Cannes : la première palme française depuis … 6 ans!

Posté par vincy, le 26 mai 2008

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Je me souviens. Daniel Toscan du Plantier, juste avant son décès, m'avait demandé de l'appeler pour avoir un droit de réponse sur une critique assez virulente à l'encontre des César. Cette année-là, Le pianiste était dix fois nommé au César, au même titre que n'importe quelle oeuvre française. Adrien Brody emportera même le César du meilleur acteur pour sa prestation 100 % anglophone. Daniel Toscan du Plantier m'expliquait ainsi que Le Pianiste était produit majoritairement par des français et qu'il pouvait ainsi concourrir au même titre que Amen ou 8 femmes.

Le Pianiste, film français par ses capitaux, tourné en Allemagne, retraçant un fait historique en Pologne : c'est l'Europe qui "veut" ça. L'argument de Toscan du Plantier était juste. Et depuis, Ecran Noir qualifia ce film comme français.

Tout comme Roman Polanski est un cinéaste français. Né à Paris, il a acquis la nationalité en 1976 et réside dans la capitale. Aussi sommes-nous étonnés que tous les médias majeurs (chaînes de télévision, presse quotidienne nationale, radios) considèrent depuis 1987 que Maurice Pialat est le dernier français à avoir reçu la Palme d'or (Sous le soleil de Satan). Ces médias qui se lamentaient d'un fossé de plus de vingt ans! Ces médias qui considéraient le film de Polanski comme une palme polonaise... Même Wikipédia reproduit l'erreur.

Laurent Cantet et son film Entre les murs est donc la deuxième palme d'or de la décennie. Encore une et on aura fait aussi bien que dans les années 60!

Le roi David

Posté par benoit, le 26 mai 2008

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S’étendre sur un divan au bout du monde avec David Lynch pour psy. Personnellement, je m’allonge illico quelles que soient les émotions qui traverseront mon voyage intérieur…
Plus qu’une rencontre privée, ce fut une sorte de messe intime qui s’est déroulée au Divan du monde le 5 mai pour la sortie de la (non) autobiographie du cinéaste.
Imaginez une scène comme un écrin lynchien : rideau rouge et noir strié de lumières bleu électrique et mauve psychédélique. Parfois, des éclairs blancs clinique illuminent la salle pendant qu’un orchestre baptisé pour ce happening The Twin Peaks Consort plane sur des mélodies glam caressées par une voix androgyne, déchirées par un saxo.
David Lynch se fait quelque peu attendre. Juste ce qu’il faut pour que le désir soit à son comble. Il apparaît derrière un écran où pleure et rit le visage de Laura Palmer devant son ange de mort.
Metteur en scène star au look nighties étiqueté Agnès B et Yohji Yamamoto, Lynch est le roi David avec son casque de cheveux blancs. D’une élégance beaucoup plus anglaise qu’américaine, il se tient comme un monarque shakespearien underground, un gourou rock’n roll alernatif.

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Pendant une session de questions-réponses en musique, le Maître dirige le tempo musical en fonction de ses révélations. Déformation professionnelle et contrôle aigu de son image obligent, il choisit du doigt ses interlocuteurs. Donne la parole selon son bon vouloir à Nicolas Richard interprète pour l’occasion et traducteur de Mon histoire vraie.
Tel un Bouddha new age, ses déclarations vont du transitoire au fondamental. Nous apprenons que le Maître a sa propre marque de café, un mélange subtil d’arômes mexicain et sud-africain dont il raffole. Nous savons désormais que Twin Peaks n’aura pas de suite malgré les rumeurs lancées sur le web. Les confidences fondamentales tournent autour de la naissance des idées. Dans un discours aussi positif que prosélyte, il initie le public à la méditation transcendantale dont il est un fervent adepte. Lynch compare les idées à des bulles qui se matérialisent en création lorsque la conscience s’élargit. Il avoue préférer les rêves diurnes à ceux du sommeil. Laisser venir à lui les images et les sensations, poissons fertiles qu’il se contente de pêcher. C’est ainsi qu’Inland Empire est né de trois idées notées puis tournées en DV. Ces trois idées qui n’avaient rien à voir furent suivies par une quatrième qui devint leur liant et ainsi de suite…
Mais plus encore que les mots de cet homme qui ne cesse de se dissimuler savamment, ce sont ses gestes qui hypnotisèrent la salle en se promenant dans les airs. Ses mains magnifiques avec des doigts comme des algues qui ondulent dans un mouvement gracieux.
Le roi David est un créateur humble et un homme formidablement vivant. C’est-à-dire ancré dans le flot de la vie. Pêcheur inspiré, il saisit les idées pour mieux les transformer en chefs d’oeuvre de cinéma, en musiques, en peintures, en dessins, en collages et en photographies car Lynch est un Artiste. Un Vrai. Comme son histoire ...?

(photos : Marc Bergère)