Ne pas oublier Francesco Rosi (1922-2015)

Posté par vincy, le 10 janvier 2015

francesco rosi

Le réalisateur italien Francesco Rosi est décédé samedi à Rome à l'âge de 92 ans. Celui qui fut l'un des "grands" du cinéma italien avait contribué à le renouveler à travers le genre du film-enquête politique comme L'Affaire Mattei qui lui valut le Grand Prix du Festival de Cannes. Il a été l'un des premiers à superposés des scènes de fictions à des images d'archives, créant le style du film-dossier qui influencera ultérieurement de nombreux cinéastes. Il était l'inventeur du cinéma politique tel qu'on le connaît aujourd'hui. Mais son cinéma ne se résume pas à cet aspect engagé: l'homme est au coeur de ses histoires. Aliéné, pourri, ou rêveur, peu importe. Il y a un douce poésie qui se dégage d'une volonté utopiste que le monde ne soit pas entre les mains de ceux qui contrôlent au détriment de ceux qui subissent.

Entre documentaire et fiction, ses films, héritiers du cinéma réaliste d'après-guerre, se sont attachés à montrer le poids du pouvoir, des institutions ou de l'argent sur les destins individuels. La corruption intellectuelle, financière ou politique était la colonne vertébrale de son oeuvre. Ours d'or d'honneur à Berlin (2009) et Lion d'or d'honneur à Venise (2012), il a longtemps été l'un des rares à résister au déclin du cinéma italien.

Né le 15 novembre 1922 à Naples, Francesco Rosi étudie le droit puis fait ses premiers pas dans le théâtre, juste après la seconde guerre mondiale, comme acteur et assistant metteur en scène.

Avec Luchino Visconti, dont il est l'assistant sur La terre tremble (1948) et le co-scénariste sur Bellissima (1951), il apprend à utiliser des acteurs non professionnels et les ressources d'un décor naturel. Assistant d'Antonioni, de Monicelli, il débute dans la mise en scène en terminant Les chemises rouges (1952) d'Alessandrini.

Dès ses deux premiers films Le défi (1958, Grand prix du jury à Venise) et I magliari (1959), influencés par le film noir américain, il se passionne pour les sujets sociaux. En 1961, il réalise Salvatore Giuliano, sur l'assassinat du célèbre bandit sicilien, qui contribue à bouleverser la narration cinématographique en inaugurant le genre du film-enquête.

Témoin privilégié de la société italienne, Rosi évoque ensuite l'affairisme immobilier dans Main basse sur la ville (Lion d'or à Venise en 1963), les batailles politico-économiques autour du pétrole dans L'affaire Mattei (Palme d'or ex-aequo à Cannes en 1972), le banditisme mafieux (Lucky Luciano, 1973), les manipulations judiciaires (Cadavres exquis, 1976) et les drames du sud de l'Italie (Trois frères, 1980).

Après son adaptation de Carmen (1983, nominé au César du meilleur film et du meilleur réalisateur) et une autre de Gabriel Garcia Marquez (Chronique d'une mort annoncée, 1987, en compétition à Cannes), il revient à la mafia sicilienne avec Oublier Palerme (1990). En 1996, il réalise La trêve, là encore une adaptation, celle du roman de Primo Levi, présenté en compétition à Cannes.

"Personne n'a su comme Francesco Rosi raconter le pouvoir", a commenté pour sa part Roberto Saviano, le journaliste napolitain célèbre pour Gomorra, son livre-enquête sur la mafia locale.

Francesco Rosi a par ailleurs été compagnon de lycée de l'actuel président de la République, Giorgio Napolitano, lui aussi originaire de Naples.

"A travers son cinéma caractérisé par un grand engagement civil il a été l'un des interprètes les plus extraordinaires de l'Italie moderne en saisissant et racontant ses contradictions et ses tensions profondes", a réagi Paolo Baratta, directeur de la Biennale de Venise.

Une cérémonie en sa mémoire sera organisée lundi à Rome à la Maison du Cinéma.

Projection exceptionnelle du film Caricaturistes, fantassins de la démocratie, le 11 janvier au Forum des images

Posté par MpM, le 10 janvier 2015

democratieLe forum des images propose ce dimanche 11 janvier la projection exceptionnelle du film Caricaturistes, fantassins de la démocratie au titre particulièrement d'actualité.

Ce documentaire, signé Stéphanie Valloatto, est consacré à 12 caricaturistes internationaux, réunis sous l’égide de l’association Cartooning for Peace. On peut ainsi y voir Plantu et des dessinateurs du monde entier (Mexique, Russie, Tunisie, Palestine...) qui défendent coûte que coûte la démocratie, parfois au péril de leur vie.

Présenté hors compétition au dernier festival de Cannes, ce film indispensable rappelle que la défense de la liberté d'expression est un combat permanent tout autour de la planète et rend d'autant plus universelle la tragédie qui a touché la rédaction de Charlie Hebdo.

La projection, gratuite, est d'ailleurs organisée en soutien au magazine. Elle aura lieu en présence du réalisateur Radu Mihaileanu, co-auteur et producteur du film.

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Caricaturistes, fantassins de la démocratie de Stéphanie Valloatto
Dimanche 11 janvier à 18h30
Forum des images
Entrée libre