Mauvais pressentiment pour Masahiro Kobayashi

Posté par MpM, le 31 janvier 2008

Le réalisateur Masahiro Kobayashi, qui avait accepté d'être le président du grand jury international de cette 14e édition, a été rappelé en urgence au Japon dans la nuit de mercredi à jeudi suite au décès de son père. Après s'être associée à sa douleur, l'organisation du festival a demandé au réalisateur hongkongais Stanley Kwan de devenir son porte-parole pour la durée de la manifestation.

Brave story

Posté par MpM, le 31 janvier 2008

Premier coup de coeur du festival, cet animé de Koichi Chigira, adapté d'un roman à succès de la littérature japonaise, séduit par la fluidité de son graphisme, notamment l'utilisation du mouvement pour recréer de effets de mise en scène traditionnelle, et son sens de la narration. Véritable enchantement visuel (on passe du monde coloré et gai de 'Vision' à la réalité terne et froide de 'Reflet', en passant par les moments d'épreuve franchement glauques et sombres), il nous emporte dans une suite d'aventures jamais niaises ni faciles, mais toujours fascinantes.

Comme souvent dans le manga ou l'animation asiatique, le coeur du film s'avère par ailleurs une réflexion douce amère sur la question du destin. Peut-on modifier le cours de son existence à n'importe quel prix ? A-t-on le droit d'exiger le bonheur au détriment de celui des autres ? La prise de responsabilité et le choix du meilleur chemin possible font partie du voyage, forcément initiatique, mais sans la lourdeur morale qui caractérise souvent les dessins animés occidentaux à destination des plus jeunes. Ici, le public adulte y trouve lui aussi son compte, émerveillé par les prouesses esthétiques comme par la cohésion de ce monde complexe et chatoyant.

Le Cahier

Posté par MpM, le 31 janvier 2008

Aucun doute, Hana Makhmalbaf ne renie pas son nom. Sur les traces du cinéma engagé et symbolique de son père, elle met en scène dans Le Cahier une petite fille de l'ère post-taliban lancée dans un étonnant combat pour apprendre à lire. Le film suit les différents obstacles qui se dressent devant elle (économiques, idéologiques, historiques, politiques...) et livre une vision étonnante de cette micro-société afghane recluse dans des grottes. Vécues à hauteur d'enfant, ces difficultés semblent étonnamment déformées, à la limite du supportable. L'indifférence des adultes et la cruauté des enfants se répondent dans une sorte d'écho tragique qui ne laisse aucune lueur d'espoir. Les jeunes garçons endossent avec la même facilité le rôle du Taliban lapidateur que celui de l'Américain traqueur de terroristes, et jouent inlassablement à la guerre, incapables d'imaginer un autre horizon que celui qui a baigné toute leur vie.

Il y a beaucoup de choses dans Le Cahier, et sans doute trop. Le symbolisme massif, un peu lourd, de chaque étape dans le chemin de croix de Bakhti, veut dénoncer tous les problèmes à la fois. La condition des femmes (privées d'école, pourchassées parce qu'elles sont jolies, menacées à tout bout de champ de lapidation...), la misère, l'obscurantisme, et le désordre laissé par l'union (efficace) des forces talibanes et de l'armée américaine. Les premiers pour avoir opprimé et décérébré le peuple, les seconds pour avoir achevé cette confusion des valeurs sous couvert de libération, mais en vérité par la violence et l'impérialisme. Qu'aurait-il fallu, que faut-il, pour sauver Bakhti de ses bourreaux, sinon le minimum d'éducation qu'on lui refuse ? "Qu'as-tu appris à l'école ?" lui demande son ami Abbas, le seul qui la comprenne. "On ne m'a rien appris, j'ai appris toute seule", répond-elle, étrangement visionnaire et déjà consciente de ne pouvoir compter que sur elle-même.

L'atout certain d'Hana Makhmalbaf, c'est justement Bakhti, Nikbakt Noruz, une merveilleuse petite boule d'énergie de 6 ou 7 ans qui porte le film de bout en bout, et emporte l'adhésion. On regrette alors d'autant plus plus que la réalisatrice se soit laissée aller à une mise en scène manipulatrice et lacrymale qui en rajoute des tonnes, quand il suffisait de capter l'émotion brute sur le visage de son actrice.

Le Cahier, Hana Makhmalbaf, sortie le 20 février.