On a peut-être annoncé un peu trop vite la démission de 007. Daniel Craig est fatigué de jouer le sauveur de la Reine. Il vient de s'engager sur une série TV, Purity, et prépare le tournage du prochain Steven Soderbergh, Logan Lucky. Pour James Bond, plusieurs médias ont affirmé qu'il ne reprendrait pas le rôle. A 48 ans, on peut comprendre qu'il soit un peu usé.
Pourtant, Daniel Craig n'en a sûrement pas finit avec l'espion-tueur du MI-6. D'abord, comme on l'a déjà dit ici, il a signé pour cinq films. Or, il n'en a fait que quatre. En fait, on risque de se retrouver avec une situation similaire à celle avec Sean Connery, quand il a voulu quitter la franchise, remplacé par Georges Lazenby durant un film (un échec populaire), avant de revenir pour un dernier tour de piste (très très profitable).
Avant que Daniel Craig ne revienne, il pourrait y avoir un "autre" James Bond, à l'instar de Jason Bourne qui s'est offert un spin-off peu convaincant en attendant que Paul Greengrass et Matt Damon refassent équipe ensemble. Tom Hiddleston, choix assez évident, et Jamie Bell, choix plus audacieux, sont parmi les noms qui reviennent pour assurer l'intérim.
Pas avant deux ou trois ans
Mais il est certain que du côté des producteurs, on veut encore un film avec Craig, James Bond le plus rentable et populaire depuis Connery. Tout est affaire de négociations. Et de temps. Et le temps, tout le monde en a. Le prochain James Bond, le 25e, n'est pas attendu avant 2018-2019. De quoi aussi attendre que Craig soit de nouveau prêt pour un dernier épisode (pour l'instant son calendrier est "bouclé" pendant un an). Dès la tournée promotionnelle de 007 Spectre, il avait signifié vouloir s'occuper de sa famille et retrouver le goût de jouer d'autres personnages. Entre Skyfall et Spectre, Craig n'avait rien tourné.
D'ailleurs, ce n'est pas le seul souci des producteurs. Ils doivent faire face à deux autres "problèmes". Le contrat de distribution avec Sony a expiré avec 007 Spectre. Avec la MGM, qui a les droits de la franchise, il va falloir renégocier là aussi avec les studios hollywoodiens qui seront très avides : malgré la hausse des budgets de production, le retour sur investissement est aussi en augmentation (de 25%).
Qui pour remplacer Mendes?
L'autre travail auquel doivent s'atteler les producteurs, c'est le choix d'un nouveau réalisateur. Et le nom du nouveau réalisateur (il y a autant de prétendants que pour les acteurs qui veulent incarner l'agent britannique) pèsera sur la négociation avec Craig (ce n'est sûrement pas qu'une question de chèque). Sam Mendes vient de confirmer qu'il ne rempilerait pas. Pour 007 Spectre, tout le monde avait attendu que Mendes soit disponible. Désormais engagé sur The Voyeur's Motel, le président du jury de Venise cette année a explicitement dit qu'il en avait finit avec James Bond.
Daniel Craig, en tant que producteur exécutif, peut accepter, refuser, influencer, imposer un cinéaste et même un scénario. En attendant que le mystère se dissipe, on revoit la dernière séquence de Spectre. A ce titre, Mendes et Craig ont su achever leur oeuvre commune sur la note ambiguë parfaite. On a désormais M, Moneypenny et Q, bien en place, en équipe. Blofeld est arrêté mais pas tué. Ce qui peut faire revenir Christoph Waltz dans la danse. Et James s'en va, au bras de Madeleine Swann, profiter de sa vie. Au choix: c'est un adieu de Craig, ou le début d'un nouveau cycle.
Contractuellement, le MI-6 n'en a pas finit avec lui. Mais artistiquement, cinématographiquement, on comprend bien que l'acteur lui voulait en finir avec 007. Réponse d'ici deux ans.