On-Gaku : notre rock ! de Kenji Iwaisawa en avant-première dans la salle virtuelle du Forum des images

Posté par MpM, le 5 juillet 2020

Pour sa dernière séance de l'été, le FIL, la salle virtuelle du Forum des images créée début juin, propose mardi 7 juillet en avant-première le long métrage On-Gaku : notre rock ! de Kenji Iwaisawa, adaptaté d'un manga de Hiroyuki ?hashi.

Le film, qui était présent en compétition "Contrechamps"au Festival d'Annecy online, d'où il est reparti avec le prix de la meilleure musique originale, raconte comment une bande de lycéens un peu délinquants se lance dans la musique pour former un groupe. Il est attendu sur les grands écrans français en 2021, où il sera distribué par Eurozoom.

La séance, qui se tiendra à 20h30 sur la plate-forme e-cinéma de La vingt-cinquième heure, sera précédée d'un message vidéo de Marcel Jean, le directeur artistique du Festival international du film d’animation d’Annecy, et suivie d'une rencontre entre Amel Lacombe, directrice d’Eurozoom, et Xavier Kawa-Topor, délégué de la NEF animation, animée par Fabien Gaffez, directeur des programmes du Forum des images.

A noter qu'après des mois de fermeture suite à la crise sanitaire, le Forum rouvre physiquement jeudi 9 juillet, avec le programme 35 films en 35 [mm] qui se tiendra jusqu'au 26 juillet. L'occasion de (re)découvrir des films ayant Paris comme sujet ou décor issus des collections de l'institution, et projetés dans le format roi dont les cinéphiles ont cruellement été privés pendant le confinement.

C'est Partie de campagne de Jean Renoir, précédé de Pourvu qu'on ait l'ivresse de Jean-Daniel Pollet, qui ouvre le cycle. Seront également présentés Le Bonheur d'Agnès Varda, La Sentinelle d'Arnaud Desplechin, Nuit et Jour de Chantal Akerman, Playtime de Jacques Tati ou encore Brigitte et Brigitte de Luc Moullet. De quoi renouer avec un lieu qui nous manquait et d'y faire le plein d'images grand format avant la rentrée de septembre.

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On-Gaku : notre rock ! de Kenji Iwaisawa
Mardi 7 juillet à 20h30
Plus d'infos sur le site du Forum des images

Une année 2020 sous le signe de Ghibli

Posté par vincy, le 20 janvier 2020

Alors que Netflix a annoncé vouloir investir cette année 17 milliards de dollars dans les contenus, la plateforme a frappé un beau coup ce matin en dévoilant un partenariat avec les Studios Ghibli.

Les chefs-d'œuvres d'Hayao Miyazaki et d'Isao Takahata, disparu il y a près de deux ans, pourront donc être redécouverts, du studio japonais seront disponibles sur Netflix en Europe, Afrique, Asie (sauf au Japon) et Amérique latine dès le 1er février.

21 films du studio seront diffusés en japonais sous-titrés dans 28 langues et doublés dans 20 langues. Pour les USA, Ghibli avait déjà signé en octobre dernier les droits de diffusion en SVàD avec HBO Max (Warner Bros) alors que la distribution en salles est assurée par le groupe Disney.

Cela se fera par étapes: sept films - Mon voisin Totoro (1988), Porco Rosso (1992), Kiki la petite sorcière (1989), Souvenirs goutte à goutte (1991), Je peux entendre l’océan (1993), Les Contes de Terremer (2006) et Le Château dans le ciel (1986) - le 1er février, 7 autres - Princesse Mononoké (1997), Voyage de Chihiro (2001), Nausicaä de la vallée du vent (1984), Mes voisins les Yamada (1999), Le Royaume des chats (2002), Arrietty, le petit monde des chapardeurs (2010) et Le Conte de la princesse Kaguya (2013) - le 1er mars, et les 7 derniers à partir du 1er avril - Pompoko (1994), Si tu tends l'oreille (1995), Le Château ambulant (2004), Ponyo sur la falaise (2008), La Colline aux coquelicots (2011), Le vent se lève (2013) et Souvenirs de Marnie (2014).
L'offre ne comprendra pas les courts métrages diffusés au Musée Ghibli, qui resteront ainsi une exclusivité pour les visiteurs.

Cette annonce tombe alors que Ghibli avait marqué une longue pause dans la production, se concentrant essentiellement sur la publicité pour maintenir l'activité.

2020 signe le retour à la production de longs métrages. Avec celui d'Hayao Miyazaki, 6 ans après son dernier film, qui travaille actuellement sur son nouveau (et sans doute dernier) long métrage, Kimi-tachi wa D? Ikiru ka ? (How Do I Live?). Aucune date de sortie n'est prévue mais ce ne sera sûrement pas avant le printemps 2021.

Son fils Gor? Miyazaki s'est lui aussi remis à l'ouvrage en s'attelant à la production d'un autre long métrage, son premier depuis 8 ans, que devait réaliser Hayao.

D'ici là, en mai la construction d'un parc d'attraction près de Nagoya sera lancée, avec comme principales attractions et décors les univers des films d'animation du studio. Ouverture en 2022.

[2019 dans le rétro] Un cinéma mondial toujours très hollywoodien

Posté par vincy, le 24 décembre 2019

Si on ne regarde que le box office, l'état des lieux du cinéma mondial pourrait être désespérant avec les 10 plus grosses recettes pour des films américains, dont 6 pour le studio Disney, qui au passage a battu un record historique de 10 milliards de dollars de recettes sur l'année (avant même l'arrivée de Star Wars).

Cette hégémonie des titres américains est encore plus frappante quand on remarque qu'ils réalisent tous de 60 à 77% de leurs recettes hors Amérique du nord. Seuls le cinéma chinois parvient à se faire une petite place dans le Top mondial avec quatre films, le film d'animation Ne Zha (700M$), The Wandering Earth (700M$), My People, My Country (430M$) et The Captain (410M$). On peut y ajouter 4 autres films dans le Top 50. L'essentiel des recettes proviennent cependant du marché chinois. Ce partage américano-chinois des recettes internationales laissent peu de place aux autres cinématographies. Hormis les très anglais Downton Abbey (188M$) et Yesterday (151M$), aucun film européen ne parvient à rivaliser avec les mastodontes des deux empires économiques.

Il y a heureusement des succès qui réjouissent. Ainsi Parasite qui a su cumuler plus de 125M$ de recettes. L'Asie confirme d'ailleurs ses bonnes performances avec des cartons comme les japonais Les enfants du temps - Weathering With You (180M$), Detective Conan (116M$) et One Piece: Stamped (80M$) ou le sud-coréen Extreme Job (120M$).

C'est évidemment beaucoup plus que les 68M$ (dont 15,5M$ à l'étranger soit près de 3 millions d'entrées, dont un tiers en Allemagne) de Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu?, leader français de l'année. Même Anna de Luc Besson, traditionnellement le champion à l'export, n'a réussit à récolter que 30M$ au global (4 millions d'entrées). Le cinéma français n'a d'ailleurs pas brillé à l'international. Rares sont les films qui ont attiré plus de 500000 spectateurs à l'extérieur des frontières et ce sont surtout des sorties de 2018 qui ont cartonné (Astérix et le secret de la potion magique, Mia et le lion blanc, Ghostland). Il y a une exception avec Minuscule 2, qui est d'ailleurs le plus gros succès français en Chine de l'année.

Pour finir avec les chiffres, Douleur et Gloire (35M$) est l'un des rares films européens non anglophones à avoir su trouver son public dans plusieurs pays, y compris aux Etats-Unis. Le cinéma espagnol est aussi un des seulss qui résiste au déferlement américain avec trois films locaux classés dans le top 20, là où l'Italie n'en place qu'un et l'Allemagne deux.

Cependant, si les recettes donnent Hollywood vainqueur par K.O., la qualité des films est ailleurs. Pas étonnant que des films comme Parasite, Douleur et Gloire, J'ai perdu mon corps, Les Misérables, Portrait de la jeune fille en feu se retrouvent classés dans les palmarès ou nommés dans les grandes cérémonies hollywoodiennes, et pas seulement dans la catégorie meilleur film étranger.

Car, avant tout, on a vu des propositions cinématographiques fabuleuses et enthousiasmantes, encourageantes même d'un point de vue de cinéphiles. Il suffit de voir le singulier Synonymes de l'israélien Nadav Lapid, l'un des films les plus originaux et jubilatoires de l'année, Ours d'or audacieux à Berlin. Qui fait écho, étrangement au film palestinien It must be Heaven de Elia Suleiman. Deux hymnes à la paix à travers l'exil, sur fond d'humour absurde. Dans la même veine drôlatique, n'oublions pas Tel Aviv on fire de Samej Zoabi, qui a séduit un peu partout en Occident.

Du côté asiatique, l'année fut riche. Outre Parasite, carton mondial (mais seulement 5e du box office local avec 10 millions d'entrées, la Corée du Sud maintient son statut à part avec le phénomène Extrême Job de Lee Byeong-heon (16 millions d'entrées), le beau succès d'Exit de Kee Sang-geun ou le remarqué Le Gangster, le Flic et l'Assassin de Lee Won-tae. Au Japon, les productions nationales ont aussi brillé, même si peu se sont exportées, et si il s'agit essentiellement de films de genre. First Love (Hatsukoi) de Takashi Miike, Au bout du monde de Kiyoshi Kurosawa et surtout le très beau Asako I & II de Ryusuke Hamaguchi ont montré malgré tout que le cinéma japonais conservait une belle variété de talents. Le cinéma chinois exporté est surtout un cinéma de festivals. C'est avant tout l'interdiction de voyager de One second de Zhang Yimou qui a frappé les esprits. Il n'empêche, quatre des grands films orientaux de l'année sont venus de l'Empire du milieu: Un grand voyage vers la nuit de Bi Gan et Les Éternels de Jia Zhangke, tous deux à Cannes en 2018, So long my son de Wang Xiaoshuai, primé à Berlin et le splendide polar Le lac aux oies sauvages de Diao Yi'nan, en compétition à Cannes en mai. Toujours à Cannes, en provenance d'une région qui a donné peu de grands films cette année, Pour Sama de Waad al-Kateab, documentaire syrien, est sans doute l'une des œuvres les plus bouleversantes de l'année.

Le cinéma latino-américain a été plus contrasté, et plus engagé aussi: féminisme, homosexualité, autoritarisme... les réalisateurs s'attaquent de front aux problèmes de leur pays, que ce soit l'effrayant Tremblements de Jayro Bustamente, le grandiose Bacurau de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho, le sublime La Vie invisible d'Eurídice Gusmão de Karim Aïnouz ou le saisissant Companeros d'Alvaro Brechner. On a aussi en tête les images de La Cordillère des songes de Patricio Guzmán, de Nuestras Madres de César Díaz, de La flor de Mariano Llinás et de L'Ange de Luis Ortega.

Plus au nord, au Québec, l'année fut morose, en qualité le plus souvent, et en recettes, désespérément. Ainsi, malgré deux films, Xavier Dolan n'a pas retrouvé ses succès d'antan, repartant sans prix de Cannes, et finissant l'année avec deux flops. Son ancienne actrice, Monia Chokri sortait aussi son premier film, La femme de mon frère, sans plus de succès. La Chute de l'empire américain de Denys Arcand est sorti dans l'indifférence malgré un sujet dans l'air du temps, tandis que le canadien Guest of Honour d'Atom Egoyan a déjà été oublié à Venise. Au Québec, seul un film a été un gros hit cette année, la comédie Menteur avec 590000 entrées. Louise Archambault avec Il pleuvait des oiseaux a cependant confirmé sa bonne cote avec 200000 entrées. La femme de mon frère (76500, 3e), Matthias et Maxime (44500, 4e), le très beau Jeune Juliette (32200, 5e), The Death & life of John F. Donovan (21700, 8e) révèlent l'extrême faiblesse du cinéma québécois sur son propre territoire.

Enfin, le cinéma européen se porte bien. Même si de grands noms comme Ken Loach, Fatih Akin, les frères Dardenne ont déçu, sans doute parce qu'ils persévèrent dans la même veine, en s'orientant vers un discours de moins en moins généreux ou surprenants. Ce n'est pas qu'une question de goût puisque même leurs fans n'ont pas vraiment suivi.

Le cinéma européen reste producteur de grands films, exportés, récompensés, applaudis. La Favorite de Yórgos Lánthimos en fut l'emblème cette année, avec un triomphe hollywoodien en plus d'un gros succès public international. Au sud, des cinéastes réputés comme Marco Bellocchio (Le traître), qui symbolise un renouveau du cinéma italien auquel on peut raccrocher Martin Eden Pietro Marcello, Pedro Costa (Vitalina Varela, Leopard d'or à Locarno), Costa Gavras (Adults in the Room) prouve que, malgré la télévision, le cinéma résiste bien. C'est surtout le cinéma espagnol est le plus en forme avec des films aussi divers El reino de Rodrigo Sorogoyen, Viendra le feu d'Oliver Laxe, Yuli d'Icíar Bollaín, Petra de Jaime Rosales... L'Europe centrale et de l'Est n'est pas en reste avec des œuvres comme Sunset de Laszlo Nemes, Une grande fille de Kantemir Balagov, le formidable Dieu existe, son nom est Petrunya, de Tenona Strugar ou encore Les siffleurs de Corneliu Porumboiu. Sinon, du très émouvant Et puis nous danserons (And Then we Danced) de Levan Akin au très étrange Border d'Ali Abbassi en passant par L'audition d'Ina Weiss, L'œuvre sans auteur de Florian Henckel von Donnersmark, Yesterday de Danny Boyle, Noureev de Ralph Fiennes, c'est là encore l'éclectisme qui prime, mais surtout il s'agit de la quête d'une narration spécifique, s'affranchissant de limites morales et plaidant pour une liberté de création. Même s'ils ne trouvent pas un public aussi large qu'on pouvait l'espérer.

Une grande partie de ces films sont des coproductions françaises, principal soutien financier des auteurs. Il en est ainsi également des deux films au féminin venus d'Afrique, Atlantique de Mati Diop, Grand prix du jury à Cannes, film sénégalais dans l'âme, et Papicha de Mounia Meddour, film algérien dans sa chair.

On finira ce tour du monde avec quelques films d'animation qui là aussi se distinguent dans leur proposition esthétique. Funan de Denis Do, Bunuel après l'âge d'or de Salvador Simo, Les enfants de la mer de Ayumu Watanabe, La fameuse invasion des Ours en Sicile de Lorenzo Mattoti. A eux quatre, ils démontrent que le cinéma n'est pas qu'un produit formaté, même dans l'animation. Chaque pays revendique finalement sa part d'exception culturelle, sa personnalité dans un monde où les images sont encore trop américaines.

3 raisons d’aller voir Le mystère des pingouins

Posté par MpM, le 13 août 2019

Le pitch : Quand des pingouins apparaissent partout dans sa petite ville, semant au passage une joyeuse pagaille, le jeune Aoyama se dit qu’il y a là une enquête à mener. Ce studieux élève de CM1, accompagné de son meilleur ami, enrôle également sa rivale aux échecs et une énigmatique assistante dentaire pour percer le secret des pingouins. Mais ces petites bêtes ne sont que le premier signe d’une série d’événements extraordinaires. Commence alors pour le jeune garçon une aventure pleine de surprises… et de pingouins !

Un auteur plein de fougue Il ne faut pas s'arrêter au résumé du film ni à son esthétique gentillette : Le Mystère des Pingouins est à l'origine tiré du roman Penguin Highway de Tomihiko Morimi, lauréat du Grand Prix Nihon SF 2010 au Japon. Or on doit notamment à cet auteur l'excellent Night is Short, Walk on Girl qui a donné lieu à une adaptation fougueuse et survitaminée par Masaaki Yuasa. L'histoire ? Celle notamment d'une jeune fille qui écume les bars... Si le livre Penguin Highway était lui-aussi plutôt destiné à un public adolescent et jeune adulte, le choix du réalisateur Hiroyasu Ishida et de son studio Colorido est d'en avoir fait une oeuvre tout public. Sans pour autant gommer certains détails savoureux comme l'obsession du jeune héros pour... les poitrines généreuses.

Humour et étrangeté On est durablement séduit par l'intrigue singulière du film, de même que par sa tonalité pétillante, qui ménagent son étrangeté jusqu'au bout. Des monologues totalement décalés du jeune héros, qui ne cesse de se projeter dans l'avenir, avec un sérieux qui pourrait passer pour de la prétention s'il n'était au fond aussi candide, aux péripéties inattendues qui émaillent le récit, on ne cesse d'être surpris et amusé. Là où d'autres auteurs auraient à tout prix cherché à mettre du "fond" et à dramatiser les enjeux, Hiroyasu Ishida joue systématiquement la carte de la légèreté et d'un humour burlesque qui évacue les passages trop ouvertement "mignons" ou au contraire tragiques. Les aspects les plus fantastiques de l'intrigue s'imbriquent assez naturellement dans le reste de l'intrigue, et lui trouvent même un développement logique au symbolisme discret.

Des personnages ambivalents Cela fait du bien de découvrir, dans un film destiné au jeune public, des protagonistes qui ne sont ni des boy-scouts en puissance, ni des stéréotypes. Si le jeune Aoyama paraît au départ trop parfait pour ne pas être ennuyeux, il se révèle au fil de l'intrigue plus ambivalent et profond qu'on ne l'aurait pensé, à travers notamment sa relation ambigüe avec la jeune assistante dentaire, et sa candeur égale face à la fois à ceux qui le harcèlent et à celle qui le courtise. Les deux rôles féminins tranchent eux-aussi avec ceux que l'on voit traditionnellement dans ce genre de films, avec une pré-ado championne d'échecs et passionnée par la théorie de la relativité, et une adulte légèrement immature qui a bien du mal à prendre la vie au sérieux. Deux personnages singuliers qui font également chavirer le coeur du héros, et lui feraient presque perdre sa rigueur scientifique, participant pour beaucoup à l'équilibre tendre et léger du film.

Kyoto Animation: 35 morts, 34 blessés, un film et un serveur sauvés

Posté par redaction, le 29 juillet 2019

Le 18 juillet dernier, le studio Kyoto Animation a été victime d'un incendie criminel. Le bilan est de 35 personnes sont mortes (dont 21 femmes) et 34 blessées (dont une dizaine dans un état sérieux), parmi lesquels l'auteur de l'incendie. Un carnage humain qui a ému le monde de l'animation. Créé en 1981, le studio a notamment travaillé avec les studios Ghibli (Porco Rosso) et OLM (Pokémon). Depuis qu'il n'est plus un sous-traitant mais un studio à part entière, Kyoto Animation a sorti de nombreuses séries TV, dont La Mélancolie de Haruhi Suzumiya, Sound Euphonium ou encore Violet Evergarden. Il a aussi produit des films déclinés de ces séries et surtout le splendide anime Silent Voice et le récent Liz & l'oiseau bleu.

KyoAni était un studio singulier, fondé par un couple, embauchant majoritairement des femmes, et réputé pour ses bonnes conditions de travail, en plus de persévérer à employer des animateurs qui lui sont propres. Aujourd'hui il est en cendres. On ne sait pas ce qui a motivé le pyromane, Shinji Aoba, 41 ans, qui a déjà été emprisonné pour vol et qui souffre apparrement de désordres mentaux. Il semblerait que le studio lui aurait "plagié" un de ses romans, sans qu'il n'y ait aucune preuve. L'enquête vient de confirmer qu'il était obsédé par le studio, dont ils possédait quasiment tous les mangas et les dvd.

C'est le pire meurtre de masse au Japon depuis la seconde guerre mondiale. Un fonds d'aide japonais pour les victimes et un autre, initié par le distributeur américain Sentai Filmworks sur la collecte GoFundMe ont déjà récolté 7 millions d'euros. Le gouvernement, en réaction à l'émotion suscitée, a décidé d'apporter son aide pour la réouverture du studio et pour faciliter les donations reçues par KyoAni.  Techniquement, il y a au moins une bonne nouvelle: un des serveurs où une partie des créations et des données sont stockées, aurait survécu à l'incendie. Tout le reste a disparu en fumée.

Cette tragédie n'affectera pas la sortie du spin-off de Violet Evergarden, Violet Evergarden Side-Story: Eternity and the Auto Memories Doll, programmée au Japon pour septembre et qui doit être présenté au festival Animagic Convention à Mannheim en Allemagne samedi prochain. En revanche, on ignore toujours si Violet Evergarden the Movie pourra sortir au Japon en 2020 comme prévu. Netflix gère la diffusion internationale .

Annecy 2019 : une édition centrée sur l’animation japonaise

Posté par MpM, le 9 juin 2019

Après avoir découvert l'éclectisme de l'animation brésilienne en 2018, retour en terrain plus connu avec cette édition 2019 du Festival d'Annecy centrée sur le Japon. Les organisateurs de la manifestation ne pouvaient guère se tromper en mettant à l'honneur l'une des animations les plus riches mais aussi les plus populaires au monde, qui n'avait pas fait l'objet d'une rétrospective à Annecy depuis exactement vingt ans.

Au programme, des nouveautés, comme Ride your wave de Masaaki Yuasa (Lou et l'île aux sirènes, Night is short, walk on girl), The Wonderland de Keiichi Hara (Colorful, Miss Hokusai) et The relative worlds de Yuhei Sakuragi en compétition longs métrages ; Les Enfants de la mer de Ayumu Watanabe en compétition Contrechamp ou encore Modest heroes, un programme de 3 courts métrages du studio Ponoc, en séance spéciale.

Mais aussi des hommages à l'animation japonaise du début du XXe siècle, la projection du premier long métrage d'animation japonaise en couleurs, Le Serpent blanc de Taiji Yabushita, et un panorama de la nouvelle vague du cinéma japonais contemporain. Enfin, plusieurs courts métrages venus du Japon sont sélectionnés dans les différentes compétitions, tels que The Dawn of ape de Mirai Mizue, Leaking life de Shunsaku Hayashi, Keep forgetting de Takahiro Shabata ou encore Somewhere soft de Satoe Yoshinari.

L'occasion de vérifier si la "perte de savoir-faire" et l' "uniformisation esthétique" déplorées par Libération dans son édition du 7 juin sont perceptibles dans les productions récentes, et si la crise plus profonde également mentionnée par Libération, touchant les animateurs, las de travailler dans des conditions déplorables, vient faire parler d'elle jusqu'à Annecy.

En parallèle, les regards se tourneront probablement avec autant d'attention vers l'animation européenne, et plus particulièrement française, qui propose cette année un large choix de films attendus, et pour certains précédés d'excellents retours du Festival de Cannes où ils étaient présentés. On pense évidemment à J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, Grand Prix à la Semaine de la critique, mais aussi à La fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti et aux Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, tous deux sélectionnés à Un Certain Regard. A leurs côtés en compétition, on découvrira en avant-première Bunuel après l'âge d'or de Salvador Simo et surtout notre coup de coeur L'extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian.

En compétition Contrechamp, nouveauté de cette année 2019, on pourra notamment découvrir Away de Gints Zilbalodis (Lettonie), Kung food de Haipeng Sun, et surtout Ville neuve de Félix Dufour-Laperrière, autre grand choc cinématographique de ce festival, et de ce premier semestre.

Côté courts, on reverra avec plaisir Je sors acheter des cigarettes de Osman Cerfon, Nuit chérie de Lia Bertels, Movements de Dahee Jeong ou encore The Little soul de Barbara Rupik, fraîchement récompensé à Cannes, et on découvrira avec curiosité les nouveaux films de Michael Frei (Kids), Franck Dion (Per aspera ad astra), Bastien Dupriez (Sous la canopée), Regina Pessoa (Oncle Tomas), Chintis Lundgren (Toomas dans la vallée des loups sauvages), Vincent Patar et Stéphane Aubier (Panique au village : la foire agricole) ainsi que le premier film d'animation de Clémence Madeleine-Perdrillat, co-réalisé avec Nathaniel H'limi, La vie de château.

Comme toujours, le festival s'agrémentera également de pitchs, work in progress et autres séances exceptionnelles, sans oublier la compétition de films en réalité virtuelle, qui permettront d'avoir un panorama complet de l'animation contemporaine et à venir. De quoi passer une semaine évidemment animée, le jeu de mots est facile, mais surtout captivante, au coeur du plus grand festival du monde consacré exclusivement à l'une des formes de cinéma les plus innovantes et singulières du moment.
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Festival international du film d'Annecy 2019
Du 10 au 15 juin
Informations et programme sur le site du Festival

Naomi Kawase en tournage

Posté par vincy, le 31 mai 2019

La réalisatrice japonaise Naomi Kawase tourne actuellement son nouveau long métrage, Comes Morning (Asa ga kuru), adapté du livre de Mizuki Tsujimura (inédit en français). Le livre a été publié en 2015 et a déjà été adapté au Japon en 2016 sous la forme d'une mini-série télévisée.

Le Film français indique que le film sera coproduit par le français Playtime (Sunset, Doubles vies, Joueurs) et Kino international.

Naomi Kawase suivra un jeune couple, qui décide d'adopter après plusieurs traitements contre l'infertilité. La femme accepte en effet de ne pas avoir d'enfant à cause de l'infertilité de son mari. Au lycée, une jeune femme a eu de son côté une grossesse non désirée et accouche d'un enfant. Six ans plus tard le couple reçoit un appel de la jeune femme, qui prétend être la mère biologique de l'enfant. Et va menacer l'équilibre de la famille.

"Tout le monde est" l’enfant "de quelqu'un et a été mis au monde par "la mère"" affirme la réalisatrice. Son dernier film, Voyage à Yoshino, est sorti en novembre dernier.

Les funérailles des roses, un inédit intrigant, queer, drôle et cruel

Posté par vincy, le 25 février 2019

Carlotta a sorti cette semaine dans quelques salles françaises un film japonais du regretté Toshio Matsumoto (vidéaste, théoricien, artiste et réalisateur), Les funérailles des roses (en japonais Bara no soretsu). Le film a 40 ans et il est inédit. Ce premier long métrage, récit d'un Oedipe gay tragique dans Tokyo, explore le monde souterrain des travestis japonais, officiant dans des bars chics et bien tenus, et notamment le si bien nommé Genet (en hommage à l'écrivain français). Mais Toshio Matsumoto, avec un cinéma héritier de Bunuel, Godard et Marker, va beaucoup plus loin sur la forme comme sur le fond. Si le fil conducteur suit Peter, jeune garçon qui fuit le domicile matriarcal pour s'émanciper en fille, amoureuse de son employeur, le film est une succession d'audaces narratives, profitant sans aucune limite de sa non-linéarité. Les funérailles des roses mélange ainsi allègrement la chronologie des événements, avec certains enchaînements proches du surréalisme, et s'amuse de manière très libre à flirter avec le documentaire (des portraits sous forme de micro-trottoir face caméra de jeunes tokyoïtes gays) et le cinéma expérimental.

Hybride jusqu'au bout, le film se travestit comme ses personnages. Il est à la fois une étude anthropologique de la culture queer et underground du Japon des années 1960, pas très loin du swinging London côté mode, et fortement influencé par la Nouvelle vague, le situationnisme et l'existentialisme français. Tout en respectant les contraintes de la censure, il y a un côté punk, c'est à dire un aspect de contre-culture dans le film, qui passe aussi bien par la distanciation (on nous montre parfois le tournage même de la scène que nous venons de voir), la dérision (des gags comme du pastiche), l'angoisse psychologique (tous ont peur d'être abandonnés et sont en quête d'affection), le sous-entendu (sexuel), l'horreur (finale, tragique) et surtout, la surprise.

Car le cinéaste ne ménage pas le spectateur en s'offrant des virages inattendus, passant d'un genre à l'autre, de scènes parodiques et rythmées (les rivalités façon western ou kung-fu sont hilarantes) à des séquences plus oniriques où le temps se distord (sous l'effet d'un joint ou de la peur). On est alors fasciné par ce délire maîtrisé, où se croisent bulles de bande dessinée et art contemporain, plans surexposés ou références détournées, qui brouille les codes du cinéma, pour accentuer la folie du personnage principal, et ce réalisme passionnant d'une communauté loin des stéréotypes filmés par le cinéma japonais parvenu jusqu'à nous à cette époque.

Il y a ainsi le film dans le film (y compris l'insertion de courts métrages du cinéastes), le film d'un Tokyo gay, le film d'un duel entre deux concubines, le film d'un jeune gay paumé, le film d'une jeunesse alternative, le film politique, le film comique, le film romantique, le film dramatique et le film psychologique. Les témoignages sont aussi intéressants que cette histoire est intrigante.

Ces funérailles sont parfois bricolées, mais elles gagnent leur dignité: l'œuvre est assurément majeure dans le cinéma LGBT, le cinéma japonais et le cinéma des années 1960. C'est un film engagé, et même activiste, où se mêlent les avant-gardes de l'époque, entre sentiment de révolte et aspiration au changement. Qu'il soit flamboyant, moqueur, érotique, théâtral ou bordélique, le film est transgressif cinématographiquement (il y a longtemps que le queer ne l'est plus tant que ça dans la société). Toshio Matsumoto a finalement réalisé un film dont les héros revendiquent leur place dans la société comme Les funérailles des roses réclament sa place singulière dans le septième art.

Berlinale 2019 : trio amoureux à Fukuoka avec Zhang Lu

Posté par MpM, le 11 février 2019

Petit plaisir particulier de cette 69e édition berlinoise, avoir des nouvelles de Zhang Lu, réalisateur chinois que nous avions eu la chance de rencontrer au FICA de Vesoul en 2006. Il y avait d’ailleurs remporté le Cyclo d’or avec son deuxième long métrage, Grain in ear. On le retrouvait un an plus tard en compétition à Berlin avec Désert dream, puis en 2011 avec Dooman river. Ses films suivants ont ensuite eu les honneurs de Locarno (Gyeongju en 2014) et de Busan (A quiet dream en ouverture en 2016).

Le voilà donc de retour Pozdamer platz cette année avec Fukuoka, sélectionné au Forum, qui s’avère plus intéressant que la plupart des longs métrages présentés en compétition jusque-là. Même si ça n’est pas tellement difficile, vu la platitude de certains titres en course pour l'Ours d'or, il faut avouer que Zhang Lu nous surprend avec une sorte de conte allégorique qui oscille entre comédie, romance et fantastique.

Une version allégorique du cinéma d'Hong Sang-soo

Au cœur de l’intrigue, Jea-Moon, un libraire dont la vie est au point mort, qui décide sur un coup de tête de partir au Japon avec sa très jeune voisine qu’il connaît à peine. Là-bas, l’insolite duo retrouve son ancien ami et rival de collège, Hae-hyo, qui tient un bar. Tous les trois boivent, marchent dans les rues de Fukuoka, se disputent et tentent, tant bien que mal, de remettre de l’ordre dans leurs vies et leurs pensées.

Le film nous fait penser par moments à une version allégorique du cinéma d'Hong Sang-soo, avec son trio contemporain qui fait écho à l’ancien trio amoureux, et ses scènes de beuverie pleines d’humour qui n’en dévoilent pas moins la complexité des sentiments. À tout cela, Zhang Lu ajoute la tentation du fantastique, jouant avec ambiguïté sur le caractère fantomatique de certains de ses personnages, et sur l’irréalité fantasque de certaines scènes.

Emancipation

La jeune femme, So-dam, sert ainsi de médiateur énigmatique entre les deux protagonistes masculins, son plus grand pouvoir étant de permettre, par sa seule présence, aux êtres humains de se comprendre entre eux. Non seulement en aplanissant la barrière de la langue, mais aussi en rendant possible la communication en général. Cela se manifeste de manière sérieuse et profonde, lorsqu'elle incite Jea-moon et Hae-hyo à renouer le contact, mais aussi de manière plus fantaisiste, avec l'exemple du sourd muet qui met brutalement fin à un voeu de silence qui durait depuis dix années.

Le film est parsemé de jolies idées de scénario (comme celle de cette tour que l'on voit de partout, et qui disparaît pourtant, ou de cette bougie qui refuse de s'éteindre) et de plans simples (souvent fixes) mais élégants, et aux cadres recherchés. Ce n'est par exemple par un hasard si les deux personnages masculins apparaissent tous deux pour la première fois à l'écran comme engoncés dans l'image, prisonniers d'un cadre dans le cadre. Pas de hasard non plus dans l'élévation finale qui est la leur, réelle comme symbolique, et qui, en élargissant leur horizon, les libère d'une forme bien particulière de maléfice.

Zhang Lu réalise ainsi une oeuvre joyeuse, dont la légèreté apparente n'empêche nullement une profondeur plus symbolique, aux questions sans réponses. On ne sait si l'on a envie de (re)tomber amoureux après avoir vu le film, mais il est évident que l'on ne regrettera pas ce détour enchanté par Fukuoka.

Vesoul 2019 : Le président du jury Eric Khoo ramène ses Saveurs (asiatiques)

Posté par kristofy, le 9 février 2019

Cette année du 25ème anniversaire Festival International des Cinémas d'Asie de Vesoul, le président du jury international est le réalisateur de Singapour Eric Khoo. Il est entouré de trois autres cinéastes: le sud-coréen Bae Chang-ho (wem>Jeong), le palestinien Rashid Masharawi (L'Anniversaire de Leila) et le kazakh Darezhan Omirbaev (Kairat).

Le cinéma de Singapour n'a pas de meilleur ambassadeur à l'international que Eric Khoo. Dès son premier film en 1995, il a étét le premier réalisateur singapourien a être sélectionné dans différents festivals. Au Festival de Cannes il a ouvert en 2005 La Quinzaine des Réalisateurs avec Be with me, puis en compétition dans la sélection officielle en 2008 avec My Magic, et enfin, toujours en sélection officiel dans la section Un Certain Regard en 2011 avec Tatsumi, film d'animation.

Son dernier film La saveur des ramen est sorti en octobre dernier en France. A Vesoul, Eric Khoo a accompagné une nouvelle projection du film. En précisant cette info pour les gourmets : le DVD à venir devrait être accompagné d'un petit livre de recettes !

Pardon et réconciliation

«Quand on mange un plat particulier son goût ramène des souvenirs, j’ai voulu transmettre ça. La nourriture rassemble les gens en France comme dans plusieurs pays d’Asie, le repas du dimanche est souvent un plat particulier. Ici le personnage principal renoue avec ses origines, avec le souvenirs de ses parents disparus et sa grand-mère qu'il ne le connaissait pas. La nourriture c’est aussi parfois un moyen de guérison, et dans ce film il s'agit d'un moyen vers une réconciliation avec sa grand-mère. Elle est de Singapour et n'a pas pu supporté que sa fille épouse un japonais» explique-t-il.

Il précise que «La saveur des ramen est sorti dans une trentaine de pays et en dernier sorti au Japon. Le film est particulièrement sensible pour le public japonais car, si tout le monde sait qu'à un moment de l’Histoire le Japon a occupé la Chine, beaucoup de la génération actuelle ne savent pas vraiment que durant la seconde guerre mondiale le Japon avait occupé Singapour avec autant d'atrocités. Certains japonais se sont excusés pour leurs ainés. Dans le scénario le personnage allait dans le musée consacré à la guerre, l’acteur lui-même a été très touché et ému par ce qu’il y a découvert. La saveur des ramen est un message d'amour, de pardon, et de réconciliation entre les deux peuples du Singapour et du Japon»