Edito : Par Toutatis et Marketingsanrix

Posté par redaction, le 16 juin 2016

Annecy bat son plein. Le 40e Festival du film d'animation célèbre le cinéma français, Disney, la création hispanophone, les séries télévisées, les projets d'auteurs, les blockbusters. Ma vie de courgette, exquis, Le monde de Dory, délirant, La tortue rouge, poétique, sont parmi les films qui font l'événement au milieu d'une année faste: les films animés rapportent beaucoup, même si certaines productions restent fragiles malgré leurs qualités.

Parallèlement, Anne Goscinny, fille du dessinateur René Goscinny, scénariste de génie des premiers Astérix mais aussi de Lucky Luke, entre autres, a annoncé la mise en route d'un nouveau film d'animation avec Astérix. Alexandre Astier (Kaamelott, dont un film est en préparation) et Louis Clichy, déjà auteurs du précédent, Le domaine des Dieux (de loin le meilleur de la série en animation), vont s'atteler au projet, en partant d'une idée complètement originale, et non pas d'un album déjà publié.

L'héritière a aussi révélé qu'il y aurait un cinquième film en prises de vues réelles. Et là, ça devient très intéressant. L'envie n'a rien d'artistique. Tout est calibré comme pour lancer un nouveau produit dans un supermarché: "Pour ce prochain Astérix, il faut remettre à 100% les compteurs à zéro. Il faut le plonger dans le XXIe siècle et qu'il plaise de la Pagode à Rosny-sous-Bois. Le dernier film avec Guillaume Gallienne et Valérie Lemercier était trop cérébral, il n'a pas traversé le périphérique. Dans le 93, on ne rigolait pas du film, mais de l'affiche. Repartir à zéro, c'est ce que M6 a su faire avec Le domaine des dieux. On croit que c'est le premier, alors qu'il a été précédé par huit autres dessins animés."

Autrement dit, il faut un réalisateur qui a l'esprit de Goscinny (comme Chabat, qui reste la référence) et les références d'un public de multiplexe de périphérie. C'est assez méprisant pour les bobos urbains comme pour les banlieusards, renvoyés à leurs stéréotypes.

Côté cinéaste, elle évoque Michel Hazanavicius ou Franck Gastambide. OSS versus Pattaya, la dérision subtile contre la vanne sexy. Côté casting, on jette à la poubelle les Gérard Depardieu, on oublie Edouard Baer, on ne veut plus de Jamel. Au rebus également les comédiens des théâtres parisiens de type Gallienne ou Lemercier. Il faut du djeunz viral (obsession partagée par Vincent Bolloré pour Les Guignols l'an dernier, avec le succès que l'on sait), et donc des youtubeurs, du Kev Adams, bref ceux qui sont bons vendeurs sur les plateaux télé, de Cyril Hanounah à Laurent Ruquier. Après l'échec des Visiteurs : La révolution, on sent bien qu'il faut passer à une autre génération. Alors soyons fous: Stéphane Plaza pourrait y avoir sa place, à côté de Norman, Cyprien et Squeezie. On pourrait engager Nekfeu et Stromae au passage. Omar Sy, star préférée des jeunes, serait un formidable Numide. Et pourquoi pas donner le rôle d'Astérix à Jean Dujardin (il a prouvé qu'il pouvait être à la hauteur une fois rapetissé par les effets spéciaux).

Trève de plaisanterie. A trop concevoir un produit en fonction d'une cible, on oublie que la cible, si elle est déçue se détournera du produit tandis que ceux qui ne sont pas ciblés iront voir ailleurs. Un casting ne fait pas tout. Anne Goscinny, en tant que fille de scénariste, devrait le savoir: ce qui manque à Astérix au cinéma, c'est un bon scénario. C'est là où l'animation est souvent bien plus perfectionniste, car exigeante, que les autres films. L'histoire s'adresse à tous les publics, se lit à plusieurs degrés et le récit est souvent très maîtrisé. Le marketing sans risque ça n'existe pas. Un succès est aussi une affaire de potion magique, avec une alchimie d'ingrédients où l'imprévisible s'en mêle. C'est d'un scribe dont la franchise a besoin. Pas de "héros" gaulois qui ne résisteront pas à l'appel des sesterces.

Intégrale Jean-Marie Straub et Danièle Huillet au Centre Pompidou

Posté par MpM, le 16 juin 2016

Straub et HuilletJusqu'au 3 juillet, le Centre Pompidou propose une rétrospective intégrale de l'oeuvre foisonnante de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, figures majeures du cinéma contemporain à qui l'on doit plus d'une quarantaine de films (Chronique d’Anna Magdalena Bach, De la nuée à la résistanceLothringen !, Amerika - Rapports de classe...) depuis leurs débuts dans les années 50. Les films réalisés par Jean-Marie Straub depuis le décès de Danièle Huillet en 2006 (Corneille-Brecht, Kommunisten...) sont également présentés, dont certains sous forme d'installation.

Les adjectifs qui reviennent le plus souvent pour qualifier l'oeuvre de ce véritable couple de cinéma sont "engagée", "libre" ou encore "exigeante", soulignant les caractéristiques de leur "méthode" consistant en une "mise en espace sonore et visuelle d’œuvres littéraires (Brecht, Corneille, Barrès, Pavese) et musicales (Schönberg)". "La recherche essentielle de la forme s’opère sous nos yeux et se joue dans la découpe scrupuleuse des plans, le cisèlement de la langue, l’opacité des silences et des tunnels « au noir », à l’intérieur desquels la conscience politique semble toujours se régénérer. Faire vibrer la langue est l’essence même du projet. Le texte, déclamé par des « récitants », se connecte aux éléments, flotte dans l’air et imprègne les sens" écrit également la critique Sandrine Marques dans le catalogue.

De son côté, le philosophe Jacques Rancière donne quasiment une méthode pour regarder, appréhender et apprécier les films de Straub et Huillet : "Regarder un film, c'est quelque chose qui vient au bout d'un certain temps, il n'y a aucune évidence sensible ou visible là-dedans. La vision « normale » d'un film zappe 80% des éléments - l'histoire, le sens, tout est tellement médiatisé qu'on n'a pas besoin de regarder partout -, alors que les films des Straub supposent qu'on doive pratiquement intégrer tous les éléments de chaque plan. En un sens, on peut qualifier ce cinéma d'exemplaire car tout y est sensible, mais c'est précisément ce qui est déroutant."

Pour l'occasion, deux films signés par le couple rejoignent la collection du centre Pompidou : Introduction à la « Musique d’accompagnement pour une scène de film » d’Arnold Schoenberg (1972) et Toute révolution est un coup de dés (1977) et deux films inédits, Pour Renato (2015) et Où en êtes-vous, Jean-Marie Straub ? (2016), sont  également projetés en avant-première.

Une table ronde est par ailleurs organisée ce samedi 18 juin en présence de Jean-Marie Straub et des plus fins connaisseurs du travail de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub qui donneront à revoir et à entendre sa puissance et son importance dans l’histoire de la création contemporaine. La rencontre sera suivie d'une séance de signature du livre collectif L’Internationale straubienne (Éditions de l’Œil, en coédition avec le Centre Pompidou) qui réunit les réponses de critiques, collaborateurs, artistes ou amis "des Straub-Huillet" à la question : "Quel est votre Straub/Huillet de chevet ?".

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Rétrospective intégrale Straub et Huillet au Centre Pompidou
Jusqu'au 3 juillet
Infos et programme

Champs-Elysées Film Festival 2016: 5 choses que l’on n’oubliera pas

Posté par cynthia, le 16 juin 2016

Après une semaine remplie de films, la cinquième édition du Champs-Elysées Film Festival s'est achevée sur les sacres de Weiner et From Nowhere. Cela mérite bien un petit top sur cette semaine riche en émotion.

1) Les films qui tombaient à la même heure

Pour assister comme il se devait à la 5e édition du Champs-Elysées Film Festival, soit il fallait être en bande, soit il fallait posséder le "retourneur" de temps d'Hermione Granger dans Harry Potter 3. En effet, plusieurs films et/ou événements tombaient à la même heure. Partir draguer le sexy Brady Corbet durant sa masterclass (il est marié mais on s'en fout) ou voir La Couleur de la Victoire, mater le joli minois de Gaspard Ulliel ou regarder un film de la compétition. Même si Hermione Granger c'est notre copine à nous, il a bien fallu jouer à plouf plouf durant la semaine...comme c'est dommage!

2) Les pop-corn salés offerts à la remise des dossiers presse

Des pop-corn salés...salés...SALÉS!!!!!!!

3) L'organisation made in Bagdad

Maurice Blanchot disait dans son ouvrage L'Attente, l'oubli que "l'attente commence quand il n'y a plus rien à attendre, ni même la fin de l'attente. L'attente ignore et détruit ce qu'elle attend. L'attente n'attend rien." Nous avons eu l'opportunité de comprendre cette citation lors des nombreuses queues que nous faisions sous la flotte et pour rien (nous avions les billets, le film devait débuter alors que nous attendions). Plus on attendait plus les films démarraient tard et cela décalait notre emploi du temps qui était déjà bien chargé et bancal!

4) De belles rencontres

Nous adorons retourner sur les Champs chaque année et c'est toujours un réel plaisir de retrouver la plus belle avenue du monde pour célébrer le septième art plutôt que de faire du magasinage chez Adidas, Nike, la boutique du PSG ou autres Ladurée. Qui plus est, cela permet toujours de faire des belles rencontres. C'est ainsi que nous avons pu prendre une jolie photo avec Brady Corbet (est-ce que j'ai eu son 555? Je ne vous le dirais pas!), que l'on a croisé Virginie Efira belle comme le jour, que l'on a atteint l'orgasme devant le documentaire Weiner, que l'on a fui la salle devant The Witch, ou encore que l'on a aperçu MONSIEUR Abel Ferrara.

5) Une sélection originale et riche

Le Champs-Elysées Film Festival c'est un peu les préliminaires excitants avant le coït (très) attendu de Deauville: les films américains sont mis à l'honneur avec ferveur, mais attention... Ici il n'y a pas de films coups de poing ou de super-héros mais plutôt une sélection de film d'auteurs. Une belle mise en bouche qui promeut une variété de films souvent ignorés par les grands circuits. Une manière de photographier l'Amérique avec des regards singuliers. Mais c'est aussi l'occasion de découvrir des films français, provenant souvent de Cannes. Passerelle entre des nouveaux talents des deux côtés de l'Atlantique, le CEFF a réussi incontestablement à être un festival parisien original et riche, loin de ce que proposait jusqu'ici la Capitale (de Paris Cinéma, incompréhensible et fourre-tout, en plus d'être dispersé  au Festival du Film de Paris, désuet et bling-bling).

Ballon rond et pluie

Bien que placée sous le signe de la bonne humeur, cette édition n'a pas été de tout repos pour les organisateurs et les festivaliers. Bien évidemment, il y a eu la concurrence de l'Euro 2016 qui, on le suppose, est responsable d'une partie de la baisse de la fréquentation. Puis, il y a eu le mauvais temps et cette pluie incessante et franchement dérangeante. En particulier au moment des queues ! Et malheureusement, il y en a eu des queues. C'était comme à Cannes! Festivaliers et invités ont souvent attendu devant les salles pendant plusieurs dizaines de minutes. On pense notamment à cette avant-première de La Couleur de la victoire au Gaumont Ambassade ou à la cérémonie de clôture au Publicis Cinémas. La rançon du succès, qui nécessitera sans doute quelques réglages. Accès aux lieux sympas compliqués, bénévoles surmenés, stars souriantes mais constamment accaparées… Le festival subit une crise de croissance. Comme Paris Cinéma n'existe plus, les parisiens n'ont plus que le CEFF pour vivre l'expérience d'un vrai festival, qui va devoir gérer l'intérêt qu'il suscite. Mais par chance, il restera dans nos mémoires cette sélection et ce palmarès qui nous a remplit de joie. Car, soyons positifs, une fois dans les salles, ce fut un bonheur. Pour sa 5e édition, le CEFF est parvenu à être un véritable événement dans le calendrier chargé des manifestations cinématographiques. Rien qu'à Paris il y en a une trentaine chaque année.

Cynthia / Wyzman