L’instant Vintage : Harry Langdon, appelez-le Baby Face

Posté par Benjamin, le 17 mars 2012, dans L'instant vintage, Personnalités, célébrités, stars.

La collection, Les pionniers du burlesque, édité par Bach Films, est une formidable occasion de (re)découvrir les artistes qui permirent au burlesque américain de se propager à travers le monde. Ce sont les Buster Keaton, Mack Sennett et autres Harold Lloyd qui ont donné à la comédie américaine ses fondements.

Un des DVD de la collection est consacré à Harry Langdon (1884-1944). Trois films y sont présentés, deux courts métrages et un moyen de 50 minutes. Tous sont produits par Mack Sennett (qui fut en son temps un véritable découvreur de talents !). Harry Langdon, certes moins célèbre aujourd'hui que ses confrères de l'époque, fut une star. Une vedette suffisamment importante pour que sa marque de fabrique soit exportable. Tous les acteurs burlesques de renom avaient leurs caractéristiques, un style visuel et vestimentaire, un personnage bien précis : Chaplin en vagabond, Lloyd en fils à papa, etc. Harry Langdon lui, fut qualifié de Baby Face. Même la vingtaine passée, son visage gardait l’allure de celui d’un poupon. Cette innocence, cette candeur serait donc sa force.

On le voit clairement dans ces trois films, Langdon joue très peu avec son corps et tout son art burlesque passe par son visage de bébé. Il incarne un petit homme chétif et craintif. Peu entreprenant (dans l’un des films, il est dominé par sa femme), son personnage est un peureux, emporté par les aventures sans l’avoir demandé. Ce qui frustre, c’est le manque d’engagement physique de la part de l’acteur. Il aurait certainement été un brillant comédien au temps du parlant, car les mimiques de son visage auraient trouvé toute la latitude qui leur convient. Mais, dans le cadre du muet qui implique la mobilité du corps tout entier, il ne fait qu’à moitié mouche. Il réalise peu de cascades et même peu d’acrobaties. Sa distinction se fait par l’expressivité de son faciès. Langdon fait en sorte d’élargir au maximum la palette de ses émotions et affine son jeu, jamais outrancier si l'on compar à ses rivaux des années 20. Pierrot atemporel, il avait l'image d'un poète névrosé, incapable d'exprimer fermement ses sentiments.

Sa faute est d’avoir voulu mettre au point un style trop statique, sans modifier ou apporter de la nouveauté du côté des emplacements et mouvements de caméra et sans chercher à améliorer les intrigues. Ainsi, Langdon se situe entre deux univers : il est en avance d’un certain côté sur le cinéma parlant qui pointe la bout de son nez, mais reste engluer dans la mécanique quelque peu usée du muet.

Un artiste quelque peu en avance sur son temps mais dont le génie était limité. Sa gloire fut brève, le temps de trois films. Pourtant, acteur, scénariste et réalisateur, il en tourna des dizaines (principalement des courts), y compris des films parlants.

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