Cannes 70 : trois petites notes de festival par le compositeur Philippe Sarde

Posté par cannes70, le 7 mai 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

En partenariat avec Cinezik, Benoit Basirico nous décrypte les musiques qui ont fait Cannes.

Aujourd'hui, J-11. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .


Pour cette 70e édition, Philippe Sarde revient une 21e fois en compétition avec Rodin de Jacques Doillon. Il se souvient de sa première venue pour Les Choses de la vie, et de sa présence dans le jury en 1988, alors qu’un autre compositeur (Gabriel Yared) y participe cette année.

Philippe Sarde signe sa première B.O à 16 ans, en 1970, pour Les Choses de la vie de Claude Sautet. Et dès ce premier film, il fait son baptême du festival puisque le film est en compétition. «Claude Sautet hurlait en conférence de presse, il hurlait car il ne voulait pas aller à Cannes. Son film venait de recevoir le Prix Louis Delluc et j'avais demandé à son producteur pourquoi ils avaient laissé la mention du prix pour la projection. Il était écrit au début du film ‘ce film a obtenu le Prix Louis Delluc', et vis-à- vis de tout le monde à Cannes cela signifiait "on vous emmerde" »

Malgré son jeune âge, le compositeur avait déjà un fort tempérament et ne se privait pas de faire des remarques aux producteurs. Et à 23 ans, en 1977, il convainc Gilles Jacob d’accepter d’être délégué général du Festival : «J'étais très ami avec Gilles Jacob. Il était journaliste à l'Express. Quand il s'est fait virer du magazine, on lui a proposé de diriger le Festival de Cannes. Je me souviens, j'étais chez lui, il m'a demandé ce que j'en pensais, je lui ai tout de suite répondu que c'était une très bonne idée ! Il a été critique pendant un certain nombre d'années, et là il serait le critique des films du monde entier ! Je pensais donc qu’il devait accepter. Je suis resté auprès de lui pendant 25 ans

Après Les Choses de la vie, il reviendra ensuite une vingtaine de fois en compétition, 6 fois avec André Téchiné (Les Soeurs Bronte, Rendez-Vous, Le Lieu du Crime, Ma Saison Préférée, Les Voleurs, Les Égarés), 3 fois avec Marco Ferreri (La Grande Bouffe, Rêve de Singe, L'Histoire de Pierra), avec Roman Polanski (Le Locataire), avec Jacques Doillon - une première fois avant Rodin (pour La Pirate), Bertrand Blier (Beau Père)... ou encore pour trois films américains (Joshua Then And Now de Ted Kotcheff, Lost Angels de Hugh Hudson, L'Ami Retrouvé de Jerry Schatzberg).

Compositeur phare du cinéma français durant 6 décennies, caméléon entièrement au service de la vision cinématographique d’un metteur en scène, il a signé plus de 250 musiques de films auprès de cinéastes majeurs, car sa force est d'être d'abord un homme de cinéma avant d'être un homme de musique, d'envisager son statut comme celui d'un scénariste musical, d'entrer dans la tête du cinéaste pour lui écrire sa musique.

Il se définit lui-même comme un homme de cinéma, soucieux des films dans leur intégralité : «Les films qui sont allés à Cannes étaient des grands films. Ils ont parfois marché ou d'autres moins bien, mais ils sont tous considérés aujourd’hui comme des grands films. D'être le recordman des films sélectionnés à Cannes, j’en suis content pour les films. Je représentais pour les gens, et je crois que je représente toujours, un homme de cinéma, et de musique bien sûr mais vraiment un homme de cinéma et de musique, alors on faisait l'amalgame entre les deux. Je pense qu’un compositeur de musique, s'il n'est pas cinéphile, n'a rien à faire dans un jury. Je pense être plus cinéphile que compositeur. Concernant les musiques que j'ai faites, je pensais à la musique et au film, mais dans un endroit comme Cannes, ou Venise ou Berlin, c'est le film qui compte pour moi. Il fallait que le film soit remarqué. Par exemple cette année, j'espère que le film de Jacques Doillon Rodin sera apprécié. En plus il le mérite ! Je me suis toujours intéressé aux films quand j'étais à Cannes. J'étais là pour me battre pour les films, pas pour ma musique, je m'en moquais à la limite. Je me battais suffisamment avant pour la musique avec les producteurs, mais dans un festival je me battais pour le film

Philippe Sarde se souvient également de sa présence au jury en 1988, présidé par le cinéaste italien Ettore Scola, avec également le producteur Claude Berri, le critique David Robinson, les comédiennes Elena Safonova et Nastassja Kinski, les réalisateurs George Miller et Hector Olivera, le chef opérateur Robby Muller et le scénariste William Goldman.

«J’adorais Ettore Scola qui présidait le jury. Il y avait en compétition un film qui me plaisait beaucoup, Pelle le conquérant de Bille August, un film comme on n'en faisait plus. J'ai tout fait pour qu'il ait le prix. Je me suis battu avec tout le monde. Au jury il y avait des engueulades. Ce n'était plus le compositeur qui parlait, mais c'était l'homme de cinéma qui se battait. Nastassja Kinski, qui était assise à côté de moi, avait des hurlements car je voulais que le film ait réellement le prix. C'était l'année où j'écrivais la musique de L’Ours de Jean- Jacques Annaud, produit par Claude Berri également dans le jury. Claude s'endormait à tous les films. Ce n'était pas très grave mais le problème est quand il se réveillait, à la fin du film, il n'avait qu'un seul mot à la bouche : ‘Est-ce que tu crois que l’Ours va marcher ?’. Je le rassurais en lui disant que j'étais en train d'écrire à l'hôtel avec une pile de papier à musique. Et qu'il cesse de me le répéter à chaque fin de projection à laquelle il avait dormi ! C'était sa seule préoccupation car ce film était un gros challenge pour lui. Donc pour revenir à Pelle le conquérant, il m'a laissé mener avec Ettore Scola le débat. Et Bille August, que je n'ai jamais rencontré dans ma vie, a donc eu la Palme d'or

Cette année, le compositeur Gabriel Yared aura peut-être le même enthousiasme sur un film et le même débat avec le président Pedro Almodovar. Cela pourrait être Rodin de Doillon que le public pourra voir et écouter (il sort en salle en même temps que sa projection cannoise, et la musique de Sarde est disponible dès le 19 mai chez BOriginal). A ce propos, d’autres musiques de Philippe Sarde sortent en mai (en digital), dont 3 films présentés à Cannes : Le Locataire, La Pirate et Beau Père.

Propos de Philippe Sarde recueillis par Benoit Basirico

A voir, la vidéo de l’interview :

Ce qu’il faut savoir sur le 6e Mission:Impossible

Posté par redaction, le 7 mai 2017

Une pré-prod sur les nerfs
Enfin il se tourne ce 6e Mission: Impossible. Avant même la sortie de Mission Impossible : Rogue Nation, Tom Cruise et le réalisateur Christopher McQuarrie avaient confirmé le tournage dès l'été 2016 pour une sortie en 2017 d'une suite. La franchise M:I est une pépite pour la Paramount. Tout le monde était dans les starting-blocks.
La production a d'abord été retardée par des divergences sur le scénario, qui a été réécrit. Et puis Tom Cruise et les producteurs qui ne s'entendaient pas sur le chèque à verser à l'acteur, et notamment son pourcentage sur les profits de chacun de ses blockbusters.
Le tournage est alors décalé novembre (pour une sortie inscrite au deuxième semestre 2017).
Finalement, la production est calée au printemps 2017. La sortie est prévue pour le 27 juillet 2018.

Paris, je t'aime
Grâce au crédit d'impôts très avantageux dont bénéficient les productions internationales, de plus en plus de producteurs sont intéressés pour venir en France. En tout cas, ça ne les rebute plus. Financièrement ils s'y retrouvent. Quand Il faut sauver le Soldat Ryan avait du se tourner en Irlande, Dunkirk a pu être filmé sur les lieux même des plages du nord de la France.
Ceci explique pourquoi depuis début avril, M:I 6 fait le tour de la Capitale. Après James Bond et Jason Bourne, voici donc Ethan Hunt pour s'offrir des course-poursuites dans la Ville Lumière (qui a nécessité un an d'entraînement pour Cruise). La production va dépenser au total 25M$ pour 35 jours de tournage à Paris. 300 techniciens ont été requis pour cette longue séquence parisienne du film. On a ainsi vu Tom Cruise cascadant et vrombissant en moto près du Champ de Mars, dans le quartier de l'Opéra et de la Bourse et cette semaine entre l'Hôtel de Ville et le Marais. Une grande scène a été tournée au Grand Palais, près des Champs-Elysées, transformé en night-club gigantesque, avec des centaines de figurants.
Outre les retombées économiques, le film servira à coup sûr la promotion de Paris. Ce qui fait du bien en cette période où le touriste s'est raréfié depuis la série d'attentats qui frappe la France.

Un réal fidèle
Tom Cruise travaille en confiance avec Christopher McQuarrie. C'est leur troisième film ensemble depuis 2012, après Jack Reacher et Mission:Impossible - Rogue Nation. Outre les deux scripts des M:I, McQuarrie a aussi écrit le scénario de La Momie, Edge of Tomorrow et Walkyrie, trois films avec Cruise en star.
Le cinéaste américain joue les touristes sur son compte Instagram (les photos sont issus de son compte), et partage ainsi de beaux clichés de la capitale (en ajoutant parfois un commentaire amoureux sur la ville, clamant d'ailleurs "Paris, je t'aime".
C'est la première fois qu'un réalisateur signe deux épisodes de la série Mission:Impossible, initiée par Brian de Palma il y a plus de 20 ans.

Un cast sexy
On retrouve Ving Rhames (qui a été de tous les épisodes de la franchise) et Simon Pegg (arrivé dans la série depuis le 3e épisode) et trois acteurs de Rogue Nation: Alec Baldwin, Sean Harris et Rebecca Ferguson (qui fait jeu égal avec Cruise niveau compétences et qui devient ainsi la première actrice de la série à être dans deux épisodes). Parmi les nouveaux, il y a Henry Cavill, aka Superman, Vanessa Kirby, aka la Princesse Margaret dans "The Crown" et Sian Brooke, vue dans "Sherlock". Kirby hérite du rôle "romantique" de l'épisode si on en croit les photos de paparazzis qui ont capté un baiser entre elle et Cruise. Jeremy Renner était prévu à l'origine pour reprendre son rôle de William Brandt, mais à cause de l'enchainement des tournages des Avengers (notamment Infinity War prévu pour l'an prochain dans les salles), il n'a pas pu se libérer. Dans le registre trivial, on peut aussi noter que Henry Cavill avait remplacé Tom Cruise pour le film Agents très spéciaux: Code U.N.C.L.E..