Séance de minuit dans le Palais du Festival de Cannes : excitation qui monte, quelques sursauts de peur, quelques rires de relâchement, et enthousiasme débordant. Largement supérieur aux productions venues d'Hollywood, aussi bien dans sa narration que dans ses effets visuels, Dernier train pour Busan peut se prévaloir du terme blockbuster dans le meilleur sens du terme : rafraichissant et jouissif, incroyable et formidable, bref extraordinaire. Et si c’était un des meilleurs films de l’année ?
En cette fin d’année 2016 beaucoup de films très différents les uns des autres ont été des belles surprises. Mais il reste alors, toujours, la persistance du souvenir de ce plaisir ressenti devant Dernier train pour Busan !
Imaginez un zombie dans un train et très vite il y en aura plusieurs dizaines à l’intérieur. Mais à l’extérieur c’est encore pire avec des milliers de zombies à chaque gare ! Ce dernier train en direction de Busan apparaît d’abord comme un futur tombeau mortuaire où chaque passager risque de succomber et de se transformer, mais il pourrait être aussi le dernier moyen pour se protéger et fuir. Cette double dimension du train à la fois piège et refuge est une des meilleures idées du film. Sa grande réussite est de ne s’être pas limité au concept ‘des zombies dans un train’ et d’aller plus loin avec, d’une part, une galerie d’individus reflet de la société coréenne et des différents caractères humains et, d’autre part, des différentes séquences d’action inventives et spectaculaires.
Dernier train pour Busan est beaucoup plus qu’un film à sensations fortes, il est devenu le plus gros succès coréen de l’année 2016 (et 11ème plus gros succès local historique) : un évènement qui a incité Gaumont à en acheter les droits pour un remake aux Etats-Unis. Quitte à vouloir transposer un film à succès dans une version américanisée, il vaudrait mieux éviter d’acheter les droits d’un chef-d’œuvre par un maestro de la mise en scène qu’aucune autre équipe ne pourrait refaire : pour Old Boy de Park Chan-wook, il a fallu dix ans pour sortir le pâle remake Old Boy par Spike Lee, qui a été un échec. Tout comme Old Boy ou The Raid & The Raid 2: Berandal, ce Dernier train pour Busan est le genre de film dont il est impossible de faire un remake... Ne serait-ce que dans les nouveaux titres venus de Corée du Sud, ceux, disons, plus ‘adaptables’, il faudrait mieux s’intéresser aux droits de remake de The exclusive: beat the devil's tatoo de Roh Deok, ou The Tunnel de Kim Seong-hoon ou de The Veteran de Ryoo Seung-wan (3ème plus gros succès de Corée). A noter d’ailleurs que l’époque n’est plus vraiment aux remakes: les gros studios américains eux capitalisent sur le marché chinois, et Warner Bros a ouvert une structure en Corée du Sud pour y coproduire The Age of Shadows de Kim Jee-woon…
Ceux qui aiment le cinéma prendront le train : Dernier train pour Busan est maintenant disponible en blu-ray/dvd/VàD (avec en bonus le film d’animation Seoul Station, complémentaire) depuis mi-décembre.
Mes autres coups de cœur : Les 8 salopards de Quentin Tarantino, le film d’animation Le garçon et la bête de Mamoru Hosada, 45 years de Andrew Haigh avec Charlotte Rampling et Tom Courtenay, 10 Cloverfield Lane avec Mary Elizabeth Winstead, et Mademoiselle de Park Chan-Wook. Soit un huis-clos sous la neige où chacun joue ses tirades comme au théâtre, une relation de maître et disciple entre un petit garçon perdu et une bête qui se retrouve au Japon, trois jours dramatiques dans la vie d’un couple ensemble depuis 45 ans en Angleterre, un petit bijou de tension et de paranoïa en étant enfermé et isolé de l’extérieur, un récit sophistiqué d’arnaque et d’érotisme en Corée du Sud…