Cannes 2017 : Qui est Kim Min-hee ?
Kim Min-hee a connu un début de carrière plutôt classique, alternant productions sud-coréennes destinées au marché local et séries télévisées. Elle fait en effet ses premiers pas au cinéma en 2000 (elle a dix-huit ans) avec le film Asako in Ruby Shoes de Lee Jae-yong, puis à la télévision avec The age of innocence.
C'est en 2008 que sa performance dans Hellcats de Kwon Chil-in lui permet de se faire remarquer. Elle reçoit d'ailleurs le Baeksang Arts Award (récompense cinématographique sud-coréenne) de la meilleure actrice. Elle est à nouveau nommée en 2012 pour Helpless de Byeon Yeong-joo et récompensée en 2013 pour Very ordinary couple de Roh Deok. Autant de films inédits en France.
Mais il faut attendre 2015 pour que la comédienne soit réellement révélée sur le marché international à l'occasion de sa première collaboration avec Hong Sang-soo, Un jour avec, un jour sans. On la remarque tout de suite dans le rôle d'une jeune artiste qui se cherche, et qui, selon les versions de l'intrigue, dresse même un portrait étonnamment lyrique de la recherche artistique. Il y a une pureté, inhabituelle chez Hong Sang-soo, et même une véritable élévation, dans le long monologue de la jeune femme qui explique pourquoi elle peint, et ce que cela lui apporte. Kim Min-hee y est bouleversante, comme elle sait à d'autres moments être irrésistible de drôlerie ou de maladresse.
Le film est couronné d'un léopard d'or à Locarno et son partenaire Jeong Jae-yeong remporte le prix d'interprétation masculine. Pourtant, c'est bien la rencontre avec Kim Min-hee qui marque un tournant dans l'oeuvre du cinéaste sud-coréen, lequel semble ne plus pouvoir se passer d'elle. Ils enchaînent ensemble On the beach at night alone (2017), La caméra de Claire (2017) et The day after (2017).
Entre temps, Kim Min-hee a croisé la route d'un autre cinéaste coréen habitué de Cannes, Park Chan-wook, qui lui confie le rôle titre de son venimeux et sulfureux polar présenté sur la Croisette en 2016, Mademoiselle. Le film lui permet de révéler différentes facettes de jeu, son personnage apparaissant tour à tour fragile, cruel, passionné, manipulateur et surtout extrêmement sensuel. On croit à chaque aspect de cette personnalité multiple qui tire son épingle du jeu avec un plaisir gourmand.
Multiple, elle l'est aussi d'une certaine manière dans On the beach at night alone qui lui vaut l'Ours d'argent de la meilleure actrice lors de la Berlinale 2017. Elle y campe avec justesse, sensibilité et humour une femme aux prises avec ses sentiments suite à une histoire d'amour avec un homme marié (toute ressemblance avec des faits réels...). Là encore, elle brille lors de monologues véhéments (et alcoolisés) sur l'amour et ses pièges, et passe avec facilité du burlesque au sensible, et même à l'émotion.
On attend donc forcément avec un mélange d'excitation et d'anxiété ses deux prochaines apparition chez Hong Sang-soo, aux côtés d'Isabelle Huppert dans La Caméra de Claire, et avec un autre habitué de l'univers d'Hong Sang-soo, Kwon Hae-hyo (Yourself and yours, On the beach at night alone) dans The day after. Ce n'est pas nous qui allons nous plaindre de cette double dose cannoise de Kim Min-hee. En espérant la découvrir prochainement dans un autre registre encore.
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