Edito: le prix à payer

Posté par redaction, le 21 septembre 2017

L'iPhone se vend désormais au prix d'un SMIC. Folie inflationniste pour un produit qui, désormais, est officiellement obsolète en douze mois, et donc le fabriquant ne souhaite pas qu'il vive vraiment plus longtemps. Certes, nous sommes tous dépendants de ces smartphones, sans nous soucier des effets sur la santé et l'environnement. Une partie de notre vie sociale se passe dorénavant sur ces écrans. Heureusement pour le 7e art, cet écran est encore trop petit pour apprécier un film.

Le cinéma reste un loisir "modique". En France, selon la plus récente étude du CNC, un ticket vaut en moyenne 6,51€ (c'est un peu plus cher à Paris, beaucoup moins dans des villes de moins de 20000 habitant). Ce prix est en hausse quasi continuelle depuis 2006 (à l'époque le billet moyen valait 5,94€). Ce qui sauve la fréquentation c'est bien sûr les cartes illimitées, et quelques hits très fédérateurs. La France est le pays qui résiste le mieux en Europe.

Aux Etats-Unis, où le calcul se fait par recettes, on a privilégié un ticket moyen nettement en hausse. Le ticket vaut en moyenne 8,89$ (7,44€) contre 6,55$ en 2006! Cela permet d'accroître les recettes alors que la fréquentation est plutôt en baisse (1,32 milliard d'entrées en 2016 contre 1,4 milliard d'entrées en 2007). Mais ça décourage pas mal de spectateurs de se payer une séance alors qu'un abonnement à Netflix coûte finalement moins cher pour une programmation plus vaste.

Même pas 10$ pour un film au cinéma par jour

Dernière trouvaille du moment, MoviePass, lancé le 15 août, par un ancien de Netflix justement. MoviePass propose un abonnement mensuel de 9,95$ permettant de voir un film par jour, à l'exception des films 3D ou Imax. C'est révolutionnaires (une carte illimitée en France c'est au minimum 20€).

L'économie est périlleuse. Car MoviePass s'engage à reverser aux salles le "tarif" normal. Au-delà de deux films, le système devient donc déficitaire. Aucune chaîne américaine n'a signé d'accord avec MoviePass. On les comprend: cela casse leurs recettes. Mais le pari de MoviePass est ailleurs: si le nombre d'abonnés à son programme est suffisamment important, il pourra revendre les données de sa base de clients. Pour les exploitants, c'est aussi un moyen de remplir leurs salles (hormis le week-end, elles sont plutôt vides, au point d'offrir des tarifs bradés les lundis et mardis), et de vendre davantage de produits alimentaires.

Un fauteuil sur six occupé en France

Car c'est l'autre problème que les cinémas connaissent: il y a les spectateurs réguliers, mais ils ne suffisent pas à remplir les fauteuils dans de nombreuses séances. Avec un ticket moins cher, et une offre variée, cela peut aussi permettre à des cinéphiles de prendre le risque d'aller voir des films plus singuliers et moins populaires. En France, le taux d'occupation est assez faible: 14,4% en France, 16,6% à Paris. On peut toujours se glorifier de notre bon niveau de fréquentation, on constate mois après mois, la désaffection du public pour 90% des films qui sortent chaque semaine, une part de piratage toujours importante, et une consommation de la télévision en pleine forme. Avec un fauteuil sur six occupé, des cinémas qui continuent de s'agrandir ou de se construire, et un ticket de ciné qui reste cher (malgré des efforts pour les enfants), une formule comme MoviePass pourrait aller chercher le spectateur oublié, pour le meilleur (qu'il aille au cinéma) et pour le prix. Mais avant cela, rassurons-nous: MoviePass a le temps de couler. Ou de devenir incontournable.