Une année en enfer : prison ferme pour John McTiernan

Posté par geoffroy, le 29 mars 2013, dans Actualité, société, Personnalités, célébrités, stars.

john mc tiernanL’affaire John McTiernan n’est pas drôle. Elle ressemblerait plutôt à une mauvaise blague dont les conséquences, dramatiques pour le coup, ont muselé l’un des cinéastes les plus talentueux de l’Entertainment américain.

Privé de films depuis dix ans (Basic avec John Travolta et Samuel L. Jackson, sorti en 2003), le réalisateur de Piège de cristal sera bientôt privé de liberté.

En effet, le tribunal supérieur de Los-Angeles a confirmé la peine d’un an de prison ferme qu’il devra purger dès le 3 avril 2013.

Tout commence en 2000 sur le tournage catastrophe du film Rollerball. Un différend artistique oppose le réalisateur et son producteur, Charles Roven. À tel point que McTiernan, qui soupçonne Roven de vouloir saboter le film, décide d’engager l’emblématique détective privé des stars, Anthony Pellicano. À la demande du réalisateur, il espionne le producteur et le met sur écoute. Proche de la mafia, Pellicano est devenu au fil des ans et jusqu’en 2008 l’homme « de mains » des stars, des agents de stars, des producteurs et des avocats des stars (il a été reconnu coupable de 70 chefs d’accusation et condamné à quinze ans de prison).

L’erreur de stratégie

L’arrestation de Pellicano aurait dû mettre fin à la procédure contre McTiernan. Il n’en n’a rien été. Tout simplement parce que le fond de l’affaire, celle qui lui brisa les reins, le moral et sa capacité à tourner des films depuis maintenant dix ans, n’a rien à voir avec les mises sur écoute d’un détective peu scrupuleux.

Non, la « faute » de McTiernan est tout autre. Il paye pour avoir menti à deux reprises au FBI puis, sous la pression des autorités, d’avoir plaidé coupable lors de son procès. Lequel s’est éternisé de recours en recours jusqu’à sa mise en probation courant 2007 l’empêchant de réaliser des films. Car quel studio aurait accepté d’assurer un artiste susceptible de passer par la case prison…

Qu’aurait-il dû faire ? Nier comme ses petits copains stars, se prendre un « blâme » et s’en retourner, la « queue entre les jambes », sur les plateaux de tournage ? Son honnêteté a fait de lui le bouc-émissaire idéal d’une affaire dont il n’a, à vrai dire, pas grand-chose à se reprocher. D’autant que sa condamnation, nous rapporte l’excellente enquête de l’Express, ne prend pas en compte une erreur de procédure que la juge chargée de l’affaire, Dale Susan Fisher, aurait refusé de transmettre au jury.

En effet, les agents du FBI doivent se présenter en personne avant d’interroger un suspect. Petit problème : McTiernan a été contacté par téléphone. Si vous ajoutez à cela les retranscriptions des écoutes illégales sur le producteur Charles Roven, peu concluantes, ainsi que le retrait d’un témoin à charge important, l’affaire « McTiernan » ne tient plus vraiment la route ! Et pourtant, il semble peu probable qu’il puisse échapper à la prison pour s’offrir un happy-end dont Hollywood a le secret.

Le 7 mars 2013 une page Facebook Free John McTiernan a été lancée en soutien au réalisateur, il était temps. Depuis son ouverture, la page a récolté plus de 4000 « likes » et recueilli le soutien de stars américaines telles que Samuel L. Jackson, Brad Bird ou encore Joe Carnahan.

Quand la solidarité se joint à l’indignation, l’espoir est de mise. Même le plus mince. Jean-François Rauger, directeur de la programmation de la Cinémathèque française et soutien du réalisateur dans cette épreuve, est prêt à organiser une rétrospective intégrale et rappel que John McTiernan « est un cinéaste et un artiste important et ce n’est pas le diable ! »

Un gâchis pour le cinéma

L’esprit frondeur, bougon et libre de John McTiernan, artiste entier dévoué totalement à son art, n’a jamais été apprécié des grands studios. Ce vilain petit canard un brin taciturne n’a sans doute pas rapporté assez d’argent avec ses derniers films pour être sauvé de cette descente aux enfers. Le gâchis est énorme. Inconcevable. Insupportable. Alors que l’industrie hollywoodienne aurait besoin de réalisateurs de sa qualité, elle préfère utiliser des faire-valoir interchangeables responsables de la médiocrité artistique actuelle.

John Mctiernan a eu 62 ans cette année. Malgré l’épreuve terrible qu’il endure, il serait formidable d’imaginer – à l’instar d’un Francis Ford Coppola revenu, lui aussi, après 10 ans d’absence – qu’il puisse irradier de son génie visuel de nouvelles histoires libres de toute pression vénale de certains producteurs attirés uniquement par l’appât du gain.

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