Le coming-out trans d’Elliot Page ravive les questions sur la représentation des LGBT+

Posté par wyzman, le 6 décembre 2020, dans L'instant Zappette, Médias, Personnalités, célébrités, stars.

Outre le retour dans les charts du tube de Mariah Carey « All I Want for Christmas », ce 1er décembre aura été marqué par le coming-out de l’acteur : il est trans, non-binaire (il ne se définit ni comme un homme ni comme une femme), s’appelle Elliot et ses pronoms sont « il » et « iel ».

Un coming-out révélateur

Sur ses différents comptes sur les réseaux sociaux, le Canadien de 33 ans écrit ainsi : « Salut les amis, je veux partager avec vous que je suis trans, mes pronoms sont il/iel et mon nom est Elliot. Je me sens chanceux d'écrire cela. D'être ici. D'être arrivé à cet endroit dans ma vie. Je ressens une immense gratitude pour les personnes incroyables qui m'ont soutenu tout au long de ce voyage. Je ne peux pas commencer à exprimer à quel point il est remarquable d'aimer enfin qui je suis assez pour poursuivre mon authentique moi. J'ai été sans cesse inspiré par tant de personnes de la communauté trans. Je vous remercie pour votre courage, votre générosité et votre travail incessant pour faire de ce monde un endroit plus inclusif et plus compatissant. Je vous apporterai tout le soutien possible et continuerai à lutter pour une société plus aimante et plus égalitaire. »

Et si cette annonce a fait l’effet d’une bombe, c’est sans doute parce que personne ne s’y attendait. L’acteur révélé par Hard Candy de David Slade (2005) et Juno de Jason Reitman (2007) est depuis cette année-là un talent à suivre de près. Jusqu’en 2014, il a alterné blockbusters et films indépendants (presque) oscarisables : la saga X-Men, Bliss de Drew Barrymore, Inception de Christopher Nolan, To Rome with Love de Woody Allen, etc. Mais c’est suite à un premier coming-out survenu en 2014 que le comédien est devenu l’icône de toute une génération fière de sa sexualité et de son identité et disposant d’une meilleure représentation que ses aînées. Du moins c’est ce que l’on croit sur le papier.

Après des projets indépendants au succès relatif (Freeheld, Into the Forest, Tallulah, My Days of Mercy, The Cured, Flatliners), Elliot Page trouve stabilité et sérénité du côté du petit écran. Grâce à Netflix, il rayonne dans Umbrella Academy et Les Chroniques de San Francisco. Particulièrement sensible aux questions sur le genre, le géant du streaming n’a d’ailleurs pas manqué d’impressionner les internautes par la rapidité avec laquelle le deadname* d’Elliot Page a disparu des différents projets auxquels il a participés et qui sont toujours disponibles sur la plateforme. Preuve s’il en fallait une qu’un coming-out trans est bien moins complexe à appréhender que ce que l’on nous fait parfois croire.

*Le deadname d’une personne trans est le prénom qui lui a été donné à la naissance et qui est indiqué sur son état civil mais qui ne correspond pas à son genre

Un traitement médiatique à plusieurs vitesses

Mais parce que comme nous vous le disions plus haut, personne ne s’attendait à ce coming-out trans, le traitement médiatique de celui-ci en dit long sur la situation des personnes trans dans le monde et l’incompréhension qu’ils peuvent subir. Dans un fil Twitter, le compte Le coin des LGBT+ revient ainsi sur la manière dont différents médias (Le Monde, Le Figaro, 20 Minutes, BFMTV ou encore Valeurs actuelles) ont traité l’information.

Et si globalement, un effort a été fourni par presque tous pour utiliser les bons pronoms, force est de constater que nombreux sont ceux à vouloir faire appel au deadname du comédien — élément pourtant rejeté par les personnes trans qui peuvent y voir la volonté de ne pas accepter leur nouvelle et véritable identité — sous couvert de vouloir mieux faire comprendre le coming-out de l’acteur à ceux qui sont moins au fait de ces questions.

Pour ne pas entrer dans les détails de ce que ce coming-out signifie, nombreux sont ceux à mettre l'accent sur les messages qu'Elliot Page a reçus dans la foulée. L'occasion de refaire de Hollywood un espace hautement fantasmé d'ouverture et de mentionner le soutien apporté par Miley Cyrus, Rubi Rose (Batwoman), Kate Mara (House of Cards), Anna Paquin (True Blood), Julianne Moore, Indya Moore (Pose), Lena Dunham (Girls) ou encore James Gunn (Les Gardiens de la Galaxie).

Vers une meilleure représentation ?

Comme on pouvait s’en douter, il n’a pas fallu longtemps pour que la question de la représentation soit abordée. En effet, dans le hit de Netflix Umbrella Academy, Elliot Page incarne une femme cisgenre attirée par les femmes. Et à l’heure où il est de plus en plus fréquemment demandé à des acteurs cisgenres et hétérosexuels de ne pas jouer des personnages LGBT+ pour laisser leur chance à des comédiens justement LGBT+, la situation pourrait sembler ironique. Mais si l'on en croit les informations de Gay Times Magazine, le personnage de Vanya ne devrait aucunement changé ou son interprète recaster.

Et si la situation semble si cocasse, c'est que Hollywood a depuis trop longtemps pris l’habitude de ne pas faire confiance à des comédiens ouvertement queer. On pense notamment à Cate Blanchet dans Carol, Timothée Chalamet et Armie Hammer dans Call Me By Your Name, Jared Leto dans Dallas Buyers Club, Felicity Huffman dans Transamerica ou encore Jeffrey Tambor dans Transparent. Et sans surprise, le cas de Nick Robinson jouant un jeune lycéen gay dans Love, Simon est à mettre à part tant le film de Greg Berlanti a évité les critiques de par son caractère historique, comme le note USA Today. Il s’agit en effet de la première comédie d’un grand studio centrée sur une romance gay.

Alors que Variety rappelle justement que les comédiens, producteurs et scénaristes trans et bankables à Hollywood peuvent se compter sur les doigts (Laverne Cox, Trace Lysette, Brian Michael Smith, les soeurs Wachowski, Joey Soloway et Janet Mock), la machine à rêves américaine veut actuellement se convaincre que les histoires racontées demain seront meilleures que celles produites aujourd’hui. Car il faut bien admettre que la situation est loin d’être idyllique. Le rapport 2020 de la GLAAD (Gay & Lesbian Alliance Against Defamation) sur la représentation des LGBTQ au cinéma révèle que sur les 118 films de grands studios produits en 2019, 22 seulement disposaient de personnages queers — mais aucun de personnage trans ! Ce qui était déjà le cas en 2018 et en 2017...

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