Vendredi soir s'est déroulée l'ouverture de la cinquième édition Festival européen du film fantastique de Strasbourg qui grandit d'années en années, doublant ses chiffres et atteignant en 2011 celui de 6 500 spectateurs.
Du 14 au 22 septembre, 13 films sont en compétition pour remporter l'Octopus d'Or et/ou le prix du public. Sera également remit le Méliès d’Argent au meilleur film fantastique européen, ce qui lui permettra de candidater au Méliès d’Or du prestigieux Festival de Sitges au mois d’octobre.
Outre ces 13 films, on trouve de nombreux films hors compétition, des documentaires, des rétrospectives et des courts métrages. Strasbourg met donc les petits plats dans les grands pour son festival qui fait de plus en plus d'ombre à celui, voisin, de Gérardmer.
Robot and Frank, un film plat mais pas inintéressant, monotone par moment, touchant dans d'autres, faisait l'ouverture. Une comédie d'anticipation qui échappe aux codes éculés de la technologie et robotique perçues comme le mal, pour mieux en dévoiler l'attachement et la relation avec l'homme qui la nécessite au quotidien. Le film sort mercredi en salles.
Tout premier film pour Zack Parker, Scalene, oeuvre presque caricaturale du cinéma américain indépendant, trouve une réelle difficulté à fonctionner. Zack Parker voudrait brosser le portrait d'un drame familial entre un fils malade et une mère colérique interprétée par Margo Martindale (que tout le monde connaît bien évidemment pour son même rôle de mère détestable et froide dans Million Dollar Baby), mais il n'y parvient à aucun moment.
On ne ressent la tourmente familiale à aucun moment tant le film démarre sur les chapeaux de roue avec des vociférations à tour de bras. Le type même du long-métrage qui s'embarrasse avec une narration inutilement alambiquée et qui se perd à force de développer les points de vues sans intérêts réels. Le pire étant sans doute le jeu excessif de certains acteurs qui ne donnent absolument aucun contraste à leurs personnages. Ne reste de la douleur maternelle qu'un exercice de style doublé de gribouillis colorés (le rouge pour la mère, et d'autres couleurs pour les autres) pour tenter, non sans esbroufe, de convaincre qu'il y aurait une quelconque tentative de proposer quelque chose d'original. Hélas non.
Et pourtant, par l'introduction d'un troisième personnage qui vient s'interposer dans le couple mère-fils, une jolie blonde venue comme soignante par hypocrisie plus que par bonté de geste, l'alchimie va enfin commencer à prendre. Hélas, le vacarme reprendra très vite sur la fin dès lors que le point de vue révélera ce que l'on a vu au début, distordant pour la énième fois cette narration qui s'enlise définitivement en partant dans tous les sens. Et comble du tout, Scalene propose un dénouement grossier. Par cette virée finale aux limites de la farce, difficile d'exprimer un quelconque attachement à ce premier film malgré quelques qualités.
On avait connu Franck Khalfoun pour son plutôt moyen 2ème sous-sol, et rien ne laisser présager alors une réussite pour le remake de Maniac, dont il se détourne franchement dans le style. Le spectateur y devient le personnage du tueur. Cette production d'Alexandre Aja démarre avec une certaine efficacité de ton et une bande originale très réussie.
Maniac version 2012 est donc doté d'une mise en scène honorable même si on surnage dans le foutraque (à l'image de son psychopathe dirons-nous) ou les effets visuels gores et effets stylistiques too-much. Le film propose donc du neuf avec du vieux, ce qui fonctionne un certain temps. On suit le personnage incarné par un Elijah Wood en retrait qui surprend très agréablement, quand bien même sa posture douce et frêle lui donnerait un air un poil trop cheap, ; mais les meurtres sauvages (et ô combien gratuits) sont là pour nous rappeler sa brutalité envers les femmes.
Un des gros soucis du film, outre d'être incroyablement brouillon, est d'en faire des tonnes dans sa seconde partie. Cette impression de tourner en rond, ces flash-backs incessants qui viennent directement s'intercaler avec le point de vue interne pour révéler des causes oedipiennes aux tueries qui s'opèrent : tout cela est assez désagréable à voir sans rien apporter au psychopathe, qui aurait gagné à ne pas voir sa folie être expliquée d'une manière aussi désinvolte.
Le remake qui démarrait pourtant bien s'embourbe au fil des minutes et déclenche des rires. On pouffe même devant le dénouement d'un grotesque assez rare. Jouant la carte du gore au maximum, le film perd définitivement en intérêt et dévoile ce qu'il est vraiment : un exercice de style qui se galvaude pour devenir une simple attraction vulgaire et même d'une grande bêtise.
Nouveau film à buzz, succédant aux Paranormal Activity des années précédentes, V/H/S de David Bruckner, Glenn McQuaid et le collectif Radio Silence est une énième tentative de "found footage" de gueule accomplit. Il faut le voir pour le croire. L'idée de départ était pourtant plaisante : 5 courts métrages horrifiques en un seul qui les regroupe. Problème, on s'aperçoit très vite de la catastrophe de l'entreprise qui ne mène strictement à rien.
L'ennui s'installe dès les premières minutes où l'on assiste à une bande de jeunes qui se filme dans leurs méfaits, s'amusant à ôter le haut d'une passante pour en filmer les seins. V/H/S tombe déjà bien bas avec ce défaut de sombrer facilement dans le sexe et l'alcool. On vise les ados avec des imbéciles. Dépassé un certain âge, pas sûr que le résultat déconcertant d'un bout à l'autre vous plaise. V/H/S brasse du vent ; chacun des cinq passages dure une vingtaine de minutes (dont quinze sont réservées à des scènes de vie et personnages qui discutent, s'amusent etc).
Quant vient enfin le frisson, c'est d'une pauvreté rare. Nanar pas très amusant et vite déconcertant. Au milieu du risible apparent, quelques bonnes idées trop rares sont mal exploitées, comme celle du tueur qui provoque des interférences sur la caméra, ou bien encore le court métrage des webcams. Mais rien qui ne suffise concrètement à rehausser la qualité de ce long-métrage interminable de deux heures dont le buzz autour reste totalement incompréhensible.
Enfin, concluons avec The Pact de Nicholas McCarthy. Comme souvent, les idées les plus courtes sont les meilleures. Ce qui était au départ un court métrage s'est vu être rallongé sur une durée d'1h30 et la réussite a été diluée dans la longueur. La mollesse du scénario nous plonge dans une torpeur sans fin. Pour autant, le film reste très correct dans sa réalisation et parvient, à l'aide de scènes d'épouvante plutôt bien dosées tout le long - hélas inégales -, à maintenir un semblant d'intérêt.