Robert Pattinson sera Lawrence d’Arabie pour Werner Herzog

Posté par vincy, le 20 août 2012

Ce n'était pas forcément là qu'on attendait l'idole des jeunes. Robert Pattinson ne cesse de s'aventurer hors des sentiers battus hollywoodiens puisqu'il vient d'accepter de jouer pour Werner Herzog. Le tournage débutera cet automne. Le cinéaste de Aguirre, la colère de Dieu, Nosferatu, fantôme de la nuit, Fitzcarraldo ou encore Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle Orléans, tout aussi réputé pour ses documentaires (La Grotte des rêves perdus), s'offre deux stars pour son prochain film, Queen of the Desert : Pattinson et dans le rôle principal Naomi Watts. Le premier incarnera le Colonel T.E. Lawrence (alias Lawrence d'Arabie, autant dire que l'enjeu est de taille pour remplacer Peter O'Toole dans la mémoire des cinéphiles) et la seconde sera Gertrude Bell, héroïne de ce biopic sur  cette voyageuse, écrivain, archéologue, exploratrice, cartographe et chargée d'affaires politiques pour l'Empire Britannique. Sacré destin. Le scénario a été écrit par Herzog lui-même.

Une vie passionnante

Gertrude Bell fut l'une des premières femmes diplômées d'Oxford à la fin du XIXe siècle. Née en 1868, cette femme influente a été volontaire de la Croix Rouge en France durant la première guerre mondiale avant d'être envoyée au Caire en 2015. C'est là bas qu'elle rencontre le Colonel Lawrence. Orientaliste et diplomate, elle participe avec lui à la constitution d'un Moyen Orient débarrassé de l'Empire Ottoman, avec la création de nouveaux Etats, dessinant les frontières actuelles de la Jordanie, l'Arabie Saoudite et l'Irak. Installée longuement à Bagdad, elle a contribué à créer l'Irak et à donner à ce pays une majorité sunnite (malgré une majorité démographique des chiites). Elle fut aussi l'initiatrice du futur Musée archéologique de Bagdad et de la Bibliothèque nationale du pays. Malade, elle meurt en 1926 à son domicile irakien. Le Roi Fayçal, qui lui devait en grande partie son trône, assista aux obsèques. Aucun enfant, aucun mari. Mais les honneurs.

Cela a donné l'idée à quelques auteurs d'écrire des livres sur elle. Surnommée Desert Queen, elle fascine toujours car elle fut sans doute la femme la plus puissante politique de l'Empire britannique durant cette période. Mais le cinéma a écrasé son existence. David Lean, en réalisant Lawrence d'Arabie il y a 50 ans, et en ignorant complètement la présence de cette femme dans son film, a sacralisé le Colonel au détriment de l'aventurière.

A noter que Ridley Scott envisageait il y a encore un an un film sur cette Gertrude Brll, avec Angelina Jolie dans le rôle principal.

Destin stoppé pour Tony Scott (1944-2012)

Posté par vincy, le 20 août 2012

Tony Scott, cinéaste et producteur plus hollywoodien que britannique, frère de Ridley, s'est jeté du plus grand pont du port de Los Angeles dimanche 19 août. Il avait 68 ans. Le corps du cinéaste a été retiré des eaux près du pont Vincent Thomas, si souvent filmé dans les films d'action des studios. Une note écrite de sa main faisant état de son intention suicidaire a été retrouvée dans sa voiture garée sur le pont, selon la police.

Après le communiqué de l'Institut médico-légal faisant état du décès, les enquêteurs ont pu comprendre le déroulé des faits. A midi trente heure locale, un passant a signalé à la police avoir vu un homme se jeter du pont. La police précise que le cinéaste avait garé sa voiture, une Toyota Prius noire (on ne connaît pas encore le détail des options techniques du véhicule), sur le pont avant d'enjamber la rambarde et de sauter dans l'océan Pacifique. Des témoins auraient vu ses chaussures flotter à la surface. Des plongeurs ont retrouvé son cadavre un peu avant 15H00.

Un des ferries, faisant la liaison entre le port et l'île de Santa Catalina, a été retardé le temps des recherches ; un hélicoptère des garde-côtes a été dépêché dans la zone pour aider les plongeurs du Port de Los Angeles. Des moyens hollywoodiens que n'auraient pas renié le cinéaste.

Top Gun, top film de sa carrière

Frère cadet du cinéaste Ridley Scott, il aura toujours été à l'ombre de son frère, malgré ses énormes succès aux box office : Top Gun (177 M$, 1986), Le flic de Beverly Hills 2 (154 M$, 1987), Ennemi d'Etat (112 M$, 1998), trois films qui ont dépassé les 250 millions de $ dans le monde ou encore USS Alabama (91 M$, 1995). Si l'essentiel de ses succès ont été réalisés dans les années 80 et 90, il continue à placer ses thrillers d'action en tête du box office grâce à Denzel Washington, qui devient vite son acteur fétiche dans les années 2000 (son dernier film, Unstoppable, sorti en 2010, a récolté 168 millions de $).

Paradoxalement ses meilleurs films, hormis USS Alabama, sont souvent ses moins gros succès : Les Prédateurs, sa première oeuvre, avec Susan Sarandon, Catherine Deneuve et David Bowie dans une histoire de vampires à l'esthétique dandy, Le dernier Samaritain, avec Bruce Willis, Jeux d'espions et surtout True Romance, sur un scénario de Quentin Tarantino.

Tony Scott était prisonnier de ses tics cinématographiques : un abus d'effets visuels trafiquant le montage, des allures de films "cyber" ou des séquences d'action parfois illisibles tant la frénésie visuelle et l'écrasement sonore faisaient oublier le sens de la scène. A force de s'enfermer dans des séries B dopées esthétiquement, Tony oubliait de porter un regard personnel, préférant le divertissement pur, avec, souvent, un héros seul contre tous.

L'esthétique était primordiale (il avait étudié les arts graphiques), le rythme un défi (il a construit sa carrière dans le milieu publicitaire). Dans son genre, il était virtuose, jusqu'à nous donner le vertige.

Rarement récompensé, Tony Scott était considéré comme un très bon faiseur, capable de gérer les plus grandes stars - Cruise, Murphy, Costner, Willis, Hackman, De Niro, Smith, Redford, Pitt... Outre Les Prédateurs, il n'a donné qu'une seule fois le rôle principal à une actrice : Keira Knightley dans Domino.

Sans doute trop testostéronisé, son cinéma, imprégné d'un style années 80, est devenu souvent moralement simpliste et dénué d'humour. On retiendra ses oeuvres plus singulières, sans jamais être parfaites. Tony Scott préparait une éventuelle suite à Top Gun 2 (voir actualité du 24 octobre 2011) et surtout Emma's War, l'adaptation du livre de Deborah Scroggins.

Avec son frère, il avait été également coproducteurs de séries TV (The Good Wife, Numb3rs, Les piliers de la terre), de nombreux films (notamment les leurs) et de téléfilms.