Et si on binge-watchait… Dear White People sur Netflix

Posté par wyzman, le 9 avril 2020, dans L'instant Zappette, Médias.

Pour lutter contre l’ennui durant ce long confinement, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore sur vos écrans. Et à l’heure où nous sommes tous rivés sur nos différents écrans et les réseaux sociaux, Dear White People a une résonance particulière !

C’est une série woke. Terme aujourd’hui utilisé pour désigner toute personne ayant conscience des injustices sociales qui l’entourent, “woke” décrit brillamment la série de Justin Simien. Basé sur son film éponyme sorti en 2014, Dear White People raconte les rivalités et crises identitaires des étudiants d’une prestigieuse université américaine. Le titre du film ramène au titre de l’émission de radio animée par l’héroïne, Samantha, étudiante métisse partagée entre la défense de la culture Noire américaine et un petit ami blanc qui la met face à ses contradictions.

Thème majeur de la série, cette dernière va plus loin que le racisme. Elle évoque grâce à des épisodes centrés sur d’autres étudiants des sujets aussi divers que le coming-out, la quête d’excellence, l’avortement, les violences sexuelles et policières, les sociétés secrètes ou encore l’infidélité. Sans jamais se vouloir moralisatrice, Dear White People est un point d’entrée sans pareil dans le quotidien des jeunes Américains des années 2010. Quand l’American Dream ressemble autant à Barack Obama qu’à Donald J. Trump, que le racisme institutionnalisé fait autant réagir les élites que le “racisme anti-Blanc”, que les plus riches revendiquent haut et fort la protection de leurs intérêts, que les discriminations viennent de tous les côtés et que des trolls Internet peuvent subitement faire irruption IRL et tirer à balles réelles.

C’est une série sur des personnes woke. Loin d’être aussi ennuyeuse que ce qu’une série sur le racisme laisse présager, Dear White People impressionne et ravit par sa faculté à toujours questionner ses protagonistes. Ainsi, en réponse à une héroïne qui a tendance à défendre systématiquement les Noirs face aux Blancs, les scénaristes qui entourent Justin Simien prennent un malin plaisir à mettre l’accent sur les privilèges reçus par les Blancs et les métisses dans toute société occidentale. Lorsque l’un des personnages affirme que l’avenir sera radieux pour les personnes de couleur, Dear White People nous rappelle rapidement qu’à tout moment un étudiant noir peut se faire tirer dessus lors d’un contrôle de police.

Qu’ils soient amis, amants ou rivaux, tous les personnages de Dear White People apportent leur pierre à l’édifice — la présentation sociologique et divertissante du haut de la génération Z. Bien que subtilement écrite, le succès du programme repose également sur son casting particulièrement percutant. Déjà connus des amateurs de série, ses visages frais et diversifiés rassurent.

C’est une série extrêmement contemporaine. Si la structure de Dear White People ne révolutionne en rien le genre de la série télévisée, force est de reconnaître que Justin Simien parvient à dire beaucoup aux téléspectateurs en l’espace de 30 minutes (la durée d’un épisode). Grâce à d’innombrables parodies d’autres séries (ne manquez pas celles de Scandal et The Handmaid’s Tale) et de références culturelles, le créateur, producteur, scénariste et réalisateur analyse les comportements d’adultes en devenir. Plus encore, Dear White People démontre que les réseaux sociaux ont ravivé le besoin de ces mêmes jeunes d’appartenir IRL à une communauté. Satirique et caustique, le programme diffusé par Netflix est un véritable régale.

Dear White People, l’intégrale disponible ici.

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