l'ensemble des mineurs. L'organisme a donc demandé l'annulation. Et après des années de procédure, le Conseil d'Etat a validé sa demande, considérant que Saw 3D Chapitre final comportait "de nombreuses scènes de très grande violence", soit "un grand nombre de scènes filmées avec un grand réalisme, montrant des actes répétés de torture et de barbarie et représentant de manière particulièrement complaisante les souffrances atroces, tant physiques de psychologiques, des victimes prises dans des pièges".
L'avis du Conseil d'Etat ajoute perfidement que "le ministère de la Culture a commis une erreur d'appréciation en interdisant la diffusion du film en cause aux seuls mineurs de moins de 16 ans".
Suite à cette décision, le ministère de la Culture devra réexaminer le dossier afin de délivrer un nouveau visa d’exploitation plus restrictif que le visa initial. Mais, comme le signale l'avis: "La décision du Conseil d’État n’implique cependant pas que le ministre de la culture prenne les mesures nécessaires pour retirer le film litigieux des salles." Pour un film sorti il y a 5 ans, ce genre de commentaires est ironique et montre à quel point le combat était assez vain.
L'Association Promouvoir avait déjà obtenu gain de cause en 2012 avec Antichrist de Lars von Trier. Le Conseil d'Etat avait là aussi annulé le visa d'exploitation du film, pour l'assortir d'une interdiction aux moins de 16 ans. Promouvoir avait été déçu de la décision, espérant un classement en oeuvre pornographique. Il faut dire que l'association a pour objet "la promotion des valeurs judéo-chrétiennes, dans tous les domaines de la vie sociale", de la lutte contre la pornographie à la défense de la vie et la vigilance sur la bioéthique. Baise-moi avait subit le même sort en 2000, tout comme Ken Park.