Trois bonnes raisons d’aller voir Capitaine Morten et la reine des araignées de Kaspar Jancis
Morten rêve de prendre le large à bord de La Salamandre, avec son père le Capitaine Vicks, mais il doit rester à terre chez l’autoritaire Annabelle. Avec son complice Stinger, Annabelle veut s’emparer du bateau, persuadée qu’il cache un trésor de pirates. Pour déjouer leurs plans, Morten va être entraîné dans une aventure fantastique. Réduit à la taille d’un insecte par un magicien farfelu, c’est dans le monde de la Reine des araignées qu’il va devoir conquérir ses galons de capitaine.
Adaptation évidente
Kaspar Jancis est un metteur en scène, compositeur et scénographe estonien qui a obtenu le Cartoon d’or du meilleur court-métrage d’animation européen avec son film Crocodile en 2010. Capitaine Morten et la reine des araignées, qui est son premier long métrage, mais aussi son premier film en stop motion, est l'adaptation d'un livre pour enfants qu'il avait écrit en 2010 et pour lequel il avait également composé une musique. Devenu un best-seller, l'ouvrage est populaire auprès du public estonien, et a notamment été décliné en une émission de radio. Assez logiquement, Nukufilm a ensuite eu l'idée de l'adapter pour le cinéma, dans une version qui mêle l'animation classique de marionnettes à des images de synthèses utilisées notamment pour les éléments liquides comme l’eau.
Conte joyeusement cruel
Le cinéma pour enfants ne nous a pas franchement habitués aux bizarreries qui émaillent Capitaine Morten. Alors que l’intrigue se veut au départ presque réaliste (un petit garçon, malheureux parce que son père est toujours en voyage, se rêve capitaine à son tour), de nombreux éléments cocasses ramènent l’histoire du côté du conte étrange et cruel : les marins transformés en beignets, la chrysalide qu’on laisse mourir de faim, le jeune garçon sans cesse humilié... La dureté de certains personnages (et leur transformation soudaine en insectes) accentue cette sensation d’un imaginaire enfantin déformé et irrévérencieux. Il est extrêmement plaisant de voir ainsi bousculée la mièvrerie gentille de la plupart des œuvres jeune public, sans pour autant traumatiser le spectateur.
Poésie de l’étrange
Lorsque le film bascule dans le monde fantastique miniaturisé des insectes, l’étrangeté est brusquement érigée en règle absolue. Comme l’existence de Morten, le film prend alors un tour plus inquiétant mais aussi plus poétique. Ces insectes anthropomorphes voguant à l’aventure sur une étendue d’eau gigantesque pour eux à quelque chose de profondément onirique qui contamine la tonalité du récit. L’absurde et le bizarre prennent alors possession de l’intrigue, permettant au film d’affirmer sa singularité, et aux jeunes spectateurs de se découvrir prêts pour des aventures moins conventionnelles, et donc forcément plus amusantes.
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