Pour ses cinquante ans, le cinéma marocain a profité du Festival international du film de Marrakech (FIFM) pour établir son bilan. Cetes le Festival, à l'origine destiné pour défendre le cinéma africain et arabe, est devenu un instrument marketing pour la ville de Marrakech et le Royaume du Maroc. Une vitrine luxueuse (et coûteuse) où l'on invite médias français et stars hollywoodiennes.
Pourtant, Marrakech mériterait de promouvoir davantage le cinéma maghrébin et d'attirer l'aspect industriel de la profession. Car le Maroc manque de salles. Au point que les quotidiens nationaux peuvent aficher la programmation des quelques multiplexes sur une demi page (Megarama est présent à Casablanca et Marrakech). Les sorties sont presque simultanées avec l'Europe, et les films américains se taillent la part du lion d'un marché qui se réduit année après année. Les Marocains préfèrent regarder la télévision. Il y a trente ans, 40 millions de spectateurs allaient dans les salles chaque année, il n'en reste plus que quatre millions. La faute aux chaînes étrangères et aux antennes satellites. Pendant le Ramada, la prgrammation cinéma est si intense que tous les blockbusters hollywoodiens remplissent les écrans.
Peu de nouvelles salles se son construites, beaucoup ont disparu, et la vétusté de la plupart des cinémas n'incite pas à séduire un public en voie d'occidentalisation. Le Maroc ne compte que 90 écrans (130 de moins en trente ans), soint trois fois moins qu'en Afrique du Sud ou en Egypte. Il y aurait un manque de 150 salles.
Une association "Sauvons les salles de cinéma au Maroc" est née il y a un an (voit leur site : savecinemainmarocco.com), dans ce même Festival du film de Marrakech. L'associationveut que le cinéma redevienne un vecteur régional de culture et d'ouverture, tout en sensibilisant les citoyens sur l'état désastreux de l'exploitation cinématographique locale. L'Eden de Marrakech, avec le soutien de l'Unesco, sera le premier chantier de réhabilitation lancé par l'association.
Hélas, depuis un an, une salle (à El Jadida) à été complètement détruite, après cinq ans de fermeture, et quatre ont baissé le rideau (deux à Fès, une à Al-Hoceima, une autre à Casablanca).
Le cinéaste Ahmed El Maânouni évoquait en avril dernier au quotidien L'Humanité ce problème de chaînon manquant pour favoriser la croissance d'un cinéma nord-africain. "Il y a (...) le problème du piratage. On peut acheter Bienvenue chez les Ch’tis pour un euro. Il y a deux multiplexes au Maroc dont un tenu par un Français, Claude Lemoine, à Casablanca. Le second est à Marrakech. Il me semble que ceux qui analysent mal la situation disent que le cinéma ne se porte pas bien à cause des multiplexes. Or, il en faudrait beaucoup plus car cela permet une offre de films variée avec un accueil marchand qui fait venir le client. Nous en sommes réduits à ça. On a besoin des petites salles de quartiers et de multiplexes."