Un cinéma menacé, ce n'est jamais une bonne nouvelle. C'est le cas du Capitole, dans la petite ville d'Uzès dans le Gard (le canton compte 20 000 habitants). La municipalité (qui n'a pourtant pas changé de maire depuis plus de 20 ans) a décidé de baisser de 10 000 € la subvention allouée au cinéma. Jusque là, Le Capitole bénéficiait d'une aide municipale annuelle de 45 000 €.
L'un des plus vieux cinémas de France
Le cinéma a ouvert en 1911 et n'a jamais fermé depuis. C'est l'un des plus vieux cinéma français encore en activité. Il possède 3 salles, soit 560 fauteuils et attire 72000 spectateurs par an.
Le Capitole diffuse en alternance des films art et essai et des oeuvres grand public. Il s'est diversifié en diffusant des opéras et des ballets en direct. Le cinéma a aussi noué des partenariats avec la Médiathèque d’Uzès, la librairie Le Parefeuille et le Festival International du Conte en Uzège.
La directrice du cinéma Michèle Berrebi, 71 ans, a décidé d'entrer en résistance, interpellant les milieux professionnels jusqu'à Paris. L'association Les amis du cinéma s'est remise en marche pour l'aider. Le 29 avril, à l’annonce de la baisse des subventions de nombreux uzégeois ont envahit le conseil municipal pour montrer leur opposition au maire d’Uzès en brandissant des pancartes de soutien au cinéma.
"Les Uzétiens sont en droit de s'inquiéter d'une aide conséquente à une entreprise privée"
Le maire UMP-UDI, Jean-Luc Chapon, argue que le cinéma se porte bien financièrement. Hier, dans une interview au Midi-Libre, il s'est engagé ''à revoir la situation si ce bilan en 2013 était négatif, mais également à poursuivre la baisse si la situation bénéficiaire se confirmait''. "Nous avons toujours soutenu Mme Berrebi, en réalisant notamment une sortie de secours qui a coûté 300 000€ à la ville. Mais maintenant je m'interroge sur le bar à soupes créé dans le cinéma, qui est devenu un restaurant avec plats à emporter et qui génère un chiffre d'affaire confortable et en progression. Les Uzétiens sont en droit de s'inquiéter d'une aide conséquente à une entreprise privée. La conjoncture économique est difficile pour tout le monde. Pourquoi personne ne parle de l'importante diminution de la subvention du Conseil général qui est passée de 28 000€ en 2011 à 8 000€ en 2013? " rappelle-t-il.
"c'est le bar à soupes qui subventionne le cinéma et non l'inverse"
Mais la directrice, qui a repris ce cinéma il y a 7 ans, ne voit pas la situation ainsi. "650 000 € ont été versés par le CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) et 180 000 € sur mes fonds propres" explique-t-elle dans Le Républicain d'Uzès et du Gard. Elle s'est engagée sur trois prêts et ne se verse aucun salaire : sa situation personnelle est précaire. De plus, les deux emplois aidés dont elle bénéficiait par le biais de la mairie ont été supprimés. Elle a donc du financer ces deux emplois. Le Capitole a donc investit dans un bar à soupes pour se financer : "c'est le bar à soupes qui subventionne le cinéma et non l'inverse. Les bénéfices réalisés ne sortent pas du cinéma" rappelle-t-elle. Le Capitole dispose également d'un bar à sushis.
En jeu : la reprise du cinéma quand elle prendra sa retraite. Si l'établissement n'est pas en bonne santé financière, personne ne le reprendra. Le maintien de l'activité du cinéma dans une zone urbaine de faible densité est donc en péril.