Polanski : la passion au coeur d’une guerre de lobbyistes (1)
Une centaine de dépêches de l'AFP en dix jours. L'affaire Roman Polanski (voir actualité du 27 septembre) a fait couler beaucoup d'encre, user beaucoup de salives, occuper beaucoup de tuyaux (numériques). Il a fallu expliquer les origines du délit, les péripéties juridiques, ... Et puis en quelques jours, les esprits se sont chauffés, les arguments ont été affinés, les partisans de la libération du cinéaste se sont découverts des opposants : une guerre de communication se cristallisait, dont chaque épisode amenait son rebondissement.
Qu'on se place du côté du droit (il a fui la justice), du pénal (il a commis un délit), de l'humain (il y a prescription et il y a eu pardon), chacun à ses raisons de défendre son point de vue. Ajoutez de la passion et l'affaire devient sensationnelle. Il est intéressant de constater selon s'il on est Français, Polonais, Suisse ou Américain, que l'opinion diverge. 78% des Américains qui suivent le cas Roman Polanski (environ la moitié des états-uniens) pensent qu'il doit aller en prison.
Dimanche. Les gouvernements polonais et français ont demandé aussitôt la libération d'un citoyen de leur pays. C'est assez normal. Ils misent sur la notion de "prescription". Le Ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand trouve l'arrestation "absolument épouvantable", "pour une histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens". Mais depuis mardi 6 octobre, on sait que la Justice suisse a fait savoir qu'elle ne le libérerait pas sous caution (et sous surveillance), estimant les chances d'évasion trop grandes.
La suisse se soucie d'ailleurs davantage de son image à l'extérieur de ses frontières que du cas Polanski. Le pays neutre ne l'est plus et se voit taxer de "xénophobe", "collabo" et même de "corrompu", à la solde de l'Oncle Sam. Les Etats-Unis ont moins de scrupules. Le parquet de Los Angeles avait mûrement réfléchi l'arrestation du réalisateur en apprenant sa venue au Festival de Zurich. Le traquenard n'était donc pas un mot vain dans les communiqués.
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