Cracovie, capitale printanière du cinéma indépendant

Posté par redaction, le 17 mai 2017, dans Festivals, Films.

Début mai, à Cracovie, les amateurs de cinéma indépendant s'en sont donné à coeur joie. Pas de blockbusters, pas de films produits par les grands studios, mais plusieurs dizaines de films réalisés avec des budgets limités, à déguster sans modération. L'affluence était au rendez-vous, avec des salles bourrées de cinéphiles, notamment de nombreux étudiants, curieux de découvrir une programmation éclectique, avec des longs-métrages venus du monde entier. Pendant dix jours, entre les averses et les éclaircies, la deuxième ville de Pologne, joyau urbain regorgeant de superbes monuments, a accueilli avec gourmandise la 10e édition du festival du film indépendant Netia Off Camera.

Deux compétitions étaient au programme. L'une, internationale, présentait dix premiers ou deuxièmes longs-métrages de réalisateurs de nationalités diverses, ayant pour certains déjà eu les faveurs du public à Sundance, Locarno, Rotterdam et Toronto. L'autre, dotée du même nombre de films, était consacrée exclusivement au très riche cinéma polonais.

Car la Pologne est un pays où l'on adore le Septième art, avec des réalisateurs mondialement connus comme Andrzej Wajda (Danton), Andrzej Zulawski (Possession), Roman Polanski (Le pianiste), Krzysztof Kieslowski (La double vie de Véronique), Jerzy Skolimowski (Essentiel killing), Krzysztof Zanussi (L'année du soleil calme), Pawel Pawlikovski (Ida) ou encore Agnieszka Holland (Europa, Europa), qui présidait cette année le jury de la compétition internationale.

Ce jury a attribué son prix, doté de la très coquette somme de 100 000 dollars, à un film polonais, The last family. Ce premier long-métrage de Jan Matuszynski s'inspire de l'histoire du peintre surréaliste Zdzislaw Beksinski. Il raconte sur 28 ans les relations à la fois tendres et houleuses entre cet artiste polonais tourmenté, son épouse aimante et leur fils, excentrique et suicidaire. Ce film de deux heures, qui aurait gagné à être écourté, réserve de belles prestations d'acteurs.

De son côté, le jury de la FIPRESCI (Fédération internationale de la presse cinématographique) a décerné son prix à Pop aye, un road movie insolite, dont l'action se passe en Thaïlande, réalisé par la cinéaste singapourienne Kirsten Tan. Confronté à des problèmes personnels et professionnels, un architecte de Bangkok croit reconnaître dans une rue de la capitale thaïlandaise un éléphant qu'il a connu dans son enfance. Il décide de ramener le pachyderme dans son village natal, et croise sur son parcours mouvementé plusieurs personnages étranges. Un film maîtrisé, dépaysant et plein d'humour, qui navigue entre réalisme et absurdité. A cela s'ajoute la présence originale d'un éléphant, baptisé Pop Aye, personnage central de ce curieux long-métrage.

D'autres films étaient présentés hors compétition comme Miss Sloane de John Madden, The lost city of Z de James Gray, La tortue rouge de Michael Dudok de Wit, L'économie du couple de Joachim Lafosse, ou encore Demain tout commence d'Hugo Gélin.

La 10e édition du festival du film indépendant de Cracovie, qui s'est déroulée du 28 avril au 7 mai, a aussi rendu hommage à Andrzej Wajda, décédé l'an dernier à 90 ans. Avant la projection de Pan Tadeusz (1999), plusieurs acteurs ayant joué dans ses films, dont Daniel Olbrychski, ont évoqué leurs souvenirs émus du cinéaste récompensé en 1981 par la Palme d'Or au Festival de Cannes pour L'homme de fer.

Pierre-Yves Roger pour Ecran Noir

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